Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
21 novembre 2021

Qui-plus-est :

X1

Hier soir, avant d'attaquer l'un des derniers romans de Michael Conelly mettant en scène son héros emblématique qu'est Harry Bosch - pour la seconde fois accompagné par Renée Ballard - dans "Incendie nocturne", j'ai dévoré "Le Dernier Espadon". Il s'agit, bien-entendu, de l'aventure de Blake et Mortimer publiée cette semaine. Et il n'y a pas à dire, les successeurs d'Edgar P. Jacobs ont repris le flambeau avec maïstra.

 
Comme à l'accoutumée, la qualité du scénario est au rendez-vous. On y retrouve tous les codes de l'univers jacobsien. Avec Orlik, évidemment, l'éternel ennemi juré de nos deux héros. Les dessins sont à la hauteur de leur digne prédécesseur. De même que la plupart des opus ayant suivi la mort de Jacobs, cet album ne démérite pas, loin de là. J'ai pris grand plaisir à m'y plonger et à suivre les péripéties auxquels Blake et Mortimer sont confrontés tout le long des 64 planches du Dernier Espadon.
 
L'intrigue se situe quelques temps après la fin du Secret de l'Espadon. Et il est souvent fait référence à celui-ci. Moi qui suis amateur de bandes dessinées plus de décennies, j'essaye régulièrement d'alterner entre lecture des nouveautés qui me parviennent, et lecture des tonnes de romans qui patientent sagement à coté de mon lit. Et j'apprécie tout autant les classiques, Tintin, Astérix, ou Lucky Luke... comme les plus récents, tels Prométhée, Légende, Largo Winch...
 
Je n'ai jamais compté, mais ma collection de bandes dessinées doit dépasser le millier de volumes. Dans ce domaine, comme dans celui de la littérature ou du cinéma, mes étagères croulent sous les titres que j'y entasse. Ils y sont rangés par séries, par auteurs, par genre... Néanmoins, j'ai de moins en moins de place pour les y mettre. Car en matière de DVD ou de livres, celle-ci se restreint comme peau de chagrin. Et je ne parle même pas de mes figurines historiques de collection peintes à la main et éditées en série limitée, qui en constellent les rebords. Près de 4000 au dernier recensement. Des milliers de livres, dont j'ai dû transférer une partie dans la Sarthe, dans ma famille, pour dégager momentanément un peu d'espace. Entre 1000 et 2000 DVD que j'accumule également, entre longs métrages et documentaires historiques. D'ailleurs, j'attends la sortie de Dune, de Kaamelott, de Mourir peut attendre, etc. avec impatience pour les y répartir.
 
Que voulez-vous ? C'est mon seul luxe. Je ne sors pas de chez moi - ou pratiquement pas. La majorité de mon temps libre, en dehors de mes obligations diverses et variées, je le passe à écrire, à lire, ou à me documenter sur tel ou tel sujet d'actualité, historique, scientifique... Je visionne des films ou des séries le soir. Je lis ensuite jusqu'à une ou deux heures du matin.
 
Pour me taquiner, parfois, ma Maman me dit que je vis comme un ermite. Ce n'est pas tout à fait faux. Handicapé, je suis l'aidant de ma compagne atteinte d'une sclérose en plaques, et qui est plus diminuée que moi. Je ne peux m'absenter un instant de mon domicile, sinon, elle ne pourrait se débrouiller seule. Dans la ville ou nous habitons, je n'ai aucun ami, aucune relation. A part l'aide-ménagère et le kinésithérapeute qui fait faire des exercices à ma compagne, deux fois par semaine, je n'ai pas de contact avec l'extérieur.
 
Si je m'y soumets par obligation parce que je dois en permanence demeurer vigilant vis--vis de ma compagne et de symptomes fluctuants de sa sclérose en plaques, ce n'est pas une contrainte. Je ne me sens pas prisonnier ou malheureux de ne voir personne. Bien-sûr, parfois, cela me ferait plaisir. Cependant pour avoir tendu la main à quelques connaissances que je désirais apprendre à découvrir, à connaitre, et à apprécier davantage, ici ou ailleurs, j'ai compris que jamais je ne serai le bienvenu dans leur univers ; et que le mien ne les intéressait pas.
 
