Mercredi 09/12/2020, il y a des beautés :

Oui, c'est vrai, il y a des beautés qui dépassent, et de très loin, celles que l'apparence physique, que la richesse, que la gloire, que la réussite, nous sont martelées quotidiennement. A grand renfort de publicité, d'images ou de vidéos fabriquées, manipulées, améliorées, déformées, en permanence nous sommes abrutis par elles. Elles se substituent à la réalité, l'idéalisent, tout en sachant que la perfection qu'elles décrivent n'existe pas.

Elles nous poussent à être toujours de plus en plus performants, toujours de plus en plus axés sur ce qui se voit ; au détriment de la personne que l'on est véritablement. Si la grande majorité des gens se raccrochent à ces superficialités et à ces éphémérités inconsistantes, c'est qu'ils n'ont rien d'autre à proposer. C'est que lorsque l'on regarde à l'intérieur de leur âme ou de leur cœur, ce qui apparait, c'est un vide abyssal, incommensurable. Un vide qu'ils sont incapables de remplir de ce que la diversité de l'existence et des expériences leur offre.

Sont-ils seulement capable de le comprendre ? Ce n'est même pas certain puisque, comme des automates, ils reproduisent sans cesse les mêmes comportements, se raccrochent sans cesse à ces photos, à ces images, qu'ils déifient. Faute d'être capable regarder le monde, les autres, autrement qu'au travers de ces images ou de ces vidéos les transformant en non-pensants, ils deviennent des êtres soumis, apathiques. Ils se transforment en esclaves de leurs émotions aux dépends de leur raison, de leur savoir, de leur intelligence. Ils en arrivent à honnir, à mépriser, à rejeter, à humilier, ceux qui se comportent, qui pensent, qui communiquent, différemment. Ils en ont peur parce que ces derniers ne se  plient pas aux règles du jeu auxquels ils sont se sont enchainés eux-mêmes depuis longtemps.

Oui, il y des beautés qui dépassent l'imagination. Il y a des beautés non palpables, que seuls l'esprit peut modeler. Il y a des beautés qui se nomment amitié, empathie, humilité, ou humanité. Il y a des beautés qui transcendent l'âme, qui vous portent tout le long de votre existence. Il y a des beautés qui n'ont pas besoin d'être exhibées. Des beautés que ni les images ni les vidéos peuvent divulguer. Ces beautés, pourtant, sont là, tout autour de nous. Il suffit d'ouvrir les yeux, d'avoir conscience de leur présence, de leur importance, pour les contempler.

Ces beautés, ce sont des joyaux, ce sont des trésors qui se terrent aux tréfonds de nous-même, mais qu'il faut avoir le désir et la sagesse de déterrer pour les arborer. Pour que, malgré les indifférences, pour que, malgré les silences et la nuit, on les brandisse. Pour que, malgré les souffrances, malgré les larmes et le sang, pour que malgré la violence à son encontre, pour que, malgré les humiliations et les cicatrices qui ne se referment jamais totalement, on les perpétue jusqu'à son ultime souffle de vie.

Ces beautés sont inexprimables. Ces beautés, elles illuminent mon âme. Ces beautés, c'est dans les yeux de ceux et celles que je sollicite, que je les vois. Ces beautés, ces personnes y sont insensibles. Ces beautés, ces personnes ne les considèrent pas. Ces beautés n'ont pas de valeur à leurs yeux parce qu'elles ne les voient pas. Pire même, parce qu'elles les estiment non nécessaires, non essentielles, non fondamentales à leur vie personnelle.

Ces beautés, parfois, elles les méprisent, elles haïssent, elles terrorisent. N'appartenant pas aux endoctrinements qu'elles maudissent autant qu'elles glorifient, elles les fuient. N'appartenant pas aux dogmes et aux normes qui font d'elles des gens que l'on envie, que l'on honore, que l'on suit du fait des simulacres qu'elles jettent en pâture aux ignorants et aux crédules, elles les rabaissent inévitablement. Elles s'en méfient également. Des fois qu'elles seraient à-mème de les faire chuter de leur piédestal. Des fois qu'on les regardent comme des personnes dénuées de tout ce qu'elles montrent via les cliché ou via les vidéos dont elles abreuvent leurs affidés en permanence.

Oui, ces beautés, très rares sont ceux et celles qui ont la possibilité, la capacité, et la volonté, de les voir. Ces beautés, pourtant, quand on les voit, elles vous transforment à tout jamais. Elles vous dévoilent d'autres chemins susceptibles d'être empruntés. Elles vous ouvrent les portes d'univers qui vous bouleversent et vous émeuvent. Elles vous conduisent sur des routes souvent solitaires, souvent remplies de tristesse parce que vous êtes seul, ou presque seul, à les arpenter. Et pourtant, en même temps, ces beautés vous élèvent, vous font évoluer, vous enrichissent humainement. Ces beautés vous apprennent tant, vous font découvrir tant de facettes différentes de la réalité qu'elles laissent leur empreinte sur vous pour jamais.

Elles vous poussent à aller toujours plus loin, contre cents et marées. Elles vous poussent à vous dépasser au-delà ce que vous pensiez humainement possible. Elles vous épuisent, elles vous déchirent, mais elles vous permettent de visiter, d'explorer, des lieux auxquels très très rares sont ceux et celles ont accès. Et alors, vous vous sentez privilégié de pouvoir les toucher. Et alors, continuellement vous les honorez ; vous n'avez qu'un souhait : y retourner ; y être accompagné des personnes auxquelles vous cherchez à offrir la même faculté. Et alors, vous ces beautés vous rendent heureux ; mais aussi malheureux d'être seul à les percevoir et à les aimer.

Ces beautés sont là. Elles nous tendent les bras. Ces beautés sont innombrables, elles nous grandissent. Elles sont un trésor inestimable, comparable à nul autre. Elles brillent de tous leurs feux, et leur lumière nous réchauffe quand il fait froid. Elles étanchent notre soif ; elles apaisent notre faim. Elles nous font surmonter les épreuves les plus ardues, les obstacles les plus monstrueux, les difficultés les plus éprouvantes. Ces beautés, c'est pour les partager avec vous que je suis là. C'est parce que l'immense majorité de ceux et celles que je sollicite n'en veulent pas, que je dépéris ; que je me retire au sein de ce lieu isolé pour ne pas être confronté à leur apostasie, en vérité...

Dominique Capo