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Mes Univers
2 décembre 2018

1er Décembre 2018

X1Que dire de la folie qui s'est emparée de Paris hier ? A qui la faute ? Comment et pourquoi cela a t'il dégénéré à ce point ? Autant de questions, et bien d'autres, que se posent une grande majorité qui ont assisté, éberlués, à ces événements devant leur poste de téléviseur, parce qu'ils étaient sur place pour une raison ou pour une autre, ou qui y ont été confrontés alors qu'ils vaquaient à d'autres occupations.

 
Il est avéré désormais que la tension est à son comble, entre les Gilets Jaunes et le Gouvernement. Il est avéré que nombre de Gilets Jaunes qui étaient à Paris hier, n'ont rien à voir avec cette violence et cette haine qui s'y sont déchainés. Certains d'entre eux, malgré tout, poussés par la colère et le désespoir de ne pas être entendus, écoutés, pris en considération, se sont laissé aller à des débordements.
 
Je tiens à préciser tout de même que ces débordements auxquels ils se sont livrés, trouvent leur origine de l'intervention de casseurs professionnels - ultra-droite partisans d'un régime autoritaire en France, et provoquant ces scènes de chaos pour inciter nos Gouvernants à "mettre le peuple au pas" ; ultra-gauche présente pour provoquer l'anarchie et renverser un gouvernement honni et sans légitimité à ses yeux -, de blackblocks, ou autres. Ils étaient organisés, déterminés, avaient avec eux du matériel pour briser, détruire, voler, bruler, tout ce qui se trouvait sur leur passage - contrairement aux Gilets Jaunes.
 
Il était évident, dans ces conditions, et au vu de ce qui s'est déroulé dans la capitale la semaine dernière, que les événements ne pouvaient que dégénérer. Malgré le déploiement massif des forces de l'ordre sur les Champs-Élysées et aux abords des lieux de pouvoir les plus symboliques, il était évident que cela ne pouvait se terminer que de cette manière.
 
Qui aurait pu songer, par contre, que nous soyons les témoins de débordements tels qu'ils rappellent les émeutes ou les insurrections dont Paris a été le réceptacle en 1789, 1830, 1848, 1871, ou plus proche de nous, en 1968 ? Nul n'aurait pu l'envisager, c'est une évidence.
 
Ces images qui ont fait le tour du monde hier ne servent pas la cause des Gilets Jaunes, c'est un fait. D'autant qu'au fur et à mesure des jours, ce mouvement à tendance à s'effriter. D'un coté, beaucoup d'entre eux ne veulent pas de représentants afin d'entamer un dialogue avec l’état, en vue d'une sortie de crise. D'un autre coté, l’état joue la montre et le résultat de ces violences, pour discréditer le mouvement, retourner la population contre ceux-ci, afin de les faire plier. N’oublions pas que les fêtes de fin d'année approchent, et que beaucoup de français, de commerçants en particulier, comptent sur cette période. Pour beaucoup de petits commerçants, une grande part de leur chiffre d'affaire se situe durant cette période. Et ils ont le sentiment d'être pris en otage, alors que, paradoxalement, ils soutiennent le mouvement des Gilets Jaunes puisqu'ils sont confrontés aux mêmes difficultés qu'eux pour boucler leurs fins de mois.
 
Est-ce en mettant Paris à feu et à sang que cela résoudra cette crise sans précédent qui dévoile à quel point le fossé entre nos élites et le peuple est profond. Il se creuse depuis, au minimum, une trentaine d'années. L'écart entre les plus riches et les plus pauvres ne fait que croitre. Nos élites n'ont aucune conscience de ce que c'est qu'avoir du mal à joindre les deux bouts. Ils ne font pas vivre leurs familles avec un smic, en ayant des emplois précaires, en devant faire des dizaines de km en voitures pour se rendre sur leur lieu de travail, en étant mal logés, en ayant de plus en plus de charges incompressibles à payer, en ayant de petites retraites qui leur permettent tout juste de survivre.
 
