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Mes Univers
26 octobre 2020

A propos de Recep Tayyip Erdogan et des caricatures de Mahomet :

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Un autre sujet que je souhaiterai brièvement aborder aujourd'hui. L'actualité du moment exige que je m'exprime à ce propos. Et une fois encore, peu importe que l'on soit d'accord avec moi. Là n'est pas l'essentiel.
 
Comme vous le savez si vous suivez l'actualité de ces derniers jours, les tensions sont vives depuis quelques temps ente la France et la Turquie. Les sujets de discorde sont nombreux : la Syrie, les coups de force de la part d'Erdogan à la frontière entre les deux pays. Les migrants syriens en transit en Turquie, avec parmi eux d'anciens soldats de Daesh. En Libye, l’ingérence de celui-ci dans la guerre civile qui secoue son territoire depuis longtemps. En Méditerranée orientale, ses tentatives d'étendre son influence au détriment, entre autres, de la Grèce, et donc de l'Europe. Et je ne parle même pas de la transformation de Sainte-Sophie en mosquée qui, personnellement, m'a profondément choqué.
 
Le dernier coup d'éclat en date d'Erdogan est l'affaire des caricatures de Mahomet, liées aux suites de l'attentat de Conflans. Je tiens à dire ceci : Il ne faut pas être dupe. Erdogan est au minimum un autocrate. En fait, à mes yeux, c'est un dictateur. Nostalgique d'une époque où la Turquie était au faite de sa gloire, il multiplie les provocations pour se donner de l'importance. Il rêve de rétablir un Empire Ottoman qui régnait de la Libye aux confins de l'Europe orientale. Ses invectives concernant la Biélorussie ne trompent personne.
 
Or, Erdogan se sent "fort" uniquement parce qu'il a le soutien d'un autre autocrate : Poutine. La Russie de Poutine ayant elle-même des visées expansionnistes en Europe orientale, nous l'avons vu en Crimée en 2016, ainsi que vis-à-vis de certains états slaves plutôt favorables pour se rapprocher - au minimum commercialement - avec l'Europe, celle-ci se sert de la Turquie et d'Erdogan pour pousser es pions partout où elle le peut. En Syrie, ce n'est plus un secret : Poutine soutient et appuie militairement El-Assad ; des bases militaires russes s'y trouvent. Des instructeurs russes conseillent les militaires syriens qui veulent reprendre le contrôle des territoires perdus depuis la fin de l’État Islamique.
 
En ce qui concerne la Turquie, la Russie sait très bien qu'en soutenant Erdogan, ses intérêts en Europe orientale sont préservés. Elle peut poursuivre sans trop de dangers ses tentatives hégémoniques vis-à-vis de plusieurs pays de l'ancienne URSS. D'autant plus que les États-Unis de Donald Trump ne se mêleront pas de ses visées, empêtrés qu'ils sont dans leurs tensions raciales et les fractures idéologiques dont ils sont couturés. Sachant que Donald Trump a beaucoup à perdre, à quelques jours des élections, avec les affaires liées à la Russie qu'il traine derrière lui. La Russie est donc en position de force. Et son pion privilégié aux portes de l'Europe se nomme Erdogan.
 
Évidemment d'autres facteurs que je ne peux développer en quelques phrases entrent en ligne de compte. Notamment, ses victoires successives aux élections présidentielles de son pays ne trompent personne : il n'y a que dans les dictatures qu'un homme peut remporter les suffrages aussi haut autant de fois. Les fraudes, les trucages, les allégeances forcées, comme en Russie aujourd'hui, sont patents. Pour autant, c'est pour ces raisons, et en toute connaissance de cause, qu'Erdogan menace régulièrement la France de sanctions diverses et variées. L'affaire des caricatures de Mahomet est une occasion supplémentaire toute trouvée pour s'y employer.
 
Cependant, il sait qu'à part invectiver la France, et l'Europe, il n'a pas les moyens de ses ambitions chimériques. Si Poutine se rend compte qu'il va trop loin, il le lâchera sans remord ni regret. La Russie a trop besoin de commercer avec l'Europe si elle veut continuer à jouer dans la cour des grands. La Chine, à l'autre bout du continent, est un adversaire redoutable qu'elle ne peut négliger. Et les États-Unis et leur protectionnisme ne lui permettant pas de développer son commerce extérieur comme elle le désirerait, son seul autre partenaire indispensable est l'Europe.
 
La Russie ne peut s'autoriser de "trop" se l'aliéner. Et l'Europe, elle même, en a besoin, pour ses importations de gaz et autres matières premières utiles à son économie. De plus, avec la pandémie actuelle, ni les uns, ni les autres, n'ont la capacité et la possibilité de jeter de l'huile sur le feu.
 
