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Mes Univers
24 mars 2022

N'avons-nous rien appris ? :

X1

Il y a cent ans, nos arrière-grands-parents sont morts pour Sarajevo, un endroit que personne en France ou en Europe occidentale ne connaissait à l'époque, et dont tout le monde se foutait. Tout ce que gens souhaitaient, c'était conserver le statu-quo, c'était profiter de "la Belle Époque" dont jouissait notre pays... Enfin, pour les privilégiés - bourgeois, rentiers, aristocrates -, pas pour le "bas peuple" des campagnes ou des villes travaillant pour un salaire de misère, sans congés ou presque, et dont les enfants étaient contraints de prendre un emploi dès l'age de huit ans le plus souvent afin d'aider leurs parents à payer leur nourriture et leur loyer.
 
Le résultat, nous le connaissons : à avoir laissé les Empires centraux Allemand et Austro-Hongrois jouer la surenchère, envahir leurs voisins, plus d'un million de morts, blessés ou disparus. Des vies, des familles, des communautés, brisées pour jamais. Des pays remodelés, des traités conclus qui ne satisfaisaient personne ; pire, qui étaient le ferment des guerres à venir. Des révolutions à l'Est, l'effondrement d'un idéal de prospérité et de progrès sans frein. La fin des illusions...
 
Il y a quatre-vingt ans, nos grands-parents sont morts pour Dantzig, une ville de Pologne dont nul ne connaissait l'emplacement et dont tout le monde se moquait. "Mourir pour Dantzig", s'exclamaient certains. "Jamais !". Et pourtant, après avoir laissé Hitler réarmer l'Allemagne dès sa mainmise en tant que Führer sur un Reich destiné à durer 1000 ans, après son adoption des lois raciales à Nuremberg, après l'ouverture de ses premiers camps de concentration quelques mois à peine après son accession au pouvoir, après l'Anschluss, l'annexion des Sudètes puis de la Tchécoslovaquie toute entière, et tout cela en violation du Traité de Versailles de 1919, les occidentaux ont "baissé leur froc" devant lui jusqu'à ce qu'ils n'aient plus le choix. Au nom de la préservation de la paix en Europe, ils ont nourri un monstre qui allait tous les dévorer.
 
Résultat, 50 millions de morts. Le plus abominable des génocide auquel l'Humanité ait été confronté : plus de 6 millions de morts - juifs, tziganes, handicapés, opposants politiques, etc. - exterminés dans des camps de la mort à l'aide de chambres à gaz. L'annihilation de presque tout un peuple au nom de la soi-disant supériorité de la race Aryenne. Résultat, le monde entier qui s'embrase après l'invasion de l'URSS par les troupes nazies le 22 juin 1941, après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor à l'aube du 7 décembre 1941.
 
Pourquoi ? Parce que les nations dites civilisées ont laissé faire. Parce que l'Occident a fermé les yeux sur les ambitions d'un Hitler appuyé d'un Mussolini ou d'une clique de généraux fanatiques entourant l'empereur du Japon Hiro Hito, ont cherché à préserver la paix à tout prix. Mais quelle paix, en vérité ? La sienne ou celle des peuples tombés sous le joug de ces dictateurs afin de conserver sa quiétude et sa sécurité ? Même pas, puisque l'Occident n'a pas pu les préserver. Puisqu'il n'a pu stopper le rouleau compresseur nazi qui a embrasé tout l'Occident - et le reste du monde avec lui - pendant plus de cinq années. Quel prix cher payé pour n'avoir pas fait ce qu'il fallait tant qu'il en était encore temps !
 
Il y a soixante ans, nos parents sont morts pour que l'Algérie demeure française ! Et avant cela, ça a été pour que l'Indochine continue de se soumettre à notre diktat. A une époque où une vague sans précédent de décolonisation parcourait la planète, nous avons préféré aller à contre-courant de l'Histoire. Prétextant de l’œuvre civilisatrice de la France et des autres nations colonisatrices, nous avons fermé les yeux sur les atrocités que nos soldats y perpétraient. Massacres, viols, tortures, destructions, barbarie, tout a été tenté pour que ces populations soient matées. Tout ça, au nom de la supériorité de la "Race Française" - européenne, et plus globalement Blanche - sur celles d'Orient, d'Extrème-Orient, d'Afrique, notamment.
 
Les racines de la haine de certaines de ces populations qui se sont réfugiées dans l'Islam radical, dans l'Islamisme et dans le terrorisme, sont là. Soixante ans plus tard, leurs enfants et petits-enfants n'ont pas pardonné à un Occident, tout d'abord esclavagiste, ensuite colonisateur, les exactions qu'il a perpétré parce qu'il se croyait naturellement supérieur aux territoires dont il avait pris le contrôle.
 