Dans la réalité "normale", l'intellectuel que je suis, préoccupé par des thèmes qui n'ont rien à voir avec le "métro-boulot-dodo" ou les activités auxquelles tout un chacun s'adonne habituellement, je suis plus une gène pour mes interlocuteurs(trices) qu'autre chose. Je les ennuie, je suscite le malaise ou l'embarras. Je n'aime pas le football, ou toute autre forme de sport. Les émissions que suit le plus grand nombre, je ne les regarde jamais. Le diktat de l'ascension sociale, de la rentabilité à tout prix, de l'image idéalisée de soi et des autres, ce n'est pas mon truc. La consommation à outrance, les blagues à deux balles, voir les femmes uniquement comme des objets sexuels dont on peut se servir pour son plaisir et jeter ensuite comme un déchet, très peu pour moi.
 
De fait, ma compagnie n'est pas souhaitée. Moi qui parle comme il écrit lorsque je traite un sujet en profondeur, en scrutant tous ses aspects, toutes ses facettes. Moi qui ne me contente pas des simplifications, des facilités, des rumeurs, des fake-news, des contre-vérités, pour alimenter ma réflexion et mon raisonnement pour tel ou tel thème de discussion. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la réalité "normale", je suis regardé comme un intrus, comme un empêcheur de se congratuler entre soi. Ça l'a toujours été ; et je pense qu'ul en sera ainsi jusqu'à la fin de mon existence.
 
Alors, en plus, que je sois handicapé, et victime d'une maladie orpheline ! J'ai tous les défauts du monde pour ceux et celles dont le seul but dans la vie est l'éphémère, le superficiel. Pour ceux et celles qui ne se sentent exister qu"au travers de l'image que les gens ont d'eux, qu'au travers du montant de leur salaire, qu'au travers de la belle maison, des belles fringues et des belles voitures qu'ils possèdent, qu'au travers de leur plastique magnifiée qu'ils exhibent.
 
Moi, tout ça, ça me laisse de marbre, ça m'indiffère. Oh, bien-sûr, j'apprécie les "belles" femmes. Je ne suis pas insensible à leur charme et à leur séduction. Mais, à mes yeux, leur plastique n'est qu'une porte pour essayer de voir au-delà. Discerner leur parcours, leur personnalité, leur projets, leurs centres d'intérets, leurs espoirs... Hélas, le fait que je chercher à découvrir ce qui se cache au-delà des apparences leur fait peur, les fait fuir. Le fait qu'elles me captivent, que je souhaite leur parler directement par téléphone, les rencontrer autour d'un verre, suscite leur incompréhension et leur suspicion.
 
Après tout, les gens qui s'expriment ici ne sont pas là pour profiter des possibilités infinies de ce réseau social afin de cotoyer d'autres gens. Ils ne sont pas là pour s'ouvrir aux autres, pour aller ves des gens qu'ils n'auraient pas pu croiser dans la vraie vie. Et ainsi, s'enrichir mutuellement humainement, émotionellement, spirituellement... Non, ces gens-là ne sont présents que pour s'exhiber, que pour alimenter leur ego ; comme une drogue.
 
Je vais à contre-courant de tout ça. C'est par mon esprit, avec ma raison, grace aux savoirs qui sont les miens et que je désire partager, que je m'exprime, que j'existe. De fait, un gouffre insondable me sépare de la grande majorité de ceux et celles qui sont préoccupés par un quotidien qui m'est totalement étranger. Mieux, par des absurdités, par une ignorance, par une grossiéreté, par un irrespect, par une violence... dans lesquels je ne me reconnais pas.
 
Dès lors, je vis dans la solitude. Je ne communique avec personne ; ou plutot, les personnes avec lesquelles j'aimerai communiquer, échanger, rencontrer, ne désirent pas communiquer avec moi. Dès lors, je demeure dans ma tour d'ivoire. Je vis comme un ermite, entouré de mes livres, de mes bandes dessinées, de mes DVD. Je m'instruis par tous les moyens qui sont à ma portée. Je réfléchis, je décortique, j'analyse, je retranscris avec mes mots les enseignements que j'en tire. Je poursuis, lentement mais régulièrement, la rédaction de mes Mémoires. Toutes ces expériences heureuses malheureuses, toutes ces joies et ces peines, tous ces bonheurs et ces malheurs, toutes ces rencontres avortées, toutes ces amitiés momentanées, tous ces amours qui ont été autant de blessures, et qui ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui. Ces rèves de cotoyer des personnes aux cotés desquelles j'avais envie d'être ; parce qu'être à leurs cotés m'aurait rendu heureux, serein, en paux avec moi-même et avec les autres.
 
