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2 novembre 2017

Le Serviteur est terrifié :

X1Le serviteur avoue qu'il est terrorisé par les représailles auxquelles il s'expose désormais. Le serviteur se sent seul, abandonné, banni. Il est conscient que les réactions de l'Impératrice, de la Reine, et de la Princesse, peuvent s'avérer sans scrupules, sans état d'âme, parce que le serviteur a osé dire tout haut ce qui se dissimule derrière les alcôves et dans les souterrains du château.

 

Le serviteur sait que l'Impératrice, la Reine, et la Princesse, ne sont pas des personnes à tolérer que l'on remette en cause leur suprématie. Elles n'autorisent pas les reproches que l'on peut leur faire. Elles ne se remettent jamais en question lorsqu'elles ont tort, qu'elles fautent, ou qu'elles se comportent de manière tyranniques. Le serviteur sait également comment elles savent retourner la situation pour en faire porter la responsabilité au serviteur ; pour le culpabiliser, pour brandir leurs foudres contre lui.

 

Comment, pourquoi, le serviteur, peut-il remettre en cause l'ordre établi ? De quel droit se permet-il de juger ? Il n'y a que l'Impératrice, la Reine, et la Princesse, qui ont l'autorisation de juger et de condamner, de donner des leçons aux autres. Nul n'a le droit - et le serviteur moins que les autres - a l'autorisation de leur donner des leçons. Le Serviteur a pour devoir de rester à sa place, à la place qu'elles lui ont défini. Il n'a pas le droit d'en sortir.

 

Le Serviteur regrette t-il d'avoir évoqué tous ces sujets concernant l'Impératrice, la Reine, ou la Princesse ? Que ce soit hier, ou toutes les fois précédentes ? Non, bien sûr que non. Ce lieu est le seul lieu où il peut s'exprimer, sans entraves, sans qu'on le muselle, sans qu'on lui commande d'être un élément du décor destiné à écouter les rodomontades de l'Impératrice, de la Reine, et de la Princesse. C'est le seul lieu où il peut se dévoiler tel qu'il est réellement, en mettant en avant ce qui le touche, ce qui l'intéresse, ce qui le passionne. C'est le seul lieu où il peut échanger, dialoguer, en toute liberté. C'est le seul lieu où il est écouté, compris, accepté tel qu'il est, par ses interlocuteurs et ses interlocutrices. C'est le seul lieu où il peut débattre, mettre en avant ses capacités, sa richesse intérieure, sa fragilité, sa sensibilité, sans qu'on ne les retourne contre lui, que l'on se serve pour le soumettre au diktat de l'Impératrice, de la Reine, ou de la Princesse.

 

Ici, c'est le seul refuge du Serviteur. Son unique espace de liberté. Car dans la réalité, quand il est en contact avec l'Impératrice, la Reine, ou la Princesse, il est muselé. Il doit se soumettre à leurs règles toutes puissantes, inébranlables, sans que ses paroles soient assimilées, prises en compte. Le Serviteur est tenu à l'écart, comme un petit enfant qui n'a pas à se mêler, à donner son avis, à intervenir, face aux conversations et aux décisions, des grandes personnes que sont l'Impératrice, la Reine, ou la Princesse.

 

Car, après tout, le Serviteur n'est rien d'autre que cela à leurs yeux. Son avis, ce qu'il ressent, les blessures que lui infligent l'Impératrice, la Reine, et la Princesse, par leur comportement, sont considérées comme quantité négligeable. Au contraire, de quoi se plaint-il ? Pourquoi vient-il tout le temps se lamenter de ses malheurs ? Il nous ennuie, il nous perturbe, avec ses états d'âme. Ce n'est pas ça que nous attendons de lui, s'indignent l'Impératrice, la Reine, et la Princesse.

 

Le Serviteur est parfaitement conscient qu'il n'est pas l'homme le plus malheureux du monde. Qu'il y a des gens qui sont dans la misère, qui souffrent de la faim, de la maladie, de la guerre, etc. Il n'y est pas indifférent, bien au contraire. Comme il l'a spécifié dans son texte précédent. S'il peut apporter un peu de ce qu'il est aux autres pour alléger leur fardeau, c'est volontiers qu'il s'y emploie, par les moyens qui sont les siens. Humblement, modestement.

 

Mais cela doit-il effacer ce que lui, ressent dans sa propre existence ? Doit-il taire ce qu'il éprouve pour autant ? Doit-il subir ces humiliations, ces mises à l'écart, parce qu'il n'est pas l'homme le plus malheureux du monde ? Le Serviteur ne le pense pas. Il a le droit de montrer qu'il existe à l'Impératrice, à la Reine, et à la Princesse. Il a le droit, légitime, de participer pleinement à la vie collective, à son rythme, à sa manière, avec ses pôles d'attraction, en mettant en avant ses centres d’intérêts. Car ceux-ci ont autant de valeur, de poids, d'attractivité, que ceux de l'Impératrice, de la Reine, et de la Princesse. Ils sont susceptible d'intéresser les gens qu'il côtoie lorsqu'il se trouve en leur compagnie, autant que ceux qu'elles développent. Ces gens seraient même certainement agréablement surpris de découvrir que le Serviteur n'est pas qu'un fantôme, qu'il a des opinions, des arguments à partager, sur tel ou tel thème. Faudrait-il encore que l'Impératrice, la Reine, la Princesse - et le Prince consort - lui laisse la place de s'exprimer ouvertement, librement ?

