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Mes Univers
21 juin 2016

autobiographie, pages 235 à 237 / 312

X1J’ai été mal à l’aise durant tout le temps où il m’a fallu patienter. Comme le jour où j’ai osé l’aborder, j’ai eu l’impression que le temps s’étirait interminablement. J’étais stressé, un nœud au ventre. J’avais des gouttes de sueur. Mes pensées s’entrechoquaient en moi. J’étais profondément malheureux de savoir que notre relation était sur le point de se conclure définitivement. Et qu’après ce qu’elle entendrait de ma bouche, elle se détournerait de moi. Qu’une fois encore, mes rêves allaient se briser face à une réalité implacable, destructrice, qui me précipiterait une fois encore plus bas que terre. Pour autant, désormais, je n’avais plus le droit de reculer. Si je l’aimais, je devais lui avouer la profondeur de mes sentiments. Et que si je tenais véritablement à elle, si elle comptait pour moi, plus que je ne savais l’exprimer, j’accepterai ce qu’elle me dirais, quoiqu’il arrive. Même si je devais souffrir, c’était à son bonheur avant tout, à sa joie, à ce qu’elle attendait de la vie, que je devais penser ; et non pas à moi, égoïstement.

 

Je n’ai d’ailleurs pas changé dans mes rapports avec les autres – et avec les femmes en particulier - ; je reste sincère, franc, passionné dans ce que j’éprouve, dans ce que je souhaite offrir à l’autre, sans retenue. Je m’en suis souvent mordu les doigts. J’en ai souvent souffert. Beaucoup de jeunes femmes que j’ai croisées par la suite ont été effrayées par mes élans passionnés, par mes mots démesurés. Elles n’ont pas accepté la force de ce qui m’animait. J’y reviendrais peut-être sans un texte ultérieur. Ces initiatives m’ont souvent condamnée au désespoir et à la solitude. Mais s’il y a une chose que je déteste particulièrement pour y avoir été confronté à cause de mon père très longtemps, c’est le mensonge et l’hypocrisie.

 

De fait, dès que nous nous sommes assis, j’ai pris mon courage à deux mains. Anéanti, démoralisé, déchiqueté, intérieurement, j’ai choisi mes mots avec soin. J’ai commencé à exposer ce que je ressentais pour elle en douceur. J’ai essayé d’arrondir les angles afin qu’elle ne soit pas choquée, afin qu’elle ne veuille pas me fuir ensuite. Car c’était ma hantise, mon cauchemar absolu. C’est ce que je craignais par-dessus tout. Et malgré mon audace, malgré le fait que ce que je lui dévoilais annonçait la fin d’un rêve, d’un espoir, je n’avais pas d’autre solution. Je savais que ce que j’accomplissais signifiait qu’une page se tournait définitivement. Je savais que je ne croiserais certainement plus jamais sur ma route une jeune femme de cette qualité, correspondant en tous points à ce que j’en attendais. Mais c’était ainsi, j’étais condamné d’avance ; je posais enfin ma tête sur le billet. Le couperet n’avait plus qu’à tomber.

 

Cette jeune femme a tout de suite réalisé à quels tourments j’étais soumis en lui dévoilant le fond de mes pensées et de mes sentiments. Elle m’a expliqué que j’avais eu beaucoup de courage pour lui décrire, par mes mots, même maladroitement, ce que je ressentais pour elle. Elle ne m’en a pas voulu. Au contraire, elle m’a chaleureusement souri. Mais, m’a-t-elle dévoilé, elle avait un homme dans sa vie depuis un certain temps. Il s’agissait du jeune homme que j’avais aperçu le jour où je l’avais abordé pour la première fois. Mais ils s’étaient mis en couple après cet événement. Elle m’a dit qu’elle m’aimait beaucoup, que mon amitié comptait beaucoup pour elle. Mais qu’elle ne pouvait m’offrir rien de plus.

 

J’ai acquiescé, et ai encaissé le choc. De toute manière, comme je m’attendais à des explications de ce genre, j’ai fait bonne figure. Evidemment, mon cœur était brisé. Intérieurement, je hurlais et pleurait toutes les larmes de mon corps. J’aurais voulu être enterré vivant sur l’instant afin de ne pas être submergé par la honte de l’avoir mise dans une telle position. Si je me rappelle bien, d’ailleurs, c’est peut-être après cet épisode, que je me suis enfoncé de plus en plus profondément dans le désespoir sentimental et la détestation de la personne que j’étais. C’est après ce dénouement que j’ai commencé à me lacérer les bras à l’aide de lames de rasoir. C’est aussi sûrement peu après que j’ai dévasté l’appartement du 19ème.

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