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Mes Univers
17 septembre 2020

Un échec sur toute la ligne :

X1

Je ne dois pas me leurrer : mes deux essais vidéos d'hier et d'avant-hier sont un échec total. Il semble que je ne sois pas fait pour ce vecteur de transmission. Et c'en est d'autant plus regrettable que dans un monde où l'image et la parole comptent plus que l'écrit - c'est plus simple, plus facile, et plus rapide -, celui ou celle qui n'est pas doué pour ça a très très peu de chances de se faire remarquer. Il aura beau être talentueux, il aura beau avoir des choses à dire, à partager, à expliquer, son audience ne peut être qu'infime. C'est triste, c'est regrettable, mais c'est ainsi. C'est un motif de solitude et d'isolement encore plus grand et plus définitif, mais nul ne peut lutter contre ceci.
 
J'ai tenté. J'ai perdu. Qui plus est, je ne suis pas télégénique. Comment pourrais-je l'être avec les résidus de ma tâche de vin, avec les balafres qui couturent la partie gauche de mon visage, avec mon œil gauche à moitié fermé ? Certes, ils sont le résultat, plus ou moins raté, des opérations de chirurgie esthétiques que j'ai subies dans les années 90. C'était à l'époque des balbutiements de cette discipline ; j'en en fais les frais. Et je ne m'en suis jamais remis, physiquement et moralement.
 
A tel point, pour vous dévoiler l'entière vérité, qu'immédiatement après ces opérations, j'en suis venu à me détester. Me regarder dans un miroir me donnait envie de vomir. Je me haïssais. J'en suis même venu, éphémèrement heureusement, à attenter à mon intégrité physique. Avec des lames de rasoir, je me scarifiais les bras dans le but d'oublier cette souffrance psychologique ; au profit d'une souffrance physique plus facile à supporter. J'en suis même venu à songer à me suicider. Quelle place pouvait être la mienne dans un monde où l'apparence physique avait plus de valeur que l'individu que l'on était réellement ? Et je vous parle d'il y a une trentaine d'années.
 
Aujourd'hui, avec internet, avec les réseaux sociaux, avec les vidéos pour tout, de la part de tout le monde, n'importe où, n'importe quand, et sur n'importe quel sujet..., c'est pire encore. Celui qui est différent, hors de la norme, hors des canons esthétiques en vigueur, est systématiquement hors-jeu. Peu importe qu'il soit intelligent. Peu importe que sa culture, que ses connaissances, que son travail - d'écrivain, d'historien, de philosophe, de commentateur de l'actualité, de scrutateur s'interrogeant sur le Devenir de la Civilisation et de l'Humanité... - soit pertinent. Peu importe qu'il ait quelque chose à apporter aux autres, à partager avec eux, à leur enseigner, comme à recevoir d'eux.
 
La première chose, immédiatement, brutalement, que l'on discerne de quelqu'un, c'est son apparence. Ce qu'il a en lui, son intelligence, son savoir, ses émotions, etc. sont invisibles. Et, instinctivement, l'immense majorité des gens recule face à quelqu'un de physiquement différent. Instinctivement, ces gens n’auront jamais l'idée ou l'envie de lui parler, d'échanger avec lui. Surtout lorsque pour cet individu, complexé par son état, intimidé par cette facilité à dialoguer, à se lier, à s'apprécier, à être détendus, et sereins lorsqu'ils sont ensemble, c'est une épreuve. Lorsque ces moyens lui sont totalement étrangers, pire, qu'ils le terrorisent, ou qu'ils le font fuir plutôt que d'être confronté à leurs regard en biais, à leurs moqueries.
 
J'en suis parfaitement conscient. Je l'ai vécu sous d'innombrables formes tout le long de mon existence. Aujourd'hui encore, par le biais d'internet ou des réseaux sociaux, ce processus se perpétue inévitablement.
 
Vous savez, je n'ai qu'un rêve : celui de découvrir des univers qui ne sont les miens, auxquels je ne suis pas habitué. Y être détendu, apaisé, au milieu de gens qui me le font découvrir et apprécier. Rencontrer des personnes de milieux, avec des métiers, avec des passions, avec des projets, avec des philosophies, avec des savoirs, qui me sont étrangers. Par le passé, j'ai eu la chance de vivre cette expérience en de très rares occasions.
 
Quel bonheur, quelle joie, quelle délivrance, ça a été pour moi. Enfin, je pouvais respirer librement, sans avoir à me cacher, à m'isoler, juste parce que j'étais qui j'étais. Heureux que l'on m'ouvre la porte et que l'on m'accepte dans ces univers auxquels je n'étais pas accoutumé. Heureux de voir que des gens m'appréciaient pour ce que nous pouvions nous apporter mutuellement.
 
Souvent, par le biais d'Internet ou des réseaux sociaux, mon rêve est de revivre ce genre d'expérience. Tellement enrichissante, tellement incroyable, tellement enivrante. Mais, ce diktat de l'image et de l'apparence est encore plus violent, encore plus oppressif, encore plus impitoyable, que jadis. Il faut être beau, jeune, performant, riche matériellement. Il faut être dénué de scrupules, il faut être centré sur soi, sur la réussite sociale ou économique. Il faut montrer qu'on a une belle voiture, de beaux vêtements, faire des voyages à l'autre bout du monde, faire envie en quelque sorte. Comme s'il n'y avait que ces attraits-là de l'humain qui avaient de l'importance.
 
