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Mes Univers
10 décembre 2022

Extrait de texte

Z1

...Bien-sûr, j'ai rencontré Vanessa, et ça fait dix-neuf ans que je l'aime. Jamais je ne la quitterais ; jamais je ne l'abandonnerais, jamais, je ne me détournerais d'elle. D'aucune façon et en aucune circonstances. Aucune situation, aucune personne, aucun événement, aucune tragédie, ne nous séparera l'un de l'autre. Vanessa est ce que j'ai de plus précieux au monde, et ce, malgré sa maladie, malgré son invalidité croissante. Notre vie de couple est constellée d'épreuves, de difficultés, d'obstacles, de souffrances. Et pourtant, jamais je ne renoncerai à elle. J'emploierai tous les moyens à ma disposition pour la rendre heureuse, pour lui offrir cette vie épanouie, calme, tranquille, sereine, à laquelle elle a le droit après avoir tant souffert, après avoir été si souvent mise à l'écart, oubliée, ignorée.

 

Comment pourrait-il en être autrement, alors que j'ai moi-même subi les mêmes outrages, les mêmes vexations, les mêmes humiliations, les mêmes rabaissements, tout le long de mon existence. Et j'imagine que vous savez pertinemment de quoi je parle, parce que vous-même, d'une manière différente, et pour des raisons différentes, vous en avez enduré de semblables.

 
Il faut être passé par tout ce par quoi nous sommes passés, vous, Vanessa, ou moi - ou tant d'autres comme nous -, pour comprendre à quel point tout ceci est destructeur pour l'âme, pour le cœur, ou pour le corps. Ce sont des blessures dont les cicatrices ne s'effacent jamais. On peut tenter de les oublier en s'investissant dans nos projets, dans nos emplois, dans nos relations amicales ou amoureuses, dans ce quotidien qui nous accapare et qui nous fait avancer. Et heureusement, d'ailleurs, sinon, la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécu. Si nous n'avions pas de rêves, pas d'espoirs, pas d'ambitions, pas de projets..., à quoi bon lutter.
 
Pour ma part, c'est par l'écrit, c'est par la recherche historique ou philosophique, c'est au travers de mes textes décryptant les aléas de l'actualité la plus chaude du moment, c'est en réfléchissant sur le devenir de notre civilisation et de l'Humanité, à bref, à moyen, ou à long terme, que je sais que j'ai quelque chose d'important, de fondamental, à apporter aux autres, et en particulier aux personnes que j'aime. De très rares sont conscientes et apprécient le labeur qui est le mien. Toute l'attention, toute la concentration, tous les raisonnements, toutes les richesses intellectuelles et humaines qui en découlent. L'immense majorité, pourtant, est trop ancrée dans son quotidien, dans ses préoccupations banales et conventionnelles, pour se rendre compte que ce que je tente de partager au travers de mes textes dépasse notre simple, notre "petite" vie "coincée" par ces "trivialités".
 
Je sais que ça peut paraitre dur, terrible, ce que je dis. Mais, s'il y a une chose que mon passage par la Bibliothèque Nationale, que mes investigations sur l'origine de la vie, sur l'origine de l'Humanité, sur l'Histoire de l'Evolution ou de la Civilisation, sur la genèse des Croyances ou des Religions, c'est que nous ne sommes que de minuscules grains de sables, au passage très bref, sur cette Terre.
Tout ce que nous faisons, individuellement ou collectivement, s'inscrit dans un gigantesque mouvement dont nous sommes les minuscules rouages. Alors, il y a des personnes qui estiment que c'est au travers de leurs activités quotidiennes, de leur métro-boulot-dodo - comme j'aime à l'appeler sans intention pernicieuse, bien que certains y voient une insulte qui n'en n'est pas -, qu'elles y contribuent. Et c'est vrai, elles en sont des rouages. En même temps, à mes yeux, ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas l'essentiel, le plus fondamental. Il y a des beautés, il y a des projets, il y a des espoirs, il y a des ambitions, il y a des objectifs qui nous concernent tous et toutes, et dont il est important de tenir compte dans nos comportements avec autrui, dans nos échanges, dans nos conversations, dans nos partages. A mes yeux, c'est là que se trouvent les véritables valeurs e l'Homme ; ce qui fait sa richesse et sa diversité ; ce qui fait que ce qui le caractérise en tant qu'être humain ne se limite pas à sa quotidienneté.
 
Je ne cesse de le répéter au travers de mes textes ; je ne le cesse de le clamer par tous les moyens à ma disposition. Et dans l'immense majorité des cas, on préfère que je me taise ou que je m'efface, parce que ce sont des notions que l'immense majorité des gens ne veulent ni comprendre ni intégrer. La simplicité, la facilité, et l'éphémère des relations imposent leurs diktats. Il suffit de s'apercevoir comment la plupart des gens réagissent lorsque, justement, je développe ces notions à longueur de textes, à longueur de lectures, à longueur de visionnages de documentaires ou de débats, à longueur de raisonnements et de réflexions sur tous les thèmes alimentant mon intellect. C'est comme si, tout à coup, leurs instincts les plus primitifs, ceux qui les dominaient avant les débuts de la civilisation, ressurgissaient brutalement. L'immense majorité de ces gens s'expriment avec grossièreté et austérité. Leur rudesse et leur rigidité d'esprit les dominent. Leur rusticité, leurs préjugés, et leurs certitudes, les dirigent systématiquement.
 
