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Mes Univers
16 janvier 2016

Ma vision de l'ego :

X1

Quand j’étais enfant, puis adolescent, certains faits qui ont fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui m’ont profondément marqué. Ceux-ci se sont ensuite poursuivis durant les premières années de ma vie d’adulte.

En effet, mes proches – et la quasi-totalité des membres de ma famille en particulier -, ont toujours considéré que leurs choix, leurs décisions, leurs pensées, leurs centres d’intérêts, leurs préoccupations, leurs activités, etc. étaient plus importantes, plus essentielles, que les miennes. Je n’avais pas à intervenir dans leurs arbitrages, dans leurs desseins ; y compris vis-à-vis de ceux qui me concernaient directement. « C’est pour ton bien. », me répétaient-t-ils dès que je faisais mine de me révolter ; ou lorsque je montrais d’une manière ou d’une autre que je n’étais pas d’accord avec eux et leurs initiatives. Il était exceptionnel que je sois écouté, et encore plus, que je sois entendu, ou que ma voix sois prise en compte lorsqu’il y avait des résolutions à édicter. Mes projets, ce qui me passionnait, ce qui était notable à mes yeux, ne l’était pas pour eux. Pire, c’était, selon eux – en tout cas, quand je repense à leur comportement à mon égard – insignifiant, négligeable ; ou au mieux, à s’en occuper en dernier.

Evidemment, je ne parle pas de la vie quotidienne, de la maladie, de mon handicap. Je parle de ce qui a forgé ma personnalité, ce qui a construit mon chemin de vie : je parle de mes centres d’intérêt, de mes passions, de ma vocation d’écrivain, de mon intellectualité, de mon extrême sensibilité vis-à-vis des épreuves éprouvantes auxquelles, de tout temps, j’ai été confronté. Je parle également de mes blessures sentimentales, de mes peurs face aux duretés de l’existence, des trahisons amicales, des moqueries, des rejets, dont j’ai été l’objet, et qui ont parsemé presque quotidiennement toutes ces années.

Mes proches sont dotés d’un ego démesuré. Cela vient sans doute de leur éducation, de leurs propres expériences de vie. Mais, pour eux, jamais on ne s’excuse. Il est extrêmement rare que l’on reconnaisse ses erreurs. Il est exceptionnel qu’on montre son affection, qu’on s’enquiert des souffrances et des difficultés de ceux et de celles qui les entourent. Mes proches m’ont appris depuis que je suis enfant, qu’il faut se débrouiller seul. Qu’ils ne sont pas là pour m’épauler moralement, mais plutôt pour me « donner des coups de pied au derrière » - c’est l’expression qu’ils emploient souvent -, pour me faire réagir et que je trouve les solutions à mes problèmes par moi-même. Mes blessures sentimentales ne les ont jamais concernés. Quand ils me voyaient pleurer, me lamenter, parce que mes sentiments étaient malmenés, ils me réprimandaient. Ils me disaient que cela ne regardait que moi, et qu’ils n’avaient pas à « subir mes états-d ‘âme » - encore une expression régulièrement employée par eux pour me remettre à ma place.

Mes écrits, mes passions pour les figurines, pour la recherche intellectuelle, pour les questions existentielles, pour la philosophie, etc. étaient des notions abstraites qui n’avaient aucun intérêt matériellement. Ce qui était vital à leurs yeux, c’est que cela ait une utilité au sein de la réalité de la vie quotidienne. C’est que cela m’assure un revenu, m’ouvre les portes d’un emploi rémunérateur.

Ma sœur, elle, tient un club hippique depuis des années. Elle a un compagnon, ainsi que deux enfants. Ils en sont fiers parce que c’est un emploi qui lui assure un revenu régulier. Elle n’a pas d’état-d ‘âme concernant les difficultés de son existence – et Dieu sait pourtant que c’est loin d’être simple pour elle -, elle ne s’interroge pas, elle ne montre pas ce qu’elle ressent, ni en bien, ni en mal, contrairement à moi. Elle endure en se concentrant sur des préoccupations uniquement terre-à-terre ; ce qui n’a jamais été mon cas. Et mes proches, les membres de ma famille, l’admirent, l’encensent, la respectent, l’écoutent, pour tout cela.

De mon côté, que ce soit aujourd’hui comme hier, mon emploi est concentré sur les choses de l’esprit. Ce que je fais concerne le savoir, la connaissance, l’intellectualité, la philosophie, la spiritualité, les questionnements existentiels. Je me répète, je le sais. Mais cette différence entre ma sœur et moi, entre le reste de ma famille et moi, est à la base du propos que je souhaite développer ici.

