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Mes Univers
5 mars 2022

Conflit russo-ukrainien, chapitre Trois :

X1

Avant d'entamer l'écriture de ce troisième et très dense article sur les causes et les conséquences du conflit russo-ukrainien actuel, je souhaiterais apporter quelques précisions.

 

Tout d'abord, j'aimerai m'excuser pour sa longueur. Il est constitué de vingt-deux pages ; vingt-deux pages qui viennent s'ajouter aux deux précédents articles sur ce thème que j'ai retranscris au cours des semaines écoulées. Beaucoup estimeront que c'est trop, voire beaucoup trop. C'est leur avis, je le respecte. Et dans ce cas, qu'ils aillent ailleurs, qu'ils se contentent des simplifications, des facilités, et des raccourcis publiés ici et là, si ça leur suffit. C'est surtout le signe qu'ils n'ont aucune conscience des enjeux qui se cachent derrière cette guerre située aux portes de l'Europe. C'est surtout qu'ils n'ont pas compris à quel point les conséquences de cette dernière sur nos vies, sur notre avenir, sont déterminantes. Que ces personnes aillent au Diable ; je ne les retiens pas.

 

Ensuite, j'aimerai m'excuser pour les fautes d'orthographe et de grammaire, pour les répétitions lexicales, etc, dont ce texte est truffé. Je n'aime pas ça. Je suis très rigoureux et très vigilant à ce propos, habituellement. Si un jour, vous lisez mes Mémoires, vous vous apercevrez de la différence ! Néanmoins, quand je me suis lancé dans la construction de ce texte, ça a été de manière quasi-frénétique ; comme si j'avais été « possédé » par les mots que mes doigts énuméraient à l'aide du clavier de mon ordinateur. Hier, je vous avoue que j'ai eu du mal à m'interrompre malgré l'heure tardive qu'il était. Et ma compagne a dû me reprendre à plusieurs reprises afin, qu'enfin, je sois capable de m’arrêter d'écrire.

 

Ce sont des choses qui arrivent de temps en temps. J'imagine que tout écrivain digne de ce nom a déjà ressenti cet élan impétueux qui le submerge, et que rien ni personne n'est capable de stopper.

 

Enfin, je suis certain qu'il y aura des gens qui ne seront pas d'accord avec certains des points de vue que je décrit dans ce texte. Ce texte est le fruit des réflexions personnelles, des raisonnements qui sont les miens, des savoirs concernant cette guerre dont je suis le vecteur. Nous sommes tous différents. Nous avons tous nos propres opinions, nos propres observations, nos propres représentations, nos propres jugements, ou nos propres conclusions vis-à-vis des événements auxquels nous assistons en Ukraine. C'est normal, c'est humain. Le seul point sur lequel je ne transigerais pas, c'est le respect dû au travail que j'ai fourni, au temps que j'y ai consacré, à l'énergie que j'y ai mis.

 

Si ce que je déduis de ces événements n'est pas en accord avec votre opinion, alors, écrivez ! Alors, proposez d'autres arguments ! Alors, mettez en avant d'autres aspects de celui-ci ! Mais, qu'ils soient élaborés, qu'ils soient mûris, qu'ils soient le fruit de votre compréhension et de votre érudition, de votre intelligence et de vos bagages éclairés en la matière. Ensuite, nous en reparlerons ! Car « si la critique est aisée, l'art est difficile. » A bon entendeur !

 

Ceci dit, bonne lecture...

 

Voilà, c'est fait ! Ce que je redoutais tout en espérant que ça n'advienne jamais pour les raisons que j'ai décrites précédemment, la crise russo-ukrainienne s'est transformée en conflit russo-ukrainien. Jusqu'au bout, les nations occidentales, et la France en particulier puisque celle-ci préside aux destinées de l'Union européenne jusque fin juin, auront fait leur maximum pour que Vladimir Poutine ne déclenche pas d'hostilités contre l'Ukraine. Or, le président russe s'est joué de leur naïveté.

 

Il est désormais clair que depuis l'invasion de la Crimée par les troupes russes en 2014, l'ambition de Vladimir Poutine était de conquérir ce pays. Les occidentaux n'ont pas pris au sérieux cette première tentative de déstabilisation de l'Ukraine. Malgré leurs protestations et leurs gesticulations diplomatiques, la Crimée s'est finalement transformée en « territoire russe ». Cette étape s'est soldée par un succès militaire et tactique indéniable pour Vladimir Poutine. Et il est évident qu'il a tout de suite été tenté de pousser cet avantage beaucoup plus loin.

 

Bas les masques, désormais ! Vladimir Poutine s'est révélé à la communauté des nations tel qu'il est véritablement : un nostalgique de l'époque où l'URSS s'étendait des frontières de la Pologne à la frontière chinoise et à la mer d'Okhotsk ou à la mer de Béring. Un ancien officier du KGB qui n'a pas accepté son démantèlement en 1990-1991. Un dictateur dont les ambitions sont de la ressusciter, du moins dans ses dimensions géographiques. Et un homme aux méthodes brutales, qui ne connaît que le rapport de force et la soumission des populations et des États qui s'opposent à lui.

Emmanuel Macron et les autres dirigeants occidentaux l'ont appris à leurs dépends. Et cette leçon risque de leur coûter très cher. Bien plus cher qu'ils n'oseront jamais l'admettre publiquement. Longtemps, ils on cru, ils ont espéré, que Vladimir Poutine était un interlocuteur fiable, sensé, raisonnable. Ils ont maintenant réalisé qu'il se moquait d'eux. Longtemps, ils ont supposé que les accords et les traité qu'il passait avec eux, il les appliquerait et les maintiendrait dans l’intérêt de tous. On sait maintenant que, pour lui, il ne s'agissait que de papiers de chiffon susceptibles d'être déchirés n'importe quand ; et ce, même si leur abolition allait à l'encontre des bénéfices qu'il pouvait en tirer.

