Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
9 décembre 2021

Nombreuses conséquences de ma lettre d'hier à ma référente Pôle Emploi :

X1

Si vous avez lu le double de la lettre que j'ai expédié par mail, et par courrier postal, à ma référente Pôle Emploi, je vous informe que celle-ci a abouti à ceci :
 
J'ai expédié cette lettre aux alentours de 12h50 en mentionnant "Urgent". Et j'ai reçu la réponse de ma référente vers 14h. Oh ! Sa réponse a été succincte. Elle m'a immédiatement retiré de cette session de formation d'aide à la recherche d'emploi. Elle a souligné le fait que laisser les personnes dont elle s'occupait du dossier œuvrer seules n'était pas dans sa façon de travailler. Et, elle m'a dit qu'elle allait transmettre ce dernier à l'une de ses collègues de "Cap Emploi", qui est l'une des extension de Pôle Emploi qui est habilitée dans l'aide de retour à l'emploi des personnes handicapées....
 
Sauf que... Il y a quelques années de cela, j'ai déjà été un temps en relation avec les référents de Cap Emploi. Durant un ou deux ans - je ne me souviens plus très bien la durée -, ces référents m'ont accompagnées dans ma recherche d'emploi. Au final, rien. Et encore, à l'époque, on n'avait pas découvert que ma compagne était atteinte de sclérose en plaques. Je n'avais pas autant de difficultés qu'aujourd'hui à me déplacer loin de mon domicile. Je n'étais pas aussi fragile qu'aujourd'hui en ce qui concerne ma santé, mon besoin de stabilité émotionnelle et ma nécessité d'avoir un quotidien évitant toutes formes de stress, d'angoisse, de pression.
 
Car, depuis, avec le rôle d'Aidant permanent auprès de ma compagne qui est le mien, tous ces aspects sont quotidiennement mit à mal. Fatigue physique et nerveuse, épreuves et difficultés chronophages et énergivores s'accumulent. Obstacles divers et variés que la vie ne manque pas de m'imposer m’empêchent souvent de penser à moi. Raison pour laquelle d'ailleurs, je mets autant de temps pour rédiger mes Mémoires, pour corriger les articles que je partage ici ou ailleurs, qu'il m'est impossible actuellement de condenser et de remanier la totalité des 600 pages qu'ils constituent afin de les transformer en livre publiable, comme certain(e)s me le suggèrent depuis des années.
 
Il m'est indispensable, voire vital, d'être dans ma bulle, pour écrire. Que rien ni quiconque ne vienne me déranger, m'interrompre, me distraire. J'use de toute ma concentration, de toute mon attention, de l'ensemble de mes facultés intellectuelles. Je fais appel à toutes mes ressources, à toutes mes connaissances, aux multitudes d'aspects que composent ma culture ; et Dieu sait qu'ils sont variés, hétéroclites, approfondis dans bien des domaines. Ça exige un effort considérable, énormément de ressources, de volonté, de régularité, d'application... que rien ne doit venir entamer ou bousculer.
 
C'est une gageure indispensable pour parvenir au terme de mes projets littéraires en cours ou à venir. Sauf que cette bulle qui m'est indispensable, nécessaire, vitale, et constamment remise en cause, remise en question, par les aléas auxquels je suis confronté. Que j'envie ces écrivains que leur entourage protège des vicissitudes de l'existence, des problèmes du quotidien, des soucis matériels, pour qu'ils puissent se concentrer avec sérénité sur leurs articles ou leurs livres. Je n'ai pas cette chance ; je ne l'ai jamais eue. Au contraire, on me rappelle sans cesse que les aléas de la vie priment. Et là, je ne parle pas des symptomes de la sclérose en plaques de ma compagne. Je parle de tout le reste, et qui vient polluer mon besoin de silence et de solitude afin de continuer à écrire.
 
