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25 novembre 2009

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1651 - 1653

Etats_Unis_contemporainEn Août 1916, le colonel William J. Simons fait le serment de restaurer la puissance et l’éclat du Ku Klux Klan. Et, de fait, sans plus attendre, il s’intronise Grand Maitre – ou « Grand Sorcier » - de l’Ordre.

Le but de Simons est, comme au cours de la période glorieuse des années 1870 – 1890, d’inculquer à l’Homme les principes les plus Sacrés de la chevalerie, et de développer le caractère Divin de celle-ci. Son ambition est, par ailleurs, de protéger le foyer de chaque individu Américain, la chasteté de sa femme, de soutenir son patriotisme, et, surtout, de maintenir la suprématie de la race Blanche partout dans le Monde. Simons profite donc des effets néfastes de la grande Guerre pour élargir son programme ; il adjoint de nouveaux impératifs aux dogmes initiaux de sa Confrérie. Et, bientôt, la popularité de cette dernière grandit ; de même que les actes de sauvagerie de ses membres – qui se succèdent comme jamais – envers les Noirs.

Car, pour faire appliquer leur code moral, les Adeptes du Ku Klux Klan utilisent tous les moyens qui sont à leur disposition : ils roulent dans des plumes des gens enduits de goudron ; ils marquent ceux-ci à l’acide ; ils les mutilent, les flagellent ou les bannissent des Etats du Sud. Ces méthodes sont d’ailleurs tellement appréciées des habitants de cette région de l’Amérique, que le nombre de personnes appartenant au Ku Klux Klan est rapidement d’un million.

La rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Allemagne est provoquée par l’annonce de la guerre sous marine à outrance – le 1er Février 1917 -. En Mars, l’interception d’un télégramme de Zimmermann – ministre allemand des Affaires Etrangères – au gouvernement mexicain, proposant à celui-ci une alliance contre les Etats-Unis, décide Wilson à déclarer la guerre à l’Allemagne le 6 Avril. Toutefois, l’armée américaine est loin d’être prête : squelettique – 157 000 hommes -, elle n’a pas d’aviation et son artillerie de campagne est médiocre. La puissante industrie américaine forge donc bientôt des armes, tandis que la conscription obligatoire est votée par le Congrès le 18 Mai. En Octobre 1917, seuls 80 000 hommes arrivent en Europe ; mais, à partir de Mars 1918, 200 000 « sammies » débarquent chaque mois dans les ports français.

Pourtant, le bureau de recrutement militaire de Dunwich ayant du mal à remplir ses quotas, plusieurs inspecteurs et médecins arrivent sur place pour mener leur enquête. L’Advertiser d’Arkham et le « Globe » de Boston se font l’écho de rumeurs selon lesquelles la population de cette zone est frappée de dégénérescence ; ils vantent les curiosités de la région afin de favoriser les échanges avec l’extérieur, mentionnant entre autres, l’étonnante précocité de Wilbur, les pratiques occultes et l’étrange bibliothèque du vieux Whateley, les fenêtres condamnées de sa ferme et les grondements sourds qui retentissent sur la colline. Sur une photo, Wilbur, alors âgé de quatre ans et demi, en paraît quinze – ses joues et son menton sont couverts d’un duvet sombre et dru.

Le 11 Avril 1919, messieurs Ricci, Crazneck et Silva tentent de cambrioler le « Terrible Vieillard » de Kingsport. Le lendemain, leurs corps déchiquetés et piétinés sont rejetés par les eaux du port.

La période de l’immédiate après guerre tranche avec l’optimisme wilsonien. Beaucoup de prix ont doublé. La fin des commandes militaires fait grimper le nombre des chômeurs. Les anciens soldats sont nombreux à ne pas trouver d’emploi et, par dizaines de milliers, les Noirs sans travail affluent vers les villes du Nord-est. Les grèves, les émeutes raciales, les manifestations de xénophobie à l’égard des nouveaux immigrants se succèdent au cours de l’été 1919. Le retour au pouvoir d’une majorité puis d’un président républicain, proches des milieux du « big business », ajoute à cette agitation une nouvelle donne politico-économique : l’Etat fédéral se retire de la vie des affaires et revient au vieux principe de non-intervention. 