 

Car, l'ultime résidu de la Guerre Froide qu'est Vladimir Poutine a une vision paranoïaque des relations entre l'Est et l'Ouest. Pour lui, elles ne peuvent qu'être conflictuelles. Le capitalisme anarchique dont son pays est le champion, il le cautionne uniquement s'il sert ses projets. Il a usé de ses avantages pour s'enrichir, pour favoriser des oligarques qui lui sont tous redevables d'indulgences et de passe-droits. En même temps, n'a-t-il pas muselé ou emprisonné les opposants à sa politique ? N'a-t-il pas interdit les médias qui ne lui étaient pas assujettis ? N'a-t-il pas utilisé tous les outils de propagande à sa disposition pour que le peuple lui fasse une confiance quasi-aveugle ?

 

A bien y regarder, il existe quelques analogies entre l'idéal prôné par Vladimir Poutine et les actions menées par Adolf Hitler jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale. Et elles font froid dans le dos.

 

Au sortir de la Première Guerre Mondiale l'Armée allemande était dans un état de déliquescence avancé. Ce n'était pas pour les mêmes raisons qu'en 1991 vis-à-vis de l'Armée Russe. Néanmoins, Hitler comme Poutine l'ont ressenti comme une immense honte, se sont sentis frustrés, et n'ont jamais pardonné à leurs adversaires cette humiliation sans bornes. Le coup de poignard dans le dos et l'iniquité du Traité de Versailles pour l'un, le démantèlement de l'URSS et le délabrement des forces de dissuasion de son pays pour le second, ont alimenté leur rancœur et leur désir de revanche à l'encontre des occidentaux. Et dans un cas comme dans l'autre, l'une des premières décisions de ces hommes une fois arrivés au pouvoir, a été de refonder leur souveraineté militaire. L'un comme l'autre lui ont fourni tous les moyens financiers et industriels dans ce but.

 

C'est étrange, comme parfois, certains aspects de notre Histoire ont tendance à se dupliquer. Comme si, malgré toutes les horreurs qu'ils auraient dû nous enseigner, nous n'en n'aurions rien appris. Comme si nous étions trop confiants en notre époque pour en tirer d'efficaces leçons ! C'est tout de même hallucinant que nous soyons incapable de ne pas renouveler de telles erreurs !

 

Car, très tôt après son accession au titre de chancelier du Reich, Hitler a commencé par interdire les partis d’opposition, et quelle que soit leur tendance idéologique. Il a proscrit tous les organes de presse qui n'étaient pas sous la coupe du parti nazi. Il a ouvert les premiers camps de concentration pour y emprisonner tous ses détracteurs ou éventuels rivaux. Il n'a pas tardé à avoir des revendications sur tel ou tel territoire limitrophe de l'Allemagne où se trouvaient des minorités germanophones.

 

Or, lorsqu'on observe les événements depuis une vingtaine d'années que Vladimir Poutine est au Kremlin, on ne peut s’empêcher de souligner les similarités entre sa politique expansionniste et celle du Führer.

 

En 1938, la crise des Sudètes, lancée depuis Berlin, a permis à Hitler d'intégrer une partie de la Tchécoslovaquie au Reich. Peu après, l’Anschluss lui a permis de rattacher son Autriche natale à sa patrie d'adoption. En mars 1939, violant les traités à peine signés, il a attaqué ce qui restait de la nation tchécoslovaque, transformant celle-ci en protectorat de Bohème-Moravie. On connaît la suite : bientôt, ce sera la réclamation de retour de Dantzig au sein du Grand Reich, l'invasion de la Pologne, puis un conflit d'une ampleur et d'une monstruosité sans précédent.

 

Bien-entendu, je résume ces faits. Néanmoins, qu'a été la guerre de Tchétchénie menée par la Russie tout le long de la première décennie des années 2000, sinon la mise au pas de région qui souhaitait se libérer de la tutelle russe ! On a vu quelles conséquences dévastatrices a eu cette opération militaire voulue par Vladimir Poutine. Comme on a vu ce qu'a été la guerre qu'il a mené en Géorgie en 2008. En 2013-2014, ses yeux se sont ensuite tournés vers la Crimée afin d'y protéger les populations russophones qui y vivaient, et soi-disant persécutées par les autorités ukrainiennes. C'est de la propre initiative du « locataire » du Kremlin que l'agression contre cette province rattachée à un pays voisin du sien a été menée.

 

En fait, toutes ces tentatives de déstabilisation n'ont été qu'un prétexte, pour Vladimir Poutine. A chaque fois que l'opportunité de grignoter les territoires anciennement soviétiques pour les faire rentrer dans le rang s'est présentée, il n'a pas hésité une seconde. A cette époque, son ambition était-elle déjà de rétablir l'influence hégémonique de la Russie sur cette partie de l'Europe orientale ? Je ne suis pas dans sa tète. Peut-être. On ne peut en être certain jusqu'en 2014.

 

Par contre, à cette date, il est évident que Vladimir Poutine savait déjà très bien ce qu'il faisait. Il est évident que ses plans pour la suite étaient déjà clairs. Il lui suffisait juste d'attendre le bon moment pour les mettre en œuvre. Et la crise ultérieure concernant la région russophone du Donbass l'y a conforté.

 

Il ne faut pas être aveugle ! Les velléités d'indépendance de cette région ont été orchestrées depuis Moscou. Tout comme celles de la Crimée en 2014, leur demande de protection de la part de la Russie contre l'Ukraine n'avaient qu'un but : qu'elles servent de tète de pont le jour où Vladimir Poutine déciderait d'envahir la totalité de l'Ukraine.

 

Et nous, l'Union Européenne, de même que les Etats-Unis, nous n'avons rien vu venir. Nos regards tournés vers l'Afghanistan, vers l'Irak, vers la Syrie, vers le Sahel, nous avons laissé Vladimir Poutine placer ses pions et préparer cette guerre sans que nous nous en apercevions. Occupés à la guerre contre le terrorisme qui ensanglantait l'Occident, occupés à combattre Daesh et ses intégristes musulmans sur d'autres théâtres d'opération, nous avons souhaité croire que celui-ci était un interlocuteur fiable. Nous avons espéré que l'accession de son pays à l'économie de marché, même si cette dernière y est débridée et ne profite qu'à une poignée d'oligarques, le détournerait des vieux démons qui le hantent depuis la chute de l'URSS.

