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Mes Univers
30 décembre 2015

Comprendre l'incompréhensible :

X1

Je conçois aisément, au vu de mes différents textes concernant mon existence passée, les épreuves et les blessures que j’y ai subi, que vous, lecteurs et lectrices qui me suivez plus ou moins quotidiennement, vous ne compreniez pas un certain nombre de choses : pourquoi je ne sors plus de mon univers ; pourquoi je ne vais plus à l’extérieur ; pourquoi je ne vais pas davantage à la rencontre des autres au sein de cette réalité, et plus particulièrement des femmes qui me plaisent ?

Je conçois également que vous pensiez que je m’aime pas ; ou pire, que je me déteste. A ce sujet, pour approfondir ce que je tente d’exposer ici, je dirai que ce n’est pas totalement vrai ; mais que ce n’est pas totalement faux non plus.

J’aime profondément l’homme doué de raison, d’intelligence, de savoir, de connaissances, de réflexions philosophiques, de passions dans des domaines aussi divers que variés, curieux, fasciné, enthousiaste vis-à-vis des multiples expériences, mystères, énigmes, recherches, débats, cheminements intérieurs, qui sont les miens. Je ne m’en lasse pas. Ils sont ma raison d’être, d’exister, de me battre, d’avancer, de progresser sur cette route qui ne me laisse jamais de repos ou de répit. J’aime les lectures dans lesquelles je me plonge avec fièvre ou sidération. J’aime mes investigations, mes découvertes, mes apprentissages spirituels ; ces sentiers sur lesquels ma conscience, mon âme, me conduisent, et m’ouvrent les portes d’horizons intellectuels infinis. D’horizons qui m’émerveillement, m’enrichissent, me permettent de grandir et de m’affirmer, de devenir celui que je suis en vérité. J’aime écrire, partager, retranscrire sur papier les imaginaires dont je suis le détenteur, les notions dont je suis instruit, les réflexions qui m’interpellent continuellement et que j’ai un besoin vital de décrire, de détailler, d’expliquer. Car, je suis convaincu que c’est en les échangeant avec ceux et celles qui les lisent, en conversant à leur sujet, en discutant de leur bien – ou mal – fondé, en les décortiquant, que j’offre aux autres ce qu’il y a de meilleur en moi. Mais aussi, que les commentaires qui me sont faits, les points de vue différents qui me sont donnés, sont l’un des moyens me permettant d’aller encore plus loin, de dépasser mes limites, et de sans cesse évoluer vers plus de sagesse et de sérénité.

Par contre, s’il y a un aspect de ma personne que je n’aime pas, que je hais parfois, que je maudis pour les souffrances, les déceptions, les incapacités auxquels il m’enchaine, c’est mon corps. Depuis que je suis enfant, il n’a été que source de douleur, de blessures, de solitudes, d’amertumes, de désespoir, de violences physiques ou psychologiques, de moqueries, de rejets. Il m’a humilié, il m’a échappé, il m’a fait endurer des maux que je ne souhaiterai pas, même à mon pire ennemi – si j’en avais un. Il m’a obligé à renoncer à beaucoup de choses que j’aurai aimé vivre, partager, qui m’auraient donné beaucoup de bonheur et rendu heureux. J’ai dû abandonner des rêves, des projets, des itinéraires de vie où j’aurai été à ma place, épanoui, serein, satisfait. Tout cela parce que les capacités de mon corps diminué par mon handicap, par mes crises de convulsions, par mes crises d’angoisse – plus tard -, par ma fragilité, les ont rendues impossible.

Longtemps, jusqu’à quelques années avant aujourd’hui, je me suis battu corps et âme contre cette fatalité. Mon éducation a été celle-ci : « Si on le veut, on le peut. ». J’ai déplacé des montagnes pour tenter d’accéder à ce qui m’étais refusé ; que ce soit en amour, en amitié, dans les domaines de l’emploi ou du handicap dont je suis affublé. On m’a toujours dit qu’il fallait sans cesse affronter ses difficultés, aussi dures, éprouvantes, monstrueuses, blessantes, soient-elles. Et je m’y suis employé. Au point qu’en 2002, au terme de trois années particulièrement épuisantes sur le plan professionnel, sentimental, etc., je me suis effondré. Je suis entré à l’hôpital durant plusieurs semaines pour y faire une cure de repos. Epuisé nerveusement, physiquement, moralement, psychiquement, j’avais usé mes capacités jusqu’à la corde. J’étais au bout du rouleau, et je ne parvenais plus à me relever. En fait, après avoir quitté l’hôpital, il m’a ensuite fallu entre un à deux ans pour remonter la pente ; à peu près. Cependant, à partir de ce moment-là, je n’ai plus jamais été le même. Mon petit frère était mort quelques années auparavant, et cela avait cassé un premier ressort en moi. Ces événements de l’année 2002 ont fini de m’achever. Et, depuis, je ne me suis plus jamais totalement relevé. Je suis en permanence « border line » émotionnellement, psychiquement.

