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Mes Univers
10 mars 2022

Pauvres fous que nous sommes :

X1

Car, lorsqu'on y réfléchit, qu'est-ce qui pousse tant de personnes à publier tant de textes, tant de photos, tant de vidéos aussi futiles sur les réseaux sociaux ? Qu'est-ce qui les pousse à idolâtrer ces corps féminins ou masculins à l'esthétique idéalisée, à la sensualité teintée d'érotisme exacerbés ? Qu'est-ce qui les pousse à y partager leur haine, leur violence, leur ressentiments, ou leur envie d'être aimé, honorés, respectés, voire glorifiés ?
 
Oui, ce phénomène de masse, auquel chacun ou chacune adhère sans concession, cet exhibitionnisme outrancier, ils ou elles y sont devenus accros Comme une drogue dont nous sommes en manque dès que nous n'avons rien publié depuis quelques heures, un jour ou deux, dès que nous n'avons pas exploré notre fil d'actualité, dès que nous n'avons pas lu les commentaires ou vu les "likes" apparaissant au-dessous de nos dernières publications, nous ressentons un immense vide si nous ne nous injectons pas notre dose quotidienne.
 
Avons-nous perdu toute dignité envers nous-même ou envers autrui ? Nos valeurs et nos ambitions ne se limitent-elles qu'aux textes, qu'aux images, qu'aux vidéos que nous diffusons sur les réseaux sociaux ? Les centres d’intérêts, les projets, les espoirs, les passions qui nous animent, ont-ils pour unique fonction, pour unique but, de les alimenter ? Notre existence, nos discernements, nos appréciations sur ce qui nous entoure, sont-ils entièrement déterminés par ce que nous y lisons ou par ce que nous y voyons ?
 
Avons-nous perdu notre libre-arbitre puisque dès que nous désirons nous reposer ou nous changer les idées, nous nous précipitons systématiquement et invariablement sur notre page Facebook, sir notre compte Twitter, Tik-Tok, ou Instagram ? Puisque nous sommes sommes constamment fixés sur l'écran de notre téléphone portable, de notre tablette tactile, de notre ordinateur. Puisque la moindre alarme qui retentit de la part de ceux-ci, et nous nous hâtons d'ouvrir notre boite mail ; nous nous hâtons de parcourir le commentaire le plus récent qui nous est destiné ; nous nous hâtons de visionner la vidéo, de contempler la photo, de survoler le texte de l'un de nos contacts privilégiés !
 
Voilà à quoi nous en sommes réduits ! A des appendices organiques de ces instruments qui sont censés nous faciliter la vie, mais qui, en fait, sont des drogues dures dont nous ne pouvons plus nous passer. Nous nous sommes transformés en toxicomanes incapables d'en décrocher ; le jour, la nuit, ils rythment notre quotidien. Sans eux, nous nous sentons perdus, démunis.
 
Jadis, si nous avions quelques instants de tranquillité, nous en aurions profité pour lire un peu, pour aller voir des amis, pour aller nous promener, pour faire un peu de shopping. Aujourd'hui, tout ça, c'est terminé. Ces gestes les plus simples et les plus naturels du monde, sans ces "auxiliaires" qui s'accaparent nos corps et nos consciences, nous avons l'impression de n'être plus rien du tout !
 
Leurs applications, leurs mises à jour, ce qui y est partagé, c'est ça qui rythme nos habitudes. Nous nous fions à eux les yeux fermés. Nous ne remettons jamais en cause ou en question ce qui y est évoqué. Nous faisons davantage confiance en eux que ce que nous pouvons toucher ou examiner dans la réalité. Le flot de contre-vérités, de fake-news, de propagande qui noient les rares informations vérifiées ou vérifiables ont plus de portée que le travail mené pendant des jours, des semaines, des mois, des années, par des professionnels de l'investigation. En fait, finalement, la réalité est moins importante que la virtualité.
 
Alors, oui ! A quoi en sommes-nous réduits ? C'est ça, l'avenir que nous voulons, pour nous ou pour nous enfants ? Notre ambition, notre rêve, notre idéal est-il de se transformer en ersatz d'humains dont le destin, de l'aube de sa vie à sa mort, est d'être assujettis - volontairement qui-plus-est - à des machines parce que trop paresseux pour nous prendre en charge de notre propre initiative ? C'est de se réfugier au sein d'une réalité alternative parce que nous sommes trop lâches pour affronter celle qui nous terrorise tant ?
 
Nous devrions avoir honte de nous laisser porter par ces substituts de réalité qui nous enchainent à nos fantasmes et à nos chimères. Nous devrions nous sentir coupables de nous laisser dominer par les mirages et les illusions dont ils nous abreuvent ; sans réagir, sans résister, sans avoir même l'envie de nous en soustraire. Car, plus que tout le reste, ce sont eux qui nous rendent schizophrènes ; pire : qui vont nous mener à notre perte...
 
Dominique Capo
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