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Mes Univers
29 octobre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1142 - 1145

France_moderneCette année est marquée par une série de changements et d’innovations fécondes, souvent de grande ampleur, qui contribuent à modifier en profondeur les conditions de la vie quotidienne de nombre de sujets du roi. La démographie, l’économie, les façons de se vêtir comme d’être ensemble, les habitudes d’écrire comme de penser, les manières de croire comme de revendiquer, évoluent.

Ce temps est celui d’une expansion inédite. Il est aussi est surtout le temps d’une croyance optimiste et créatrice, une croyance essentiellement partagée par les élites urbaines, dans les vertus de la raison et du progrès : progrès des sciences, capables de comprendre et de dominer la nature, progrès des techniques, capables de donner aux hommes la maîtrise du Monde et de diminuer leurs peines, mais aussi « progrès de l’esprit humain », apportant, à terme, la paix et le bonheur partagés.

Pour la première fois depuis longtemps, la limite de 22 millions d’habitants est dépassée. Les Français sont en effet 24 millions. Malgré tout, ces années sont aussi marqués par des accidents météorologiques : plusieurs saisons froides se succèdent, des pluies diluviennes emportent des terres et ravinent le sol. 

De fait, ce temps est donc d’abord celui de la vie un peu mieux maîtrisée, et il ne faut plus, comme au XVIIème siècle, « deux enfants pour faire un homme ». Cette révolution silencieuse est rendue possible par de multiples changements, un faisceau de grandes et de petites causes. La guerre d’abord, est plus rare et elle est repoussée hors des frontières. Ensuite, grâce à la diligence des intendants et des subdélégués de la trentaine de généralités qui couvrent le royaume, l’Etat royal intervient plus souvent et, surtout, plus efficacement, en cas d’épidémie par l’envoi de médecins, en cas de disette importante du blé.

L’état sanitaire du royaume s’améliore. Les progrès de la médecine sont sensibles, notamment en chirurgie, discipline vivement encouragée par Louis XV, qui s’intéresse à toutes les innovations scientifiques de son époque. Pourtant, comme toujours, ces progrès ne touchent pas toutes les provinces, ni toutes les couches sociales, et ils se heurtent aux habitudes et aux préjugés. L’amélioration de l’hygiène est néanmoins incontestable, ainsi que des succès médicaux tels que les débuts de l’inoculation contre la petite vérole – variole -. Dans la vie quotidienne, un mieux être est également perceptible. La nourriture est plus diversifiée, grâce à l’apport de légumes et de fruits. La construction de la maison évolue : la chaume est remplacée par des tuiles, la cheminée est améliorée, les fenêtres sont agrandies et multipliées et le papier huilé qui obstruait la plupart des ouvertures est fréquemment remplacé par des carreaux de verre. Dans bien des fermes, le fumier est éloigné du puits : cette pratique néfaste a été à l’origine de nombreuses contaminations mortelles. 

D’un autre coté, pour donner une plus grande impulsion à la croissance économique, la monarchie décide non seulement de la restauration des routes existantes, mais aussi de l’ouverture de voie nouvelles : il s’agit d’équiper le royaume d’un réseau routier qui lui a fait jusque là cruellement défaut. Ainsi, suivant la circulaire adressée à tous les intendants, les paysans demeurant à proximité des grands chemins sont réquisitionnés avec leurs voitures, leurs bœufs et leurs chevaux, six jours par an, au printemps et à l’automne, afin d’assurer les remblais et les déblais, le transport des matériaux, etc. Une main d’œuvre spécialisée s’acquitte des opérations complexes.

Le résultat d’un demi siècle de travaux acharnés, dirigés par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, des cartographes, maîtres de la représentation graphique du territoire, des architectes des ponts et tunnels, est spectaculaire : l’allure moyenne des voitures est doublée. Et le royaume est équipé de près de 30 000 kilomètres de routes ouvertes, pavées et entretenues. 

Bien sûr, une fois encore, l’équipement se révèle très inégal. Il s’agit d’un fin écheveau de voies carrossables centré sur Paris, au-delà d’une ligne qui unit Saint-Malo à Genève, frontière séparant plus que jamais deux France : d’une part, le Nord-est, la france de tous les « plus » : plus d’hommes, plus d’alphabétisés, plus de villes, plus de richesses ; d’autre part, le Sud et surtout l’Ouest, la france du moindre développement et des archaïsmes, malgré quelques brillantes exceptions : les Etats du Languedoc, œuvrent pour une sensible amélioration du réseau routier.

De fait, la croissance économique, nettement perceptible, s’explique par de multiples facteurs : la livre est stabilisée ; l’exploitation des mines américaines – l’or brésilien, l’argent mexicain – apporte des métaux précieux, qui facilitent la circulation monétaire, tandis que l’enrichissement d’une partie de la population, la « classe propriétaire », stimule la demande. Les facteurs démographiques jouent aussi leur rôle, car la multiplication des hommes augmente le nombre des producteurs et des consommateurs. Les facteurs proprement économiques ne sont pas négligeables non plus : amélioration limitée de la productivité et début d’unification du marché national. Il y a également la paix, préservée à l’intérieur du royaume. Enfin, des stimulants d’ordre psychologique jouent un rôle moteur : changements dans les goûts ou dans les modes et « culture des apparences » accordant de l’importance au superflu. 

