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Mes Univers
18 mars 2016

autobiographie, pages 51 à 55 / 312

X3Mais je n'en suis pas encore à relater les événements survenus au cours des années 2000. Certes, ils sont remplis de surprises, de tragédies, de moments heureux ou d'expériences riches en émotion. Un long chemin reste pourtant à parcourir avant de pouvoir les aborder en toute sérénité. Revenons donc brièvement à ces périodes de bonheur et d'ignorance qui m'ont animé entre la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt.

 

De fait, le coin à champignons de mon arrière grand-père n'était pas très éloigné du village. Il nous a suffit d'emprunter l'un des nombreux chemins de la forêt le surplombant pour y arriver. Après avoir arpenté un sentier boueux, contourné des dizaines d'arbres ou d’arbustes, évité des broussailles aux ronces piquantes, des frondaisons particulièrement basses, nous l'avons deviné. Quelques pas supplémentaires au cours desquels nous avons contourné des blocs rocheux constellés de moisissures multicolores, où nous avons manqué de glisser sur des flaques boueuses apparues avec les dernières pluies, où nous nous sommes hasardé dans des herbes hautes nous montant jusqu'à la taille – ce qui n'était pas difficile vu mon age et celui de ma sœur. Puis, nous avons découvert une clairière éventrant l'obscurité ambiante.

 

Mon arrière grand-père, lors de l'une de ces promenades, m'a avoué que les rainures que nous discernions de temps en temps au sol avaient une particularité.

 

Au-dessus de la voie pavée bousculant la montagne boisée, des centaines de pavés volumineux s'encastraient dans le sol. D'ordinaire, ils étaient dissimulés par l'humus ou les épineux mélangés aux plants de fraises et de framboises sauvages. Pourtant, en divers lieux, ils en surgissaient, tels les sommets visibles d'icebergs perforant profondément la glaise. Ils en jaillissaient entre les aspérités du bitume. Ils s'y étalaient par grappes entières. Or, m'avait appris mon arrière grand-père, une quantité d'entre eux étaient des résidus d'une allée datant de l'époque romaine. C'était pour cela que des sillons plus ou moins visibles les éventraient. Ils étaient les ultimes témoignages laissés par les roues des chariots de cette époque. Car, en ce temps là, a-t-il insisté, il s'agissait d'un itinéraire très fréquenté entre l'Italie et la Gaule.

 

De la même façon que, des années plus tard, j'ai été amené à apprendre qu'un château médiéval en ruines existait non loin de là. La rumeur prétendait qu'il était absorbé par des amas pierreux recouverts de futaies.

 

Ainsi, la route désertant la localité où nous allions chercher le pain frôlait ses vestiges. D'un coté, se trouvait un calvaire religieux. Composé de douze stations relatant les épisodes de la montée du Christ jusqu'au Golgotha, il aboutissait aux premières hautes ramures rocheuses des bois. De l'autre coté, le décor était le même, sauf que la muraille était à nue. Ce n'était que lorsqu'on s'engageait à l'intérieur des bois perchés sur leurs promontoires, que l'on suivait des rocades brouillonnes et infestées de fourrés, qu'on était censé y accéder. Malgré tout, je peux assurer, pour m’être rendu sur le lieu précis où les on-dit situent les fondations de cette fortification, qu'on n'en distingue aucune trace. Peut-être, y saisit-on les vagues contours d'une clairière délimitant son espace. Mais c'est tout !

 

Précédés de mon arrière grand-père, nous avons cueilli amanites, chanterelles, petits gris, ou morilles. Ils nous a appris à les séparer d'espèces vénéneuses, voire mortelles. Sous la pluie, nous avons poursuivi notre exploration, évitant escargots, limaces, et autres bestioles semblables que je détestais. Nous les avons déterré précautionneusement afin de ne pas détruire leurs bulbes. Nous étions ainsi certains d'en découvrir de nouveaux la fois d'après. Nous les avons entassé dans le panier d'osier que nous portions. Puis, une fois nos investigations terminées, une fois la corbeille remplie, nous sommes revenus sur nos pas jusqu’à la voiture. Nous sommes rentré chez nous, heureux d'avoir partagé un moment avec notre arrière grand-père. Comblés d'avoir décelé quantité d'hétéropodes, nous avons été enchantés que le repas du soir se compose d'une omelette aux champignons ; en plus de la multitude de victuailles habituelles.

 

A suivre, si vous le souhaitez...

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