Enfin, si Erdogan invective autant la France, et par là même l'Europe, il sait que, militairement, face à cette dernière, il ne fait pas le poids. Je ne pense pas que nous en arrivions à ce point. Néanmoins, si hypothétiquement c'était le cas, l'Europe à des forces militaires que la Turquie n'a pas. Au cas échéant, les États-Unis se mêleraient d'une façon ou d'une autre de ces tensions afin de préserver ses intérêts stratégiques dans cette région du monde. La Russie, qui elle même, ne s'engagerait pas militairement sur ce terrain là, se tiendrait à l'écart. La Chine de même. Au contraire, et la Russie le sait, la Chine en profiterait pour étendre son influence au Moyen-Orient et en Afrique. Or, a Russie ne peut se le permettre. La Syrie étant son seul point d'appui, son seul allié dans la péninsule arabique.
 
Bref, Erdogan se prend pour le Commandeur des Croyants, comme l'était le sultan Ottoman à l'époque de la grandeur de cet Empire mort et enterré depuis longtemps. De plus, avant de venir nous faire des leçons en France, il ferait bien de s'occuper des affaires de son propre pays.
 
En effet, il clame l'intolérance religieuse chez nous parce que nous sommes un pays laïc, que nous tenons à préserver les valeurs que la laïcité prône : liberté, et liberté d'expression notamment. Or, en Turquie, et la transformation de Sainte-Sophie est là pour nous le rappeler, les confessions qui ne sont pas liées à l'Islam sont interdites, voire persécutées. L'Islam y est religion d’État. En matière de liberté religieuse, de liberté d'expression, ou de liberté d'opinion, on a connu mieux là-bas.
 
Quand je pense que sous Atatürk, la Turquie était un pays laïc, où les femmes étaient libres de s'habiller comme elles le désiraient, où les autres religions étaient acceptées. Quel retour en arrière !!!
 
Pire encore : même aux plus grandes heures de l'histoire de l'empire Ottoman, les autres religions étaient "relativement" protégées, malgré les oppressions dont elles étaient l'objet. Des individus d'autres religions, dans certaines circonstances, et s'ils étaient utiles, pouvaient s'élever dans la hiérarchie destinée à administrée l'empire. Quelques chrétiens et quelques juifs sont même devenus "Pachas" ; c'est-à-dire "Premier Ministre".
 
La laïcité, en France, est l'un de nos biens les plus précieux. C'est une valeur fondamentale de notre République et de notre Démocratie. Qu'un chef d’État étranger s’immisce dans notre façon de vivre, dans ce qui nous lie les uns aux autres, est intolérable, inacceptable. En d'autres temps, cela aurait été considéré comme un "casus belli". Son ambition est uniquement, comme Daesh ou d'autres intégristes ou extrémistes islamistes, de souffler sur les braises de la discorde et du communautarisme, afin de fragiliser notre nation.
 
En France, l'Islam est une religion comme une autre. Et comme les autres, elle n'est pas au-dessus des lois de la République, elle n'est pas au-dessus des lois des hommes. Ceux et celles qui pensent ainsi n'ont aucune chance d'atteindre leur but caché : transformer la France et la République en califat.
 
Au début du XXe siècle, le Christianisme s'est plié aux lois de la République. En 1905, la loi de séparation de l’Église et de l’État s'est imposée à tous et à toutes. Ça s'est fait dans la douleur pour les catholiques attachés aux traditions séculaires qui faisaient de l’Église la garante des valeurs morales de la France. Ça s'est fait dans les larmes et dans le sang parfois. Car l’Église avait la prépondérance en matière de scolarité ; et nombre d'écoles non-laïques, et donc chrétiennes, ont dû fermer, au profit de celles de la République, et laïques. Cependant, la laïcité a eu le dernier mot.
 
Il en est, et en sera toujours de même, pour l'Islam, ou pour toute autre religion qui tenterait de la renverser.
 
De plus, je gage que l'immense majorité des français se lèverait en masse pour défendre les valeurs de la laïcité, de la République, et de la Démocratie, au cas échéant.
 
Erdogan, ainsi que tous les fanatiques islamistes, sont-ils assez intelligents pour le comprendre ? Je n'en suis pas sûr, au vu des réactions suscitées par ce différend qui nous oppose à lui. A moins que ce ne soit fait en toute conscience - ce que je suppose davantage - dans un but politique ou géo-stratégique, comme je l'ai décrit plus haut. Au final pourtant, de la part d'Erdogan, ce ne sera qu'un simple coup d'épée dans l'eau, l'actualité tournant rapidement son regard vers d'autres sujets plus brulants.
 
D'autant que je vous le dis en toute franchise, les français, musulmans ou non, et moi le premier, ne sont ni impressionnés ni effrayés par les rodomontades de ces archaïsmes éculés et insignifiants...
 
Dominique Capo

 

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