Je ne suis pas le plus malheureux du monde ; je n'ai pas vécu les pires situations du monde, je l'affirme haut et fort. Ainsi, je n'ai jamais connu la guerre, je n'au jamais connu l'extrème pauvreté, la faim, la soif. J'ai de la famille, j'ai une compagne, je n'ai pas de problèmes financiers. Beauciyp diront que c'est déja énorme, et j'en suis conscient. Pour autant, pour en arriver là, il m'aura fallu fournir dix fois plus d'efforts que la plupart des gens du fait de mon handicap et de la maladie orpheline dont je suis atteint.
 
Et encore, tout ceci, je dois me battre tous les jours pour essayer d'en conserver l'essentiel. Tout ceci, des personnes, des événements, des épreuves - souvent surgies d'où je ne l'attends pas, d'où je suis le plus vulnérable - est attaqué. Un peu comme une forteresse que je devrais en permanence défendre, être vigilant du matin au soir, pour la protéger. De fait, plus le temps passe, plus la fragilité naturelle liée à ma différence, est exacerbée. Plus les événements ou les épreuves s'acharnent sur les aspects de ma vie ou je suis le plus sensivle, pour ne pas dire hypersensible, plus cette forteresse est ébranlée. Des pans entiers de celle-ci s'éfritent, s'écroulent, succombent au moindre assaut.
 
Je ne souhaite à personne le dixième de toutes les difficultés et malheurs auxquels j'ai été obligé de faire face. Seul ou presque, le plus souvent. Car être différent, dans une société comme la notre, est de moins en moins toléré. Tout le monde doit rentrer dans les petites cases que "norme" impose. Et si cette société n'y réussit pas, elle force, elle pousse, pour que ce soit le cas. Tant pis pour les dégats sur la personne qui est victime de ses diktats. Il faut que chacun(e) s'y plie. Sinon, il est exclu, rejeté, éliminé. S'il n'est pas rentable, s'il ne souscrit pas au modèle, il devient un paria. Je l'ai compris très tot, dès mon enfance.
 
Comme je l'ai dit hier à ma maman, quand j'ai travaillé à la Bibliothèque Nationale entre 1992 et 1995 en tant qu'Aide-Bibliothécaire, on se souciait encore d'adapter l'envoronnement et l'emploi au mieux de mes possibilités et de mes capacités. On m'a encouragé, lorsqu'en parallèle, je suis devenu historien-chercheur autodidacte et que j'y revenais après mes heures pour me plonger dans l'origine des civilisations, des religions, des mythes, et des légendes. Mes supérieurs, jusqu'au plus haut niveau de la Binliothèque Nationale, m'ont encouragé, m'ont ouvert des portes, quand je me rendais dans d'autres département pour approfondir mes investigations, pour étudier des thèmes annexes qui venaient s'y greffer.
 
Quand j'ai travaillé à l'Education Nationale, entre 1999 et 2002, la situation était toute différente. On m'a mis sur des postes inadaptés à mon état de santé. Pour mes supérieur, il n'y avait qu'une chose qui important, c'est que je fournisse autant que mes collègues, au même rythme, dans les mêmes conditions, que je sacrifie tout, y compris mon état de santé ou mes soirées, pour mon emploi. J'ai tenu trois ans, aux prix d'efforts allant au-delà de mes limites. Et mes supérieurs ont malgré tout jugé que je n'étais pas apte à l'emploi pour lequel j'avais passé un concours dévolu aux personnes handicapées. Ce point là n'a jamais été pris en compte ; il fallait que je sois au même niveau de rentabilité que les autres.
 
Alors, au bour de tois ans, lorsqu'on m'a appris que je n'étais pas titularisé, j'ai été victime d'un burn-out dont je ne me suis jamais totalement remis. Après une aphasie momentanée et une déliquessence fulgurante, deux cures de repos en hopital m'ont été nécessaires pour que je remonte un peu la pente. Mes parents m'ont rapatrié chez eux en urgence ; j'y suis resté deux ans afin de me remettre de cette période. Depuis, je suis doté d'une fragilité qui est exacerbée à chaque fois que des périodes de tension, ou une pression plus que je ne peux fournir, m'est demandée.
 