 

Pire, comme Hitler qui a envoyé des troupes afin de soutenir Franco durant la Guerre d'Espagne – 1936-1939 -, la guerre en Syrie a servi de laboratoire à ses troupes pour ses futures conquêtes. La base russe implantée en Syrie, les navires russes naviguant le long de ses cotes, y ont pourvu. Et évidemment, si son soutien à Bachar El-Assad n'a jamais été feint, la Syrie a été sa porte d'entrée au Moyen-Orient et au-delà. La guerre civile qui la dévaste depuis 2011 lui a servi pour s'évertuer à étendre son influence en direction du Proche-Orient et de l'Afrique sub-saharienne ; et ce, avec quelques succès non négligeables.

 

L'extension de son aire d'influence via la Syrie est également une manœuvre tactique de contournement de l'Europe occidentale afin d’accroître, notamment, ses débouchés économiques ou industriels. En effet, la Chine y accentuant pareillement ses investissements aux dépends des anciens empires coloniaux français et anglais dont les rayonnement dans ces contrées n'est plus ce qu'il était. Le discrédit jeté sur l'opération Barkhane au Mali de la part de ses populations en est le meilleur exemple. Au point, d'ailleurs, que les troupes françaises ont été obligées de se redéployer afin de ne pas envenimer la situation. Et laissant ainsi le champs libre aux groupuscules terroristes qui infestent la région pour étendre ascendant auprès d'elles. Et au risque peut-être, d'ici quelques mois ou quelques années, de leur laisser la possibilité de frapper l'Europe au cœur par de nouvelles vagues d'attentats particulièrement meurtrières.

 

Car il ne faut pas se leurrer de ce coté là aussi : il est certain que les nations sub-sahariennes impliquées dans cette lutte contre le terrorisme islamique n'ont pas assez de moyens militaires pour la contrer efficacement et sur le long terme. Et si la France est amenée à progressivement se désengager du Sahel, à n'en pas douter, d'autres puissances la remplaceront dans d'ici peu. Et ce seront la Chine ou la Russie qui en tireront probablement le plus de profits.

 

Bref, tout cela pour souligner que plusieurs niveaux de lecture sont à même de mettre en exergue les intentions de Vladimir Poutine en Ukraine. Ce ne sont pas les seules, loin de là. Je n'en cite que quelques-unes ; celles qui me viennent immédiatement à l'esprit tandis que j'écris ces mots, je l'avoue humblement. Ce sont en outre celles pour lesquelles j'ai le plus d'informations, ou pour lesquelles j'ai approfondi ma réflexion personnelle.

 

Ceci-dit, je ne peux que les résumer, puisque sinon, cet article ne serait pas constitué d'une dizaine ou d'une vingtaine de pages. Il se métamorphoserait en essai à publier sous forme de livre. Et je ne me sens pas autorisé à m'y risquer, n'étant pas un professionnel en ce domaine. Je connais mes limites.

 

En tout état de cause, nous, occidentaux, et européens en premier lieu, avons nous été aussi naïfs que ça vis-à-vis de Vladimir Poutine ; est surtout depuis que celui-ci est à la tête de la Russie ? La question mérite d'être posée !

 

Après la présidence de Boris Eltsine, la Russie n'avait plus rien à voir avec la super-puissance que se prétendait être l'Union Soviétique. Les historiens savent désormais que cette prétention n'était qu'une façade. Car, même si l'URSS était une puissance nucléaire, la course aux armements qu'elle a menée vis-à-vis des Etats-Unis a précipité sa banqueroute. Durant les années soixante-dix et les années quatre-vingt, ce n'est parce que des tenants de ligne dure du Parti Communiste ont été à sa tète qu'ils ont pu donner le change. Toutefois, en matière économique, et même industrielle, l'URSS était devenu un nain. Son budget militaire était trop important, mais insuffisant pour rattraper son retard. L'accident de Tchernobyl en 1986 l'a bien montré. Et il est même maintenant avéré qu'il n'a fait qu'accélérer le processus.

 

De fait, que le Kremlin abrite un homme de la trempe de Vladimir Poutine à partir des années 2000 a été plutôt bien accepté par les occidentaux. Eltsine avait ouvert son pays au capitalisme et à l'économie de marché. Poutine, qui était son poulain, ne pouvait que consolider cette impulsion. Et c'est ce qui s'est passé, à première vue. L'Europe et les Etats-Unis y ont investi des dizaines de milliards de dollars pour développer des relations commerciales fructueuses avec le régime en place. Que ce soient des multinationales ou que ce soient des petites ou moyennes entreprises, les dirigeants politiques français, allemands, espagnols, américains, etc. ont conclu de fructueux contrats afin de profiter de leur part du gâteau. Leurs dividendes, à un moment où tout était à y reconstruire ou à y édifier, ont été extrêmement importants. Et le fait de savoir qu'un homme fort était capable d'en maintenir la stabilité était un avantage pour leurs « affaires ».

 

Alors, que la démocratie y soit bafouée, que les élection présidentielles n'y soient qu'une mascarade – Dimitri Medvedev n'a-t-il pas remplacé Vladimir Poutine à la tète de la Russie entre 2008 et 2012 tandis que ce dernier est devenu son Premier Ministre et qu'aux élections présidentielles suivantes, il lui a à nouveau cédé la place et ne l'a dès lors plus quittée -, alors, que la Douma et son rôle en matière de législation ne soit qu'une tartuferie, ne les a pas indigné. Alors, que les droits de l'Homme n'y soient pas appliqués, que la répression à l'encontre de ses opposants soit féroce, que les médias soient muselés, ça a été un moindre mal. Pour la forme, de temps en temps, nos dirigeants ont bien condamné les arrestations arbitraires, les atteintes aux libertés individuelles, qui y étaient commises. Cependant, tant que les affaires ont pu s'y poursuivre, ça n'a pas eu autant d'importance que si ça avait été en France ou aux Etats-Unis.

 

Les premiers coups de semonce qu'ont été la guerre en Tchétchénie ou en Géorgie n'ayant pas eu d'impact sur les relations commerciales que nous entretenions avec la Russie, nous nous en sommes lavé les mains. Pour l'annexion de la Crimée, des voix se sont élevées, quelques sanctions ont été prises, mais momentanément, et jusqu'à ce que d'autres événements n'attirent notre attention. Et pendant ce temps-là, Vladimir Poutine a continué à fourbir ses armes.