L’après guerre, après un temps de progrès social et d’ouverture au Monde, est une période de peur et de refus. A tout point de vue, l‘isolationnisme refait son apparition. Non seulement les Etats-Unis renoncent à prendre part au règlement final du conflit mondial – ils ne ratifient ni le traité de Versailles ni les accords sur la « S.D.N. » -, mais c’est à toute forme d’altérité qu’ils commencent à s’opposer. En ce sens, l’arrestation et la condamnation à mort, sans preuve manifeste, des deux anarchistes italiens Sacco et Vanzetti traduisent bien le changement d’attitude de l’opinion publique. Celle-ci est excédée par l’agitation des « roues », par la violence des grèves et par l’arrivée de nouveaux immigrants issus de pays trop « exotiques » pour les Américains blancs, anglo-saxons et protestants.

Car, la plupart de ces immigrants sont russes, italiens, Juifs polonais. Tous viennent de pays pauvres. Tous sont d’une culture différente de celle des anciens immigrants de l’Europe de l’Ouest. Ils ont de plus en plus de mal à se fondre dans la société américaine que leurs prédécesseurs, d’autant plus qu’ils sont sans métier ni qualification. Concentrés dans les grandes villes, ils se regroupent par quartiers et fournissent à l’industrie une main d’œuvre bon marché. Beaucoup d’Américains identifient alors ces nouveaux venus à la pègre. Le banditisme, les grèves, les attentats, etc., toute la face noire de l’Amérique est imputée à ces immigrés récents, dont l’arrivée menace les valeurs traditionnelles de la société américaine.

Le climat est aux affrontements et à la violence. L’Amérique a peur. C’est donc avec satisfaction que l’opinion accueille la politique des quotas migratoires, décidée par le Congrès. Prenant pour base le recensement de 1890, la nouvelle loi fixe l’immigration annuelle à 2 % du nombre d’individus d’une même nationalité déjà présente sur le sol des Etats-Unis. La loi vise directement les nations du Sud et de l’Est de l’Europe, encore peu représentées en Amérique. Faute de main d’œuvre étrangère non qualifiée, les patrons font alors appel aux Noirs du Sud. La « Grande Migration » des Noirs s’accélère, et de vastes ghettos urbains se constituent dans les grandes cités industrielles. Harlem à New-York, Watts à Los Angeles, où les Noirs vivent dans la misère, accusent des taux de mortalité sans commune mesure avec le reste du pays.

De fait, comme toute nation repliée sur elle même, l’Amérique part à la recherche de la morale de ses pionniers, que n’a pas pervertis la modernité urbaine et l’immigration. Des baptistes et des méthodistes tentent de faire interdire l’enseignement de la théorie évolutionniste de Darwin dans les écoles. A Dayton, dans le Tennessee, un professeur de biologie est poursuivi et condamné, à grand renfort de citations bibliques, à une amende de 100 dollars pour avoir enseigné que l’homme « descend du singe ». Ce procès est révélateur de l’existence d’une Amérique qui dénonce les influences perverses du cinéma, de l’automobile et de l’alcool.

La plus grande victoire du conservatisme est d’ailleurs le vote du dix-huitième amendement à la constitution, qui interdit la vente de ‘alcool. La prohibition enflamme alors le pays. Son principal résultat est la naissance, l’affirmation et l’enrichissement exceptionnel de la pègre américaine. C’est le temps des « bootleggers », qui doivent leur nom aux bouteilles qu’ils cachent dans leurs bottes. Venant du Canada, des Antilles et du Mexique, l’alcool de contrebande – parfois frelaté – fournit les innombrables bars clandestins du pays. Ce commerce illégal est monopolisé par les gangs qui alimentent la corruption urbaine, se livrent à une guerre impitoyable et font les gros titres de la presse. Italien, Juif, Irlandais ou Noir, le gangster devient une nouvelle figure des Etats-Unis d’Amérique ; et certains n’hésitent pas à les comparer aux grands patrons de l’industrie : ils ont la même audace, le même esprit d’entreprise, la même volonté de réussir. Le climat de plaisir et d’argent facile justifie le banditisme, qui passe désormais pour un business comme un autre.

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