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Mes Univers
19 juillet 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 800 - 805

japonJapon, Xème siècle :

Depuis le début du Xème siècle, les liens personnels comptent plus pour une nomination que l’ancienneté ou le mérite. La terre, principale source de richesse, n’appartient plus aux paysans qui l’ont défrichée, mais est accaparée par les plus hauts dignitaires, qui concèdent à des notables locaux le droit de la faire travailler par des paysans. Les paysans, quant à eux, cherchent à se garantir des exigences des fonctionnaires locaux en sollicitant la protection des puissants.

Pour contrôler les administrations locales, la cour édicte depuis cette époque quantité de règlements, mais les intrigues et les collusions d’intérêts paralysent les initiatives et permettent l’émergence d’une aristocratie locale dans les provinces. Et les liens de clientèle ainsi établis permettent aux Fujiwara de devenir les suzerains suprêmes de cette chaîne de « recommandations ».

Malgré tout, la prépondérance des Fujiwara ne devient totale qu’avec Michinaga ; au début du Xème siècle, la tentative de l’Empereur Daigo et de quelques fonctionnaires pour faire contrepoids à leur pouvoir se solde par l’exil du ministre Sugawara no Michizane, un homme énergique qui manque d’entraver leur fortune. A la fin du Xème siècle, après avoir éliminé tous leurs rivaux potentiels, les Fujiwara deviennent pourtant les possesseurs héréditaires de tous les postes du gouvernement central.

Fils du grand chancelier Kaneie, Michinaga est le plus opulent de tous. Après s’être maintenu au pouvoir sous le règne de trois Empereurs successifs, auxquels il a marié trois de ses filles, il se retire dans un monastère en 1016. Il continue alors à exercer le pouvoir par l’intermédiaire de ses fils.

La maison de Michinaga attire à elle de nombreuses richesses : les gouverneurs lui envoient chevaux, tissus et riz. Michinaga redistribue ces cadeaux sous forme de gratifications destinées à remplacer en partie les traitements. Plus tard, les notables des provinces ou les fonctionnaires de la capitale offrent à ses fils des terres contre la garantie de pouvoir continuer à en jouir moyennant une redevance ; ce qui est une façon habile de s’assurer une protection contre les collecteurs d’impôts trop entreprenants. La cour abandonne donc son travail d’administration et de maintien de l’ordre au profit des gouverneurs des provinces.

La maison des Fujiwara reste également liée à celui d’une brillante société. A la cour s’épanouit une vie de luxe et de raffinement, propice à la floraison des arts. Les dames de la cour illustrent la langue japonaise dans deux genres : le « nikki » - ou « journal intime » - et le « monogatari » - ou « dit » -, qui font de cette époque l’âge d’or de la littérature japonaise. C’est ainsi que naissent, au début du XIème siècle, des chefs d’œuvres comme le « Genji monogatari ».

C’est époque est encore favorable au développement architectural : aux nombreux temples et pavillons, dont le plus illustre est le Boydo-in, s’ajoutent des résidences seigneuriales élégantes et raffinées.

La cour japonaise, de son coté considère que l’aspect le plus important de sa mission est le maintien du « cycle annuel des célébrations ». Ces rites, auxquels préside Michinaga, se succèdent tout au long de l’année et mêlent astrologie et géomancie.

Les aristocrates, très dévots, ont confiance dans l’efficacité des célébrations en l’honneur des divinités traditionnelles et de celles du culte Bouddhique. Ils en tirent, en outre, de grandes satisfactions esthétiques. Les cortèges accompagnant la fête d’Iwashimizu sont des manifestations préparées plusieurs semaines à l’avance.

Dans les rites de cour, les saluts solennels en ordre hiérarchique reproduisent l’ordre de la société. Les visites des Empereurs, les entrées des filles de Michinaga au palais sont l’occasion de cérémonies spectaculaires. Les banquets permettent aux grands et aux lettrés de se livrer à la composition poétique en chinois, tandis que retentit la musique et que se produisent les danseurs, à la lumière des flambeaux.

D’un autre coté, les deux grandes écoles du Bouddhisme durant cette période sont le Shingon et le Tendai. Les moines de ces deux sectes sont sans cesse sollicités par la cour pour accomplir des rituels réputés très efficaces contre les maladies, les épidémies, les pluies ou la sécheresse. Le Tendai occupe une place importante dans le Bouddhisme japonais. Il affirme que tout homme possède en lui la nature du Bouddhisme, qu’il suffit de cultiver par l’étude des sectes anciennes ou la méditation zen. En outre, il répand la croyance dans les Trois Ages de la loi Bouddhique, le dernier étant le « mappô ». A chacun de ces Ages, l’homme doit accomplir des actions différentes. Juste avant l’entrée dans le mappô, qui a lieu en 1052, l’œuvre pie par excellence est la construction de temples. 