 

Coté pile, il s'est montré raisonnable à notre encontre. Ses relations avec nous ont continué à être bénéfiques pour tout le monde. Dans l'ombre, cependant, sa stratégie était à l'opposé. Ses velléités expansionnistes ne se sont pas affaiblies ; bien au contraire. Aussi, quand le Donbass a manifesté son désir d'indépendance vis-à-vis de l'Ukraine, à ses yeux, tout était prêt pour la grande confrontation qu'il appelait de ses vœux ; tout était prêt pour que son désir de revanche vis-à-vis de cette Communauté Européenne honnie soit assouvie.

 

A présent, j'aimerai apporter une précision concernant le Donbass et les affrontements qui s'y sont déroulés entre 2014 et 2022 ; et ce, jusqu'au déclenchements des hostilités en cours.

 

J'ai lu ici ou là certains commentaires expliquant que des exactions y avaient été commises de la part des ukrainiens. Peut-être, peut-être pas ! Mais si c'est le cas, les milices pro-russes qui y sont implantées en ont forcément fait de même. Qui a commencé, qui a répliqué, etc. ; là n'est pas le problème. Ceux qui s’arrêtent à ce genre de considérations n'ont qu'un but : détourner l'attention des véritables enjeux qui se dissimulaient derrière ces affrontements fratricides. Il n'en reste pas moins qu'après le détachement de l'Ukraine de l'ex-URSS, la province du Donbass était intégrée à l'Ukraine. Jusqu'à la crise qui lui est liée, les populations russophones qui y sont établies ne se sont pas estimées lésées à cause de cette situation. Si ça avait été le cas, il y a longtemps qu'elles auraient revendiqué leur indépendance. J'en veux pour preuve la guerre d'ex-Yougoslavie, qui a débuté presque tout de suite après l'effondrement de l'URSS, et qui a duré jusqu'à l'aube des années 2000. Si le Donbass n'avait pas été satisfait d'appartenir à l'Ukraine, il se serait exprimé à ce propos beaucoup plus tôt.

 

Il est tout de même étrange que le Donbass veuille s'affranchir de la tutelle ukrainienne une fois la Crimée annexée par la Russie. Je dirai même que c'est particulièrement opportun pour un Vladimir Poutine qui a tout mis en œuvre pour exacerber les tensions entre cette province et le reste de l'Ukraine. C'est tombé à point nommé pour qu'il exploite celles-ci à l'aulne de ses ambitions.

 

Quant aux affrontements qui s'y sont déployés des dernières années, il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte qu'ils ont été favorisés par le Kremlin. Il ne faut pas être un stratège hors pair pour savoir que, seuls, les séparatistes pro-russes, n'auraient jamais pu tenir jusqu’à aujourd'hui s'ils n'avaient pas été soutenus financièrement et militairement par la Russie. Dans le cas contraire, il est évident que l'Ukraine y aurait vite rétabli l'ordre. Mieux encore : ça lui aurait été d'autant plus aisé si Volodymyr Zelensky était le dictateur néo-nazi que décrit Vladimir Poutine.

 

Il est encore plus curieux que ces affrontements ne se soient pas manifestés tant que le Pouvoir ukrainien était favorable à un rapprochement avec la Russie. Car il faut se souvenir que, jusqu'en 2014, Viktor Ianoukovitch et ses prédécesseurs ont été à la botte de Poutine. Puis, la révolution qui a eu lieu cette année-là a engagé le pays sur la voie de la Démocratie. Petro Porochenko, qui leur a succédé, a été élu démocratiquement pour une durée de cinq ans. Volodymyr Zelensky, un ancien humoriste qui s'est tardivement lancé en politique, l'a relayé. Et ceux-ci ont pris l'initiative de se rapprocher de l'Union Européenne.

 

Pour Vladimir Poutine, ce changement de cap de la part de l'Ukraine a été inacceptable. Puisque jusqu'alors, l'Ukraine était l'un de ses plus fidèles partenaires, il était inadmissible que cette nation s'émancipe. Il fallait réagir. D'où sa manœuvre afin de déstabiliser la Crimée et ce qui en a suivi. D'où son soutien auprès de populations russophones du Donbass qui, opportunément, ont alors cherché à faire sécession. D'où enfin, de sa part, leur financement leur approvisionnement en armes jusqu'en 2022.

 

Alors, qui a commencé à perpétrer des exactions au Donbass ? Finalement, ce n'est pas le plus important. Sans l'aide de Vladimir Poutine, la situation n'y aurait pas dégénéré ; elle ne se serait pas éternisée plus de quelques mois. Les autorités ukrainiennes y auraient rétabli l'ordre, leur légitimité n'y auraient plus été remises en cause. Et leur rapprochement avec l'Europe se serait poursuivi.

 

Lorsqu'on y songe, d'ailleurs, l'Ukraine n'a jamais eu vocation à se rapprocher de l'Union Européenne. C'est uniquement parce que Vladimir Poutine a tenté d'influer sur les orientations démocratiques et libérales de l'Ukraine, que cette dernière a voulu renforcer ses liens avec elle. Elle n'avait pas le choix, au risque de se « faire manger toute crue » par le grand frère russe. Et, finalement, c'est ce qui est en train de se dérouler sous nos regards éberlués.

 

Si l'Ukraine a postulé pour intégrer l'Otan, puis, l'Union Européenne, c'est pour se sentir épaulée et protégée de la voracité de son puissant voisin. Elle n'avait pas d'autre alternative. Bien-entendu, son adhésion était encore loin d'être acquise. Elle n'appartient pas à l'OTAN, mème si elle peut invoquer son article 4 : il stipule qu'une demande de mission défensive conjointe avec le pays agressé est à-même d'être effectuée.

 

Ce qui ne veut pas dire qu'elle lui sera systématiquement accordée. Lors de la guerre en Syrie et de l'afflux de migrants en Europe orientale, la Turquie en a en effet fait la demande à plusieurs reprises. Mais ça n'a pas abouti.

