Trop tard ?

Aujourd'hui, je voudrais parler que quelque chose qui m'a énormément choqué : hier soir, vers 20h30, alors que j'étais sur le point d'éteindre mon ordinateur après avoir consulté mes derniers mails, et répondu aux derniers messages et commentaires concernant mes textes sur Facebook, s'est déroulé un événement qui m'a profondément marqué. Au point que celui-ci n'a pas cessé de tourner et de retourner dans ma tète toute la nuit.

Non pas que j'en sois traumatisé, il ne faut pas exagérer. Je suis solide. Mais il n'est pas anodin non plus, et confirme mes sentiments exprimés dans mon texte d'hier soir intitulé « la Boite de Pandore ».

Je ne sais pas si le lecteur ou la lectrice qui suit ces lignes l'a parcouru. Mais j'y parlais de mon inquiétude vis à vis de la montée du Front National pour les prochaines échéances électorales ; et encore davantage, pour les présidentielles suivantes qui risquent, à mon avis, de s'apparenter à un véritable cataclysme politique semblable à celui que l'on a connu le 21 Avril 2002 ; malheureusement. En pire, je le crains.

Bref !!! J'étais en train de discuter de ces différents aspects avec un ami en « MP », et allais bientôt le quitter pour aller dîner, regarder un moment la télévision, avant de lire allongé sur mon lit jusqu’à une heure du matin environ – comme c'est le cas quotidiennement ; en ce moment, je dévore « l'Arcane de Épées », de Tad Williams, qui est un auteur de Fantasy que je ne connaissais pas, et qui me plaît beaucoup. Lorsque, soudain, j'ai été interpellé par une, deux, puis trois personnes, qui venaient de lire « la Boite de Pandore ». Elles n'étaient pas heureuses des propos que j'y tenais à l'encontre du Front National. M'ont demandé de quoi je me mêlais, que le Nazisme – puisque j'y ai fait référence – n'étais pas l'Extrème-Droite mais de Gauche. Que durant la Seconde Guerre Mondiale, beaucoup de gens de Gauche étaient des collaborateurs, etc.

Evidemment, je connais intimement les événements de cette période de l'Histoire de France pour les avoir longuement étudié à une époque de ma vie. Actuellement, et ceux et celles qui me suivent régulièrement le savent, je suis en train de rédiger un long exposé dont le titre est « les Origines Occultes du Nazisme ». Pour le moment, j'en ai écrit une trentaine de pages, et le texte, au final, devrait certainement faire, au minimum, une centaine de pages. Tandis que j'inscris ces mots, les dizaines de pages de notes dont j'ai besoin pour l'enrichir se trouvent à coté de moi. Et ces jours-ci, je me penche en particulier sur les années 1918 – 1920, qui voient l'émergence des idées antisémites, xénophobes, revanchardes, ultranationalistes, d'Hitler et de ses premiers comparses ; ainsi que de ses fréquentations douteuses auprès de groupes d'Esotéristes de pacotille, de soi-disant mages, de théoriciens du mythe de l'Aryen, j'en passe. On ne peux donc pas dire que c'est un sujet que ne maîtrise pas. Ce qui m'amène à répéter ce que j'ai évoqué dans ma « Boite de Pandore » d'hier : oui, il y a des similitudes, certains aspects – pas tous, mais quelques uns -, qui rapprochent le Front National d'aujourd'hui à l'idéologie de l’Hitlérisme d'hier.

Et j'étais en train d'essayer de commencer à argumenter à ce propos avec ces trois individus qui m'avaient pris à parti, lorsqu'ils se sont mis à m'insulter. Avec virulence, ils m'ont empêché de m'exprimer. Ils m'ont menacé ; ils m'ont traité de tous les noms. Lorsque j'ai tenté de leur démontrer pourquoi le NSDAP n'était pas un parti de Gauche, ils n'ont pas manqué de traiter de pseudo-intellectuel. Ils m'ont demandé si j'étais Historien. Je leur ai avoué que c'est exact, et qu'en ce moment même, c'était un sujet sur lequel je me penchais en détails. Plus l'échange s'est éternisé, plus leurs paroles ont été teintées de violence, de haine, de ressentiments, de mépris. Je ne doute pas que si je m'étais trouvé devant eux concrètement, ils m'auraient molesté physiquement. Et que je n'en serai sûrement ressorti indemne.

