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16 janvier 2018

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 1009 à 1010 / 1803

X1C’est dans ce contexte que Luther reçoit une éducation chrétienne à Magdeburg, avant de poursuivre ses études à Eisenach, puis à l’université d’Erfurt. Son père, d’origine paysanne, travaille dans les mines puis dirige de petites forges. Il encourage son fils à devenir juriste. Les professeurs d’Erfurt estiment, en effet, que Martin est un élève doué, et ses compagnons l’apprécient, malgré ses accès de mélancolie. Or, un jour, pris dans un violent orage, Martin voit la mort de près, et la question de son salut, ou de sa damnation, s’impose brutalement à lui. Poussé moins par l’amour de Dieu et le désir d’une vie monacale que par la crainte obsédante du Jugement, il décide alors, au grand regret de sa famille, d’entrer chez les ermites augustins d’Erfurt, un Ordre exigeant et sévère.

 

Son ordination sacerdotale et sa vie d’étude semblent lui apporter un certain apaisement. Il est d’abord nommé sous-prieur au couvent de Wittenberg, puis, professeur d’exégèse biblique, mais il reste sujet à des crises d’angoisses, persuadé que ses exercices de piété ne suffisent pas à lui mériter la grâce. Il lui semble même que, loin d’être agréables à Dieu, ses dévotions et ses mortifications sont viciés par cette « laide immondice qu’est l’amour de soi même ». Seule la lecture de la Bible le réconforte et il s’attache aux passages relatifs à la justice divine, en particulier à l’Epître aux Romains.

 

C’est alors que frère Martin, réfugié dans la tour du couvent, comprend qu’il fait fausse route, qu’il doit d’abord aimer Dieu et son prochain, et que le repentir viendra ensuite. Sa méditation, pense t’il, doit être centrée sur le Christ, car la justice divine et le pardon des péchés s’accomplissent gratuitement, dans la sacrifice même du Christ. En effet, par la médiation du Fils de Dieu, le pardon et le salut sont donnés à l’homme sans contrepartie : il est alors sauvé par sa seule foi, et non par ses œuvres toujours entachées du péché. Libéré, Luther croit voir « s’ouvrir devant lui les portes du Paradis ». Une fois trouvée la réponse à son drame personnel, toute sa prédication se transforme. Le sujet en est à présent la faute, la déchéance foncière de l’homme, qui se croit damné, alors que le Christ est précisément venu sauver les damnés. Luther rejette désormais les dogmes, la théologie telle qu’elle est enseignée, pour en appeler à la relation personnelle avec Jésus-Christ et à l’abandon à la miséricorde de Dieu. Une telle prédication, chaleureuse, convaincante, touche le cœur des fidèles, car elle répond à leurs craintes et à leur soif de piété.

 

Et, lorsque Luther intervient publiquement en 1517, il ne souhaite pas révolutionner l’Eglise ; il désire simplement alerter les chrétiens qui se fient, pour leur salut, à de mauvais remèdes. Il désapprouve en effet les achats d’indulgences. « Il faut exhorter les chrétiens à entrer au ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix. ». Avant d’être placardées, les thèses sont adressées à diverses autorités et amis de frère Martin, en particulier à l’archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg. Luther souhaite avant tout un débat ouvert autour des problèmes qu’il soulève, sur les indulgences certes, mais également sur le péché originel, la confession, le libre arbitre, l’autorité pontificale. Les thèses, colportées à l’insu de leur auteur dans toute l’Allemagne, connaissent bientôt u prodigieux succès. Albert de Brandebourg les envoie à Rome, au théologien Cajetan. En 1518, Luther fait parvenir 97 « Justifications » au pape Léon X, avec une adresse respectueuse mais ferme. Le 7 Août, il reçoit une citation à comparaître à Rome. Appuyé par l’Electeur Frédéric III de Saxe – le « cas Luther » commence à prendre une dimension politique -, il refuse de s’y rendre car l’un de ses « juges » a publié un pamphlet contre lui. En revanche, il accepte de rencontrer Cajetan à Augsbourg. Au terme de quatre jours de débats, Luther durcit encore sa position, affirmant que l’infaillibilité de la Bible ne saurait être moindre que celle du pape. Il rédige alors un « Appel au pape », et espère qu’un concile va permettre de clarifier le débat. Le Saint-Siège, qui mesure toute la popularité du prêcheur augustin en Allemagne, souhaite une conciliation : si Luther cesse de polémiquer, l’Eglise se taira.

 

En fait, cet accord de 1519 n’est respecté ni par les uns ni par les autres. Plein de passion, Luther est décidé de défendre sa grande intuition, si forte qu’elle peut enfin éveiller les chrétiens à l’espérance. En 1520, à Leipzig, la discussion qui l’oppose à Eck, le vice-chancelier de l’université d’Ingolstadt, aboutit à la rupture. Le 15 Juin, la bulle « Exsurge Domine » du pape Léon X déclare hérétiques les propositions de Luther. Le 10 Décembre, Luther brûle publiquement la bulle. En Janvier 1521, il est excommunié et, le 26 Mai, il est mis au ban du Saint-Empire.

 

A suivre...

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