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Mes Univers
12 avril 2016

Dieu, quelle hypocrisie

X3S'il y a quelque chose qui me révolte particulièrement, c'est que l'on s'en prenne aux enfants. Cela me met notablement en colère. Je n'ai pas de mot assez dur, de terme assez virulent, quand c'est le cas.

 

Je n'ai jamais été un enfant battu. Cependant, pour ceux et celles qui connaissent un peu mon parcours pour en avoir lu des bribes dans certains de mes textes les plus personnels, vous savez à quel point celui-ci a été difficile. Il a été parsemé d'épreuves, de souffrances, de blessures – parfois irréparables -, de mort, d'humiliation, de solitude, etc. Mes parents n'ont jamais été violents à mon encontre. Certes, ils m'ont de temps en temps un peu secoué. Certes, les colères de mon père étaient monumentales et m'impressionnaient toujours. Elles me tétanisaient presque, le plus souvent. Certes, j'ai reçu de lui des réprimandes verbales ou physiques épisodiquement. Ma mère, elle, c'était davantage en me punissant – interdiction de regarder la télévision durant plusieurs jours, généralement - ; mais quand j'y songe aujourd'hui, je me rends compte que c'était toujours justifié. Il faut avouer que, quelquefois, je n'étais pas très obéissant. Respectueux, toujours. Mais il m'arrivait de mentir, de dissimuler des bêtises ou des mauvaises notes, etc. Et, forcément, comme un jour ou l'autre, mes parents découvraient forcément ce que je leur cachais, leur colère était proportionnelle aux retombées des erreurs que j'avais commises.

 

Néanmoins, comme je l'ai déjà indiqué également, c'est à l'école – collège ou lycée – que j'ai été le sujet de ces tortures psychologiques quotidiennes qui m'ont tant marqué. Mon handicap, ma tâche de naissance, ont été les vecteurs de méchanceté, de railleries, de mises à l'écart, de racket, de honte, de dévalorisation, de désespoir, de repli sur soi. Je ne souhaite à nul – y compris à mon pire ennemi, si j'en avais un – de subir cet Enfer qui a été le mien pendant toutes ces années.

 

Evidemment, nul n'a été mis au courant de ce que je vivais. Ni mes professeurs, ni mon proviseur, ni les rares amis que j'avais, ni mes parents. Mon entourage, d'où qu'il soit issu, n'a jamais assisté à ces scènes qui peuplent encore parfois ma mémoire aujourd'hui. Ce n'est que très tard, et encore une fois, grâce à l'écriture, que j'ai pu comprendre pourquoi j'étais le souffre-douleur de mes camarades ; pourquoi ils me persécutaient chaque jour ; pourquoi ils inventaient régulièrement de nouveaux moyens de m'affliger. Ma tâche de naissance, ainsi que mon hémiplégie du coté droit en étaient l'origine. J'étais un coupable tout désigné à leurs yeux. J'étais seul, j'étais timide, d'une extrême sensibilité ; j'étais la victime toute désignée à leur vindicte.

 

Nous étions alors dans les années quatre-vingts, et ce genre de persécutions n'était pas mise en lumière à l'époque. La société, les médias, ne s'en préoccupait pas. Il n'existait ni de numéro d'appel ni d'association d'aide aux enfants et adolescents qui subissaient ces outrages. J'étais seul face à mes persécuteurs – toujours la même dizaine ou quinzaine d'individus - ; j'étais impuissant à leur résister. J'étais effrayé, perdu. Souvent, je pleurais et je m'isolais instinctivement. Parce que j'étais inquiet dès que j'étais confronté à un groupe ; y compris dans le milieu familial. J'en ai gardé quelques traces puisqu'à l'heure actuelle encore, inconsciemment, la foule m'intimide.