 

Dès lors, le fait que Vladimir Poutine prétende que l'ambition de l'Union Européenne est de s'étendre à l'Est ne tient pas. Si l'Ukraine appelle l'Europe au secours, c'est parce qu'elle a besoin de son appui. Ni l'Otan ni l'Union Européenne n'ont jamais eu pour vocation d'exporter leur système politique ou leurs moyens de défense militaires. Et je dis bien « Défense », et non pas « de conquête ». L'Otan est né au cours de la Guerre Froide. Il s'agit d'un mécanisme qui était destiné à se préserver de l'hégémonie soviétique. Au cours d'une période où le Mur de Berlin coupait l'Europe en deux, où seules la France et la Grande-Bretagne étaient dotées de l'arme nucléaire, l'Allié américain était le seul autre garant de sa sécurité.

 

Cependant, il a toujours été stipulé que ce n'était qu'à titre défensif. Et si l'Otan est intervenu dans le cadre de la guerre en ex-Yougoslavie, c'est parce qu'il s'agissait d'un pays européen. Issu de l'ancien bloc de l'Est certes, mais européen malgré tout. Si l'Otan a participé à la guerre en Afghanistan après l'attaque du 11 Septembre 2001 à New-York, c'est parce que l'un de ses membres avait été touché. Et n'oublions pas que lorsque l'un de ses cosignataires est agressé, c'est la totalité de ceux-ci qui le sont, et qui doivent l'assister.

 

Cette nuance, Vladimir Poutine, la connaît. Et il sait différencier une ambition expansionniste d'un but spécifiquement défensif. Son agression à l'encontre de l'Ukraine n'a rien de défensive, par contre. Ses justifications se basent sur une vision erronée des relations entre l'Europe et la Russie. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas délibéré. Car, comme je le précisais plus haut, Vladimir est un vestige de la Guerre Froide. Et sa nostalgie de cette époque, matinée de rancœur vis-à-vis de ceux qui ont précipité la chute de la super-puissance qu'était l'Union Soviétique, ne s'est jamais éteinte. La preuve, nous la subissons, puisqu'au travers de l'Ukraine, c'est l'Europe et les Etats-Unis qui sont également visés. Il ne faut pas le négliger.

 

Pour Vladimir Poutine donc, l'heure de la revanche a sonné. Il a poussé les pièces de son échiquier en ce sens depuis des années. Désormais, il avance à découvert.

La question qui se pose ensuite, c'est : pourra-t-il aller jusqu'au bout ?

 

Je suis convaincu qu'il n'avait pas imaginé que l'Occident se fédérerait pour l'isoler économiquement, diplomatiquement, industriellement, etc. Et surtout, aussi rapidement. Je pense qu'il s'attendait à des protestations, à quelques sanctions pour la forme éventuellement. Mais qu'on le laisserait mener sa guerre en Ukraine comme il l'entendait, puis que les affaires reprendraient comme par le passé. D'où sa fureur décuplée à notre encontre.

 

Il comptait sur nos atermoiements et sur nos divisions. Résultat, l'Occident n'a jamais été aussi uni depuis la fin de la Guerre Froide. Il espérait que nous ne réagirions que mollement, nous avons immédiatement fait front commun afin de stopper cet engrenage fatal qu'il a enclenché. Il a craint, espéré peut-être, que la solution que nous envisagerions serait militaire, elle a été économique. La seule efficace, assez pour qu'il y réfléchisse à deux fois avant de s'aventurer plus loin. Car, toucher au portefeuille est peut-être ce qui est capable de le fragiliser le plus. Et les premiers effets s'en font déjà sentir.

 

Oh, il faudra un certain temps avant que les sanctions économiques et industrielles vis-à-vis de la Russie soient pleinement efficientes. Et je crains que l'Ukraine ne tienne pas jusque là. Il s'agit d'une course contre la montre. Raison pour laquelle ce sont Vladimir Poutine et les oligarques qui l'entourent qui sont aussi visés par celles-ci. Leurs avoirs sont gelés. Et ce n'est que le début. La population russe risque d'en souffrir énormément. Est-ce à dire qu'elle est susceptible de se révolter contre son dirigeant ? C'est plus qu'improbable ; Poutine maintient la société russe sous une chape de plomb. Aucun de ses rouages n'échappe à sa poigne de fer. Les manifestants contre sa politique sont minoritaires, et sont systématiquement incarcérés.

 

Il n’empêche ! Ca faisait des années qu'autant de voix venant de l'intérieur de la Russie s'étaient rassemblées pour contrevenir aux directives du pouvoir en place. Et même si Poutine durcit de plus en plus sa répression, avec Internet et les réseaux sociaux, il ne pourra jamais les faire totalement taire. Même s'il restreint leurs accès à ces autoroutes de l'information, il ne pourra jamais les bloquer complètement.

 

Car il s'agit autant d'un conflit militaire, auquel nous assistons, qu'une guerre de communication. Et si Vladimir Poutine lance aussi des cyberattaques à l'encontre de l'Occident, s'il muselle ses concitoyens, dans un monde globalisé comme le notre, les répliques à ses attaques sont aussi efficaces que des colonnes de chars à l'assaut d'une ville. Si ses cyberattaques sont d'une efficacité redoutable, il est nécessaire d'en convenir, si elles sont susceptibles d'affaiblir momentanément l'économie européenne, par ricochet, elles peuvent également se retourner contre lui.

 

Il est évident que les ressources naturelles – gaz, pétrole, etc. - dont nous dépendons tant, sont capables de nous fragiliser. Couper leurs vannes auraient de graves conséquences. Néanmoins, à la longue, nous pouvons trouver d'autres sources d'approvisionnement auprès de nos Alliés – Etats-Unis, pays du Golfe. Certes, la Russie peut exporter ses matières premières auprès de la Chine. Mais, là encore, il s'agit d'un calcul à brève échéance. La Chine a trop besoin de l'Europe et des Etats-Unis – et vice-versa – afin d'y expédier ses produits manufacturés, pour se les mettre à dos. La Chine, bien que proche idéologiquement d'un Vladimir Poutine, pense surtout à son expansion économique. Et sans l'Occident, celle-ci s'effondre. Aussi, n'attisera-t-elle jamais le feu si elle doit en subir, elle aussi, des conséquences.

 

Dans l'état actuel de la situation, elle ne peut pour autant que sortir renforcée de cette situation conflictuelle. Tant que la menace nucléaire ne demeure qu'une menace, elle fermera les yeux. Si la menace nucléaire s'aggrave, elle lâchera la Russie et se rapprochera de l'Occident ; inévitablement, inéluctablement.