Cependant, je leur ai tout de même dit qu'ils ne m'impressionnaient pas, qu'ils ne me faisaient pas peur. Certes, j'étais choqué. Comment pourrais-je le nier ? Mais la violence, qu'elle soit verbale ou physique, ne m'a jamais muselé ou vaincu. J'en ai déjà vu d'autres au cours de mon existence, et des expériences bien pires que celle-ci. Au demeurant, en parallèle, j'étais en pleine discussion dans un autre groupe avec un ami ; cette dernière a permis de détourner mon attention. Ce n'est donc que rétrospectivement que j'ai réalisé la portée de leurs propos vindicatifs et dénués de raison. Et j'avoue que, lorsque j'y ai repensé, ils m'ont donné froid dans le dos.

Car, quand j'y songe, ce sont vers des personnes telles que celles-ci que nos concitoyens se tournent pour mettre le sort de leur région, de notre pays éventuellement, entre leurs mains. Je n'ose imaginer ce que ce sera, si un jour ils sont portés au pouvoir, si, dès aujourd'hui, les militants du Front National se comportent comme de véritables animaux ; comme des bêtes à qui on a ôté bon sens ou intelligence. Quand je les ai quitté, en leur disant que s'ils souhaitaient continuer à vomir sur moi et mon texte, cela ne me faisait ni chaud ni froid, mais que leur comportement prouvait à quel point le Front National était un Parti dangereux, j'ai eu l'impression de laisser derrière moi un troupeau de bêtes sauvages ; des individus redevenus primitifs et barbares, incultes et inmaîtrisables. Et, non seulement, j'ai été inquiet pour l'avenir de notre pays, la France, de notre société, de notre démocratie, et de notre liberté. Mais, aussi, j'ai été malheureux de voir des personnes soit disant intelligentes, douées de raison et de bon sens, se transformer en monstres de haine et de violence incontrôlables. Comme le soulignait l'ami avec lequel je discutais en parallèle, j'ai le sentiment que nous arrivons au terme d'une page de notre Histoire ; que la Cinquième République vit ses dernières heures ; les plus sombres certainement. Que l'Europe va être entraînée dans la tourmente. Que la civilisation occidentale, telle que nous la connaissons et que nous l'aimons, est définitivement sur le déclin, puisqu'un peu partout sur le continent, des partis extrémistes tels que le Front National remportent de plus en plus de suffrages ; et qu'aux États-Unis, il ne fait aucun doute que les Républicains les plus intolérants ont des chances de remporter les prochaines élections. Et que, dans la foulée, cette « guerre de civilisation » avec les islamistes de Daesh que nous ne désirons pas, va résonner comme un coup de tonnerre lorsque l'Extrème-Droite et consort sera au pouvoir. Sans parler des changements climatiques désastreux qui se profilent à l'horizon, et qui ne vont qu’aggraver la situation.

Les seuls qui « tireront les marrons du feu », si je puis m'exprimer ainsi, ce sont les chinois, et les asiatiques de manière plus générale. Ce sont eux qui vont écrire la page suivante de l'Histoire de la civilisation humaine, à n'en pas douter, vu les circonstances ; vu l'impasse à l'intérieur de laquelle nous nous engouffrons parce que terrorisés, excédés, malheureux, incapables d'affronter les épreuves qui nous attendent. Parce que, en tant que personne, en tant que peuple, en tant que politiques, etc., nous ne voyons pas plus loin que les prochaines échéances électorales, que nous ne nous battons pas pour sauvegarder nos valeurs ; songeant davantage à ce qui relève de l'économie ou de l'individualisme, plutôt qu'à préserver notre laïcité, notre liberté, notre multiculturalisme, notre diversité culturelle, notre tolérance religieuse, nos droits. Bref, tout ce sur quoi s'est construit notre pays depuis 1789.

Comme d'autres, donc, j'ai été victime de ce fanatisme exacerbé hier soir. Et bien que ce que j'ai subi ne soit pas bien méchant, ne soit pas bien grave. Il est l'un des multiples symptômes annonçant des temps plus terribles encore…

Dominique