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Mes Univers
2 mars 2016

Eternel sursis

 

X3

Souvent, que ce soit sur Internet ou dans la vraie vie, il m'arrive de croiser des femmes dont la beauté, la sensualité, la magnificence, m'émeuvent profondément. Or, toi qui lit ces mots, sache que ces femmes me paralysent, me terrorisent émotionnellement, me blessent aussi parfois. Elles m'impressionnent par l'aura lumineuse qui se dégage d'elles. Elles m'attirent irrésistiblement en même temps qu'elles me donnent envie de me cacher au sein d'une obscurité sans nom, afin de les fuir irrémédiablement.

Car, à l'instant précis où je croise le regard de l'une d'elles, où le hasard est susceptible de me donner l'occasion d'en approcher une, et de converser avec elle, mon visage se crispe d'une douleur sans nom. Aussitôt, bien que cela ne se voit pas forcément, des flots de larmes s'échappent de mes yeux. Mon cœur se met à saigner abondamment. Alors que je souhaiterai lui dire combien je la trouve attirante, sensuelle, désirable, incroyablement féminine, exaltante - autant physiquement qu'intellectuellement -, une tristesse infinie m'envahit. Alors que je rêverais de m'asseoir à ses cotés, de lui expliquer combien je suis heureux d'avoir le droit de partager un moment avec elle, je me maudis d’être l'homme que je suis. Alors qu’être à ses cotés me comblerai de bonheur, de fierté, j'aurai l'impression d'être la proie d'une torture infamante. Alors que je considérerai comme un honneur et un privilège de pouvoir prendre un café, de déjeuner, de dîner, avec elle, j'aurai le sentiment d’être un importun sans légitimité. Alors que me promener dans la rue en sa compagnie, m’apporterais joie et félicité, au contraire, je m'effondrerai comme si quelqu'un m'avait battu à mort ; je girai au sol, secoué de spasmes incontrôlables et ensanglanté.

Depuis que je suis jeune, cela a toujours été ainsi. Beaucoup de femmes, au cours de mon existence, n'ont jamais réalisé à quel point les côtoyer était, pour moi, un événement extraordinaire, sublime, dont je me souviendrai à jamais. Aujourd'hui encore, tandis que j'écris ces lignes, je me souviens de chacune d'elles comme si les événements qui m'avaient amené à les croiser, s'étaient déroulés hier. Et chaque fois que cela s'est produit - ici ou ailleurs -, chacun des mots, chacun des gestes, chacune des situation, s'est irrémédiablement figé dans les profondeurs de mon âme et de mon cœur. Évidemment jamais aucune ne s'en est rendu compte - et puis, de toute manière, leurs préoccupations étaient ailleurs -, mais elles ont toutes participé à l'exacerbation de mon émotivité, de ma sensibilité. Elles m'ont toutes fait vibrer, fantasmer. Toutes, je les ai désiré de tout mon être. Toutes, j'ai cherché, humblement, avec mes maigres capacités, mes possibilités limitées, à les rendre épanouies et heureuses ; même si je n'étais jamais le destinataire de leurs émois.

Et pourtant, ces femmes n'étaient pas – et aujourd'hui encore, puisque cela se reproduis toujours indéfiniment - ne sont pas des top-models, des actrices, des femmes forcément hors de portée. Prenez par exemple la photo de la femme que je montre pour illustrer ce texte. Certes, elle est séduisante, sensuelle, a beaucoup de charme, est élégante, a un sourire éclatant. Malgré tout, des femmes telles que celle-ci, en voit tous les jours dans la rue. A son travail, au marché, dans le train, etc, on en croise au quotidien. Et pourtant, chacune d'elles irradie du même éclat, suscite une émotion sans équivalent : une attirance teintée d'effroi ; une terreur mêlée de désir ; une envie démesurée de creuser au sein de sa personnalité, et de découvrir ce qui se cache au-delà de sa plastique sidérante.

Mais non, je n'y arrive pas. C'est trop difficile, trop lourd pour moi. C'est un fardeau dont je ne parviens pas à me défaire. Ce sont des chaînes, des cauchemars rouvrant d'anciennes cicatrices, dont je ne parviens pas à me délivrer. Et je ne suis capable que de les contempler, que de les admirer. Alors que je suis à la fois si loin et si près d'elles, mon regard est irrésistiblement attiré dans leur direction. C'est plus fort que moi. Mais, simultanément, je me mets à pleurer intérieurement. Et je n'ai pas d'autre choix que de les fuir. Alors que j'aimerai tant les approcher, que je rêverai de nouer des liens affectueux, tendres, et pourquoi pas, amoureux avec elles. Alors que je souhaiterai juste lui apporter le meilleur de ce que je suis, en être incapable me condamne à souffrir mille morts.Alors que ce lien unique, si particulier, m'aiderait à retrouver un peu de cette dignité, de ce respect de moi même que je n'ai jamais eu, j'en suis privé. Puisqu'à chaque fois que je tente d'approcher de l'une d'elles de quelque manière que ce soit, j'ai l'impression d’être un condamné à mort attendant la sentence exécutoire qui mettra fin à une existence continuellement en sursis.

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