 

Toutefois, ne nous y trompons pas. Il est possible que les ambitions de Vladimir Poutine ne s’arrêtent pas à l'Ukraine. Si ses ambitions sont de ressusciter la grandeur de l'ancienne URSS, ses prochaines cibles se trouveront en Europe orientale. Avec, en priorité les pays Baltes, puisque l'enclave de Kaliningrad au nord de celles-ci est un territoire russe. Son rêve est alors peut-être que les contrées qui la séparent de la mère patrie disparaissent.

 

Puis, ensuite, peut-être la Pologne ou la Géorgie, voire la Roumanie. Et alors là, ce serait la conflagration généralisée entre l'Est et l'Ouest. Parce que l'Europe et les Etats-Unis ne manqueront pas de voir en cette initiative la provocation de trop. Déjà qu'avec l'Ukraine, un palier irréversible a été franchi. Cette fois-ci, ils ne pourront qu'entrer en guerre ouverte avec lui. Néanmoins, comme l'a souligné Emmanuel Macron avec juste raison, quels que soient les événements à venir, le but n'est pas de s'en prendre au peuple russe. Lui n'est coupable ou responsable de rien. Seul Vladimir Poutine aura a répondre de ses actes. De plus, si son peuple s'appauvrit trop, si les oligarques finissent par le lâcher, il est possible qu'il soit poussé vers la sortie.

 

C'est parce qu'il le sait, c'est parce qu'il en est conscient, qu'il espère une victoire rapide de ses troupes en Ukraine. Plus la probabilité d'un enlisement du conflit se profile à l'horizon, plus la résistance ukrainienne sera déterminée, plus sa stature de leader russe est à même de se fissurer. Plus les chances qu'il chute vont s'accentuer. Ce n'est pas anodin, justement, s'il intensifie de plus en plus ses frappes. Ce n'est pas anodin, non plus, s'il menace l'Europe du feu nucléaire, notamment lorsque ses chars ont tiré sur l'une des plus importantes centrales nucléaire d'Ukraine et d'Europe.

 

C'est parce qu'il se sent acculé. Il sait qu'il n'a pas le droit de perdre cette bataille, maintenant qu'il l'a déclenchée. De plus, comme tout nostalgique de l'époque où l'URSS était une super-puissance, il est incapable d'admettre la défaite. Il préférera s’entêter, y compris devant l'évidence, plutôt que de convenir qu'il n'y a pas de néo-nazis en Ukraine, plutôt que de consentir à ce que l'Europe ou les Etats-Unis n'ont pas d'intentions belliqueuses à son encontre, plutôt que de reconnaître que l'Otan n'a que des objectifs défensifs. Non ! Vladimir Poutine est enfermé dans une logique qui ne correspond ni aux faits ni à la réalité, et il niera tout le reste avec fermeté et avec détermination.

 

Je me demande même si son état-major ose lui montrer la situation sur les théâtre des opérations en Ukraine telle qu'elle est en vérité. Est-ce que les images évoquant la résistance acharnée des ukrainiens pour défendre leur patrie, lui parviennent-elles ? A moins qu'il s'en moque éperdument, à moins qu'elles n'ont aucune importance à ses yeux ! En tout cas, quel que soit le cas de figure, il n'a pas l'intention de reculer de sitôt.

 

Depuis le 24 Février dernier, ses troupes progressent assez rapidement. Elles étaient stationnées tout le long de la frontière ukrainienne depuis plusieurs mois sous prétexte d'exercices militaires en Crimée et en Biélorussie notamment ; la Biélorussie étant le seul allié indéfectible de la Russie dans la région. Son dirigeant autocrate Alexandre Loukachenko, un affidé de Vladimir Poutine, ayant la même vision du monde que lui par bien des aspects. Dès lors, Vladimir Poutine a pu exercer une pression de plus en plus grande sur son voisin, et évidemment, le menacer militairement.

 

Les efforts d'Emmanuel Macron et des autres leaders Européens, voire américain, se sont soldés par un échec. En pouvait-il être autrement. Maintenant que le masque de Vladimir Poutine est tombé, je dirai : non ! Avant le 24 Février, j'espérais sincèrement une sortie de crise en douceur. J'espérais que la raison l'emporterait, et que Vladimir Poutine se rangerait aux résultats des pourparlers initiés jusqu'alors par la France. D'ailleurs, malgré les critiques venus des candidats à la prochaine élection présidentielle en France, Emmanuel Macron s'est montré à la hauteur des enjeux actuels. Il a mis toutes ses forces dans la bataille destinée à préserver la paix. En vain, nous le savons. Toutefois, dès le départ, les dés étaient pipés. Vladimir Poutine voulait sa guerre ; il l'a eue.

 

De plus, je gage que, peu importe le candidat à la présidence de la République à sa place, celui-ci n'aurait rien pu faire autrement pour endiguer cette menace. C'est facile de critiquer celui qui est au pouvoir lorsqu'on est dans l'opposition. Ca l'est moins quand on doit prendre des décisions de cette ampleur afin de préserver la paix sur l'ensemble du continent. S'il y a une chose dont je suis certain, c'est qu'ils n'auraient pas fait mieux. Quelques-uns auraient mème probablement fait pire ! Mais la campagne électorale, leurs tactiques politiciennes, étant ce qu'ils ou elles privilégient, ils et elles en profitent outrageusement. Alors que la communauté Européenne resserre les rangs, fait front commun pour endiguer l'invasion ukrainienne, ils ou elles ne pensent qu'à leurs propres ambitions ou à leurs invectives partisanes. Je considère cela comme mesquin dans de telles circonstances. Ce n'est pas à la hauteur de ce que le peuple doit attendre de son futur chef d’État soumis à la pression internationale titanesque qui repose sur ses épaules.

 

Bref, jusqu'au dernier instant, l'espoir d'une solution diplomatique a été mise sur la table. Et même maintenant que le conflit entre dans une phase aiguë et de plus en plus meurtrière, Emmanuel Macron est le dernier chef d’État qui n'a pas définitivement rompu le dialogue avec Vladimir Poutine.