Et ce ne sont que deux exemples parmi la myriade d'autres auxquels j'ai été confronté. C'est pour ça, en partie, pour témoigner de tout cet itinéraire que je ne peux résumer ici en quelques lignes, que j'ai entrepris de rédiger mes Mémoires. De fait, oui, malgré que je ne sois pas le plus malheureux et le plus démuni du monde, j'ai vécu des choses face auxquelles énormément de personnes se seraient écroulées pour ne jamais se relever. Pour lesquelles, il y en a qui auraient mis fin à leurs jours pour en terminer avec leur calvaire. Pour lesquelles la plupart auraient gardé le souvenir marqué au fer rouge, au point que cela influe sur leur personnalité, sur leur espoirs, leurs rêves, leurs projets professionnels, familiaux, amicaux, relationnels, etc. à tout jamais.
 
Malheureusement, dans une société comme la notre aujourd'hui, qui est encore plus féroce, encore plus déshumanisée, encore plus individualiste, encore plus intransigeante, encore plus indifférente à ce qu'endurent des personnes qui ne rentrent pas dans les cases, c'est pire que lors des deux périodes que j'ai mentionné plus haut. Ces "en dehors des cases" sont coupables d'être différents ; ils sont inutiles parce que non rentables. Et il faut leur faire payer leur "différence" plus qu'ils ne peuvent l'endurer, le supporter. Aucun état d'âme. Même s'ils sont incapables de s'adapter à une société de plus en plus rigide, de plus en plus dogmatique, de plus en plus corporatiste, de plus en plus violente, on ne leur épargne rien. On les enfonce.
 
Moi qui ai longuement étudié la période nazie en Allemagne et durant la Seconde Guerre Mondiale, ce phénomène me rappelle un peu la façon dont le IIIe Reich se comportait avec les "anormaux". Il les éliminait. L'opération T4 à la veille du second conflit mondial, qui avait pour but de gazer les infirmes, les handicapés mentaux ou physiques, les anormaux, les homosexuels... parce qu'inutiles et grignotant les finances publiques, avait ce but. Aujourd'hui, on ne nous gaze plus ; c'est plus subtil. On les exclut, on s'en préoccupe pas, ou peu. Dans une société conformiste où tout le monde doit être beau, bien portant, jeune, et en bonne santé, ses membres les stigmatisent, les écartent, leur dénient relations sociales, amicales, professionnelles, amoureuses... parce qu'ils ne sont pas "comme eux".
 
Quand on y songe, c'est même plus pernicieux que sous le IIIe Reich. Au moins, à cette époque, les choses étaient claires. Les indésirables, on les éliminait. Aujourd'hui, l'hypocrisie, sous couvert de quelques lois ou de rares actions en leur faveur - mais insuffisantes ou dénuées de volonté politique réelle ; comme pour bien d'autres sujets de siciété -, règne. Le montant de l'AAH flirte avec le seuil de pauvreté. Ca oblige des handicapés ou malades incapables de travailler, de subvenir à leurs besoins. Alors, ceux-ci sont contraints de se démener pour trouver des solutions qui, de toutes façons, sont inadaptées à leur cas. Au risque d'aggraver encore plus leur état de santé, leur besoin de stabilité. Ca oblige ceux en capacité d'avoir un emploi, de pourvoir à des emplois inadaptés à leurs spécificités.
 
Et il devraient en être reconnaissants, heureux qu'on leur jette ces quelques miettes du haut de la table de ceux pour qui la vie n'est pas aussi compliquée que la leur.
 
Personnellement, j'ai la chance d'avoir une arme à ma disposition. Une arme que beaucoup d'autres n'ont pas le privilège d'avoir : mon talent d'écrivain. Mes mots, mes raisonnements, ma culture, mon esprit. Au fil des années et des décennies, je les ai affuté, je les ai ciselé, je les ai enrichi. Et aujourd'hui encore, je ne renonce pas. Je ne lâche rien. Je m'y épuise peut-être, mais c'est la seule arme efficace à laquelle je puisse prétendre.
 
