Aveu

J'avoue qu'aujourd'hui, je n'ai envie de rien. J'ai très mal dormi, et très peu. J'ai le ventre et la gorges noués en permanence. J'ai les larmes aux yeux continuellement. Il y a quelque chose en moi qui me fait du mal, qui me ronge, qui propage un poison dont je ne suis pas capable de me débarrasser, et qui vampirise toute forme d'énergie dont je suis habituellement habité.

Plusieurs facteurs ont produit cet effet dévastateur sur moi depuis quelques jours. J'avoue que je n'ai pas réellement envie d'en parler d'une manière ou d'une autre. J'ai surtout besoin de m'alléger l'âme, le cœur, l'esprit, de cette gangrène qui me ronge. Par ces mots, je tente donc d'exorciser cette peine, cette douleur, cette souffrance, intolérables. Comme si les portes de l'Enfer s'ouvraient devant moi pour m'avaler sans que je puisse lui échapper. Comme su un vent d'une force incroyable, parsemé de cris et de violence, m'y propulsait sans que je puisse me retenir à quoi que ce soit pour m'y dérober. Comme si une vague dévastatrice m'y poussait irrémédiablement. J'ai le sentiment que mon cœur est sur le point d'exploser, que mon esprit est sur le point d'être déchirée par des mains griffues aux ongles acérés, et qu'un rire moqueur, présent mais invisible, que des yeux narquois, railleurs, m'observaient me vider de mon énergie vitale.

Je pleure, je pleure, et je pleure encore. Certains et certaines diront peut-être que je m'apitoie sur mon sort. Je ne le sais pas moi-même. Et puis, combien même !!! Cela n'est jamais arrivé à aucun d'entre nous. A aucun d'entre vous !!! Certains et certaines vont ricaner, se moquer ; ce ne serait pas la première fois ; ce ne sera, bien entendu, pas la dernière non plus. Toutes les occasions sont bonnes pour ce genre de personnes, d'appuyer là où cela fait mal lorsque quelqu'un est à terre, blessé, épuisé, humilié. Qu'ils en profitent. Après tout, c'est de cette manière qu'ils « prennent leur pied » ; qu'ils « jouissent ». Ils ont l'impression d’être des juges, des gens dont les opinions comptent, alors qu'en fait ils ne représentent qu'eux-même et leur piètre médiocrité. Alors qu'ils sont des rats qui se nourrissent de la misère et de la détresse des autres. Ils ne méritent donc que mon mépris, mon dédain, et ma pitié.

Certains et certaines, par contre, souhaiteront m'apporter leur soutien, leur solidarité, leur marque d'affection ou d'amitié. Je les en remercie par avance. Je loue les nobles sentiments qu'ils éprouvent à mon égard. Leurs mots me touchent, me réchauffent l'âme et le cœur. Cependant, ils ne comblent pas le froid glacial qui m'envahit. Ce désert polaire au sein duquel je suis perdu ; cette nuit sans étoiles, sans repères, sans lueur, qui m'étreint et qui m'afflige. Cet étau qui se resserre et qui m’enchaîne à une solitude et à un silence qu'un simple coup de téléphone, qu'un simple appel par Skype pourrait un peu soulager.

Toutefois, ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte ? Oui, c'est mieux que rien du tout, c'est exact. Comparé à tous ceux et toutes celles qui ne se manifestent pas, ou qui ne se manifesteront jamais. Mais la chaleur d'une voix, d'un dialogue, d'un verre pris après un bon repas en excellente compagnie, est mille fois plus réconfortant, sécurisant, apaisant. Et puis, chacun et chacune a sa vie à mener, ses préoccupations quotidiennes à combler. Je n'ai ,pas le droit de demander de l'aide, un soutien, à quiconque qui a une existence déjà suffisamment chargée, compliquée, encombrée d'épreuves et de duretés. De fait, je ne puis que décrire ce que je ressens, ce qui m'émeut, ce qui me laboure le cœur, le corps, et l'esprit, par ces quelques mots rédigés ici ; en cet instant et en ce lieu. Ni plus, ni moins, c'est un fait...