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Mes Univers
30 mai 2015

Chapitre Deux, Pages 34 à 35 :

ALe lendemain, Maître Anthelme m'a de nouveau accosté sous le préau de Notre-Dame. C'était à peu près à la même heure ; juste après que j'aie achevé mon déjeuner. Une brume gris-jaunâtre dévorait le ciel. Elle camouflait les contours de la nef de l'église adossée à notre établissement. Elle éclipsait les silhouettes des hauts immeubles environnants. Une odeur d’œuf pourri empestait la pluie fine qui inondait l'asphalte. Et seuls quelques corbeaux-hurleurs poursuivis par un dragon-nain s'apercevaient entre deux nuées.

J'étais en train de positionner mon cartable contre le mur du préau. Je jetais des coups d’œil anxieux vers le groupe qui m'avait rudoyé la veille. Ce dernier se trouvait à une dizaine de mètres de moi. A proximité, des chenapans jouaient au rugball. Quand, brusquement, une voix m'a interpellée dans mon dos : « Nathanÿel ? », a t-elle dit.

J'ai sursauté. Mon cœur s'est emballé. Et j'ai pivoté vers elle. Interdit, j'ai croisé le regard de Maître Anthelme. J'ai immédiatement délaissé mes « Misérables », et ai renoncé à m'asseoir. La figure aimable, Maître Anthelme s’est tranquillement avan. Tout en s'approchant, il a brièvement observé les bandes de gamins limitrophes. Il a terminé son trajet. Il s'est arrêté à ma hauteur. Et il m'a demandé : « Alors, comment vas-tu depuis hier ?

- Rien de neuf, j'en ai peur. », lui ai-je répondu. « Comme je vous l'ai annoncé hier, après avoir révisé Mon Elfÿen, j'ai dîné en visionnant des dessins-animés à la télévision. Le téléphone a sonné jusque vers vingt-deux heures, mais je n'ai pas répondu. Vers vingt-deux heures trente, j'ai rallié ma chambre. J'ai revêtu mes habits nocturnes. Je me suis allongé sur mon matelas. J'ai continué ma lecture des « Misérables » sur une quinzaine de pages. Et, finalement, j'ai éteint, puis je me suis endormi. Et vous ? ».

Une seconde, un silence embarrassé s'est imposé entre Maître Anthelme et moi. Maître Anthelme s'est tapoté la narine gauche. Son front s'est plissé, comme s'il réfléchissait intensément. Et il m'a déclaré :

« Je me suis efforcé de joindre ta mère. A de multiples occasions chez toi, naturellement, comme à son agence immobilière ou sur son portable. Sans succès, ainsi que tu l'a constaté ; vers vingt-deux heures, j'ai laissé tomber...

- Je vous avais prévenu. », lui ai-je répliqué mi-amusé, mi-indigné.

- ...C'est vrai ! Tu m'avais prévenu. Et je n'ai pas pris en compte tes avertissements. ». Maître Anthelme m'a gravement pressé le bras. « Je ne vais pas me résigner pour autant. Déjà, ce matin, avant de m'absenter de mon domicile, j'ai démarché ta mère plusieurs fois. Et ici, entre deux leçons, j'ai systématiquement récidivé ; en vain jusqu’à présent

- aborder ma mère n'est pas des plus simples, j'en conviens. », ai-je lancé. Je présume que mon ton a été teinté de déception et d'amertume, car il a aussitôt enchaîné : « Toutefois, je ne m'avoue pas vaincu. Je persisterai tant que je n'aurai pas eu de discussion sérieuse avec elle. Que ce soit aujourd'hui, demain, après-demain, la semaine prochaine, il est impératif que je la consulte.

- Pourquoi ? Votre conversation ne peut pas être différée ? Qu'avez-vous de si urgent à lui dire ? », l'ai-je prié, tout à coup inquiet.

Imaginant le pire, de la sueur s'est mise à dégouliner de ma nuque. Un frisson glacé a circulé le long de ma colonne vertébrale. Des larmes d'appréhension ont jailli de mes yeux. Et des images menaçantes ont afflué aux confins de ma pensée. Mais Maître Anthelme m'a rassuré : « N'aie pas peur. J'ai à lui poser des questions qui ne vont certainement pas lui plaire. Des questions qui n'ont qu'un seul objectif : comment faire pour que tu intègre la Citadelle Tellurique dans les meilleures conditions. »

Soucieux, bien que relativement soulagé, j'ai insisté : « Vraiment ?

- En fait... », m'a t-il signifié. « …, hier soir, je me suis aussi entretenu avec un ami qui habite la Citadelle Tellurique. Je lui ai détaillé notre rencontre. Je lui ai relaté l'entretien que nous avons eu. Les répercussions que ton Don a eu sur moi au cours de celle-ci. A quel point ce denier a infecté l'esprit de tes parents. Je lui ai spécifié le genre de brimades dont tu es l'objet. Que ton père et ta mère ne se préoccupent que peu de toi ; qu'ils te laissent chaque soir seul. Et je lui suggéré que tu serai plus à ta place parmi les Novices d'une Citadelle Tellurique. Je te concède qu'il m'a fallu déployer beaucoup d'efforts pour le convaincre. J'ai dû batailler ferme, et engager mon honorabilité d'Inÿtié pour qu'il accepte d'aviser ses supérieurs de ton existence. Et pour qu'il se renseigne auprès d'eux pour savoir si tu es apte - malgré ton jeune age – à être admis à la Prime Session de Septembre prochain.

Elÿn, puisque tel est son nom, m'a affirmé qu'il allait faire le nécessaire. Qu'il allait essayer d'expliquer ton cas au Postulant en charge du recrutement des futurs Novices. Il m'a attesté qu'il me donnerait de ses nouvelles dans une à deux semaines. Mais, il m'a aussi instruit que cette requête risquait de ne pas aboutir. Que je – que tu – ne devais pas en espérer de miracle. Il semble qu'Aelÿs – le Postulant concerné - n'apprécie pas cette sorte d'initiative. »

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