Mais en fait, qui bénéficiait de cette situation ? Les colons qui les administraient au nom de la nation ; les gros propriétaires terriens, les entreprises françaises implantées sur place et exploitant les richesses de ces pays. Les expatriés, dans leurs beaux quartiers, qui ne se mélangeaient jamais aux locaux - quel déshonneur ! Quelle honte ! - et qui les méprisaient plus ou moins ouvertement. Comme ils méprisaient leur religion ou leur mode de vie qu'ils trouvaient pitoyables.
 
Alors, quelle humiliation lorsqu'il a fallu se rendre à l'évidence. Lorsqu'il a fallu accepter que ces peuples ne se rendraient jamais, qu'ils préféreraient continuer à se battre, à mourir peut-être, afin de recouvrer leur indépendance et leur liberté ! Lorsqu'on a eu besoin d'eux au cours des années soixante dans le but de reconstruire une France devastée par la Guerre, et qu'il a fallu leur demander d'émigrer chez nous, de s'installer chez nous avec femmes et enfants parce qu'on manquait de bras. Avec quelle joie, à ce moment-là, après les avoir tant accablés, ont leur a fourni les emplois que les français "de souche", blancs et bien-nés, ne voulaient pas s'abaisser à effectuer.
 
Nous les avons même naturalisés pour les inciter à rester. Nous avons fait en sorte que leurs enfants puissent demeurer français. Et aujourd'hui, ils le sont, au même titre que les polonais, les italiens, les portugais, ou les espagnols, qui ont émigré en France pendant l'entre-deux-guerres pour fuir les dictatures installées dans leurs pays, ou tout simplement, pour y travailler. Ces "macaronis", ces "polaks", ces "portos", ou ces "espinguins" qui venaient voler les emplois des "pauvres français" !
 
Qui s'en souvient ? Presque plus personne, évidemment, parce que malgré toutes les horreurs qu'on a dit sur eux - les mêmes qu'aujourd'hui vis-à-vis des nord-africains -, parce qu'ils se sont intégrés malgré leur différence de mode de vie, de rapport à la religion, de traditions, etc. Alors que les "vrais français" ne souhaitaient qu'une chose, c'est qu'ils rentrent chez eux parce qu'ils étaient trop différents. Qui a oublié les insultes, les lynchages, les violences, les rejets, la haine, dont ils ont été l'objet ? Alors qu'on des considère désormais comme des français à part entière ; y compris même s'ils ont du sang non-européen en eux à une ou deux générations de distance.
 
Pourtant non, pour tous ces exemples que je viens de citer très brièvement, alors qu'il y aurait tant à détailler pour démonter toutes les bétises et toutes les ignorances qui pullulent ici et là sur ces sujets. Pourtant non, malgré tous ces exemples, nous n'avons rien appris. Nous n'avons tiré aucun enseignement, aucune leçon, de nos erreurs, de nos fautes passées. Nous les reproduisons, encore et encore, parce que c'est plus simple et c'est plus facile. Nous pensons nous préserver face aux horreurs auxquelles nous assistons.
 
Comme en 14, comme en 39, comme avant 1962, nous nous imaginons échapper à l'Histoire en marche en ne nous impliquant pas dans les événements qui déchirent le monde ; tout en sachant pertinement que, tôt ou tard, ceux-ci nous rattraperons, et que leurs effets sur nos existences seront bien pire que d'acheter à un prix plus élevé notre nourriture, le carburant, notre chauffage, ou le carburant de nos voitures. Qu'ils sont dérisoires face à la perte d'emplois en France ou de marchés en Russie au nom d'une croissance économique devenue obsolète ; pire, obscène au regard de ce à quoi nous assistons.
 
Oui, que c'est dérisoire, face à la mort de milliers de personnes dans un pays qui se trouve aux portes de l'Europe ; face à l'exil de millions d'individus obligés de fuir leur pays pour tenter de survivre à une guerre dans laquelle nous serons entrainés tot ou tard. Que c'est dérisoire, face à la menace d'un conflit nucléaire tel qu'il n'en n'a pa existé depuis la fin de la Guerre Froide. Oui, que c'est dérisoire, lorsque nos vieux démons, que l'on croyait oubliés, effacés, se réveillent une fois de plus, et que nous ne faisons rien d'autre que de les regarder grandir, se multiplier, tout détruire sur leur passage ; et ce, sans réagir, de peur qu'ils nous anéantissent ; tout en sachant malgré tout, que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ner se retournent contre nous.
 
Ils sont où, nos beaux principes ? Ils sont où, nos idéaux de lberté que nous considérons comme sacrés face à une épidémie de Covid-19 qui est loin d'être terminée, n'en déplaise aux plus crédules. Ils sont où, lorsque le pire des cauchemars que notre époque a engendré au nom de notre égoisme, au nom de ces leçons du passé non apprises, est sur le point de devenir notre réalité de demain...
 
Dominique Capo
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