L'Empathie :

L'empathie envers les autres est l'une des plus belles des qualités humaines. Aimer l'autre quoiqu'il advienne. Être là pour lui ou pour elle en toutes circonstances. Jour comme nuit, malgré ses propres soucis, malgré sa propre fatigue, malgré ses peurs et ses incertitudes. A chaque fois que c'est nécessaire, malgré ses propres maux, malgré ses propres épreuves, malgré ses propres difficultés. A chaque fois que le besoin s'en fait sentir, être une oreille attentive, compréhensive, dotée de patience et de réconfort. Sans juger ou condamner, sans bousculer ou fragiliser, être présent ; être une épaule solide et solidaire sur laquelle l'autre peut s'appuyer avec confiance.

L'empathie, c'est sans cesse repousser les limites de l'impossible ou de l'infaisable ; ou du moins ce que l'on croit comme tels, alors qu'on en est capable. Capable d'être là ici et maintenant pour celui ou celle qui pleure, qui souffre, qui est seul, qui est blessé. Être là pour celui ou celle qui a faim ou qui a froid, qui se sent abandonné, isolé, perdu, déchiré. Être là pour celui ou celle qui n'a plus d'espoir, qui ne sait pas ou plus vers qui se tourner. Être là, que tout aille bien ou que tout aille mal ; que ce soit pour soi ou les gens de notre entourage ; c'est-à-dire ceux et celles qui, normalement, comptent avant les autres.

L'empathie, c'est ne pas dénigrer, c'est ne pas moquer, c'est ne pas oublier ; jamais !!! Car ceux et celles qui souffrent, qui ont besoin de la présence des hommes et des femmes susceptibles de leur donner un peu de joie et de bonheur - même temporairement - sont des personnes hypersensibles. Elles sentent lorsqu'on n'est pas sincères, honnêtes, respectueuses envers elles. Et si elles s'en rendent comptent, ce qu'elles éprouvent est encore plus dévastateur, terrifiant.

L'empathie, c'est aimer l'autre, tout simplement. C'est oublier son orgueil, sa fierté, son nombrilisme, ses certitudes envers celui ou celle qui n'est pas dans les normes. C'est se dire que l'autre peut être autant - voire plus - meurtri par l'existence que soi. C'est se dire que l'autre peut concevoir, éprouver, son chemin de vie différemment que soi. Et qu'il n'a pas de raison d'en avoir honte, de devoir se cacher, s'isoler, pour cela. Qu'il n'a pas à être regardé comme un intrus, un malade, un anormal, pour cela.

L'empathie se moque du regard que l'on porte sur celui ou celle qui a été mutilé ou écorché vif par les aléas de l'existence. L'empathie se moque du statut social, du métier, du lieu de naissance, de la religion, de l'argent, notamment. Ce qui lui importe par contre, c'est l'être humain dans toute sa complexité et sa diversité, avec ses paradoxes et ses ambiguïtés, avec son passé, son présent, et son avenir éventuellement.

Il faut faire preuve de courage et d'imagination pour avoir de l'empathie. Car c'est avant tout se mettre à la place de l'autre. C'est s'imaginer dans la même situation, avec le même ressenti, avec la même vision du monde et des gens, que celui ou celle auquel on fait face. L'empathie, c'est un travail sur soi. C'est se dire que l'on n'aimerait bien que l'on nous vienne en aide, qu'on nous écoute, qu'on nous appuie, si on était l'autre. Qu'un jour, de plus, l'autre, ce pourrait être nous, c'est évident.

Oui, l'empathie c'est tout cela, et bien davantage encore. C'est faire de cet égocentrisme, de cette superficialité et de cette éphémérité qui dévore le monde. C'est de réaliser que je ne suis pas plus important, plus honorable, plus respectable, que l'autre. C'est de comprendre que sans les autres, nous ne sommes rien. Que c'est parce que les autres sont là et qu'ils ont autant besoin de nous que nous avons besoin d'eux, que nous sommes qui nous sommes, véritablement. Et que c'est parce qu'il y en a tellement qui n'ont d'empathie pour personne, si ce n'est pour eux-mêmes ou pour leur entourage proche, qui ne tendent jamais la main à ceux ou celles qui en ont besoin - ou qui ne prennent jamais la main de ceux ou celles qui la tendent dans leur direction - que nous en sommes là où nous sommes actuellement...

Dominique Capo