A ce propos, j'ouvre une brève parenthèse : heureusement que des associations caritatives telles que les restos du cœur, Emmaüs, le Secours Catholiques, ou d'autres associations moins connues ou moins développées,existent. Elles pallient aux défaillances de l’État dans son rôle qui est de protéger, de soutenir, les plus modestes et les plus démunis lorsqu'ils ne savent plus vers qui se tourner lorsqu'ils n'ont plus rien. Ces associations sont alors leur dernier espoir. Car, si elles n'étaient pas en permanence sur le terrain, ce ne seraient pas des centaines de milliers, trois à cinq millions de gens vivant sous le seuil de pauvreté, délaissés, perdus, qui hurleraient leur colère et leur souffrance au travers du mouvement des Gilets Jaunes. Ils seraient énormément plus nombreux et plus vindicatifs que nous l'avons observé hier. Et là, je crois que l’État, nos institutions, n'y résisteraient pas.
 
Tout est parti de la hausse de la taxe sur le pétrole, afin de financer la transition écologique. Un geste pour l'environnement, afin d'amoindrir les effets du réchauffement climatique. Belle perspective à vrai dire, à l'horizon 2050 et au-delà. Ces changements civilisationnels de l’ère tout pétrole sont les bienvenus, nécessaires, vitaux même. Ils déterminent l'avenir de notre espèce, et plus largement, d'une grande part de la survie de la vie sur Terre;
 
Cependant, est-ce que notre pays, son peuple, à eux tout seuls, peuvent modifier cette perspective. Non, bien-sûr que non. Est ce n'est pas les taxes supplémentaires sur le gasoil prévues au 1er Janvier qui vont changer la donne. Ce n'est pas en achetant des voitures moins polluantes, en incitant des gens qui n'ont pas les moyens de prendre de nouveaux crédits pour s'en payer une, alors qu'ils ne parviennent déjà pas à finir leurs fins de mois, que cela sera possible. Il faut rappeler d'ailleurs, que si ces voitures sont polluantes, l'industrie, l'aviation, les transports pour nous ravitailler de l’extérieur de notre pays en denrées, en matériels, de toutes sortes, polluent autant, voire davantage. Hélas, ces gros pollueurs, eux, ne sont pas - ou peu - touchés par cette hausse des taxes.
 
Comment expliquer à quelqu'un qui souffre de ne pas pouvoir nourrir sa famille avec le maigre salaire, à quelqu'un qui est précaire, ou au chômage, qu'il doit faire un effort supplémentaire pour la planète, alors qu'il n'arrive pas à voir l'avenir au-delà de la fin du mois en cours. Si la violence - quand il se mêle aux casseurs professionnels de l'ultra-droite ou de l'ultra-gauche, qui ne sont là que pour en découdre avec la police, n'est pas la solution, on peut comprendre son ressentiment, son désespoir, sa peur.
 
Par ailleurs, la police, malgré les moyens déployés, n'était pas en capacité à faire face à cette violence. Déployée pour cadenasser les Champs-Élysées, pour protéger les principaux lieux de pouvoir, sans avoir les effectifs nécessaires pour juguler cette violence, elle ne pouvait être qu'impuissante, voire inefficace. Malgré toute sa bonne volonté pour protéger ce qu'elle pouvait, elle en a été incapable. Là aussi, comme pour toutes les prérogatives de l’État, à force d'en réduire les effectifs, de faire des couples dans les budgets qui lui sont alloués, à force de remettre en liberté les casseurs interpellés après les avoir mis en garde à vue, il n'est pas étonnant qu'elle ne puisse y faire face.
 
Plus grave encore : les deux premières manifestations sur Paris, n'ont pas débordé les violences en dehors de la capitale. Depuis hier, même en province, un peu partout en France, cette violence gagne du terrain. Cette haine de nos dirigeants de la part de certains des Gilets Jaunes, est la démonstration d'une radicalisation du mouvement. Malgré l'effritement de celui-ci, ceux qui restent sont ceux qui ont l'intention de ne pas renoncer.
 
