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Mes Univers
1 février 2022

Réfléchisez-y :

X1

Oui, réfléchissez-y : lorsque les premiers Égyptiens bâtissaient les Pyramides, les temples dédiés à leurs divinités, leur intention étaient de graver dans la pierre ce qui les avait poussé à les ériger. Ils désiraient honorer ce en quoi ils croyaient ; ils souhaitaient rendre hommage à leurs croyances, à leurs traditions, à leurs monarques... Leur espoir étaient que leur passage sur Terre ait un but qui dépasse leur mortalité.
 
Quand les constructeurs de Cathédrales élevaient leurs monuments afin de glorifier Dieu, leur projet s'étendait sur des dizaines d'années, sur plusieurs générations probablement. Ils y consacraient des fortunes, de l'énergie, et du temps. Ils souhaitaient œuvrer pour la postérité. Ce n'est d'ailleurs pas anodin si maçons, menuisiers, et autres artisans d'art, laissaient la marque de leur contribution à son élaboration dans la roche, dans le bois, ou dans le métal. Il ne faut pas oublier que les généreux donateurs qui finançaient la construction de ces cathédrales, leurs physionomies étaient souvent reproduites parmi les statuaires des saints qui les ornementaient.
 
Au XIIIe siècle, si Marco Polo a emprunté la route de la soie, avec tous les dangers que cela comportait, et pour un trajet de plusieurs années, c'était pour se rendre auprès du Grand Khan, importer des épices en Occident, et explorer cette région du monde auquel ce dernier n'avait pas accès. En 1492, si Christophe Colomb a entrepris de traverser l'Atlantique pour mettre au jour une nouvelle voie maritime permettant d'atteindre les Indes, le Cathay (la Chine) et Cipango (le Japon), c'était pour nouer des relations commerciales, pour propager sa foi, dans ces contrées inexplorées. Ils voyaient plus loin que leur propre destinée...
 
Plus tard encore, lorsque nos ancêtres ont renversé la Monarchie, ont instauré la République, puis la Démocratie, c'est pour leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs lointains descendants - dont nous sommes - qu'ils l'ont fait. Ils se sont battus, jusqu'à la dernière goutte de leur sang parfois, en espérant que ceux-ci auraient une vie meilleure que la leur. En 1936, quand on été institués les congés payés et la semaine de quarante heures, c'est à la suite de grèves généralisées qui ont fait plier conservateurs aux idées rétrogrades. Quand nos grands-parents ont résisté à l'occupant Nazi il y a plus de soixante-quinze ans désormais, c'est parce qu'ils aspiraient à ce que nous bénéficions de cette liberté pour laquelle ils ont tant sacrifié. Quand nos parents ont participé à Mai 68, ils croyaient être capables de changer notre modèle de société en profondeur.
 
Mieux encore : quand JFK a lancé le programme Appollo, avec pour dessein que les États-Unis soient les premiers à poser un engin habité sur la Lune avant la fin de la décennie, cette nation a déployé des stratégies d'une complexité phénoménale pour y parvenir. Elle a prodigué des efforts inimaginables pour qu'un jour de juillet 1969 des centaines de millions d'auditeurs puissent entendre Neil Armstrong dire : "Un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'Humanité". Elle a employé des moyens humains, elle a usé de moyens financiers, elle a développé des technologies inédites... pour réussir ce que l'on supposait alors impossible...
 
Oui, l'Homme est capable de grandes choses lorsqu'il s'en donne les moyens. Oui, tout au long de son Histoire, notre Civilisation, il a déployé des trésors d'ingéniosité pour franchir les obstacles qui se dressaient devant lui. Oui, il utilisait toutes ses capacités - peu importe qu'elles soient manuelles ou intellectuelles puisque les unes étaient dépendantes des autres -, pour repousser les frontières de l'inimaginable. Oui, il se moquait des corporatismes, des ambitions individuelles, de la méthode appliquée pour les subventionner, du moment que l'objectif commun était atteint. L'Homme sait voir au-delà de la durée de sa propre existence ; il sait bousculer ses certitudes et ses convictions ; il est apte remettre en question sa propension à s'accrocher à un individualisme qui le freine plus que ne le fait progresser, lorsque c'est nécessaire à l'ensemble de la collectivité.
 
Malheureusement, de nos jours, des projets dépassant cinq, dix ans, plusieurs générations, et susceptibles d'enthousiasmer nos contemporains, il n'en n'existe plus. Des projets capables de rassembler des populations entières, sans partialisme ou sans partisanerie, ne suscitent plus l'adhésion de ceux qui pourraient y adhérer. Des projets renversant les préjugés, outrepassant la souveraineté territoriale, se moquant de la couleur de la peau ou de la religion - ou pas - de chacun, n'ont plus la faveur d'hommes et de femmes apathiques, repliées sur elles-mêmes. Même les enjeux de notre temps, comme le changement climatique et le déclin de la biodiversité, qui devraient normalement être des défis à relever fédérateurs, ne motivent que peu de gens.
 
Oui, je vous le dis comme je le pense : l'Homme a vendu son âme au confort que lui apporte la passivité. Plus facile, plus simple à suivre, les préceptes de la consommation à outrance gangrène sa vocation initiale : explorer des territoires qu'il n'a jamais visité. Etudier des réalités qui lui sont inconnues. Ausculter des vérités qui sont destinées à sombrer. En faire naitre d'autres qui sont condamnées à le transformer plus prodigieusement qu'il n'a jamais imaginé. Oui, l'Homme a abandonné ses rêves les plus ennivrants pour une poignée de d'euros ou de dollars, c'est certain. Il a perdu de vue l'essentiel : que sa vie ne vaut d'être vécue que si elle s'inscrit que dans la durée ; que s'il combat avec détermination sa propension à la médiocrité.
 
Explorer l'espace, aller chercher ailleurs ce que notre planète ne peut plus nous fournir comme matières premières, investir dans l'avenir en abandonnant les carburants à base de matières fossiles au profit des énergies renouvelables. Stopper la déforestation à grande échelle et relocaliser, se détourner du consumérisme à outrance et arréter de croire que "croissance" est la réponse adaptée aux problèmes de nos sociétés. Considérer internet et les réseaux sociaux comme un outil de diffusation du savoir, d'ouverture sur les autres et sur le :monde plutot qu'une fin en soi. Plutot qu'un moyen de se divertir ; plutot qu'un moyen d'exhiber la médiocrité de son existence ; plutot qu'un moyen de "paraitre" ; plutot qu'un moyen de propager la bétise, l'ignorance, ou la violence.
 
Oubliés, les projets à l'échelle de l'Humanité. Oubliées les ambitions qui dépassent les notions de patrie, de souveraineté, d'Etat, de corps social. Oubliés, les espoirs de relever des défis que ceux qui nous ont précédés n'ont jamais pu accomplir. Oublié le désir de chacun à contribuer à un objectif commun dans le but d'en faire profiter les générations futures. Oubliés le obstacles à renverser par la seule force de sa volonté et de la mise en commun de toutes les richesses que nos prédécesseurs nous ont légués.
 
La Nature, Dieu, le Destin, la Fatalité, peu importe en vérité, à horreur de la léthargie, c'est ainsi. L'espèce dominante à laquelle nous appartenons est déjà sur le déclin pour cette raison. Elle s'effacera au profit d'une différente qui ne craindra pas de s'aventurer là où la précédente n'aura pas eu le courage et la tentation d'aller. Ainsi naissent, s'épanouissent, et s'éteignent des espèces qui croyaient que continuer à avancer n'était plus d'actualité...
 
Dominique Capo
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