Je ne comprends pas :

Je n'ai jamais compris, je ne comprends pas, et je ne comprendrais jamais comment et pourquoi l'Homme, qui est censé être la créature la plus intelligente de cette planète, n'est pas capable d'imaginer des solutions innovantes aux épreuves qui se présentent actuellement devant lui.

De tous temps jusqu'à présent, il a su, il a voulu, il a pu, bousculer ses a-priori, ses interdits, ses impossibilités ou ses incapacités, pour aller de l'avant. Il a osé défier les régimes en place. Il a osé s'élever contre les dogmes et les parti-pris. Il a osé renverser les privilèges obsolètes, les pouvoirs corrompus ou arriérés. Il a su briser le pouvoir de l'argent ou des puissants, des politiques ou des idéologues. Il n'a pas craint de risquer sa vie pour tenter de bâtir un monde meilleur ; que ce soit pour lui-même ou pour ses enfants. Il a combattu les totalitarismes de tous poils.

L'Homme est une créature qui s'adapte ou qui meurt. C'est une créature qui évolue avec son temps ou qui est condamnée à l'extinction. Les civilisations qu'il a engendré tout le long de son existence l'ont maintes fois prouvé : rien n'est figé, n'est établi définitivement. Il suffit d'un petit grain de sable, et toujours surgi de là où il ne l'attendait pas, pour tout remettre en question. Des empires, des nations, des religions, des convictions, des sociétés, se sont maintes effondrés parce qu'elle n'ont pas su, n'ont pas voulu, n'ont pas pu, réagir aux bouleversements auxquels ils étaient confrontés. Ou, alors, trop tard, éventuellement.

L'Homme est une créature intelligente ; il se croit même puissant et indispensable dans tous les domaines. Mais, s'il sait faire preuve de créativité, si ses avancées scientifiques, sociales, industrielles, économiques, etc. sont incontestables, il ne sait pas les mettre à profit. Ou alors, au profit du plus petit nombre et non du plus grand nombre. Et là se trouvent les limites de son intelligence, de sa créativité, et de sa capacité à progresser.

Parce que terrorisés à l'idée de remettre en cause ce qui est - comme ça a toujours été le cas au cours des siècles et des millénaires passés -, les membres de son espèce qui tiennent les rennes du pouvoir, n''ont pas la réactivité et l'inventivité nécessaires, afin de résoudre les problèmes qu'ils doivent affronter. Parce qu'ils sont terrorisés à l'idée de mécontenter certains, de faire des erreurs ou des fautes - mais qui n'en n'a jamais fait -, ils s'abstiennent de concevoir de grands projets. Ils regardent plutôt combien, à court terme, cela va couter à la collectivité, plutôt que de regarder les bénéfices que chacun(e) peut en tirer dans un an, dans dix ans, ou davantage encore.

De plus, l'Homme pense d'abord à son intérêt personnel, immédiat, et substantiel. Qu'il soit politique, économique, financier, social, industriel, que sais-je, c'est ce que ça peut lui rapporter demain qui compte. C'est son petit confort, ce sont les revenus qu'il peut en tirer tout de suite, qui compte plus que tout le reste. Et tant pis si l'ensemble de l'Humanité - et lui-même ou ses enfants par la même occasion - va en souffrir prochainement.

Par ailleurs, l'Homme privilégié, ce consommateur à outrance à l'origine de l'épuisement irrémédiable des ressources naturelles de notre planète, tente à tout prix de conserver ce qu'il a ; y compris au détriment de ses congénères. Y compris si pour cela, il doit les soumettre à l'esclavage,à la pénurie, à la pollution, à la mort. Y compris s'il doit leur faire la guerre, les détruire, ou détruire leur environnement - et le sien - pour sauvegarder ses privilèges. Alors qu'il sait pourtant déjà, dès aujourd'hui, qu'ils sont irrémédiablement et inévitablement condamnés.

Alors, oui, l'Homme, s'il est intelligent, n'est pas assez imaginatif pour envisager tout cela. Tout est dans l'instant, tout est dans l'éphémère et le superficiel. Ses mesquineries, son orgueil, son avidité, ou son consumérisme, sont à l'origine de sa décadence, de ses déficiences. Car ses préoccupations du moment n'ont aucun avenir. Sa médiocre créativité pour concevoir des demains possibles est à mille lieues des enjeux planétaires. Sa certitude dans l fait qu'il a le temps de voir venir le condamne très vite à un brutal retour à la réalité.

Alors qu'il devrait multiplier les initiatives pour modifier sa façon de se comporter vis-vis de la faune et de la flore, alors qu'il est de plus en plus fragilisé face aux bouleversements climatiques, sociaux, sanitaires, alimentaires, etc. qui pointent à l'horizon, il cherche à maintenir debout avec une rustine ce qui est en train de s'écrouler. Plutôt de construire quelque chose de plus solide, sur des bases assainies, il tente désespérément de résister à l'inéluctable.

Sa peur, toujours cette peur, primaire, primitive, qui l'anime. Ses instincts les plus barbares et les plus rétrogrades, au lieu de forcer son destin. Au lieu d'oser proposer et mettre en œuvre des solutions plus adéquates. Au lieu de se dire que c'est tous ensemble que nous allons y arriver, c'est du chacun pour soi. Au lieu de mettre de coté des différends ou des complications obsolètes ou désuets, il s'obstine à les faire perdurer, à les envenimer. Comme s'il désirait se concentrer sur eux pour ne pas avoir à faire face à ce qu'il doit absolument entreprendre afin d'éprouver l'urgence de la situation.

Et dire que si l'Homme le voulait vraiment, il pourrait balayer tout cela, et tout ce que je n'ai pas mentionné qui va dans le même sens, d'un revers de la main. Dire que s'il le désirait vraiment, son imagination serait capable de soulever des montagnes, serait capable de défier toutes ces difficultés, tous ces obstacles, afin de modeler relativement rapidement un autre Destin à l'espèce à laquelle il appartient.

Et bien que ma raison, mon intelligence, et mes connaissances, me donnent nombre d'explication, mes émotions, mon âme, mon coeur, mon intellect n'ont jamais compris, ne comprennent pas, et ne comprendront jamais comment et pourquoi l'Homme est réfractaire à toute initiative qui pourrait changer tout cela... 

Dominique