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Mes Univers
10 août 2019

Cri de mourant :

X1

Il y a quelque chose en moi de brisé. Un vide incommensurable qui me dévore et me détruit jour après jour. Il y a des larmes de sang dont je ne peux pas me libérer.
 
Il y a des blessures qui ne se refermeront jamais ; des cicatrices qui ne s'effaceront jamais. Il y a des cris que nul n'entend jamais. Il y a des solitudes que personne ne peut combler. Il y a des projets, des rêves, des espoirs, qui ne se réaliseront jamais. Malgré mes efforts, malgré ma volonté poussée à l'extrême de ses possibilités et de ses capacités, malgré mon acharnement à tenter de broyer mes chaines, rien n'y fait. Je suis leur prisonnier, telle est ma destinée.
 
Nul ne désire me venir véritablement en aide. Ni ma famille, ni mes amis, ni mes connaissances, ni ceux et celles que j'aime plus que ma propre existence.
 
J'aurai beau leur montrer combien je tiens à eux ou à elles. J'aurai beau me dévouer corps et âme pour leur bonheur, pour leur sérénité, pour leur quiétude, pour leur tranquillité. J'aurai beau être, en toutes circonstances, à leurs cotés. Je ne suscite à leurs yeux qu'indifférence, que désinvolture, qu'insensibilité, que désintérêt. Ils ou elles m'oublient, me délaissent, me négligent, m'abandonnent, à chaque fois qu'ils ou elles en ont la possibilité.
 
Je n'inspire que dégout, que répugnance, que honte, que mépris. Je ne suis qu'une souillure, qu'un déshonneur, qu'une flétrissure, qu'un avilissement, dans leur vie. Je suis celui qui est instinctivement mis de coté. Celui qui est gentil, auquel on peut se confier, faire confiance, celui auprès duquel on peut se réfugier quand ça va mal, quand on est malheureux ou mortifié ; mais que l'on fuit aussitôt que l'épreuve, la tristesse, la souffrance, est passée. Celui qui est serviable, bienveillant, dévoué, attentionné, prévenant, mais avec lequel on ne souhaite à aucun prix contacter, respecter, s'afficher, côtoyer.
 
Je suis cette bête curieuse, cette anomalie de la normalité, cette créature que l'on observe de loin sans s'en approcher de peur d'être contaminé par son hétérogénéité. Je suis cet être maudit pour l'éternité. Je suis le réprouvé, le pestiféré, excommunié de ce qu'est l'Humanité. Je suis frappé d'interdit ; j'ai sur moi la marque des intouchables, des damnés. Je suis seul, entouré de silence et d'obscurité ; de rires moqueurs et de railleries liées à ses particularités.
 
Je suis sans cesse ridiculisé, bafoué, considéré comme un faible, comme quelqu'un de malléable, d'inconsistant, de négligeable. Je suis celui que l'on voit comme inférieur, dérisoire, pitoyable, limité. Je suis un mendiant de la considération, de l'estime, des égards auxquels tant de gens ont droit naturellement. Sans qu'ils aient besoin de supplier, de solliciter, de réclamer, pour cela. Et j'en crève progressivement.
 
Comme un chien, comme une créature immonde qui ne peut se débarrasser de cette image de lui-même et des autres qui lui a été imposée il y a longtemps. Il ne l'a pas désirée, il ne l'a pas cherchée. Il a toujours tenté qu'il était une personne qui n'était pas "ça". D'ailleurs, hier, comme aujourd'hui, comme demain, il soulève quotidiennement des montagnes pour s'en délester, Mais on la lui colle à nouveau dès qu'il essaye de s'en soulager. Comme un être infâme qu'il est pour jamais aux yeux du monde et de l'Humanité. Et, oui, il en crève, il en meurt, on le détruit, juste parce qu'il est qui il est...
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