Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
17 novembre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1183 - 1185

France_moderneUn autre événement vient aggraver la crise que traverse le royaume : fin 1785, Marie-Antoinette, à cause des difficultés financières, renonce à acquérir un superbe collier. Une aventurière, la comtesse de la motte, convainc Louis de Rohan, cardinal-archevêque de Strasbourg, de l’acheter secrètement pour la reine, afin de rentrer en grâce auprès d’elle. Le crédule cardinal achète le collier et obtient un rendez vous avec la reine, de nuit, à Versailles. Mais la femme à qui il donne le bijou est une prostituée qui ressemble vaguement à Marie-Antoinette et qui remet le collier à Madame de la motte. Le cardinal ne pouvant payer la première traite, les joailliers s’adressent donc à la reine, et le scandale éclate. C’est le Parlement de Paris qui, en Septembre 1786, juge les protagonistes. Le cardinal, enfermé à la bastille, est acquitté, et Madame de la motte, reconnue coupable, est marquée au fer rouge d’une fleur de lys. Mais l’opinion, convaincue que les petites gens ont payé pour les gaspillages de la cour, est plus que jamais hostile à Marie-Antoinette. 

De fait, endetté, affaibli, usé par les pamphlets et les libelles, l’Etat royal ne parvient pas à répondre aux attaques de plus en plus vives de l’opinion. Les hommes se succèdent au poste de contrôleur général des Finances sans pouvoir faire autre chose que multiplier les emprunts. Charles Alexandre de Calonne, qui est nommé en 1783, n’échappe pas à l’impuissance générale. En 1786, le déficit des finances royales atteint cent millions de livres, et les arriérés de la dette dépassent deux cents cinquante millions. Pour éviter la banqueroute et afin de « reprendre  en sous-œuvre l’édifice entier pour en prévenir la ruine », Calonne propose, à la suite de Turgot, une série de réformes radicales permettant, entre autres, de lever des impôts sur les classes privilégiées du royaume.

Calonne sait très bien que les Parlements vont s’opposer à ses propositions. Il décide donc d’en demander l’approbation à une assemblée de notables. Les 144 membres choisis par le roi se réunissent à Versailles, le 22 Février 1787. Ce sont presque tous des privilégiés et Calonne leur demande de réduire les privilèges. Les notables refusent la plupart des réformes, et le ministre, le 8 Avril 1787, est congédié par Louis XVI qui, une fois de plus, cède à la pression de son entourage. Loménie de Brienne qui succède à Calonne, se heurte à la même hostilité : les notables déclarent n’avoir aucun pouvoir de décision en matière d’impôts nouveaux. Ils évoquent alors l’idée d’une convocation des Etats Généraux. Cette assemblée des trois ordres ne s’est plus réunie depuis 1614, car, organe consultatif hérité du Moyen-Age, elle est contraire à l’Etat absolu. Proposer de réunir les Etats Généraux, c’est souhaiter soumettre le roi au contrôle de ses sujets.

De fait, Brienne congédie l’assemblée des notables le 25 Mai 1787. Pour faire triompher les projets financiers qu’il a repris de Turgot et de Calonne, il n’y a plus qu’une seule solution : s’en remettre au système traditionnel de l’enregistrement des édits par le Parlement. C’est précisément ce que Calonne a voulu éviter en convoquant l’assemblée des notables. Les Parlements reprennent le flambeau de la résistance avec d’autant plus de détermination que l’opinion publique les soutient dans leur lutte contre le pouvoir royal et que la conjoncture est devenue particulièrement critique : la crise économique frappe alors plusieurs provinces. Louis XVI se résout à tenir un lit de justice solennel devant le Parlement de Paris, le 6 Août 1787. Loin de se soumettre, comme l’y obligent les lois du royaume, le Parlement annule les décisions prises ce jour là. En punition, tous ses membres sont exilés à Troyes.

La province s’agite aussi. Le 7 Juin 1788, la population de Grenoble manifeste avec violence pour empêcher l’exil du Parlement du Dauphiné, qui a refusé d’enregistrer les édits royaux. Pendant cette « journée des Tuiles », les deux régiments royaux de la ville, bombardés de projectiles, sont tenus en échec. L’ambiance générale est à la contestation ouverte, d’autant plus qu’une crise économique de grande ampleur s’abat alors sur le royaume.

Les difficultés économiques viennent en effet s’ajouter aux tensions sociales. La crise accroît les déséquilibres, exacerbe les mécontentements, éveille les consciences. Elle frappe de façon inégale : les régions littorales – Nantes, Marseille – sont généralement épargnées, mais les autres provinces souffrent.

Pour protéger leurs revenus et compenser les effets de la baisse des prix agricoles, beaucoup de propriétaires nobles cherchent à augmenter les redevances dues par les paysans. Ils chargent alors des spécialistes du droit féodal d’étudier les terriers, les registres contenant le détail des droits et devoirs du seigneur, afin de revivifier des charges tombées en désuétude. Dans de nombreuses provinces, les propriétaires empiètent sur les terres communales et restreignent les droits d’usage sur celles qui leur appartiennent. Le ressentiment antiseigneurial, resté modéré pendant plusieurs décennies, s’intensifie. En 1785, après une disette fourragère, une partie du cheptel est décimée par la maladie. Or, le bétail est souvent le seul capital des paysans, leur ultime sécurité, et l’épidémie accroît encore leur colère.

Comme l’agriculture est en crise, la demande des produits artisanaux et manufacturés s’effondre. Le secteur du textile est le plus touché ; la draperie lilloise, les toileries normandes et bretonnes, les manufactures de Lodève et de Carcassonne, toutes perdent des emplois. La situation est encore aggravée par le traité de libre échange signé avec l’Angleterre en 1786. En 1787, l’inflation s’ajoute aux perturbations, et, en 1788, les mauvaises récoltes provoquent une hausse des prix particulièrement brutale.

Les Parlements contestent les pouvoirs du roi ; les paysans, les privilèges du seigneur. L’Etat est incapable de rembourser ses dettes, il est impuissant devant les difficultés économiques ; l’agriculture s’appauvrit et les industries font faillite. C’est au cœur de cette crise multiforme que le 8 Août 1788, après avoir longtemps hésité, Louis XVI convoque enfin les Etats Généraux.

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 620
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité