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Mes Univers
7 juillet 2020

Profession de Foi

X1

Allons un instant un peu plus loin dans ce résonnement : beaucoup de personnes se disent fières et heureuses de leur réussite personnelle, et notamment professionnelle. Beaucoup de personnes s'enorgueillissent de rouler dans de belles voitures, de voyager dans des endroits de rêve, de descendre dans des palaces, de porter des vêtements de marque. Beaucoup de personnes cherchent à dévoiler leur prospérité matérielle, leur statut social privilégié en habitant de magnifiques villas, de majestueux appartements, en les remplissant de meubles couteux, de bibelots juste présents pour montrer qu'ils ont les moyens de se les acheter.

Beaucoup de personnes s'imaginent que leur vie, que leur réussite, est un exemple à suivre. Elles supposent "naturellement" que, parce qu'elles ont travaillé dur, qu'elles ont sué sang et eau pour "en arriver là", il est normal qu'elles dépensent des fortunes en bien de consommation obsolètes sitôt en leur possession. Elles s'imaginent que les gens autour d'elles ont pour devoir de les envier, de les respecter pour ce qu'elles ont enduré pour s'élever socialement, parce qu'elles sont aisées, "privilégiées"...

Vraiment ?... Personnellement, ces personnes, je les les envie pas. Je n'aimerai pas être à leur place. Leur richesse, leurs yachts, leurs jets privés, leurs vacances "entre gens fortunés", beaux, jeunes, bronzés, athlétiques, quasiment des top-modèles -hommes ou femmes, peu importe -, me laissent de glace.

Ou, plutôt, ces personnes me font rire. Tout cela n'est que de l'apparat, le produit d'un ego surdimensionné. Mais, quand on discute avec de telles personnes, la plupart du temps - pas tout le temps, heureusement ; mais dans l'immense majorité des cas -, de quoi se rend-t-on compte lorsqu'on creuse un petit peu la personnalité de ces gens ? C'est qu'à part "eux", c'est qu'à part les fruits de leur réussite matérielle, à l'intérieur, ils sont vides.

En fait,ils comblent ce vide en montrant aux autres ce qu'ils possèdent matériellement. Ces personnes, en outre, se disent plus intelligentes, plus malignes, que ceux qui "à leurs yeux", n'ont pas réussi, tels des ouvriers, des agriculteurs, des chômeurs, etc., parce qu'elles ont fait de grandes études, parce qu'elles ont un salaire à cinq, six, ou sept chiffres annuellement. Elles se sentent supérieures, écrasent éventuellement de leur narcissisme, parce qu'ils se considèrent comme des notables, ou des "gens qui comptent" du fait de leur compte en banque. Elles font de "l'entre-soi" une manière d'être, une réputation à admirer, à aduler, un exemple à suivre.

Puis, quand on échange un peu avec elles, on s'aperçoit que tout ce qu'elles montrent n'est qu’éphémère ou superficiel. Qu'elles ne réfléchissent pas au-delà de leurs intérêts personnels. Tant pis, lorsqu'il s'agit d'industriels ou de financiers, si elles licencient à tour de bras et qu'elles mettent des centaines ou des milliers de personnes au chômage !!! Ce n'est pas leur problème !!! L'existence des gens "du commun", de ceux et celles qui ne sont pas "beaux, riches, et célèbres", ne compte pas. Tant pis si par leurs activités, ils polluent la planète, s'ils contribuent à son réchauffement, ou qu'ils accélèrent les bouleversements climatiques. Eux, en tant que privilégiés, avec leurs iles privées, leurs vacances sur la cote d'Azur en Été, à Courchevel ou à Schtadt en Hiver, ne sont pas "encore" concernés par tous ces désagréments.

Sauf que, lorsque ces personnes deviennent âgées, que leurs attraits de jadis ne sont plus qu'un souvenir qu'elles tentent à tout prix d'entretenir ou de préserver à l'aide de séance de chirurgie esthétique - qui ne trompent personne si ce n'est eux-mêmes -, eh bien, toute cette fortune accumulée tout le long de leur existence, est sans effet. Bien sûr, ils continuent parfois à être entourés, à avoir des "amis". Ce sont surtout des gens intéressés, qui gravitent autour d'elles afin de profiter de leurs largesses. Parfois aussi, comme elles ne sont plus sur le devant de la scène, elles sont oubliées, délaissées, isolées dans leurs grandes demeures ; rêvant aux temps jadis, quand elles étaient enviées, qu'elles étaient "importantes".

Est-ce cela, le bonheur ? La joie d'être apprécié pour qui on est véritablement, sincèrement, honnêtement ? Désirai-je appartenir à cette "caste" qui se croit intelligente et supérieure ? Alors que l'intelligence n'a rien à voir avec la réussite sociale ou la profondeur de son compte en banque ? Il y a plus d'intelligence et de sagesse chez un ouvrier ou un "déclassé" qui a une famille, des amis, des connaissances, qui l'apprécient pour elle-même, et vice-versa. Avec ses qualités et ses défauts, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses victoires et ses défaites, avec ses bonheurs et ses malheurs, etc. que chez un homme ou une femme chez qui l'apparence, la gloire, la fortune, la réussite matérielle ou sociale, l'ego... sont au centre de sa vie.

