De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1334 - 1336

Dans un autre domaine, toutes les classes se retrouvent d’accord : en 1859, Ferdinand de Lesseps donne le premier coup de pioche à la construction du canal de Suez, qui doit relier la méditerranée à la mer Rouge. Les fonds nécessaires proviennent de la vente des actions de la compagnie Universelle du Canal de Suez, la main d’œuvre est fournie par les autorités égyptiennes, et Napoléon III patronne le projet contre l’Angleterre, qui s’y oppose. Dix ans après le début des travaux, les eaux de la méditerranée se mêlent à celles de la mer Rouge. La route des Indes s’en trouve bouleversée.

En présence de l’Impératrice Eugénie et du khédive, le prince régnant en Egypte, le canal de Suez est solennellement inauguré à Port Saïd. Une messe et une cérémonie musulmane sont célébrées puis les personnalités invitées rejoignent la mer Rouge sur des yachts, acclamées le long des 160 kilomètres du canal par la foule qui s’est amassée sur les berges. A chaque étape, des fêtes ponctuent la traversée, qui s’achève le 20 Novembre. La gloire de Ferdinand de Lesseps est considérable et, déjà, celui-ci songe à cet autre vieux rêve des saint-simoniens : le percement d’un canal dans l’isthme de Panama, en Amérique. 

Victor Hugo quitte la france et part d’abord pour Bruxelles, avant de s’installer dans les îles Anglo-Normandes. Chef d’une petite colonie de proscrits, il utilise la poésie comme une redoutable machine de guerre contre le régime impérial. Après la parution d’un pamphlet en prose, « Napoléon le Petit », c’est en effet la publication clandestine d’un recueil de 6000 vers, « les Châtiments ». Reprenant ironiquement les titres des proclamations de l’ex prince-président – « la société est sauvée », « l’ordre est rétabli » -, les sept chants de l’œuvre mêlent l’indignation et le mépris, l’émotion et la raillerie. Intransigeant, le poète refuse l’amnistie des proscrits prononcée en 1859.

A partir de 1860, les appuis traditionnels de l’Empire commencent à faire défaut à Napoléon III. Les catholiques reprochent à l’Empereur sa politique italienne, contraire aux intérêts de la papauté. Les milieux d’affaires lui en veulent de les avoir confrontés aux risques du libre échange et de poursuivre une politique extérieure trop belliciste, qui met en péril la stabilité de l’économie. Depuis sa jeunesse, Napoléon III désire améliorer le sort de ceux qu’il appelle « les classes souffrantes », à propos desquelles il a publié, en 1846, une « Extinction du Paupérisme ». Désormais, il ressent le besoin d’appuyer son pouvoir sur le peuple. En 1862, il envoie à l’Exposition Universelle de Londres une délégation d’ouvriers qui rencontre les syndicats anglais et en apprend la manière de revendiquer la liberté d’association et de coalition.

En Avril 1863, plusieurs Archéologues commencent à inventorier les ruines apparaissant un peu partout sur le site d’Alésia. Ainsi, ils mettent au jour une quinzaine de sépultures. Ils remarquent que leurs murs sont totalement recouverts de Taureaux sculptés. Ils concluent que celles-ci ont dû ètre érigées au cours de l’Ere Néolithique. Et ils marquent à leur sujet : « A cette date, il se peut que le Taureau ait Symbolisé la mort violente des Guerriers. Il était en effet probablement l’attribut principal de la grande Déesse Mère. Il représentait sa Force Spirituelle, Temporelle, et Sexuelle. Ils l’associaient également à la fécondité de la nature. Il était donc l’Emblème Principale des Sociétés Agricoles. Et, il a succédé au Cerf, qui, lui, était la figure fondamentale des anciennes Sociétés Nomades. ».

Puis, ils découvrent ensuite, non loin de là, les débris d’un Sanctuaire Celte. Ils exhument ce qui a jadis été une cité Romaine. Et, en l’étudiant de près, ils supposent qu’elle a prospéré à partir de l’époque de Marc Aurèle ; et ce, jusqu’en 280 après J.C.

Joséphin Péladan est originaire de Toulouse. A partir de Juin 1863, et pendant sa jeunesse, il est Initié par Eliphas Lévi ; lui même devient alors écrivain Esotériste, expert en matière d’Occultisme. Il développe même un système Magique très original en rapport avec la bisexualité.

De son coté, au cours de cette période, Eliphas Lévi s’intéresse à un certain nombre de documents qui se réfèrent à la secte des Johannites. Il y apprend que celle-ci a protégé divers Secrets Esotériques, y compris issus de la kabbale. Il découvre que les membres de cette Confrérie ont formé une Organisation clandestine dépositaire de grands Mystères Religieux et Sociaux.

Dans l’un de ses livres, l’Occultiste parle donc d’eux : « Autrefois, écrit t’il, elle formait les rois et les pontifes sans s’exposer à la corruption du pouvoir. Elle se tenait ainsi à l’abri des caprices et des incertitudes politiques qui apparaissaient au fil des siècles. ».

En Janvier 1864, la légende du comte de Saint-Germain est si tenace que Napoléon III charge une commission officielle d’enquêter au sujet de cet étrange individu. Il confie cette mission aux plus hautes instances du Ministère de l’Intérieur ; lesquelles lui remettent bientôt un rapport complet. Mais l’Empereur, en lisant ce dernier, le classe aussitôt « secret-défense ».

A partir de  Mai 1864, sous l’influence d’un nouveau parti libéral – le tiers parti – dirigé par le républicain modéré Emile Ollivier, Napoléon III accepte de nouvelles concessions portant sur la liberté de coalition – abolition de la loi le Chapelier -, ce qui implique donc un exercice mesuré du droit de grève, puis sur la liberté de la presse et d’association. Bien sûr, ces concessions sont jugées excessives par les nostalgiques de l’Empire autoritaire, et insuffisantes par l’opposition.

Celle-ci profite néanmoins de la libéralisation du régime pour se radicaliser. Si Adolphe Thiers, revenu sur la scène politique dénonce avec lucidité toutes les erreurs du gouvernement impérial devant le Corps législatif, l’avocat Léon Gambetta est le journaliste Henri Rochefort font preuve d’une grande violence dans leurs plaidoiries, brochures satiriques ou pamphlets révolutionnaires.