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17 décembre 2020

Souviens-toi, Dominique :

X1

Souviens-toi, Dominique ! Tu avais une dizaine d'années. Il faisait froid, il faisait nuit. Le silence et l'obscurité t'accompagnaient déjà depuis longtemps. Les rires moqueurs, les violences psychologiques et physiques étaient déjà ton quotidien à l'école. Tu n'y avais aucun ami.
 
A l'époque, tu ne comprenais pas pourquoi on te méprisait, on te haïssait, on te rejetait autant. A l'époque, tout ce que tu voulais, c'était être un enfant comme les autres. C'était d'appartenir au groupe, qu'on s'intéresse à toi, qu'on t'aime, qu'on t’apprécie, qu'on te considère, qu'on te respecte, de la même manière que n'importe quel enfant.
 
A l'époque, pourtant, déjà, tes séjours à l’hôpital étaient fréquents. Tes crises de convulsions, accompagnées de douleurs et de terreurs également. Et tes larmes, ton chagrin, ton incompréhension, étaient immenses. A l'époque déjà, tu avais pleinement conscience que tu ne serais jamais comme les autres ; qu'on ne te laisserait jamais être comme les autres ; qu'on ne voudrait jamais que tu sois comme les autres.
 
Tu avais aussi pleinement conscience que les épreuves, les difficultés, les obstacles, il te faudrait mille fois plus de volonté, de ténacité, de force mentale, de travail, d'endurance, pour les endurer, pour les surmonter. Tu savais que la vie ne te laisserait jamais en paix ; qu'elle trouverait toujours des moyens inédits, des subterfuges, des chemins de traverse, pour te tourmenter. Tu savais que tu n'aurais jamais de repos, jamais de répit. Plus tard, tu as découvert que les sentiments amoureux, que les désirs et les plaisirs charnels te seraient plus souvent refusés...
 
Oui, cet enfant, c'est toi, Dominique. C'est toi, il y a longtemps. C'est toi à l'aube de ton existence. Et aujourd'hui que tu écris ces mots, rien n'a véritablement changé. Les personnes qui ont contribué à te modeler ainsi continuent à s'y employer. Les personnes qui te font du mal, qui te font pleurer, qui sont violents - physiquement et mentalement - envers toi, alimentent le désespoir et la tristesse qu'enfant tu éprouvais déjà.
 
Et toi, le seul moyen qui demeure à ta portée pour tenter, comme tu le peux, d'y survivre, c'est de te plonger dans les myriades de livres, dans la multitude de connaissances, qu'ils mettent à ta disposition. C'est d'oublier ce monde, les hommes qui y vivent, puisqu'à chaque fois, c'est par le silence qu'ils te répondent. C'est de tenter, en vain évidemment, d'oublier les femmes qui te dénient le droit d'être un être humain à part entière.
 
Ces dernières ne voulant pas de toi en tant qu'homme te montrent, comme jadis lorsque tes camarades te fuyaient constamment, que tu ne dois concentrer tes efforts que sur les trésors que cachent âme, ta raison, tes savoirs, ton intellect. Comme jadis encore, ils sont ta seule issue de secours pour ne pas sombrer dans la démence.
 
Comme jadis toujours,Dominique, ton esprit, ta culture, tes mots, sont les seules opportunités d'exprimer ces bonheurs et ces joies qui te sont interdits. Hier, c'étaient ceux d'être un enfant entouré, considéré, ayant appris au travers du regard d'autrui, à avoir confiance en lui et en ses capacités.
 
Aujourd'hui, c'est de partager charnellement, voluptueusement, sensuellement, toutes ces émotions, toute cette humanité, dont tu es doté. C'est d'être regardé, c'est d'être vu, c'est de susciter des battements de cœur désordonnés. C'est d'embraser le corps et l'âme de celle que tu souhaite honorer. Et ainsi, ressusciter ; et ainsi, oublier à jamais cet enfant à qui l'on a brulé les ailes alors qu'il était sur le point de s'envoler...
 
Oui, cet enfant devenu adulte, c'est toi Dominique. Les temps ont changé. Des dizaines d'années se sont écoulées depuis l'époque où tu es cet enfant d'une dizaine d'années. Tu as grandi ; tu as appris, tu as élargi ton horizon, ton as engrangé maintes expériences et maintes connaissances. Tu as rencontré maints hommes et maintes femmes. Tu as vécu des terreurs, des désespoirs, des séismes, des drames. Tu as vaincu, tu as avancé, tu sais quels sont qualités et tes défauts ; tes forces et tes faiblesses ; et tu n'en tire ni gloire ni honte, puisque ceux et celles qui te montrent du doigt avant de te fuir, ont les mêmes. Mème si eux te jugent et te condamnent pour ça, et pas toi...
 
Alors, Dominique, quelle autre solution que celle d'écrire tes Mémoire ? Quelle autre solution que de relater tout ce que tu as vécu en bien ou en mal ? Quelle autre solution de décrire ces instants décisifs qui ont fait de toi l'homme que tu es actuellement ? Quel autre moyen que tu as que de rédiger ces épisodes qui ont émaillé ton parcours personnel, professionnel, amical, sentimental, etc. ? Quelle autre issue que de transmettre tout ceci, et bien davantage encore, au travers de 500 à 600 pages de texte qui feront comprendre aux gens qui tu es véritablement ; et qui tu as été il y a longtemps...
 
Oui, Dominique, retourne à cette époque où tu n'étais qu'un enfant d'une dizaine d'années. Oui, relate ces faits, ces moments, ces refuges qui ont été les tiens. Oui, explique, détaille, approfondis, dévoile les mille-et-une facettes de ce destin malmené par les hommes, par les femmes, par le monde. Oui, enfin, retourne à cette nuit où il faisait froid, où tu étais seul, où tu étais malade, où les livres et l'écriture t'ont arraché à la mort et à la démence....
 
Dominique Capo
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