Amérique Centrale,  Xème siècle :

En 905, au Mexique, c’est au sommet d’un plateau dominant la vallée d’Oaxaca que se dresse la ville Zapotèque de Monte Alban. La plate-forme supporte plusieurs pyramides et palais, et un remarquable jeu de pelote. L’apparence de ces bâtiments est sévère, le décor sculpté est rare, mais les tombes sont décorées de fresques représentant hommes et dieux.

Chaque divinité, telle Cocijo, le dieu de la pluie aux yeux cernés de nuages, porte une coiffure très élaborée où figure le symbole qui la caractérise.

Centre cérémoniel à l’origine, Monte Alban devient vite un centre urbain très important : son approvisionnement en eau pose des problèmes. Les Zapotèques occupent pourtant le site depuis cinq siècles au moins, la vallée d’Oaxaca étant le centre géographique et spirituel du peuple.

Bien qu’installés sur le versant Pacifique des montagnes Mexicaines, les Zapotèques ont par ailleurs une Civilisation fortement influencée par les Mayas, auxquels ils ont emprunté leur calendrier, ainsi que leur écriture glyptique. Mais, depuis quelques temps, les Mixtèques, un peuple voisin, sont à l’affût.

Vers 950, le Mexique connaît de nouveau de grands bouleversements. En effet, des peuples venus du Nord déferlent depuis longtemps sur le pays. Parmi eux : les Toltèques ; conduits par Mixoatl. Il fonde sa capitale : Tula.

A Tula sont dès lors érigées un grand nombre de pyramides : celle de Tlahuizcalpantecuhtli et ses manuscrits recouvrant ses murs, ses autres temples ornés de frises de félins et de rapaces ; de statues gigantesques habillées de vêtements d’apparat complexe ; de colonnes en forme de serpents à plumes, dont la gueule repose au sol, gardent l’entrée des sanctuaires. En outre, pratiquement toutes les pyramides cachent des souterrains ; c’est là que les prêtres entreposent les corps momifiés de leurs rois. Car, croient t’ils, l’Energie magique dissimulée au Cœur de la terre les protègent et leur ouvrent les Portes de l’Eternité.

Lâchement assassiné, Mixoatl est déifié par son peuple qui le pleure. Puis, son fils Topiltzin lui succède. Barbare, il se met malgré tout bientôt à développer une Civilisation originale. Il pratique en effet peu à peu les vertus les plus nobles en s’opposant – par exemple - rapidement aux sacrifices humains. Il est malheureusement incompris dans ses intentions et doit quitter sa ville. Son souvenir reste pourtant longtemps vif dans les populations les plus humbles.

Peu après, les Chichimèques envahissent de nouveau le pays. Ils repoussent les Toltèques. Quelques villes telles que Mitla – capitale des Mixtèques qui sont célèbres pour leur orfèvrerie et leurs Codex richement illustrés – s’opposent encore à eux. Tula devient dès lors une cité guerrière où le rituel des sacrifices bat de nouveau son plein.

En effet, les Chichimèques font partie de hordes de nomades chasseurs. Leur univers spirituel est celui de la guerre, des sacrifices humains et du culte du ciel nocturne. Ils se déplacent la nuit en se repérant grâce aux astres, rivalisent avec la civilisation pacifique et agricole des Mixtèques.   

Entre-temps, Topiltzin traverse une partie du pays avec une poignée de fidèles. Après bien des pérégrinations, il atteint le Yucatán, qu’il envahit. Les derniers Mayas vivant sur les contreforts de la montagne rendent vite les armes  Il s’établit à Chichen Itza. C’est là qu’en 987, il fonde sa propre dynastie ; avant de repartir vers le Mexique central où il meurt en 999. Entrant dans la légende, il est désormais nommé : Kukulkan.

Cependant, après son départ, le nouveau souverain de Chichen Itza éprouve le besoin de s’allier au roi Toltèque de Tula. En surgit un bouleversement considérable : c’est le début de la renaissance Maya. Bientôt, Chichen Itza se couvre de temples de formes pyramidales. Un observatoire astronomique est construit. La culture Maya se redéveloppe formidablement ; parvient à un haut niveau intellectuel.