 

J'estime cependant m'en être bien sorti. La lecture et l'écriture ont été des passions qui, très vite, m'ont aidé à m'échapper à cet Enfer. La Bibliothèque Nationale et mes recherches dans les domaines du savoir et de la connaissance qui me sont chers, m'ont considérablement apporté. Je reporté sur « l'intellect » ce qui me faisait défaut « physiquement ». J'ai réalisé que c'est par ma raison, mon esprit, ma curiosité cérébrale vorace, sans limites, et permanente, que j'ai réussi à m'en libérer… du moins, en grande partie. Tout le monde, au cours de ces années-là, n'a pas eu cette chance, j'en suis éminemment conscient. Cela m'a sauvé la vie plus d'une fois, j'en suis intimement convaincu. Et là aussi, malheureusement, tout le monde n'a pas eu cette chance.

 

De nos jours – alors que nous sommes au milieu des années 2010 -, la société, les médias, les parents, les associations, etc., sont beaucoup plus vigilants que jadis, concernant cette problématique. Tant mieux. C'est une excellente chose. Cependant, cela n’empêche pas ce genre de phénomène de se reproduire épisodiquement. Les journaux, les débats, les documentaires, évoquant des affaires ressemblant à la mienne sont légion. Quand ils n'en décèlent pas des pires.

 

Et c'est là où je veux en venir : il y a deux ou trois jours, j'ai visionné une série de reportages sur la pédophilie dans le milieu scolaire ou dans le milieu religieux. Il est vrai que les « affaires » de ce type sont souvent mises sur le devant de la scène en ce moment. Sans doute que ceux et celles qui en ont été victimes à une époque de leur existence ont plus de facilité à en parler. Puisqu'elles sont davantage réprimées, puisque les mécanismes qui conduisent à ce genre de comportement sont davantage décryptés, les enfants ou adolescents en sont davantage informés que jadis. Les parents sont aussi certainement plus vigilants, les institutions qui les accueillent – écoles, lycées, camps de vacances, scouts, etc. - aussi. Ce qui n'enlève rien, je tiens à le souligner avec force, à la monstruosité des actes commis. Qu'il s'agisse de persécution scolaire, de pédophilie, de violences verbales, physique ou psychologiques, j'en passe, ce sont des agissements intolérables. Il est nécessaire de les réprimer avec la plus grande vigueur. J'estime, pour ma part, qu'il n'y a aucune indulgence à avoir envers des adultes qui ont des telles conduites.

 

Ce n'est pas parce qu'un père a des difficultés avec son épouse, qu'il doit martyriser ses enfants ; ou abuser d'eux sexuellement, si son épouse ne le satisfait pas. Ce n'est pas parce qu'un père ou une mère est alcoolique, drogué, sans emploi, etc. qu'il ou qu'elle doit s'en prendre à ses enfants. Ce n'est pas parce qu'un homme ou une femme a été tyrannisé, prostitué contre son gré, gamin, qu'il doit reproduire ces gestes envers ses gamins ; ou d'autres. Je suis quelqu'un de compréhensif. Et je peut comprendre le processus qui conduit tel ou tel adulte à avoir des penchants « déviants ». Néanmoins, ce n'est pas parce que je peux comprendre ou expliquer, que je l'accepte ou le pardonne.

 

Pour moi, il n'y a rien de pire, avec les violences conjugales et les viols de femmes, que la destruction physique, mentale, morale, psychique, d'enfants. Cela me heurte au plus profond de mon être, de mon âme, de mon cœur, de mon corps. Cela m'attriste, évidemment. Mais plus que ça encore, je méprise et n'ai aucune compassion pour ce que je considère comme des monstres, des barbares. Pour moi, ils sont en marge de l'humanité. Un retour à l'état bestial de la pire espèce. Et si cela ne tenait qu'à moi, une fois mis en prison, je les condamnerai à perpétuité. Et quand j'entends perpétuité, c'est à dire une perpétuité réelle. Non pas relative en fonction des remises de peine. Puis, avec un retour à la liberté au terme d'un certain nombre d'années.