 

Et ça, le Serviteur craint qu'elles ne s'y emploient pas. L'Impératrice, la Reine, et la Princesse, ne peuvent pas supposer que le Serviteur ait des choses intéressantes à dire devant les gens qu'elles côtoient. Lui laisser un peu de place équivaudrait à ne plus être sur le piédestal, à ne plus briller autant qu'elles en ont envie - besoin ? - pour alimenter leur ego. Cela équivaudrait à renoncer à une part de leur prépondérance.

 

De même que lorsque le Serviteur demande un peu d'indulgence quand il se trouve au château. Quand il s'épuise, qu'il est sous pression constante, à cause du chronomètre auquel il doit se soumettre. De même quand la compagne du Serviteur, plus lente, malade, ne peut pas tenir le rythme imposé - notamment aux repas pris ensemble. Ce n'est pas le problème de l'Impératrice, de la Reine, ou de la Princesse. Quand on est au château, on doit se conformer aux règles, mème si celles-ci sont impossibles à tenir du fait de la fragilité, de la maladie, du Serviteur et de sa compagne. Dans ce cas, réplique la Reine, ce n'est pas la peine de venir au Château. Car, enchaîne la Reine, ce n'est pas moi qui vais assouplir ou modifier légèrement ces règles, les adapter pour qu'on puisse tous vivre en bonne harmonie, en toute sérénité, le plus agréablement possible. L'impératrice détenant les cordons de la bourse dont je suis dépendante, poursuit la Reine, je n'ai pas à contrevenir à ses exigences en terme d'horaires ou de chronométrage. Et puis, l’Impératrice, ainsi que moi-même - la Reine -, nous avons le privilège de l'âge. C'est une question de respect, que de te soumettre, toi le Serviteur, et ta compagne, à notre diktat. Au Château, vous êtes chez nous. Et peu importe si vous êtes fragiles, si vous êtes malades, si vous êtes épuisés psychiquement ou physiquement, si toi, le Serviteur, ça te met sous pression !!!

 

Alors oui, le Serviteur est terrifié. Il craint de ne pas être le bienvenu au Château pour les fêtes de fin d'année. Trop contraignant pour l'Impératrice, pour la Reine, pour la Princesse. La maladie de la compagne du Serviteur, la sensibilité et la fragilité de ce dernier, son travail exigeant, sont trop envahissants. Ses désirs de ne plus être pris pour la cinquième roue du carrosse à qui on cache tout, sont trop demander. Ses désirs de ne plus être celui qui ne doit se mêler de rien, qui ne doit pas donner son avis, qui ne doit pas s'exprimer, ou juste sur ce quoi on l'autorise de parler, ne sont pas admissibles.

 

Le Serviteur risque de se retrouver seul, pour ces fêtes de fin d'année qui approchent. Il risque d'être banni du Château, pour toutes les raisons qu'il vient d'évoquer ci-dessus. Et il est affligé, effrayé. Quand il y pense - et il y pense souvent -, il est amer. Il pleure en silence. Il ne comprend pas une telle suffisance, une telle morgue, un tel orgueil ne lui laissant aucune place. Souvent, le soir, tard, ou le matin, tôt, tous ces faits hantent ses pensées.

 

Et sa seule consolation, son seul réconfort, sont incarnés par sa compagne. Ils sont incarnés par les gens qui, ici, l'écoutent, l'apprécient avec ses qualités et ses défauts, ses espoirs et ses désespoirs, avec ses forces et ses faiblesses. Ils sont incarnés par leur présence - il pense en particulier à sa meilleure amie qui, dès qu'il ne va pas bien, se manifeste à lui malgré ses obligations professionnelles et personnelles exigeantes. D'autres encore, qui l'apprécient, justement parce qu'il est différent, parce qu'il se bat pour ce qu'il croit être juste, pour ses convictions, pour ce qui le touche ou le consterne, pour les combats qu'il mène contre l'hypocrisie, contre l'obscurantisme, contre la bêtise, ou contre l'ignorance. Pour ce qu'il partage ici, et qui, à leurs yeux, est digne de respect - voire d'admiration.

 

Car, il sait qu'il ne doit attendre aucun réconfort, aucune écoute, aucune consolation, aucune marque de tendresse ou d'affection, de la part de l'Impératrice, de la Reine, ou de la Princesse. Et ça le terrifie. Ça l'épouvante dans des proportions difficilement définissable par de simple mots. Ça lui torture l'âme et le cœur. Ça le brutalise, ça le déchire, ça le fait hurler silencieusement en permanence. Ça lui fait pleurer des larmes de sang. Tellement il est terrifié...

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