Mixcoatl lui succède et fonde la véritable première dynastie Toltèque. Après lui vient Topiltzin Ce-Atacl, qui vit 52 ans. Il est vite assimilé à Quetzalcóatl ; à la fois roi et prêtre, ce souverain est détrôné par Tezcatlipoca, qui le fait périr sur le bûcher. C’est un pouvoir fort qui succède à son règne. Pourtant, en 1156, une nouvelle vague de Chichimèques détruit sa capitale. Ajouté à la faiblesse de l’agriculture, l’incompréhension croissante entre les prêtres mathématiciens et les paysans, la montée du militarisme, le ralentissement du commerce sont ses principaux facteurs de déclin. Elle s’éteint définitivement vers 1200 après J.C.

Occident, An 1000 :

L’approche de l’an Mille s’accompagne d’une appréhension qui est suscitée par le chapitre XX de l’Apocalypse de Saint-Jean : « Au terme de mille ans pendant lesquels il aura été enchaîné, l’Antéchrist surgira et le Mal envahira le Monde. Puis, le Ciel s’ouvrira pour le retour du Christ en gloire, venant juger les vivants et les morts. Il convient de se tenir prêt pour ce jour et d’en guetter les signes précurseurs. ».

Mais, après le temps du châtiment vient la certitude du règne de Dieu, puis le récit s’achève sur l’installation de la « Jérusalem nouvelle, vêtue comme une mariée parée pour son époux ».

Comme pour donner raison au texte de Saint-Jean, les événements malheureux se succèdent entre 980 et 1030 : pluies diluviennes, hivers interminables, invasions de sauterelles provoquent disettes et famines. Un jour, une immense comète plane pendant trois mois au-dessus de l’Occident. Et celle-ci entraîne à sa suite la pulvérisation d’un amas d’Etoiles nommé « Crabe ». Un autre, ce sont des tremblements de terre, des éruptions volcaniques et des incendies formidables qui apparaissent un peu partout. Un autre encore, c’est une éclipse de Soleil, la lune prenant la couleur du sang, des chutes de météorites, des apparitions de dragons dans le ciel. Rome est presque réduite en cendres ; Naples manque de tomber sous une mer de feu débordant du Vésuve. Des pluies de grenouilles surgissent du néant en Allemagne du Nord ; tandis qu’en Angleterre, des champs sont arrachés du sol par une force inconnue ; se retrouvant à de grandes distances de leur lieu d’origine.

Le paroxysme est atteint lorsque les événements politiques eux mêmes suggèrent que l’Antéchrist est à l’œuvre : en 997, al-Mansur détruit Saint Jacques de Compostelle ; en Egypte, le calife Al-Hakam inaugure une politique antichrétienne et fait détruire le Saint Sépulcre de Jérusalem. Persuadés de l’imminence de la venue du Christ sur Terre, appelée Parousie par les théologiens, des bandes de pèlerins se mettent en route pour Jérusalem, dans l’espoir d’y mourir ou d’y être présents à la venue du Christ. L’Eglise semble elle même être emportée par la tourmente.

Mais la date fatidique ayant été franchie sans dommages, à peine la peur de l’an 1000 est t’elle passée, que les hommes reportent leurs craintes sur l’année 1033 ; car la passion du Christ s’est déroulée en 33 et non en l’an 0. La psychose de l’Apocalypse redémarre de plus belle. 

Raoul, un moine de la congrégation clunisienne décrit cette période dans une « Histoire de son temps » en cinq livres. Le chroniqueur ne se soucie guère des précisions géographiques ou chronologiques. Ce qui l’intéresse, ce sont les événements qui marquent profondément le monde occidental autour de l’an 1000 : les terreurs qui l’accompagnent, la course aux reliques, la foule des pèlerins sur la route de Jérusalem, les signes avant-coureurs de l’Apocalypse, le mouvement de la paix de Dieu et ses premières hérésies. Il trace même un portrait du Diable prêt à surgir pour s’emparer de l’Humanité : « Une nuit, avant l’office de matines, se dresse devant moi au pied de mon lit une espèce de nain horrible à voir. Il est de stature médiocre, avec un cou grêle, un visage émacié, des yeux très noirs, une barbe de bouc, les oreilles velues et effilées, les cheveux hérissés, le dos bossu. Il saisit l’extrémité de la couche où je repose, et imprime le lit de secousses terribles. ».

De nouveau, il se met à pleuvoir à torrents. Pendant plus de trois ans, tout devient boue, tout pourrit. Pas de récoltes. La fange et les marais provoquent maladies et disettes. Un peu partout, des charniers sont ouverts. Les plus valides y portent leurs parents expirants. Par ailleurs, les gens en sont bientôt réduits à manger les voyageurs attardés, voire leurs propres enfants. 