Non, tout ça, ça n'a jamais été pour moi. Mes différences physique et intellectuelle, ma sensibilité extrème, ma franchise confinant à la sponténaité. Ma fragilité dans certains domaines qui est vu comme de la faiblesse, ma détermination dans d'autres qui est vue comme de l'intransigeance ou de la dureté. Je suis un être complexe, paradoxal, torturé parfois. Mais les gens qui sont ici, la plupart en tout cas, ça ne les émeut pas, ça ne les touche pas, ça ne les rend pas curieux. Ils ne sont là que pour se distraire, que pour avaler les insignifiances, les fadaises, les platitudes, qu'on leur distribue. Comment pourrais-je les atteindre, comment pourraient-ils me voir ou m'entendre, dans ces conditions ?
 
Donc, à l'écart de ces inepties, je vis en reclus, et finalement, à la fois heureux et malheureux de l'être. Heureux de ne pas être confronté à tant d'inhumanité, de violence, de stupidité. Malheureux de ne pas avoir la chance de partager avec mes semblables - et notamment ces femmes que j'aimerais apprendre à connaitre et apprécier amicalement -, tout ce dont j'a été privé depuis si longtemps. Toutefois, l'un dans l'autre, ça s'équilibre. Un équilibre précaire, toujours remis en question, toujours bousculé, toujours sur le fil du rasoir. Mais je ne peux y échapper.
 
C'est pour ça que je retourne immédiatement à la lecture d'Uncendie Nocturne, le dernier Michael Connelly dans lequel je suis plongé...
 
Dominique Capo
Publicité
Publicité
Commentaires
B
Bonjour <br /> <br /> J apprécié vos propos, bien que je ne’ visite votre blog que par à coups. Plusieurs semaines sans venir, et une vingtaine de de messages d un coup.<br /> <br /> Je suis étonnée, que vu les difficultés que vous affrontez vous ne puissiez obtenir quelques soutiens.<br /> <br /> La femme de ménage c est une chose mais<br /> <br /> <br /> <br /> . Quelqu un qui viendrait promener par exemple votre compagne en fauteuil roulant une fois tous les 15 jours, l emmènerait chez le coiffeur, faire un tour dans les magasins.....Ça la sortirait , et sans doute tisser un lien extérieur, dans un cadre de confiance la distrairait. La mairie , l assistante sociale devraient pouvoir vous octroyer deux trois heures hebdomadaires sans bourse délier. , Je ne me souviens-tu de l ampleur de la ville où vous résidez. D une ville à une autre, les possibilités varient énormément. Il existe aussi des associations .<br /> <br /> <br /> <br /> Votre compagne serait , dans un cadre de ce’ type pourrait elle même , en conversant, offrir des conseils, un soutient moral à d’autres personnes confrontées à des difficultés.<br /> <br /> Certes il faut être prudent, mais votre jugement vous permettra d éviter des personnes douteuses.<br /> <br /> <br /> <br /> Et vous vous pourriez ainsi vous accorder quelques promenades , visites d exposition, rendez-vous littéraire etc etc<br /> <br /> <br /> <br /> Naturellement je ne veux pas me mêler de votre vie privée, l abnégation c est beau et louable. Mais admettre que vous et votre compagne avez droit, comme tout citoyen aux possibilités diverses, qui s élargissent à notre époque.<br /> <br /> <br /> <br /> J espère que ces quelques lignes ne vous vexeront , ni ne vous peineront.<br /> <br /> Courage. La vie doit vous offrir a tous deux des parts de bonheur<br /> <br /> <br /> <br /> Pardonnez moi<br /> <br /> Bons vents
Répondre
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 658
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité