Jeudi 08/10/2020 :

Chaque jour, j'écris. Donc, chaque jour, lorsque je retranscris un mot, une phrase, un paragraphe, sur papier, j'en prends autant soin que si je tenais la plus belle des femmes entre mes bras. Quand je rédige un texte, quand je le lis et le relis une dizaine de fois, voire davantage, j'y suis aussi attentif que si j'explorais chaque colline ou chaque vallée, chaque rondeur ou chaque déclivité de cette même femme. Alors que je retire les lourdeurs, les répétions, les coquilles, de mon récit, c'est comme si mes mains s’aventuraient délicatement et tendrement sur sa peau de soie, jusque dans ses recoins les plus secrets et les plus délicats. C'est comme si j’ôtais chacun de ses vêtements afin d'avoir accès à ses mamelons durcis d'appétence ; c'est comme si j'accédais enfin à son mot de Vénus, qui est son intimité la plus sidérante.

Chaque jour, lorsque je débarrasse mes pensées énoncées de ses fautes de grammaire ou d'orthographe, lorsque je les énumère, les approfondis, les cisèle, c'est comme si je m'offrais tout entier aux émotions que cette femme fait rayonner en moi. C'est comme si je lui dédiais au travers de ces mots mes sentiments les plus beaux, les plus sincères, les plus véridiques. Quand, concentré sur les mots que j'énumère, ma passion pour l'écrit me submerge, c'est comme si je lui faisais l'amour des heures durant ; c'est comme si je l'honorais avec abnégation.

Chaque jour, quand je me consacre à mon métier d'écrivain, qui est aussi ma vocation, mon sacerdoce, mon cœur s'illumine, mon âme s'enflamme, tout autant que s'ils se mêlaient aux sentiments de cette femme submergée de désirs et de plaisirs charnels infinis. C'est comme si je me plongeais en elle indéfiniment. C'est comme si nos regards se croisaient à l'instant précis où nous nous retrouverions au sein d'un paradis sidérant. C'est comme si, fusionnant enfin, nos corps brulaient d'un amour véhément.

Telle est la passion que j'éprouve lorsque je jongle avec les mots, les phrases, les paragraphes, les textes, tous droits sortis de mon imagination. Ou lorsque mon esprit, mon intellect, mes connaissances, les maintes facettes de mon existence, sont révélées à celle qui est l'objet de ma vénération, de mon admiration, de mon estime et de mon ardente affection...

Dominique Capo