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Mes Univers
23 février 2016

La violence

X1

J'écris ce petit texte en réaction au commentaire de l'une de mes lectrices qui a suivi les premières pages de mon autobiographie publiée hier sur mon mur et dans mes groupes personnels.

Dans ces premières pages, j'y décris le harcèlement moral, psychologique, et parfois physique, que j'ai subi durant mes années de collège et de lycée. Il est vrai que, d'une certaine manière, si j'ai si peu confiance en moi, en mes possibilités, en mes capacités, en mes forces, etc, cela vient partiellement de cette époque. Partiellement, parce que tout ce qui fait que je suis moi aujourd'hui, ne s'est pas constitué à ce moment-là. D'autres événements survenus ultérieurement m'ont également façonné en profondeur.

Mais là n'est pas mon propos. Cette lectrice m'a expliqué, dans son commentaire, que j'aurai dû employé la force afin de me faire respecter. Quitte à me battre physiquement contre cette bande de gamins qui s'en prenaient quotidiennement à moi. Qui se moquaient de mon handicap, de ma tâche de vin, de mon apparence. Qui profitaient du peu de confiance en moi pour me singer, pour me brutaliser, pour m'exploiter, pour m'humilier, pour me repousser ou me rejeter. Qui se gaussaient du fait que je me réfugiais dans mon coin avec mes livres durant toutes les récréations, plutôt que de jouer au football ou à chahuter de diverses manières.

Pour des raisons que les lecteurs et les lectrices de mon autobiographie découvriront beaucoup plus loin à l'intérieur de ses pages, je n'aime pas la violence. Je ne me suis qu'exceptionnellement laissé submerger par celle-ci. Peut-être, une ou deux fois au cours de mon existence. Dont une, à la fin de mes années de collège parce que j'étais usé de subir la vindicte de ces camarades de classe ; et qu'un jour, à force d'encaisser jour après jour, j'ai explosé. Et là, j'ai montré que, moi aussi, j'étais capable de renverser des tables, de montrer mes muscles afin de me faire respecter. Cependant ? Ce jour-là, j'étais à bout, et si je m'y suis adonné, c'est contraint et forcé ; parce que c'était devenu une question de survie mentale.

Malgré tout, cet épisode m'a profondément marqué, déboussolé. Et, ensuite, je me suis juré que plus jamais, je ne me laisserai par ce genre de méthode d'affirmation de soi. Parce que, quotidiennement, j'y étais confronté dans mes études et dans ma famille, d'une certaine manière – je le répète, j'y reviendrai en détails plus tard dans mon autobiographie -, j'ai progressivement réalisé que ce n'était pas la solution appropriée à la résolution de cette sorte de problèmes. Au contraire, y participer ne ferait qu'envenimer la situation, l'alimenter, jusqu’à ce qu'elle ne dégénère éventuellement de façon plus dramatique encore.

Evidemment, j'ai analysé depuis ces épisodes qui m'ont particulièrement traumatisé. A l'époque, ce n'est pas cela qui me préoccupait le plus. Non, ce qui m'a marqué, c'est la barbarie à laquelle était associée ce style de comportement. C'est l'inhumanité, ce sont les instincts les plus primaires et les plus bestiaux, auxquels ils se référaient : ces traits tordus par la fureur et la bêtise. Ces errements auxquels une foule – même de quelques individus – peut succomber et se laisser emporter. Souvent, dans ce genre de situation, j'avais le sentiment d'avoir en face de moi des hommes et des femmes – y compris plus tard, lorsque je suis devenu adulte et que j'y ai été confronté pour d'autres raisons – revenus à l'age de pierre ; laissant ressortir leurs impulsions les plus bestiales. Ce que notre espèce a de plus rudimentaire ; de plus primitive.

Et j'avoue que c'est cela qui m'a fait le plus peur, qui m'a le plus choqué. J'ai eu le sentiment que j'avais n moi quelque chose de sale, qui m'enlaidissait davantage que l'aspect physique peu avenant dont j'étais le réceptacle. Un profond malaise s'est emparé de moi. Et depuis lors, je n'ai plus regardé mes contemporains du même œil lorsqu'il se laissaient envahir par cet aspect de leur personnalité. Je me suis juré de ne plus me laisser entraîner à ce style d'attitude envers les gens que je pourrais croiser sur ma route, et avec lesquels j'aurais des différends. Je me suis promis de ne pas me laisser souiller, dégrader, par un comportement qui renvoyait à l'animal qui sommeille en chacun de nous. Je me suis juré de le bâillonner, de le ligoter. Qu'il ne me soumettrait pas, qu'il ne m'asservirait pas.

