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Mes Univers
6 février 2022

Lire :

X1

Lire est un besoin, lire est une nécessité. Lire des heures durant, confortablement installé dans un fauteuil, une table basse où s'aperçoivent une tasse de café, de chocolat chaud, un jus de fruits frais dont je peux m'emparer sans quitter des yeux la page que je suis en train de dévorer. Lire, alors qu'une liseuse est l'unique source de lumière à éclairer la pièce. Non, je me trompe : alors qu'un feu que j'alimente de bois sec et de futaies flamboie depuis un moment au creux de la cheminée. Lire alors qu'une montagne d'autres bouquins attendent sur les étagères des bibliothèques accrochées à la plupart des murs de mon habitation. Lire alors que d'autres se morfondent au pied de ma table basse depuis des semaines ; alors que le manuscrit sur lequel je travaille depuis des années ne demande qu'à être enrichi toutes affaires cessantes ; alors que certains de ses chapitres ne demandent qu'à être corrigés ou améliorés promptement.
 
Lire, alors que le silence qui m'entoure est une source de paix et de sérénité. L'hiver, lire, alors que de l'autre coté de la fenêtre, le vent souffle en rafales ; alors que la pluie tombe sans discontinuer ; alors que des éclairs zèbrent le ciel nocturne avec violence ; alors que le tonnerre gronde vivement. L'été, lire à l'ombre d'un arbre dont les branchages me protègent du soleil trop diaphane, de la chaleur étouffante. Lire en levant parfois les yeux pour observer l'horizon, pour contempler ce firmament bleuté où se discernent quelques nuées blanchâtres. Lire en percevant le pépiement des oiseaux voletant au ras de la prairie qui s'étale devant moi. Lire en écoutant le meuglement des ruminants paissant dans le champs d'en face. Lire en entendant toutes les heures les cloches de l'église du village tinter éphémèrement.
 
Et puis, quand la chaleur se fait trop virulente, regagner ce salon où je me sens à l'abri des affres de l'existence, et lire jusqu'à ce que le crépuscule vienne me rappeler que le soir va bientôt remplacer cet incomparable intermède durant lequel le temps s'était arrêté ; jusqu'à ce que le moment de diner vienne me rappeler que, demain, je vais devoir poursuivre la rédaction de mes Mémoires toute la journée.
 
Et puis, songer provisoirement à tous ces idiots qui n'aiment pas lire, qu'une œuvre littéraire de 500 à 800 pages - davantage - terrorise ou impressionne. Les imaginer essayer de décrypter des mots dont ils ne connaissent pas le sens, qu'ils retranscriraient bourrés de fautes d'orthographe parce que leur vocabulaire ne dépasse pas le millier de locutions. Un sourire nait alors à la commissure de mes lèvres, en me figurant leurs regards épouvantés face à un endroit comme celui où j'ai choisi de m'exiler. Un sourire qui s'élargit lorsque je me les représente s'exprimer rudimentairement, trivialement, à l'aide de constructions lexicales simplistes et sommaires. Un sourire qui se transforme en rire fugace en me souvenant que ces imbéciles préfèrent leurs smartphones ou leurs tablettes tactiles ; qu'ils délectent de surfer sur les réseaux sociaux ou sur Youtube afin d'y consulter des inepties et des fadaises destinées à leur ramollir le cerveau ; qu'ils n'ont aucun plaisir à lire ; y compris les textes érudits et doctes qui y sont publiés.
 
Mais, heureusement, l'obscurité venant, ces images de béotiens et d'ignorants s'effacent de mon esprit. Et après m'être sustenté, après m'être penché quelques instants sur ce que le monde et les hommes endurent, je les abandonne pour retrouver la tranquillité et les enchantements de mon havre de paix préféré. Visionner un film, peut-être, si l'un de ceux que j'ai téléchargé dernièrement suscite assez ma curiosité. Et puis, gagner ma chambre, et enfin mon lit. M'y allonger, détendu et détaché des vicissitudes dont est chargé le quotidien de tous ceux et de toutes celles qui sont enchainés à une réalité dévoyée dont je me suis volontairement détourné. Et continuer à lire, encore et toujours, jusqu'au milieu de la nuit. Surtout si les péripéties des personnages de la série de romans - plus de 2000 pages ; un régal ! - dans laquelle je suis plongé me captivent immodérément...
 
Dominique Capo
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