De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1404 - 1406

Egalement en 1885, peu après avoir débarqué en Grande-Bretagne, Churchward commence à rédiger un ouvrage à l’intérieur duquel il évoque son voyage au Tibet. Il y marque que dans un des nombreux Monastères qui parsèment cette Région, il y a rencontré un étrange Lama. Il y dit qu’après avoir passé plusieurs mois dans son Sanctuaire, celui-ci lui a présenté une carte du Légendaire Continent de Mu. Il déclare qu’il a très vite évalué l’âge de cette dernière à 20 000 ans. Il y dévoile que peu après avoir étudié ce Planisphère, le Lama lui a montré deux Manuscrits apparemment rédigés il y a plus de quatre Millénaires. Il y avoue qu’il a perdu la trace du premier – celui composé par des Chaldéens – aux abords d’un très vieux Temple Tibétain. Il y annonce qu’il a retrouvé la trace de l’autre – celui qui aurait été composé par des Mayas – à Londres. Et, c’est pour cette raison, qu’en conclusion, il y note :

« Ce Lama m’apprit qu’aujourd’hui, la langue Originelle de l’Humanité n’était plus connue que d’un Grand Prêtre Hindou : lui. Il me l’Enseigna, me prouva que des expressions nées avec elle, existaient encore dans les Dialectes Birman et Indien. Et, grâce à cette Initiation, il me permit de retrouver les traces du Peuple de Mu en Inde ; et ce, jusqu'à ce que le Continent où celui-ci avait jadis vécu, ait été englouti par un effroyable Cataclysme. ».   

En 1887, soit un an après la parution après la parution du livre du Français T. Veysne sur la théorie des courants d’énergie tellurique du globe, Emmet  Brach expose à son tour son hypothèse à ce sujet.

Emmet Brach, lui, suppose que les menhirs et les dolmens sont disposés sur certains sites afin de canaliser diverses énergies. Ceux-ci les captent puis les redistribuent, en fonction de leurs formes, de leur disposition, de leur orientation ou de leur structure. Ils les font ensuite agir sur leur environnement.

Mais, pour lui, les mégalithes ne sont pas irradiants à proprement parler. Ils ne sont pas un véhicule ou un réservoir de forces étrangères. Simplement, « ils sont ». Par le seul fait qu’ils soient ancrés sur le parcours des lignes-leys, ils représentent des symboles puissants. Ils créent – à défaut de vocable exact – « un champs de forces ».

Toujours en 1887, un des amis de Brach, William MacNell, de son coté, pense que les lignes-leys sont des phénomènes vibratoires qui sillonnent l’écorce terrestre de long en large. En plusieurs points, des roches granitiques – menhirs, dolmens, et autres monolithes – dépassent de sa croûte externe. Et, telles des aiguilles de phonographe, elles produisent des oscillations de natures, d’intensités, et de fréquences, différentes.

Curieusement, William MacNell croit que beaucoup de ces pierres levées forment des assemblages de figures géométriques. Il y a des triangles, des rectangles, des carrés ou des étoiles. Lorsque ces derniers se croisent, il est persuadé qu’ils constituent les points forts du réseau tellurique de la planète. Et dès lors, les énergies qui s’y dégagent sont plus puissantes qu’ailleurs. Elles donnent naissance à des ondes de densité variable qui réagissent par rapport à la position du Soleil dans le ciel lorsque vient la date de l’Equinoxe ou du Solstice.

Encore en 1887, passionnés par certaines explications qui rattachent l’Occultisme à la magie sexuelle, plusieurs membres de la rose-Croix, tels que William Wymn Wescott – 1848 – 1925, Samuel Lidell Mathers – 1854 – 1918 – ou William Robert Woodman, aimeraient aller plus loin que leurs Frères dans leurs expérimentations. Or, cette année là, Wescott entre en possession d’un manuscrit chiffré d’apparence très ancienne. Et, puisqu’il est depuis longtemps féru de littérature Hermétique, il cherche à en percer les Mystères ; ce qu’il ne tarde pas à faire en découvrant que l’ouvrage se nomme en fait « le Lemeycton » ; et qu’il décrit en langue Enochienne une série de Rites pratiqués en des temps très reculés.

Wescott cherche ensuite à mettre en lumière ce fameux passé énigmatique. Il s’adresse tout d’abord à son ami Mathers pour l’aider. Mathers et lui commencent à mettre au jour des documents faisant référence à leur livre au British Muséum. Ils comparent les textes avec les paragraphes inscrits dans leur volume. Ils comprennent que la langue Enochienne est à la base de tous les dialectes employés par les Hommes depuis l’Origine des Ages ; qu’elle est d’une Antiquité remontant au moins à 6000 ans avant Virgile. Puis, finalement, une phrase retient plus particulièrement leur attention : « Cette Source, le Sage Maitre des Etoiles la détient en tant que Maitre de l’Aube Dorée. ».