Et pourtant, pas plus que l’an 1000, l’année 1033 n’apporte Parousie ou fin du Monde. Malgré tout, toute cette misère, toute cette pourriture par l’eau et par la boue, laissent derrière elles un merveilleux limon fécond. Les hommes se remettent fort bien des événements. Ils oublient la possible fin du Monde. Un sentiment de soulagement s’empare alors de tous. Une frénésie de construction anime le peuple Chrétien, et la vie reprend ses droits. Un grand mouvement d’expansion anime l’Occident au début du XIème siècle.

D’un autre coté, dès l’an 1000, une température moyenne plus élevée et une plus grande sécheresse autorisent la mise en culture de terres jusqu’alors abandonnées à la friche. Les défrichements les plus nombreux restent discrets et anonymes : le paysan essarte quelques ares sur la forêt ou la friche limitrophe. Plus spectaculaires sont les entreprises de colonisation entraînant la création de villages nouveaux. Un seigneur désireux de rentabiliser une terre inculte réunit une équipe de colons défricheurs, qu’il attire par des conditions favorables ; parfois, deux seigneurs s’associent et partagent ensuite les revenus de la terre : c’est « l’accord de pariage ». De vastes régions sont ainsi gagnées à l’agriculture : l’Espagne, au Sud du Douro, au fur et à mesure de la reconquête Chrétienne sur les Musulmans ; l’Europe, à l’Est de l’Elbe ; les pays de la mer du Nord, où sont constitués les premiers polders.

L’équipement des campagnes connaît par ailleurs une amélioration spectaculaire. La charrue et le moulin à eau se diffusent rapidement, et le travail du fer gagne la plupart des villages. Les paysans diversifient leur production et accordent une large place aux cultures commercialisables, telles que la vigne et le lin : l’esprit de profit apparaît. Et, seul l’élevage reste négligé. Le bétail est laissé sur les terres en jachère ou sur les chaumes après la moisson, et on emmène les porcs dans les forêts de chênes, où ils se nourrissent de feuilles et de glands. 

Les progrès techniques réalisés à ce moment là s’accompagnent d’une incontestable croissance démographique. 90 % de la population vit de la terre. Se mettent en place au cours de cette période les cadres sociaux à l’intérieur desquels s’ordonne la vie des hommes. Dans la seigneurie, les paysans sont soumis au châtelain : c’est lui qui assure la paix, rend la justice, organise les voies de communication, installe les péages. En échange, il exige des habitants des redevances en nature ou en argent, des prestations de travail, ou corvées. Le paysan est tout de même plus ou moins libre suivant la lourdeur des charges auxquelles il est soumis. Même ceux qui sont propriétaires de leur terre, les « alleutiers », restent sous contrôle seigneurial. Quant aux serfs, ou hommes de corps, ils ajoutent leur dépendance territoriale une dépendance domestique envers la personne de leur seigneur, à qui ils appartiennent dès leur naissance et paient certaines redevances, telles que la « mainmorte », qui leur permet d’entrer en possession de leur héritage, ou le « formariage », qui les autorise à épouser une femme n’appartenant pas à la même seigneurie.

Ces années là sont en outre le théâtre d’une renaissance urbaine. A proximité d’une cité épiscopale mais aussi d’un monastère ou d’un château, à un croisement de routes ou au passage d’une rivière apparaissent de nouvelles agglomérations.

Mais surtout, parallèlement à la ville, s’affirme le village. Désormais fixe, parfois enclos, construit en matériaux durables, occupant une superficie réduite au cœur d’un terroir réparti entre les chefs de famille, le village devient le cadre de l’existence paysanne. La conscience d’intérêts communs se cristallise autour de points d’ancrage : le château, l’église entourée du cimetière, mais aussi la place publique, et divers lieux de convivialité comme le moulin, le lavoir ou la forge. Chaque village s’identifie à une paroisse : la communauté de foi, e culte d’un saint patron représentent la forme la plus immédiate d’existence collective. Le fidèle accomplit devant l’assemblée villageoise les rites qui ponctuent la vie du Chrétien : le baptême, le mariage, la mort. Outre son rôle religieux, l’église sert de lieu de réunion. Espace de paix inviolable, c’est aussi l’endroit où ont lieu les spectacles et les marchés. Le cimetière qui l’entoure est l’expression de la croyance en la résurrection.

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