En attendant "Poutquoi en sommes-nous arrivés là" :

D'ores et déjà, et quelle que soit l'issue des manifestations des gilets jaunes du 1er Décembre à Paris et un peu partout en France, de celles à venir, quel que soit l'impact des interventions d'anarchistes de l'ultra-droite ou de l'ultra-gauche, quelle que soit l'influence de l'entrée en scène des "foulards rouges", un fait est certain : rien ne sera plus jamais comme avant.

Que le bras de fer entre les gilets jaunes et le gouvernement penche en faveur de l'un ou l'autre, la France reste désormais marquée pour longtemps à ce qui se produit sous nos yeux depuis plusieurs semaines. Le gouvernement peut "user" le mouvement en jouant la montre, les divisions internes aux gilets jaunes, cette victoire amère ne sera qu'un sursis. Les gilets jaunes peuvent obtenir gain de cause, rallier à leur revendications partis politiques, étudiants, retraités, syndicats, etc., la fracture entre le peuple "d'en bas" et nos élites politiques, industrielles, économiques, etc. est consommée.

Le peuple n'a plus confiance en ces élites. Pire, il ne veut plus d'elles. Et un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre, de quelque parti d'où ils soient issus - de l'extrême-droite à l'extrême-gauche ; puisqu'ils appartiennent au même système -, ce peuple tant de fois méprisé, humilié, portant à lui seul l'effort collectif exigé par les bouleversements de notre société en sursis, les chassera. Et les violences que nous connaissons actuellement ne seront rien à coté de la tempête à venir.

Pendant ce temps-là, nos élites continuent de faire semblant de croire que tout va bien. Elles continuent de penser qu'elles sont en mesure de combler, à coups de mesurettes sans réels effet sur les besoins du peuple, les fissures de ce système qui ne font que s'élargir ; de plus en plus béantes. Ces élites ne réalisent pas ce à quoi elles assistent.

Car, même si elles réussissent à stopper ce mouvement, il montre qu'un cap supplémentaire a été franchi. Un niveau supplémentaire sur l'échelle de la décomposition généralisée a été franchi. Tout ce que l'ultra-libéralisme, la vision selon laquelle les gens ne sont que des ajustements dont l'unique raison d'être est de consommer, et d'enrichir démesurément les actionnaires des multinationales qui les exploitent, est honni, détesté. Le peuple, un jour ou l'autre, renversera ce système qui ne fait que le stigmatiser.

Ce à quoi nous assistons depuis plusieurs semaines en France - mais qui n'est que le reflet de ce que nombre d'autres peuples ressentent dans leur chair un peu partout dans le monde - n'est que les prémisses d'un mouvement de fond que rien - et surtout pas les politiques - ne peut arrêter...