 

A plusieurs reprises ces derniers jours, il a tenté de lui faire entendre raison. En vain, pour les raisons que j'ai soulignées plus haut. Mais l'essentiel n'est-il pas, pour le moment, que ce dialogue perdure malgré tout. A plusieurs reprises également, des échanges diplomatiques ont eu lieu entre des émissaires russes et des émissaires ukrainiens. Ils n'ont rien donné jusqu'à présent. Peut-être qu'en fonction de l'évolution des événements sur le terrain, ceux-ci finiront par progresser ? Le tout, c'est de savoir dans quel sens.

 

L'avancée des troupes russes est dévastatrice, nous le constatons quotidiennement. Elle a jeté des centaines de milliers, des millions de personnes, sur les routes. Un flux migratoire incessant essaye de se réfugier le plus à l'ouest possible des zones de combats. Nombre de personnes essayent de rejoindre au péril de leur vie des pays limitrophes rattachés à l'Union Européenne, comme la Pologne, la Finlande, la Roumanie. Ces pays leur ouvrent tous grand leurs portes, ce qui est tout à leur honneur. Surtout sachant que si les ambitions de Vladimir Poutine ne s’arrêtent pas à l'Ukraine, ce seront eux qui seront ses prochaines cibles.

 

Il s'agit d'une situation humanitaire d'une extrême gravité. Elle rappelle la vague migratoire venue de Syrie au plus fort de la guerre contre Daesh. Toutefois, comme les réfugiés d'Ukraine sont des européens, hypocritement, nous sommes plus enclins à leur porter secours et à les prendre en charge que leurs homologues venus du Moyen-Orient. Comme si la vie des ukrainiens avait plus de valeur que la vie des syriens parce que leur religion – chrétiens orthodoxes pour leur grande majorité – est plus « compatible » avec les valeurs et la foi qui sont les nôtres. Ca aussi, c'est une attitude mesquine que nous n'avons pas fini de payer au prix fort.

 

Quoi-qu-il en soit, pour l'instant, ces dissensions internes à l'Europe ne sont à l'ordre du jour. Le plus important est que ces populations soient accueillies dans les meilleures conditions sur notre sol. C'est que nous y mettions les moyens. Il est extraordinaire de constater l'élan de générosité qui s'est manifesté de la part de tous et de toutes, en France comme ailleurs, pour leur fournir médicaments, nourriture, vêtements, logements temporaires, etc. L'ensemble des Gouvernements occidentaux en font de même. Mais c'est leur rôle. Que des personnes lambda se lancent dans cette aventure humanitaire alors qu'ils ne sont en rien concernés par elle fait montre d'une générosité et d'une solidarité exemplaires. Elle montre, si besoin était, que lorsque les circonstances l'exigent, les particularismes et les différends sont susceptibles d'être laissés aux vestiaires pour se concentrer sur l'essentiel.

 

C'est une leçon que nous ferions bien de ne pas oublier, de ne pas négliger, lorsque des événements particulièrement fâcheux nous frappent. La pandémie de Covid-19 et la vaccination nécessaire dans le but de la faire refluer, notamment. Les antivacc feraient bien d'en prendre de la graine : priorité à l’intérêt général, et non aux intérêts particuliers ou individuels. La liberté de tous et de chacun est à ce prix ; et il n'est pas négociable.

 

Il est aussi incroyablement courageux que les hommes d'Ukraine préfèrent rester sur place pour défendre leur patrie. Leur armée ne fait pas le poids face à la russe ; et ils en sont pleinement conscients. Malgré tout, ils n'ont aucune hésitation. Ils sont prêts à se sacrifier pour freiner le rouleau compresseur qui va inévitablement les écraser. Ils subissent des assauts incessants, ils savent qu'ils n'ont ni les armes ni la logistique nécessaires pour la stopper. Pourtant, ça ne leur fait pas peur. Ils utilisent les maigres moyens qu'ils ont sous la main pour participer à l'effort collectif. Leurs villes sont continuellement bombardées – parfois, lorsque je vois certaines images diffusées à la télévision, j'ai l'impression de suivre des documentaires sur la Deuxième Guerre Mondiale, tellement les combats menés en Ukraine leur ressemblent - ; ceci-dit, ils ne fléchissent pas. Ils désirent continuer à résister à l'occupant russe coûte que coûte. Je les admire énormément, parce que je ne suis pas sûr que beaucoup de français d'aujourd'hui, dans un contexte équivalent, seraient pourvus de la même opiniâtreté et du même courage !

 

Il est incroyable que des individus venus de toutes les nations d'Europe, y compris de France, se joignent aux ukrainiens encore dans leur pays, pour guerroyer à leurs cotés, pour leur fournir du matériel médical, des vêtements, ou de la nourriture. Eux aussi savent qu'en se rendant sur place ils risquent leur vie, qu'ils sont susceptibles de ne pas en revenir entiers ou de ce monde. Mais ils réalisent que qu'ils se battent contre les russes, ce n'est pas uniquement pour aider les ukrainiens à regagner leur liberté. Ils sont conscients que leurs foyers sont peut-être les prochains sur la liste. Et que c'est tout de suite qu'il faut agir ; avant qu'il ne soit trop tard et que l'irrémédiable ne se produise.

 

Il est magnifique, enfin, que des manifestations de soutien au peuple ukrainien se multiplient partout dans le monde. Et ce, afin de faire pression sur leurs dirigeants. Afin que ceux-ci accentuent leur contribution destinée à mettre en échec Vladimir Poutine et ses ambitions expansionnistes. C'est la première fois depuis longtemps qu'une telle union autour d'une cause commune rassemble tant de personnes en même temps. Chacun et chacune d'entre nous se sent concerné – de près ou de loin – par ce à quoi nous assistons en Ukraine. Nous savons qu'il s'agit d'une page de notre Histoire qui s'écrit sous nos yeux ; et qu'elle est sans équivalent, qu'elle va changer la face de notre avenir à titre individuel et collectif. Comme pour la Pandémie de Covid-19 débutée en mars 2020, quelle que soit l'issue de ce que nous vivons, ensuite, rien ne sera plus jamais comme avant. C'est une certitude.

 

Une ultime question demeure donc désormais sans réponse. Et cependant, c'est peut-être la plus fondamentale, la plus essentielle de toutes. Combien de temps l'Ukraine va-t-elle pouvoir résister aux coups de butoir de l'Armée Russe ?