Réussir sa vie, être heureux, n'a rien à voir avec tous ces artifices. L'intelligence, la sagesse, c'est de ne pas se limiter à ces aspects médiocres de l'existence. C'est d'évoluer, d'aller à la rencontre de ce qui parait insurmontable, différent, étranger. C'est d'affronter ses peurs, c'est d'avancer malgré ses blessures. C'est se relever après avoir chuté, que ce soit une fois ou un millier de fois. C'est d'apprendre de ses expériences, c'est de demeurer humble face à l'étendue de son ignorance ; et lorsqu'on acquiert un peu de savoir, d'en faire profiter autrui sans en tirer aucune gloire, aucun bénéfice matériel.

Ou plutôt, si on gagne sa vie du fait de sa "réussite", avoir conscience que ce n'est pas un acquit définitif ; que demain, tout peut s'écrouler pour maintes raisons. Et que même si on en tire un bénéfice substantiel jusqu'à son dernier jour, cela ne nous rend pas immortel pour autant ; et que notre nom, au fil du temps, s'effacera de la mémoire des hommes.

Le bonheur, c'est ce que nous apportons aux autres, peu importe la façon dont nous nous y employons. Le bonheur, c'est ce que les autres nous apportent. Je ne suis ni communiste ni socialiste, ni d'aucune autre doctrine idéologique ou religieuse. Elles sont agonisantes. La période post-capitaliste nous le prouve quotidiennement. Le bonheur, individuel est aussi important, essentiel, vital, que le bonheur collectif.

Mais ils n'ont rien à voir avec l'argent, la religion, les traditions, la politique, l'industrie, etc. Il dépasse largement ces clivages - clivages dont l'on nous rebat les oreilles, justement parce que c'est en les entretenant, en stigmatisant les uns au profit des autres, que ces "dominants" dominent. Le bonheur n'a ni couleur, n'a rien à voir avec la richesse ou la pauvreté, n'a rien à voir avec son orientation sexuelle, sa religion. Il est un élan individuel ou collectif vers quelque chose de plus grand, de plus beau que soi (rien à voir avec la foi qui impose des dogmes et des frontières à cet élan, puisque rejetant celui ou celle qui ne les partage pas).

Non, cet élan est un projet commun, un rêve, un espoir qui dépasse tout cela pour nous pousser à évaluer, à nous détacher de nos instincts les plus primaires, les plus primitifs, les plus barbares, liés à notre humanité.

Je prendrais pour exemple le plus évocateur la conquête spatiale : chacun travaillant à son niveau local pour un projet commun. Chacun grâce à ses aptitudes, grâce à ses capacités, les mettant en œuvre pour cet élan dépassant sa propre existence, que ce soit par rapport à la génération précédente, à l'actuelle, ou à celles qui nous succéderont. Ce bonheur de participer à cette aventure humaine sans précédent et sans équivalent dans l'histoire de notre espèce ; qui peut lui apporter tant ; qui donne sa véritable signification au pourquoi nous sommes présents sur cette Terre individuellement et collectivement.

Le comment est secondaire. Car le comment n'est qu'un moyen, pas un but en soi. Comme l'argent, comme le matériel, etc. n'est qu'un moyen de vivre un peu plus confortablement que nos prédécesseurs ou nos contemporains ; mais ce n'est pas une fin en soit. Car une fois acquis, que fais t'on de notre existence. Es-t-elle davantage remplie dans notre cœur et dans notre esprit, qu'auparavant ? Non, bien sûr que non !!! A ce propos, que l'on ait "réussit" dans son métier, financièrement, socialement, etc. ne comble pas le reste. Ce vide existentiel demeure si on n'est pas capable de dépasser sa propre individualité, son égoïsme, son égocentrisme, son entre-soi, son communautarisme national, ethnique, religieux, idéologique, politique, etc.

C'est parce que nous ne nous en référons qu'à ces médiocres ambitions que notre espèce ne peut qu'échouer si elle poursuit dans cette voie. C'est parce que nous ne nous basons que sur ces préceptes que ce bonheur personnel ou collectif reste hors de notre portée. Sauf en d'exceptionnelles occasions, comme je l'indiquais pour la conquête de la Lune, pour la coupe du monde 1998, pour la chute du Mur de Berlin, etc. Tous ces grands événements auxquels nous contribuons tous à petites touches, et avec nos humbles capacités et possibilités, mais qui, au final, changent en profondeur notre Destinée Humaine ; la face de l'Histoire à tout jamais... Et là... le bonheur est alors humainement possible.

Pas dans ces petitesses identitaires, religieuses, matérielles, communautaires, nationalistes, ethniques, etc. qui les entravent au contraire. Soyons plus intelligents et plus sages que ces "dogmes" qui nous rabaissent plus qu'ils ne nous élèvent...

Dominique Capo

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