Poème spectral :

Il y a des amours qui ne se vivent pas ; il y a des amours qui se subissent. Il y a des amours qui ne sont fait que de larmes et de sang ; ils ne se constitués que de cauchemars et de souffrances : ils ne sont exposés qu'à la folie, à la moquerie, au rejet, et à la médisance.

Il y a des amours qui sont pires que la mort ; pires que l'Enfer le plus terrifiant ; pires que les flammes les plus incandescentes ou la morsure du froid le plus pénétrant. Ils sont solitaires. Ils rappellent ses quêtes nées en des Ages indéterminés, lointains. Ils sont parsemés de périls, de pièges, de maléfices, de peurs, de véhémences. Si passionnés, si enfiévrés soient-ils, ils n'ont aucun avenir. Ils sont brisés avant même d'avoir été retranscrit dans le Grand Livre de l'humaine destinée.

Ces amours impossibles ne sont jamais éphémères. Ils sont les fils d'or et d'argent qui constellent mon histoire et ma Vérité. Ils sont ancrés au plus profond de ma personnalité ; de mes victoires et de mes défaites, de mes bonheurs et de mes malheurs… Nul n'est capable de m'en libérer. Nul, sauf celle qui osera défier l'impensable, l'inavouable répulsion qu'elle peut avoir en me regardant. Ce sentiment si tenace, qui se lit dans son regard lorsqu'elle se tient en face de moi. Quand son sourire se transforme en rictus teinté de douleur et d'effroi ; parce que condamnée à me côtoyer ; même rien qu'un instant.

Oui, il y a des amours qui ne se vivent pas. Puisque je ne puis ni parler, ni me tenir aux cotés, ni partager ce que je ressens avec celle que j'aime. Il y a des amours qui ne sont que des rêves, des espérances. Ils n'ont ni début ni fin. Ils sont présents en moi, tout simplement. Et ils brûlent mes chairs ; ils déchirent mon cœur et mon âme aussi sûrement que les tortures les plus immondes. Et ils me conduisent à une mort qui, si je ne la désire pas, sera vraisemblablement, pour moi, une réelle délivrance.