A la fois révélateur et stimulant de la croissance économique, la hausse des prix est nette. Elle s’accompagne d’une augmentation des quantités produites : malgré l’absence de révolution technique – sauf de manière encore marginale -, la progression de la production agricole se chiffre entre 25 et 40 %. La production de l’industrie et de l’artisanat triple en volume.

Parallèlement, En 1745, à Paris, un monolithe de facture inconnue est découvert devant la porte de l’Hôtel-Dieu. Une dalle est bientôt apposée sur le mur de l’établissement pour en faire état. Pourtant, la pierre est rapidement retirée. Elle est utilisée comme pavement pour la construction de l’église Saint-Julien. Malgré tout, elle est représentée en peinture sur les murs du nouvel édifice religieux.

En 1746, Dashwood – 1708 – 1780 – est un fervent sataniste. A cette date, il est membre d’une société secrète appelée « le Club de l’Enfer ». Et celle-ci possède un Temple caché dans les catacombes de Paris ; ses Adeptes y adorent Satan et lui offrent des sacrifices.

D’un autre coté, à cette date, le dernier courant du Lurianisme Hébraïque se métamorphose. Il se sépare de l’extrémisme messianique de ses fondateurs – Israël Baal Shem Tob et ses Disciples -. Il change de nom pour celui de « Hassidisme », bien qu’il n’ait aucune parenté idéologique avec son homonyme du Moyen-Age. Et, dès lors, il suscite un réveil religieux des masses pour un certain nombre d’aspirations spirituelles qui n’ont jamais pu être comblées.

Malheureusement, ce Hassidisme s’éloigne peu à peu des dogmes trop formalistes des rabbins talmudistes. Il se met à refléter un idéal moral inédit, des valeurs théosophiques et éthiques spécifiques. Grâce à un ouvrage nommé « Saddiq », il fait appel à la foi pure de chacun, plutôt qu’à ses spéculations intellectuelles ; alors que celles-ci ne cessent pas de jouer un rôle considérable vis à vis de ses théories. Puis, finalement, le Hassidisme est Enseigné par Shénor de Ladi dans plusieurs Ecoles Kabbalistiques ; avant d’être exporté dans les colonies Anglaises d’Amérique du Nord.

L’image positive du roi est cependant ternie dès les années 1747 – 1748 : les récoltes médiocres provoquent un vif mécontentement chez les plus démunis ; le traité d’Aix la chapelle se solde par un statut quo qui déçoit. Les critiques contre Louis XV deviennent encore plus virulentes quand on apprend ses faveurs multipliées à la marquise de Pompadour. Il est vrai que la maîtresse du roi dépense sans compter : l’aménagement de ses hôtels de Paris, dont le palais de l’Elysée, de ses résidences de Crécy, de la celle et de Bellevue coûtent près de huit millions de livres, auxquels il faut encore ajouter quatre millions pour le théâtre et les fêtes données à la cour de 1748 à 1756. A Paris, satires et chansons sont colportées contre la favorite.

Madame de Pompadour est la fille d’un fermier général, dont le mari a été introduit dans le cercle supérieur de la haute finance parisienne : le château du couple, à Etiolles, abrite une société choisie de philosophes et d’écrivains. En Février 1745, la jeune femme à rencontré le roi à un bal masqué et est devenue sa maîtresse. La cour, pourtant, ne l’aime guère, et le peuple la déteste : on admire son esprit, sa grâce et son goût, mais on lui reproche ses origines roturières, ses dépenses et l’influence qu’elle exerce sur le roi. Car la marquise de Pompadour n’est pas seulement la protectrice généreuse, sincère et éclairé des écrivains ou des artistes, son action en politique intérieure ou étrangère, qui s’exerce en particulier par la nomination ou le renvoi des ministres, manque souvent de cohérence et de netteté.   

Enfin, un étrange fait divers contribue à renforcer la méfiance envers le monarque : en 1749 et 1750, des arrestations de jeunes enfants errants, puis des disparitions de fils et de filles d’artisans déclenchent de folles rumeurs. Peu à peu, le bruit court qu’un prince lépreux enlève les enfants et prend un bain dans leur sang afin d’être guéri. On en vient à dire que le souverain laisse faire et qu’il est peut-être lui même le « prince ladre ».

L’aura de Louis XV est gravement ternie par ces bruits absurdes colportés dans les tavernes et véhiculés par les libelles et les pamphlets. Le « Bien Aimé » du temps de la victoire de Fontenoy devient, dans l’esprit de son peuple, le « Mal Aimé », un nouvel Hérode, massacreur d’innocents.

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