C'est pour ça que je ne peux qu'aller très lentement, lorsque je tente de travailler sur mes Mémoires ou sur d'autres textes évoquant les sujets qui me sont chers et que je désire approfondir. Et il y en a tant. A chaque fois, une fois publiés ici, je m'aperçois que, parce que j'ai expéditivement relaté mes pensées ou mes expériences, mes raisonnements ou mes déductions, je n'en n'ai pas ôté toutes les coquilles. Je me rends compte que j'aurai pu mieux travailler certaines phrases pour en ôter les longueurs ou les fautes de frappe. Et ça me désole. Je suis un perfectionniste, lorsque j'écris. Je souhaite que chacun de mes textes soit condensé, agréable à lire, sans bavure. A tel point que, pour mes Mémoires, c'est la quatrième version des premiers chapitres que je termine en ce moment, avant de me lancer dans ce qui vient ensuite.
 
Pour autant, je ne peux m'y consacrer qu'éphémèrement. Parce que les difficultés, les épreuves, les obstacles entourant mon quotidien sont tels, que je suis souvent épuisé au moment où je pourrais, enfin me pencher dessus. Évidemment, s'occuper de ma compagne et des symptomes fluctuants de sa sclérose en plaques, entament régulièrement mon besoin de calme, de tranquillité, de sérénité ; nécessaires, vitaux même, pour être en capacité de me concentrer sur les mots, les phrases, les paragraphes, ou les pages, sur lesquelles je travaille. Tous les jours, d'une manière ou d'une autre, ces symptomes viennent me perturber, viennent me déstabiliser, viennent me torturer même.
 
Bien-entendu, ma compagne n'y est pour rien ; je ne lui en porte aucun grief, d'ailleurs. Elle les subit inévitablement davantage que moi, et en est très malheureuse. Moi, son compagnon, c'est mon rôle d'être présent à ses cotés, en toutes circonstances ; même si, parfois, c'est au prix de ma santé physique ou psychologique ; quand bien même celle-ci est-elle fragile ou que je sois épuisé, blessé, par tout ce que je vis. Je l'aime. Je suis prêt à tous les sacrifices, à tout endurer, pour son bien-être, pour qu'elle soit heureuse malgré les circonstances auxquelles elle est confrontée malgré elle. Ensemble, nous avons partagé des drames que je ne souhaite à personne, parce qu'on n'en ressort pas indemne. Et pour dire la vérité, ce sont eux, plus que sa maladie qui m'ont à ce point détruit.
 
Alors, lorsque des éléments extérieurs, comme cet épisode relatif à ma référente Pôle Emploi vient s'y ajouter, c'est plus que je ne peux endurer. Car, tout ce que je souhaite du plus profond de mon cœur et de mon âme, je le jure sur la tète de mon petit frère Aymeric décédé dans un accident de voiture le 25 Juillet 1998 à l'age de 18 ans - une épreuve supplémentaire que j'ai enduré presque seul -, c'est d'aspirer à cette tranquillité d'esprit, à cette paix intérieure, à cette sérénité, me permettant d'aller jusqu'au terme de mes projets littéraires. C'est de ne plus en permanence être soumis à ces souffrances, à ces peurs, à ces violences, à que toutes ces épreuves m'imposent régulièrement. M'imposent au point qu'elles réveillent en moi des douleurs, des blessures qu'il faut peu pour amplifier à force de les flageller.
 
Mais, dans un monde comme le notre, dans une société comme la notre, avec des personnes comme celles qui expriment ici ou ailleurs leur "normalité" comme si elle était remarquable, exceptionnelle, admirable, ou intéressante, je ne peux lutter. Face à leur nombrilisme, les mots que je prononce pour essayer d'éveiller leurs consciences, résonnent dans le vide. Mes tentatives d'insufler en eux une part d'humanité à l'encontre de ceux et celles qui n'ont pas le privilège d'être "normaux" - et encore, qu'est-ce que la "normalité" ; vaste débat - se perdent dans le néant.
 
Malgré tout, vaille que vaille, cette flamme éphémère, qui me voute si cher à entretenir, je me bats pour la faire briller aussi longtemps que possible... Quoi-qu-il m'en coute...
 
Dominique Capo
Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 614
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité