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Mes Univers
14 mars 2016

autobiographie, pages 45 à 47 / 312

X1Or, ma grand-mère a toujours détesté le froid. Mes grands-parents ont, deux décennies durant, vécu en Afrique après la fin de la guerre. C'est à Dakar que ma mère est venu au monde. Ils y travaillaient pour une société de forage pétrolier ou gazier dont les puits étaient disséminés dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest. C'était alors la pleine période de la Décolonisation. Et, en tant qu'expatriés, ils y ont eu une vie très agréable : location de villa, employés de maisons, transports, voyages, aux frais de leur entreprise. Je suis convaincu – malgré qu'ils n'en parlaient pas énormément – qu'ils ont considéré cette vingtaine d'années comme un Age d'Or. Et je suis persuadé que c'est avec regret qu'ils sont revenus en France au milieu des années soixante.

 

Quand j'observe ma grand-mère à son insu - elle est encore vivante et loge avec ma mère depuis la mort de mon grand-père – elle a parfois les yeux vides. Je suis sûr qu'elle se remémore des épisodes heureux d'alors.

 

Les décades ultérieures, jusqu’à actuellement, ont connu de grands bouleversements, c'est vrai ! La société a changé, les mentalités aussi. La technologie s'est implantée en force dans la grande majorité des foyers français ou d'ailleurs. Les Trente Glorieuses sont révolues, et nous subissons désormais crises financières, crises écologiques, crises de l'Emploi, etc. Le « Temps des Colonies », pour reprendre le titre d'une chanson de Michel Sardou, n'est plus qu'un lointain souvenir. Et ma grand-mère est complètement perdue face à toutes ces métamorphoses. Elle se raccroche désespérément, ainsi que le font généralement toutes les personnes de son age, à cette ère insouciante et sans problèmes qu'était celle de sa jeunesse : trente ans où le plein emploi était une réalité, où la France possédait des territoires sur tous les continents, et où la population s'enrichissait aisément.

 

Ma grand-mère est une nostalgique de ses « Années Africaines ». Autant, j'ai l'impression que mon grand-père a souffert de son retour en France, mais a à peu près fini par réussir à tourner la page, autant ma grand-mère ne l'a pas réellement accepté. C'est pour cette raison – entre autres – qu'elle ne s'est pas véritablement attaché à notre domicile familial du Doubs. C'est pour ça que, parfois, telle une provocation ou une pique destinée à ma mère ou à ses petits-enfants, elle explique « qu'elle a l'intention de vendre cette habitation pour aller s'installer au Soleil. ».

 

Bien sûr, elle n'entreprendra pas une telle démarche. Elle sait combien ma mère, moi ou ma sœur y tenons. Malgré tout, ce sont des réflexions qui me blessent. Car c'est dans le cimetière du village ou est cette demeure que sont enterrés mes arrière grands-parents maternels ; c'est à dire les propres parents de ma grand-mère. C'est là qu'est inhumé mon grand-père ; son mari. Et, surtout, c'est là que repose mon benjamin, décédé après son accident de voiture le 25 Juillet 1998 ; soit une dizaine de jours après que la France ait remportée la coupe du monde de Football. J'aurai l'occasion d'y revenir en détails dans un prochain chapitre.

 

En tout état de cause, pour ma part, c'est dans le Doubs que j'ai vécu mes heures les plus heureuses. C'est là que nous nous retrouvions tous pour Noël. Mes arrière grands-parents maternels, mes grandes-parents maternels, mes grands-parents paternels, ou mes parents, étaient présents. J'en garde, évidemment, une vision floue et vague dans mon esprit. Heureusement que les films super-8 de mon grand-père, il y a quelques années, m'ont ravivé maintes réminiscences. Car, fervent admirateur de tout ce qui avait trait aux caméras et autres caméscopes, il s'amusait souvent à nous filmer. Ses premières pellicules remontent aux années soixante, lorsque lui, ma grand-mère et ma mère – alors encore jeune fille – étaient exilés à Dakar. Les plus proches évoquent leurs ultimes tribulations en Extrême-orient.

 

Celles que je me mémorise davantage, ce sont celles du début des années soixante-dix. Nous étions tous regroupés autour du sapin de Noël, que ce soit dans la salle à manger coté rue, ou dans le petit salon coté prairie. Dehors, le sol était couvert de neige. Les arbres étaient figés par le givre. Et des dizaines de paquets jonchaient le plancher à nos pieds. Je me remémore confusément un château fort et des soldats de plomb, une moto électrique, une grande grue, un robot d'environ un mètre de haut à l'effigie de Goldorak, un autre aux traits de D2-R2, l'un des héros de la saga de la Guerre des Étoiles. Comme je l'ai déjà spécifié précédemment, nous avons été extrêmement gâtés par mes grands-parents. Ils ont toujours fait tout leur possible afin de voir nos visages s'illuminer de bonheur.

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