De fait, pour en revenir à ce que je disais tout à l’heure, on a toujours considéré que mes choix, mes préoccupations, mes désirs, mes projets, etc. étaient moins important que les leurs. Parfois pourtant, à diverses reprises, quand j’étais jeune puis ensuite, j’ai essayé de faire entendre ma voix. J’ai tenté de révéler ce que j’avais sur le cœur. J’ai tenté de m’affirmer. En vain : à ce moment-là, ma mère, mon père, ma sœur éventuellement, « m’engueulaient ». Leur ego enflait. Ils trouvaient les mots, les justifications auxquelles ils m’étaient impossibles de répondre, à moins de vouloir envenimer la situation.

Or, comme celle-ci était déjà tendue, électrique, le plus souvent, je n’allais pas plus loin dans mes revendications. Vaincu, blessé parfois, je me résignais à me taire. J’attendais que ceux et celles qui m’entouraient en aient terminé avec leurs discussions sans fin, avec les centres d’intérêts, les passions, les sujets divers et variés qui leur étaient propres. Je les écoutais, sans participer, m’endormant presque parfois. Quand je suivais ma scolarité, comme j’étais la proie de moqueries, de rejets, de regards en biais, de gestes insultants, là aussi, je me repliais sur moi-même.

Je n’osais que rarement braver mes proches, parce qu’ils m’impressionnaient, ils m’écrasaient de leur ego. Ils m’expliquaient sans cesse que je devais respecter mes proches, et en particulier mes ainés. Mon père, qui était fils unique, avait été élevé comme un roi dans sa jeunesse. En tant que pied noir et issu d’une famille de pieds noirs, il avait été considéré comme un demi-dieu sur Terre. Et il avait gardé cette façon de voir les choses par la suite. Il se voyait comme le meilleur, le plus intelligent, le plus cultivé, le plus intéressant. Longtemps, il m’a fait comprendre que je ne lui arriverai jamais à la cheville. A l’époque où je débutais dans le domaine de l’écriture, il me disait souvent que ce n’était pas de cette manière que je devais m’y prendre, que le thème que je choisissais était inintéressant, qu’il ne l’aurait pas rédigé de cette façon. Ma mère, de son coté, pensait que cette vocation ne me mènerait nulle part, qu’il aurait mieux valu que je me consacre à des activités davantage rémunératrices, que je devrais sortir pour me consacrer au sport, et notamment à l’équitation, comme le faisait ma sœur, car cela me ferait du bien pour mon handicap. Je n’avais pas mon mot à dire. Et j’en souffrais terriblement.    

Je devais donc systématiquement m’incliner devant leurs désirs et leurs volontés. Je devais leur faire plaisir parce qu’ils faisaient beaucoup pour moi.

Il est vrai que mes grands-parents nous achetaient beaucoup de jouets, beaucoup de vêtements. Leur plus grand plaisir était la nourriture. Ils dépensaient sans compter en victuailles de toutes sortes afin que les repas que nous partagions soient copieux, et composés de mets raffinés et chers autant que possible. Ils assimilaient l’argent dépensé pour nous comme autant de preuves d’amour, d’affection, de présence. Alors que souvent, ils se faisaient davantage plaisir qu’ils ne me faisaient plaisir. Alors que j’aurai préféré un livre, ils insistaient pour que ce soit un vêtement ou un aliment. Je m’inclinai alors souvent, afin de ne pas les décevoir. Heureusement, de temps en temps, je parvenais à avoir gain de cause.

Bref, tout ce temps, outre ce que j’ai déjà raconté à maintes reprises dans d’autres textes concernant ma vie passée, une notion a progressivement germé dans mon esprit. Je me suis rendu compte à quel point l’ego de certains pouvait maintenir une personne en état d’infériorisation. J’ai réalisé que l’ego était destructeur, capable d’humilier, de faire plier, de détruire, de déchirer quelqu’un. Et je me suis juré une chose : que jamais je ne me comporterais ainsi avec ceux et celles que j’aime – autant avec mes amis, mes amours, ou mes proches. Je me suis promis de rester dans l’ombre, dans le silence et la solitude, afin de ne pas les écraser de ma personnalité, par mes compétences, mon savoir, etc. Je savais que cela faisait trop mal de vivre ce genre de choses, que cela blessait aux tréfonds de son âme, de son cœur, et de sa chair. Et je me suis promis que jamais je ne me mettrais en avant au détriment de quiconque. Plutôt souffrir moi-même, plutôt me taire, que d’infliger cette humiliation parce qu’on se sent supérieur à son voisin. Du fait même que l’on existe et que l’on s’imagine que son avis, que ses décisions, que ses choix, que ses désirs, sont plus importants que ceux d’autrui.