Ils traduisent également deux formules importantes : « Les Mots sont contre les Fils de la nuit. Ils les conduiront dans la lumière. Savoir et Pouvoir, les deux Guerriers jumeaux, les secouent. Ils les écartent de l’Invisible. Ils les sortent des Ténèbres, tandis que la matière se met à briller. Et Sebek est frappé par le Tonnerre.

La lumière surgit des profondeurs. L’Ibis tient la baguette du Phénix. Les ailes de la nuit se tendent en vain vers toi. Sois un Supérieur, car leur Puissance est mouvante. ».

Et : « Eau lustrale, que ton flot se déverse à travers moi. Le Fouet, le Poignard et la chaîne mutileront mon Corps, mon Cœur et mon Ame. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas d’où je viens. Je ne sais pas où je vais. Je cherche, mais quoi, je ne le sais pas. Je suis un aveugle enchaîné, mais j’ai entendu un Appel Résonner à travers l’Eternité.   

Lève-toi et suis-moi, Asar-Un-Neter ! Je t’invoque, quadruple horreur de la fumée. Je sais que tu crains l’Obscurité et la mort, l’Eau et le Feu, le Gouffre et la chaîne, l’Enfer et le Souffle Divin. Tu e crains, affreux Démon qui, sur le Seuil du Néant, te tient avec ton Dragon pour massacrer le Pèlerin. Mais, avec l’Energie de la prudence, je passe devant toi. J’avance avec Courage et Intelligence dans le droit sentier ; s’il en était autrement, la création serait finie. ».

Peu après avoir décrypté le Lemeycton, Wescott, Woodman et Mathers fondent « l’Ordre Hermétique de la golden Dawn. Ils s’éloignent de fait des Rites rosicruciens et Francs-Maçons de Memphis-Misraïm. Ils s’inspirent en effet, à la fois, des préceptes de « la rose-Croix d’Or » et des dogmes de la « Societas Rosicrania in Anglia ». Et, parmi leurs premiers Adeptes, ils accueillent Bram Stocker, le fameux directeur de théâtre célèbre pour son roman, « Dracula » ; Edward Bowler Lytton, l’auteur de « la race Future », et qui décrit de nombreuses Légendes issues des îles du Pacifique ; Machen, le célèbre Esotériste ; ou Constance Wilde, l’épouse de l’écrivain Oscar Wilde.

Dès lors, chaque cérémonie de la société secrète est présidée par un Imperator : Samuel L. Mathers. Et pour cela, il s’aide du Lemeycton. Mais parfois aussi, il se réfère également à deux autres manuscrits que tout Esotériste digne de ce nom connaît : « le Livre d’Abraham le Mage » et « les Clefs de Salomon ». Pourtant, personne au sein de la communauté ne sait comment Mathers et ses amis ont pu entrer en leur possession. La seule chose admise par tous les Initiés, c’est que ceux-ci semblent y puiser une grande partie de leur Savoir Magique.

Ainsi, après avoir écouté révérencieusement le Maitre de cérémonie, les participants au culte sont rapidement la proie d’expériences semi-hallucinatoires. Certains d’entre eux ont en effet la sensation de marcher sur l’air ; comme si le sol se transformait soudain en coussin. D’autres pensent voir les pierres alentours miroiter, se déformer, sur le point de disparaître entièrement ; avant de reprendre leur aspect habituel. Ces phénomènes se répètent alors régulièrement.

Puis, fin 1888, un Français dénommé Georges Monti est accepté comme membre Initié de la golden Dawn. Evidemment, avant d’approuver son adhésion, Mathers, Woodman et Wescott se renseignent à son sujet. Et ils apprennent que Georges Monti est né à Toulouse en 1863. Abandonné par ses parents, il a été élevé par des Jésuites, et dès son plus jeune âge, il s’est intéressé au monde trouble des sociétés secrètes. Ensuite, il a voyagé à travers l’Europe, puis en Egypte et en Algérie. Quand il a vécu en Allemagne, il s’est affilié à la sainte Vehme, une Confrérie spécialisée dans l’assassinat politique. Et, finalement, il devenu un des Adeptes de « l’Ordre des Templiers d’Orient » et le bras droit de l’Esotériste Français Pierre-Plantard de Saint-Clair.

Par ailleurs, Mathers, Woodman et Wescott s’aperçoivent que Georges Monti et Pierre-Plantard de Saint-Clair sont des amis de Jules Blois et d’Emma Calvé ; et donc, de Joséphin Péladan, de Papus ou de Stanislas de Guaita, qui viennent tout juste de fonder « l’Ordre Kabbalistique de la rose-Croix d’Or Française ». Mais ce détail ne leur pose aucun problème ; au contraire.