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Mes Univers
28 novembre 2016

Le 25 Juillet 1998, première partie :

X3Aujourd’hui, nous sommes environ une semaine après le 25 Juillet 1998. Ma famille et moi sommes réunis devant le caveau familial qui se trouve à l’angle du cimetière du petit village franc-comtois que nous connaissons si bien ; et depuis si longtemps. C’est là que, durant toute notre enfance, ma sœur, mon petit frère Aymeric, et moi, avons passé la plupart de nos grandes vacances ; ainsi que quelques-unes de nos vacances de Noel alors que nous étions encore enfants.

C’est dans ce village du Doubs que se situent nos racines les plus précieuses. C’est là que nous avons vécu les plus beaux moments de notre existence ; les plus sereins, les plus apaisés, les plus tranquilles, aussi. C’est là que nous avons pu – autant qu’il était possible – conserver notre innocence, un regard émerveillé sur le monde qui nous entourait. C’est là que j’ai toujours été en accord avec moi-même, où j’ai rédigé à la main quelques-unes des pages de mon premier grand texte intitulé « le Crépuscule des Demi-Dieux ». C’est là que, durant tout un été, j’ai dessiné, sur une douzaine de feuille de papier canson, la carte d’un univers imaginaire. Celui-ci était né des parties de jeux de rôles Advanced Donjons et Dragons que j’ai présidé alors que j’habitais l’appartement du 19e arrondissement de Paris, et que j’étais employé à la Bibliothèque de l’Arsenal. Mais, à une époque, j’ai éprouvé le besoin impérieux de le matérialiser sur feuille. Et le résultat en a été une carte de ce monde de Fantasy de deux mètres sur deux à peu près. C’est là, enfin, que j’ai passé des après-midi entiers à lire à l’ombre des arbres jouxtant la terrasse de briques prolongeant notre maison familiale. Dans le silence, le repos et la sécurité, plongée dans mes romans, relevant de temps en temps la tête pour contempler le ciel bleu et lumineux parsemé de quelques nuages blanchâtres. Au loin, les champs où se reposent des troupeaux de vaches s’étendant à perte de vue. Une demi-douzaine de maison s’étalant le long du chemin qui apparait au-dessus de chez nous.

C’est ce même chemin qui conduit au cimetière dans lequel nous sommes aujourd’hui.

Mais, aujourd’hui, je pleure toutes les larmes de mon corps. Je crois que, de toute ma vie, je n’ai jamais versé autant de larmes. J’ai le cœur en lambeaux, l’âme déchirée. Une parcelle de mon monde s’est écroulée il y a une semaine. Et depuis, le chagrin qui est le mien est inconsolable. J’ai l’impression qu’un morceau de moi-même est mort avec l’être que nous enterrons dans le caveau familial en ce tout début Aout 1998.

Bien-sûr, tout le monde est aussi dévasté que moi. L’ensemble de la famille, des amis, des proches, de tous ceux et de toutes celles qui, à une période donnée ont connu mon petit frère Aymeric sont présents. Il ne manque personne. Nous sommes donc une bonne cinquantaine, voire davantage, à nous presser autour du caveau pour lui dire au revoir. Chacun est animé d’un chagrin incommensurable.

Mais il n’y a que moi qui déverse autant de larmes, qui hurle presque de désespoir. Car, dans ma famille, lorsqu’une épreuve telle que celle-ci advient, il est de rigueur de ne pas montrer sa peine – ou peu – aux autres. C’est une question de dignité ; montrer que l’on souffre est considéré comme une faiblesse. Et on se doit d’être fort, d’endurer les coups du sort sans broncher, chez nous. Les signes de peur, de tristesse, de blessures, ne sont pas tolérés. Or, je suis le seul qui déroge – et qui a toujours dérogé – à cette maxime.

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