Depuis, quoiqu’il m’en coute, je me tiens donc à ce précepte. Jamais je ne me mets en avant. Jamais je ne me fais gloire de ce que je sais, de qui je suis. Jamais je ne m’imposerai, ni en amour, ni en amitié. Jamais je n’irai vers quelqu’un de mon plein gré, de peur de l’embêter, de le gêner. Jamais je ne tenterai de conquérir le cœur d’une femme qui m’attire et qui me plait, sauf si elle me fait comprendre qu’elle désire la même chose de moi que ce que j’éprouve pour elle. Parce que j’estime que son bonheur, son épanouissement, ce qui est important pour elle, est aussi important que mes rêves, mes espoirs, mes ambitions. Parce que j’aime ces personnes – autant sentimentalement qu’amicalement -, parce que je les respecte, parce que je les honore, parce qu’elles sont importantes pour moi, je dois mettre mon ego en sommeil. Ce que je suis, ce que j’ai, a autant de valeur que ce que ces personnes ont ou sont. Je ne leur suis pas supérieur. Et dans ce cas, je ne tape pas du point sur la table pour crier « je veux », pour crier « écoutez-moi » ou « regardez-moi, j’ai des choses à dire ; mon opinion est importante. ».

Evidemment, ceux et celles qui désirent me demander mon avis sont les bienvenus, et dans ce cas, je le partage avec plaisir. Evidemment, ceux et celles qui me demandent conseil, qui me questionnent sur ce que je sais, sur ce que j’ai lu, sur ce que j’ai vu, sur mes expériences, sont les bienvenus également. Et je suis là pour les épauler, pour leur expliquer ce que je sais, ce que j’ai lu ou vu, ce que j’ai vécu. Les textes que je propose ici ou ailleurs, je les partage volontiers. Après, ce sont ceux et celles qui s’y attardent qui choisissent de les creuser ou pas ; qui choisissent de venir vers moi ou pas ; qui choisissent de d’aller au-delà des mots que je dévoile ou pas. Jamais je ne m’imposerai.

Hier, une amie chère à mon cœur m’a dit que je me sacrifiais, et qu’ainsi je la culpabilisais d’agir ainsi. Si elle ne m’avait pas souligné ce qu’elle ressentait quant à cette attitude de ma part, jamais je n’y aurai songé. Car, pour lui répondre, et pour vous répondre à ce propos par la même occasion, jamais cette notion de sacrifice ne m’est venue à l’esprit. J’agis ainsi parce que j’aime trop ceux et celles qui m’entourent et que j’apprécie, pour imposer mes idées, mes capacités, mes envies, etc. Je choisis naturellement, sans arrière-pensée, de demeurer dans l’ombre afin de ne pas assombrir le bonheur et la joie de vivre de ceux et celles qui me sont chers. Evidemment, j’aimerais beaucoup partager cet épanouissement personnel, ce bonheur, cette envie de dévorer la vie, d’entreprendre, d’exister avec ceux et celles que mon cœur et mon âme ont choisi. Car chacune de ces personnes m’illumine, me donne envie de croquer la vie, de rire, de partager, d’échanger, de dialoguer, de creuser ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. Je les respecte, je les honore, je les apprécie. Mais ce que je sais aussi, c’est que je ne suis pas le centre du monde. Et que chacun ou chacune a d’autres préoccupations, d’autres urgences, d’autres centres d’intérêt, d’autres passions, etc. Je le comprends et l’accepte, c’est ainsi. Ils ou elles, me consacrent du temps lorsqu’ils le peuvent ou le veulent. Je ne suis pas à leur disposition. J’ai assez connu le fait qu’il faille être présent lorsqu’un proche claque des doigts, pour ne pas agir pareillement.

J’offre ce que je suis, tout simplement. Mon chemin de vie est loin d’être fini. J’ai encore tant de choses à vivre, à expérimenter. J’ai encore tant de gens à croiser, à connaitre, à aimer. Ce que j’ai vécu, même si c’est parfois cruel, terrible, blessant, humiliant, est une expérience que je n’oublierai jamais. Elle me permet d’en apprendre davantage sur moi-même et sur les autres. Parfois, je réussis à surmonter ces épreuves, parfois, elles restent ancrées en moi sans que je ne parvienne totalement à m’en détacher. Mais nous sommes tous ainsi : nous avons nos forces et nos faiblesses, nos capacités et nos incapacités, nos bonheurs et nos malheurs. Je ne suis pas plus heureux ou plus malheureux que quiconque. La seule différence, peut-être, est qu’à chaque fois que je ressens quelques choses, que je vis quelque chose qui me semble important – en bien ou en mal -, je le décris dans un récit, dans un exposé. Et souvent, je le partage ici ou ailleurs. Il y a des thèmes qui reviennent régulièrement, parce que ceux-ci font partie de ma personnalité, de mes schémas de pensée, de mes préoccupations, de mes questionnements. Après, chacun en fait ce qu’il veut. Car chacun est libre de leur accorder – de m’accorder – de l’importance, ou non. Et quelle que soit la place que j’ai dans le cœur de ceux et de celles qui me lisent, que j’aime, et qui comptent pour moi, ce qui est important, ce n’est pas la quantité de temps passé ensemble, c’est la qualité de ce que nous partageons durant ce laps de temps…

 

Dominique                            

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