 

C'est difficile de se projeter. Néanmoins, militairement parlant, je crains que ce ne soit que pour quelques semaines, que pour quelques mois, tout au plus. Les chars russes progressent partout à l'est, au nord et au sud : au sud, Odessa ne résistera plus longtemps. Depuis la Crimée, les soldats russes cherchent à établir une jonction avec les milices séparatistes du Donbass pour définitivement verrouiller cette portion de l'Ukraine. A l'est, du Donbass, ils remontent au nord et avancent vers l'ouest en détruisant tout sur leur passage. Au nord, Kharkiv est bombardée nuit et jour ; la cité est devenue un véritable champ de ruines. Kiev est prise en étau ; et même si ses habitants la défendent héroïquement, face à des forces armées supérieures en nombre, elle finira par tomber. Son seul couloir pour la fuir est au sud. Toutefois, combien de temps va-t-il tenir ?

 

Par contre, la résistance, elle, est susceptible de durer des années. Je pense, au vu des événements actuels évidemment, que les ukrainiens ne se rendront jamais vraiment. Si, militairement ils sont vaincus d'ici peu, ils mettront en œuvre d'autres façons de se battre contre l'envahisseur. Je pense aussi que les russes n'y trouveront pas le repos ; que leur victoire ne peut être qu'éphémère. Vladimir Poutine aura beau mettre un chef d’État fantoche, qui lui sera totalement dévoué, afin que l'Ukraine rentre dans le rang, je suis convaincu que les ukrainiens n'en voudront pas.

 

Il est donc probable qu'à cette guerre conventionnelle succède une guerre civile tout aussi féroce et violente. Que Volodymyr Zelensky soit tué ou emprisonné par les russes ne changera pas grand-chose. S'il est tué, il deviendra un martyr dont la mémoire servira d'exemple et de point de ralliement à ceux qui veulent voir leur nation redevenir souveraine. S'il est capturé, le monde entier exigera de la Russie qu'il soit libéré. Ca peut même être un motif pour accroître les sanctions politiques et économiques contre la Russie. En tout cas, dans un cas comme dans l'autre, Vladimir Poutine a beaucoup à y perdre.

 

Et les menaces du péril nucléaire ne modifie pas la donne. En effet, les récents tirs des chars russes sur plusieurs bâtiments annexes de la centrale nucléaire de Zaporijjia avaient essentiellement deux objectifs : faire fuir les ukrainiens qui la protégeaient afin que les soldats russes puissent l'occuper sans danger. C'est ce qui s'est passé. Leur but étant de prendre le contrôle des sources d'énergie ukrainiennes, et ainsi d'affaiblir ceux qui seraient tentés de lui résister.

 

Le second objectif était géo-politique : l'Occident a les yeux tournés vers l'Ukraine. La pluie de sanctions à l'encontre de la Russie ne diminue pas. La communauté internationale est déterminée à forcer Vladimir Poutine à revenir à la table des négociations. Elle veut qu'il interrompe sa guerre. Lui, par contre, poursuit son bras de fer avec l'Occident ; et dans cette optique, il augmente la pression en cherchant à lui faire peur. Ses invectives où il explique que la Russie est une puissance nucléaire vont dans ce sens. Les bombardements sur la centrale nucléaire de Zaporijjia pareillement.

 

En même temps, il sait que cette escalade de la terreur est une impasse. A quoi bon envahir un territoire si celui-ci est promis à l'Apocalypse nucléaire. Les ressources naturelles qu'il convoite seraient dès lors inexploitables. Sa mainmise politique et militaire sur l'Ukraine serait sans objet. Qui-plus-est, si l'Europe était contaminée par un nuage radioactif, aussi dévastateur soit-il, il ne serait que temporaire. Par contre, et l'Europe, et les Etats-Unis ne manqueraient pas d'intervenir à un degré plus élevé. Et ce serait le commencement de cette Troisième Guerre Mondiale dont personne ne veut ; tout simplement parce qu'elle n'aurait ni vainqueurs ni vaincus. Ce serait la fin de la Civilisation.

 

Dans ces conditions aussi, à quoi bon s'engager sur cette voie si c'est pour que le peuple russe soit anéanti ? Sur quoi et sur qui régnerait Vladimir Poutine ? Claquemuré dans son bunker certainement ! Entouré de ses proches probablement ! Mais pour être le maître d'une Russie et dune Ukraine mortes, dévastées, irradiées pour des centaines, voire des milliers d'années.

 

Vladimir Poutine a beau être un dictateur, tout le monde s'accorde à le dire désormais, ce n'est pas un fou. Paranoïaque, détenteur d'un orgueil démesuré, nostalgique d'une époque révolue, c'est évident. Mais un dément, au sens clinique du terme, non !

 

Voilà ! Je pense que mon tour d'horizon de la guerre russo-ukrainienne au stade où elle en est à l'heure actuelle. Elle peut évoluer de bien des façons, c'est certain. Donc, ce texte n'est pas figé. Il peut être réévalué dans les jours, les semaines, ou les mois qui viennent. Et dans le meilleur sens possible, c'est ce que j'espère du plus profond de mon cœur.

 

J'ai probablement négligé maints aspects de ce conflits. Je me doute que certaines personnes font se jeter sur ses failles, sur ses oublis, sur des aspects de celui-ci que je n'ai pas évoqué. Les gens sont tellement avides de critiquer le travail des autres, alors qu'eux-mêmes n'y consacreraient pas autant de temps et d'énergie. C'est dans la nature humaine. Et on aura beau essayer de souligner le maximum de facettes d'un sujet – quel qu'il soit -, nul n'est apte à être totalement objectif ou à le décrypter dans sa globalité. Et puis, il y aura toujours des jaloux, des mécontents, des aigris, des persifleurs, des railleurs ou des sarcastiques. Toujours !

 

Je les laisse à leur causticité et à leur virulence endémique. Ils me laissent froid. J'en ai autant à leur service. Leur médiocrité est à la hauteur de leurs commentaires outranciers et dédaigneux ; ils sont à leur image. Quant à moi, mon labeur est terminé pour le moment. Il m'a fallu trois jours de rédaction non-stop ; de rédaction quasi-frénétique parfois. Alors, maintenant, et avant de reprendre sereinement la retranscription de mes Mémoires, j'ai besoin de me reposer…

 

Sincèrement votre.

 

Dominique Capo

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