Pour des raisons que je n’ai pas le désir d’exposer ici, mais qui vampirisent aujourd’hui ma vie quotidiennement, je suis en permanence aussi fatigué qu’à cette époque. Je suis sujet, pour cela, à des crises de stress, de peur, des sentiments d’abandon et de désespoir. Je ne parviens jamais à être en paix, serein, car chaque jour, un élément toujours inattendu, mais profondément déstabilisant, vient remettre mon besoin de tranquillité et de repos en cause. D’autant que j’habite dans une petite ville où il n’y a rien. Aucune         activité qui corresponde à mes attentes, à mes besoins, à mes rêves, à mes espoirs. J’y vis depuis douze ans maintenant. J’ai usé de tous les moyens à ma disposition pour essayer de rencontrer des personnes avec lesquelles sympathiser, partager amitiés, sorties, passions, centres d’intérêts. Rien n’y a fait. Et comme, du fait de mon handicap, je n’ai pas le droit de conduire – les médicaments que je prends ralentissent ma vigilance -, je ne peux me rendre dans la grande ville la plus proche, et qui est Cherbourg.

De fait, c’est pour toutes ces raisons, et quelques autres encore – que je ne sors pratiquement plus de chez moi. Que je vis pratiquement cloitré, seul, sans moyen de partager des moments amicaux avec des personnes que j’aimerai connaitre ; et encore moins, évidemment, de croiser cet amour qui me manque tant.

Car, et je le répète parce que c’est important : je suis usé jusqu’à la corde. Je suis fatigué, épuisé. Tout le temps à bout de nerfs. Tout le temps stressé, fragilisé, ma sensibilité exacerbée. Et le seul moyen dont je dispose pour ne pas me couper de l’extérieur est de partager, ici ou ailleurs, ces écrits auxquels je me consacre presque entièrement. Ils me permettent de m’échapper de cette prison à l’intérieur de laquelle je n’ai pas d’autre choix que de demeurer.

Je sais que cela peut paraitre incroyable ; d’autant que jadis, et les rares  personnes qui me connaissent ici de visu pourront le confirmer, j’étais quelqu’un qui sortait beaucoup. J’avais beaucoup d’activités extérieures ; j’allais en boite de nuit, j’allais chez des amis, j’organisai des séances de jeux de rôles chez moi ; je me rendais à d’autres situées aux quatre coins de Paris ou de Laval – lorsque j’y habitais. J’allais à des soirées philo, etc. Je faisais mes recherches historiques, mythologiques, philosophiques, ésotériques, à la Bibliothèque Nationale. Bref, j’étais très actif. J’ai également rencontré des jeunes femmes, que j’ai éperdument aimées, même si elles ne me l’ont que peu rendu. D’ailleurs, ces échecs sentimentaux répétés ont contribué à me détruire. Car vous ne pouvez certainement pas vous imaginer tout ce que j’ai fait par amour ; les montagnes que j’ai déplacé, les fortunes que j’ai dépensé, les voyages à l’autre bout du monde que j’ai effectué, pour l’amour de celle dont mon cœur était épris. L’énergie que j’ai déployé aussi, les sacrifices au niveau de ma santé, de mon mode de vie…

Voilà pourquoi si je vous dis que je suis à bout de forces, que je ne sais pas quelle solution trouver pour changer ce qui es, c’est que c’est la vérité. La seule échappatoire, le seul moyen de partager, d’échanger, de tendre la main vers les autres, c’est grâce à l’écriture que je l’ai. C’est parce que mon esprit, mes connaissances, mon savoir, mon intellectualité, mes lectures, bref tout ce que vous connaissez de moi ici, est tout ce qu’il me reste, que le peu de forces que j’ai demeure présent. Sinon, je suppose qu’il y a longtemps que tout, pour moi, serait terminé. C’est parce que ma spiritualité, mon âme, mon cœur, sont toujours bien vivants, que je suis là, et que j’espère toujours qu’un miracle apparaisse au sein de cet univers virtuel.

Parfois, je lance des perches à des jeunes femmes qui me plaisent, qui m’attirent, autant par leur esprit que par leur corps ou leur personnalité. Mais, jusqu’à présent, aucune n’a répondu à mes élans, à mes sentiments, à la lueur et l’espérance qu’elle faisait naitre en moi. Au pire, elle me répond qu’elle n’est pas disponible, ou qu’elle ne les partageait pas ; ou encore, que ce n’est pas ce qu’elle attendait de nos échanges. En écrivant ces mots, d’ailleurs, je me rends compte qu’hier, quand j’étais plus jeune et que, timidement, j’osais dépasser mes appréhensions pour aller vers une femme qui me plaisait ; ou aujourd’hui par le biais d’internet ; leurs mots à mon égard n’ont jamais varié. « Je t’aime bien, tu es gentil, intelligent, doux, ouvert, etc. Mais c’est non !!! ».

De fait, ce désir d’avoir le droit de sentir sa présence à mes côtés, de frôler ses lèvres du bout de mes doigts, de me perdre dans son regard, de parcourir tendrement son corps pour m’enivrer de chacune de ses courbes, de lui offrir tout ce que j’ai de plus beau, de plus passionné, en moi, disparait ; s’évanouit dans la nuit, la solitude, le silence, et la peur. Et m’oblige à poursuivre mon exil intérieur, et à m’enfermer davantage encore au sommet de ce donjon où tout n’est que livres, savoirs, recherches, questionnements.

Voilà pourquoi je suis ainsi. Pourquoi je suis perdu, défait, triste. Uniquement parce qu’au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’alternative. Mon handicap, les épreuves de la vie, m’ont mises à genoux. Aujourd’hui, elles pèsent tellement sur mes épaules, elles m’emprisonnent tellement, que ce n’est que par les capacités de mon cerveau, de mon intellect, de mon imaginaire, etc. que je peux exister. Ils sont mon ultime recours, les seuls qui demeurent, qui ne se sont jamais détournés de moi, qui m’ont trahi ou blessé. Ils sont désormais ce que je suis en réalité, ni plus, ni moins…  

Dominique            

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