Les français ne sont pas le peuple le plus malheureux du monde. Bien des pays sont dans des situations, économiques, politiques, sociales, militaires, plus dramatiques et plus désespérés que nous. Malgré ses défauts, notre démocratie, notre république, est le moins mauvais des systèmes. Et le droit de manifester, de montrer que l'on est pas d'accord prises par le gouvernement en place, est une liberté que d'autres n'ont pas. Est-ce à dire que la souffrance, le désespoir, la pauvreté, la colère, sont moins légitimes que pour d'autres causes. Je ne le pense pas. Quand quelqu'un souffre, comme le montrent les français actuellement, sa souffrance est aussi grande, insupportable, intolérable, dévastatrices. Ce n'est pas parce que des millions de gens sont dans la peine, dans la faim, dans la guerre, ailleurs, que les gens devraient taire leurs souffrances, leurs désespoirs, leurs impression d'être oubliés, maltraités, négligés, par ceux et celles qui nous dirigent. Un enfant, une famille, qui vit dans la rue, chez nous, a autant de valeur, qu'un enfant, qu'une famille, soumise a une dictature, à la guerre, ailleurs.
 
Mais ces deux familles sont soumises aux mêmes diktats de leurs dirigeants. Aux mêmes pressions financières, sociales, religieuses, économiques, à la même impuissance et au même désespoir, aux mêmes souffrances et aux mêmes peurs. Et ça, c'est de la responsabilité de ceux qui nous gouvernent, que ce soit en France, en Somalie, aux USA, en Ukraine, au Brésil, en Chine, etc.
 
Peut-on changer le monde ? Peut-on le rendre meilleur, plus humain ? Est ce que des soubresauts tels que celui que nous avons vécu hier à Paris, peuvent faire changer les choses ? L'Histoire a régulièrement - pas toujours, mais souvent - que lorsque nos gouvernants sont renversés, lorsqu'un système politique tombe, ils sont remplacés par d'autres dirigeants, par d'autres systèmes.
 
C'est ainsi que la Civilisation Humaine s'est toujours construite. C'est un fait incontestable et incontesté. Parce que c'est l'homme qui en est le vecteur. Et qu'en fonction des époques, des sociétés, des idéologies, des philosophies, des sciences, des économies, etc, sur lesquelles elle s'appuie, elle est à son image. Comme celle d'aujourd'hui où la mondialisation, la globalisation, l'individualisme, les bouleversements climatiques, l’ère du tout pétrole finissant, etc. engendre les raidissements actuels, la montée des extrêmes, la violence, la peur de l'autre. Et en même temps, une volonté d'en sortir pour renouer avec un humanisme, avec une prise en considération des nécessités et des besoins des uns et des autres.
 
Contradictoire, paradoxal, parfois impossible a mettre en œuvre. Oui, mais nous ne vivons pas dans monde parfait, et nous vivrons jamais. Le "meilleur des mondes" est enchainé à la "World Company". L'individualisme fait face à l'universalisme. Il en a toujours été ainsi, il est toujours ainsi, eil en sera toujours ainsi.
 
Car nous vivons tous sur la même planète, nous sommes tous des hommes, et que tant que tel sera le cas, l'espoir d'un monde meilleur pour tout le monde et pour chacun d'entre nous demeurera ; mais qu'il ne profitera jamais à tout le monde en même temps, et au même niveau de satisfaction ; qu'il y aura toujours des dominés et des dominateurs, que les dominés d'hier peuvent devenir les dominateurs de demain. Que le pouvoir, l'argent, changent de main, souvent, mais que l'homme, lui, n'apprends que rarement de ses erreurs passées, et que celles-ci ne le font que rarement évoluer. Ce n'est pas parce que son niveau de vie s'améliore, que l'homme change pour autant. La violence, l'entraide, individualisme ou la solidarité auxquelles nous avons assisté hier, sont là pour le démontrer une fois encore...
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