 

En outre, je les obligerai à suivre une psychothérapie afin qu'ils réalisent les souffrances qu'ils ont infligé à leurs victimes. Je les contraindrai à voir des thérapeutes qui, à force d'échanges, les forceraient à pénétrer les profondeurs de leur âme. Les sommerai à lire les désolations et les cauchemars qu'ils ont engendré, et dont leurs victimes – y compris une fois devenus adultes – ne ressortiront jamais indemnes. Car ceux-ci porteront toute leur vie ce poids dont ils ne peuvent se libérer, sur leurs épaules. Pour qu'ils voient les déflagrations qu'ils ont provoqué sur une famille entière, ainsi que sur son entourage le plus immédiat. Il n'y a qu'ainsi, et en y apportant les moyens financiers et humains adéquats que ces pervers comprendront à quel point leurs méfaits sont lourds de conséquence. Puisque la plupart du temps, hélas, ces derniers étant uniquement concentré sur leur seul plaisir, sur la manipulation qu'ils exercent, sur le rapport de force qu'ils ont avec leurs jouets, n'ont aucune conscience de la répercussion de leurs agissements. Et c'est à cela qu'il faut absolument les amener : à ouvrir les yeux sur les horreurs qu'ils ont commises.

 

Ce qui m'irrite aussi, et qui me met en colère, c'est lorsque des institutions reconnues dissimulent les faits qui se sont déroulés dans leurs locaux. Je pense notamment à l’Éducation Nationale et à l’Église Catholique. L'école ou la paroisse sont censés être des lieux où les enfants sont protégés des pires maux de notre société. La violence, les abus – et notamment sexuels -, les humiliations, etc. devraient en être absentes. Les professeurs, les prélats, qui y exercent, sont là pour éduquer nos enfants ; que ce soit laïquement ou spirituellement. Ils sont là pour leur enseigner les règles de vie qui régissent notre modèle de civilisation. Ils sont là pour leur montrer l'exemple. Ils sont là pour propager les valeurs qui nous sont si chères : partage, échange, dialogue, apprentissage, amour de son prochain, tolérance, acquis éducatifs ou culturels.

 

Or, que découvre t-on depuis des années que les révélations se multiplient : que ce genre de comportement est couvert ; qu'une chape de silence et d'hypocrisie camoufle ceux qui profitent de leur autorité pour briser l'innocence de nos enfants. Non seulement cela. Mais, de plus, tant que leurs ignominie ne sont pas portées au grand jour, ils nient farouchement en être les auteurs. Éventuellement, leur hiérarchie les change d'établissement pour qu'ils s'y fassent oublier. C'est alors l'occasion rêvée pour eux d'y prendre de nouvelles proies dans leurs filets. Des années durant, ils recommencent à y outrepasser leurs fonctions. Finalement, lorsqu'ils sont démasqués, ils jurent leurs grands dieux qu'il y a longtemps qu'ils ne s'adonnent plus à leurs perversions. L’Éducation Nationale et l’Église, plutôt que d'en informer immédiatement les autorités compétentes – police et justice – minimisent les faits. Elles se transmettent administrativement le dossier de la personne incriminée en expliquant qu'elles n'étaient au courant de rien ; que jamais elles n'auraient pu imaginer que tel instituteur, ou quel tel prêtre, pouvait être un pédophile. On apprend souvent ensuite que ce n'était pas la première fois. Mais que comme « c'était il y a des années, voire davantage, il n'y avait plus lieu de le destituer. ». Le principal étant, bien entendu, de ne pas éclabousser, ni l’Église, ni l’Éducation Nationale, avec des scandales supplémentaires.

 

C'est véritablement hypocrite et ignoble. C'est rajouter de la douleur à la douleur des victimes. C'est ne pas les reconnaître en tant que telles. C'est transformer les bourreaux en enfants de chœur, en pauvres malheureux que l'on jette en pâture à la vindicte populaire. C'est mettre en doute la parole de l'enfant qui a subi ces atrocités ; et qui les gardera en lui toute son existence. C'est nier le besoin de justice et de vérité de celui-ci ; afin qu'il puisse se reconstruire. Comment peut-on se regarder dans un miroir le matin sans ressentir honte et malaise, tandis que des dossiers de cette sorte défilent devant soi ? Comment peut-on ne pas rougir de remord et de regret, comment peut-on ne pas s'excuser des erreurs d'une administration à laquelle on appartient, et qui, par son inaction, ses silences, encourage ces tortionnaires ?