Mon humanité, ma conscience, mon intelligence, ma raison, toutes ces parcelles de mon être qui font de moi l'homme que je suis, en aucun cas, je ne veux qu'ils soient dégradés, déshonorés, par cette façon d'être. J'ai trop de respect, de considération, j'honore trop l'Humanité à laquelle j'appartiens, et qui est susceptible d'engendrer tant de beautés, de miracles dans des domaines aussi variés que la science, la philosophie, la technologie, la littérature, la connaissance, etc. pour me laisser appauvrir, insulter par cet état décadent , hideux et indigne. Pour moi, la violence conduit inévitablement à la haine, à l'intolérance, au désir de dominer et d'inférioriser l'autre. La violence entraîne la destruction de ce que j'ai de plus précieux, de plus beau, en moi. Elle pollue, elle souille mon esprit. Elle macule de noirs excréments le chemin de vie que j'ai choisi de suivre.

Je ne reviendrai pas non plus sur les différentes sortes de violences qui existent. Mais la plus intolérable, parce que je l'ai vécue de différentes manières, est celle dont les enfants sont les victimes. C'est aussi celle dont la femme qu'un homme subit. Quand je me remémore certains épisodes que j'ai été amené à constater de mes yeux, cela me révulse, cela me blesse au plus profond de moi-même.

Comment peut-on se conduire ainsi ; je le répète parce qu'à mes yeux c'est vital : nous ne sommes plus des animaux depuis des millions d'années. Et pourtant, combien se comportent comme tels régulièrement ; pour ne pas dire quotidiennement parfois. Sous l'emprise de l'alcool, de la drogue, de l'effet de groupe, de la peur de l'autre, de ce qu'il est, de ce qu'il représente, de sa différence, combien laisse déverser cette barbarie et cette monstruosité qui demeure en eux.

Jamais je ne les suivrai dans cette fois. Je ne l'ai pas fait lorsque j'étais enfant, je ne le ferai jamais en tant qu'adulte. Je préfère mille fois m'infliger les pires souffrances de la Terre, plutôt que de ressembler à des « individus » comme ceux-ci. Quelle honte, quelle misère humaine.

C'est intolérable, insupportable pour ma conscience, ma raison, mon humanité. Et ceux et celles qui se laissent aller à ce comportement, pour moi, n'ont pas de respect, ni pour eux-mêmes, ni pour les autres. Ils disent aimer une femme, un enfant, leurs ami(e)s, leur famille… Mais, pour moi, rien que d'envisager d'user de violence pour régler ses problèmes, y compris lorsqu'on est au fond du trou, seul, abandonné, perdu, qu'on ne voit aucune issue à nos difficultés, est une preuve de faiblesse. Cela montre que nos émotions, nos instincts primaires, sont plus fort que notre intelligence, ou notre raison. Or, à choisir entre mes instincts et mes émotions, et ma raison et mon intelligence, je pencherai à chaque fois en direction de la deuxième option. Toujours, et quels que soient les arguments que l'on me présente pour tenter de me faire adhérer à la première. Quel déshonneur, quel avilissement…

Voilà, ce que je voulais répondre à la personne qui m'a commenté que j'aurai dû me battre contre ces gamins qui me faisaient du mal. Non : je n'ai jamais voulu me rabaisser au niveau de leur infamie et de leur bêtise. En aucune façon, je n'ai voulu me montrer aussi décadent et stupide qu'eux. Une seule fois, je me suis laissé aller à leur ressembler. Je n'en suis pas fier. J'en ai honte même. Ce n'est pas moi, cela ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Que ceux et celles qui préfèrent cette solution de facilité, ça les regarde. Après-tout, chacun est libre de la façon dont il se voit, comment il se respecte et respecte les autres. Comment il honore ce qu'il est dans son cœur et dans son âme. Cependant, à mes yeux, je considère cette part d’Humanité qui me constitue comme le bien le plus enrichissant, le plus porteur d'espoir, le plus porteur de force, de ténacité, de projets, de rêves, que j'ai. Et je n'y renoncerai pas pour retomber à un état de barbarie, d'ignorance et de sauvagerie, auquel tant se laissent aller. J'espère que j'ai été assez clair sur ce point…

 

Dominique

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