Regardez toutes ces images, toutes ces vidéos, paradisiaques. Regardez ces photos de jeunes femmes ou de jeunes hommes bien portant, esthétiquement attirant, pleins de" charme, etc. Internet ou les réseaux sociaux croulent sous celles-ci. Comment, dans un monde comme celui-ci, avec ma "gueule cassée", puis-je susciter la curiosité ? Sauf, seulement, celle d'être "Eléphant-man" au milieu d'une nuée d'hommes et de femmes tout droit sortis du "meilleur des mondes". Sans relief, sans personnalité, autre que cette normalisation, que cette institutionnalisation où tout le monde doit ressembler à tout le monde pour être accepté.
 
Et que dire de mes velléités télégéniques afin de sortir de l'ombre. Que dire de mes mains tendues à l'encontre d'hommes et de femmes avec lesquels je rêve de nouer des relations plus approfondies, mais qui, parce qu'ils ou elles ressemblent tous et toutes à des tops-models - du moins virtuellement -, n'ont pas envie de voir quelqu'un comme moi appartenir à leur entourage. Ça ferait tache, comprenez vous ? Ce serait gênant, que penseraient leurs autres connaissances, leurs autres ami(e)s ? Et puis, c'est un intellectuel, un littéraire, quelqu'un qui réfléchit, qui s'interroge. Il n'a rien à voir avec nous, n'est-ce-pas ?
 
Vous pensez que je suis trop caricatural ? Vraiment ? Que ces personnes me prouvent le contraire, et là je remettrais mon ressenti en cause, en question. Mieux encore, je le modifierai, le ferai évoluer. Comme lorsque je me trompe, réfléchir sur moi-même pour avancer, pour que les expériences vécues m'apportent quelque chose de positif.
 
Néanmoins, et les deux vidéos d'hier et d'avant-hier, pour le moment, mes tentatives s'avèrent vaines. Les efforts que je fais sur moi-même pour sortir de ma bulle, pour essayer de suivre de nouvelles voies plus propices au partage et à la communication, sont des échecs. Mal à l'aise, bafouillant, avec des euh, des mélanges dans les mots ou les phrases prononcées, je ne suis pas doué pour ce genre d'exercice.
 
L'écrit m'est plus aisé. C'est un univers que je maitrise parfaitement. Mais que la plupart des gens sur Internet ou sur les réseaux sociaux délaissent au profit de l'image et du son. Parce que lire, réfléchir, raisonner, aller au-delà du superficiel et de l'éphémère demande un effort intellectuel de leur part, parce que cela demande un minimum d'attention soutenue, ce ne peut leur convenir.
 
J'ai dernièrement vu "Envoyé Spécial" intitulé "Écrans, sommes-nous tous accros ?". L'un de ses reportages soulignait qu'à force d'être en permanence sollicité par les téléphones portables, par les tablettes, par les réseaux sociaux et leurs notifications, nombre de gens sont de moins en moins capables de se concentrer durablement. Au-delà de quelques minutes d'affilée, évoquait-il. Il y avait même des gens qui, si leur téléphone ou tablettes connectée n'était à portée de main, ils avaient l'impression qu'on leur avait ôté un membre. Ils étaient "en manque", comme un drogué à la cocaïne par exemple.
 
Comment voulez-vous, dans ce cas, que la plupart des gens qui surfent sur Internet ou les réseaux sociaux soient capables d'assez d'attention pour se concentrer sur des textes comme les miens, sur un livre, sur un sujet complexe, approfondi ? Moi qui lit 3h par soir, moi qui rédige de long articles, moi qui diffuse des textes approfondis, je suis hors-jeu. Qui plus est dans un monde où l'apparence, ou esthétique, prévaut sur le fond. Où ce qui est rapide, simple, facile, prévaut sur la complexité, sur la raison, sur les interrogations, annihile les efforts consentis par des personnes telles que moi ; et je ne suis pas le seul dans ce cas.
 
Alors, dans ces conditions, je suis condamné. Ce que je peux apporter aux autres est dénué de valeur, d’intérêt. Ce que je cherche à partager est inaudible et invisible. Cela suscite l'indifférence, au mieux une lecture en biais, sans approfondissement parce que trop chronophage et trop énergivore. Alors, parce que mon image et ma voix ne sont pas attrayants, je disparais de l'horizon de cette majorité. Naturellement...
 
Ce constat d'échec est une terrible désillusion de plus. Ce n'est pas la première, ce n'est certainement pas la dernière. Elle prouve seulement que je ne suis pas en phase avec tout ceci ; et que je ne dois m'en prendre qu'à moi-même. Après tout, celui qui ne peut s'adapter doit disparaitre, n'est-ce pas ?
 
Donc, c'est ce que je fais. Je retourne à la rédaction de mon ouvrage sur les origines de la Civilisation. Des articles, j'en écrirai peut-être encore de temps en temps. Des vidéos, plus jamais. Ceux et celles qui désireront me lire, tant mieux. Ceux et celles qui désireront entrer plus "réellement" en contact avec moi, ils sont les bienvenus. Quant aux autres, cela me fait du mal de constater que je suis inatteignable pour eux et pour elles pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Dès lors, je me retire en moi-même puisque je ne peux rien partager avec eux ou elles...
 
Je me replonge dans mes notes sur Ur, Sumer, Akkad, etc., maintenant...
 
Dominique

 

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