Cela montre bien – si besoin était – que l’Église ou l’Éducation Nationale sont sclérosées par le poids de leur propre institution ; par les lenteurs et les béances qui émanent d'elles ; par les lourdeurs traditionnelles et réglementaires qu'elles traînent derrière elles. Tandis que j'écris ces mots, me revient à l'esprit les images de cette émission que j'ai visionnée il y a deux ou trois jours : un journaliste questionnait les paroissiens d'une église qui avait été le théâtre d'actes pédophiles de la part de son clerc. Et quelle a été leur réaction « naturelle », immédiate, instinctive ? Excuser et pardonner ses errements monstrueux. Minimiser ses agissements, mettre en doute la paroles des enfants qui avaient vécu ces outrages.

 

Comment ne peut-on pas être en colère par des hommes et des femmes qui foudroieraient sur place n'importe quel quidam ayant ce genre de comportement. Mais, parce que c'est un prêtre – ou éventuellement un professeur -, on estime que c'est moins grave. N'importe quel père ou n'importe quel inconnu serait immédiatement arrêté, emprisonné, afin qu'ils ne commette plus d'autres méfaits. Mais là, on justifie, on efface, on disculpe. J'estime personnellement que ce n'est pas parce qu'on est soumis à des organisations statutaires telles que celles-ci qu'on est moins coupable. Au contraire, je dirais qu'on l'est plus. Parce qu'on y a en charge des enfants qui font confiance à des adultes censés être responsables, détenteurs d'une autorité. C'est inqualifiable.

 

Amour, dialogue, tolérance, échange, enseignement, morale, sagesse… de beaux mots. Des termes magnifiques qui sont à la source de l'ensemble de nos valeurs. Et ce sont ceux qui sont censé éduquer nos enfants sur ce qu'ils signifient, sur ce qu'ils représentent, sur ce qu'ils symbolisent, qui les dénaturent. Qui les meurtrissent, qui les déchirent, par les errements dont ils se rendent coupables.

 

Je sais malgré tout parfaitement qu'ils ne sont qu'une infime minorité au sein de ces deux piliers de notre société, à être la proie de ces démons. Ils sont très peu nombreux, et heureusement. Cependant, ils salissent démesurément l'ensemble de l'édifice qu'ils constituent. Ils les dévoient. Ils en détruisent les fondements. Tout ce sur quoi ils reposent se fissurent, et leur ôtent à jamais toute leur majesté et leur prestige. Leur crédit et leur influence sont décrédibilisés à tout jamais ; et sans espoir de retour en arrière. Qu ceux et celles qui supposent que tout ceci tombera dans l'oubli un jour ou l'autre se débarrassent de leurs douces illusions. Dans un monde globalisé où l'information se propage instantanément, où elle est accessible à chacun, et enregistrée pour toujours quelque part par le biais d'Internet ou d'autres réseaux de communication, rien n'est radié ou résilié. Tout resurgit un jour où l'autre.

 

Alors voila, ce que je souhaitais écrire aujourd'hui à propos de ce que je considère comme l'une des pires monstruosité dont l’être humain peut être capable. Les journaux télévisés, les débats, les émissions, que j'ai suivi ces derniers jours, m'ont questionné. Ils m'ont conduit à soupeser les causes et les conséquences de tels actes de torture, d'humiliation, etc. Ils m'ont amené à m'interroger sur le pourquoi et le comment de tels agissements. Ils m'ont conforté dans ma croyance que l'esprit est plus important que le corps, que la raison est plus importante que les dogmes établis, que l'intellect est plus important que les instincts auxquels nous sommes soumis depuis la Nuit des Temps. Et que ce a quoi j'aspire spirituellement en empruntant le chemin de la Connaissance et du Savoir est un des multiples vecteurs susceptible de me détacher de cette bestialité, de cette infâme barbarie – à l'origine de tant de misères – que je renie et repousse hors de moi de toutes mes forces…

 

Dominique

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