Les nuances, les nombreuses facettes, les paradoxes, les complexités, les antinomies ou les singularités, ils les balaient d'un revers de la main. C'est déjà vrai lorsque j'essaye de leur expliquer qu'il ne faut pas s'arrêter aux apparences, qu'il faut creuser, entendre, écouter, comprendre, et intégrer ces notions que j'essaye de partager avec eux. Alors, quand c'est face à un groupe que je fais face, le rejet, la férocité, la cruauté, l'ignorance, ou l'indifférence, qu'ils me renvoient, est sans limites. Moi qui suis une personne à l'hyper-sensibilité exacerbée, moi qui, par la nature même de ma personnalité et de mon parcours, de mes relations avec autrui, est d'une vulnérabilité incroyable, extrêmement rares sont les personnes qui en tiennent compte.
 
Comme vous, Elodie, je n'ai pas beaucoup confiance en moi ; et jamais, face à cette immense majorité de gens. Leur manière d'être ou de se comporter, comme si la banalité de ses propos et ou de ses préoccupations étaient essentiels, m'interdisent de m'exprimer ouvertement. Elles m'interdisent de dévoiler toute cette richesse et toute cette diversité intellectuelle et culturelle qui m'animent. Alors que cette majorité de gens évoque son quotidien, comment lui expliquer, que le mien, de quotidien, c'est d'être entouré de centaines de pages de notes sur lesquelles je m'appuie pour retranscrire mes raisonnements et mes réflexions sur le monde et sur l'Humanité ?
Comme expliquer à cette majorité de gens  que je visionne des documentaires décryptant la genèse du Christianisme au travers de l'exploration historique et théologique du Nouveau Testament ? Comment lui expliquer que j'écris un traité s'interrogeant sur le devenir de nos sociétés au regard des bouleversements climatiques, sociaux, technologiques, industriels, géopolitiques... auxquels sont confrontés l'espère Homo-Sapiens-Sapiens actuellement ; et quelles transformations en profondeurs vont en résulter au cours des décennies et des siècles à venir ?
 
A force d'avoir été rudoyé ou mis à l'écart pour ne pas avoir pu ou eu le droit de m'exprimer sur des thèmes qui sont des piliers essentiels de ma personnalité, j'ai fini par me renfermer sur moi-même. Je dirai même que je suis incapable d'évoquer des sujets banals. Comment voulez-vous y porter un quelconque intérêt, alors que votre esprit, alors que vos préoccupations, n'y sont pas rattachés ? Comment trouver un quelconque plaisir ou une quelconque satisfaction dans des échanges de cette sorte, lorsque ce sont les centaines, les milliers de pages que vous dévorez, et qui vous enrichissent humainement démesurément, qui illuminent votre âme et votre cœur ?
Depuis mon passage à la Bibliothèque Nationale, je n'ai cessé de suivre cette voie, de mener cette quête m'ouvrant des portes vers des territoires emplis d'érudition, de compétences, de considérations, d'humanité, extraordinaires ? Je n'ai cessé d'accumuler des savoirs, des milliers de pages de notes, j'ai rédigé des centaines de textes, au travers desquels je les approfondissais ou je les décortiquais. Comment voulez-vous que je puisse être en phase, être apte à écouter de telles platitudes ?
 
En même temps, comment pourrais-je leur en vouloir ? Cette banalité, cette majorité de gens en sont entourés du matin au soir. Elle ne connait que ça, elle ne voit que ça, elle ne parle que de ça à longueur de temps. Son horizon est "limité" par cette normalité teintée de stéréotypes et de clichés, de certitudes et d'à priori sur le monde et sur la façon doivent fonctionner leurs relations avec autrui. Oui ! Comment leur en vouloir ? Pour eux, je suis un "extra-terrestres", un être "étrange", un "étranger", qui n'a pas sa place au sein de leur univers.
En outre, pour ma part, je suis désolé de le dire, mais c'est vrai qu'en plus, je n'aime pas cette banalité des échanges et des conversations. Je ne l'aime pas parce qu'il y a tant d'autres sujets, tant d'autres facettes de ces relations que nous pouvons avoir ensemble, à explorer. Des facettes susceptibles d'illuminer notre âme et notre cœur. Des facettes susceptibles de magnifier et de transcender qui nous sommes et ce que nous sommes à-même d'apporter aux autres ; ou de recevoir des autres. Des facettes capables de nous élever spirituellement au travers des valeurs et des grandeurs qu'elles véhiculent.
 
C'est parce que je suis viscéralement attaché à tout ceci que jamais je n'abandonnerai ou ne quitterai Vanessa. C'est parce que je respecte et honore toutes ces notions que je fais et ferais toujours ce qui est en mon pouvoir pour la rendre heureuse et épanouie malgré cette sclérose en plaques dont elle est victime. Même si je dois m'y user la santé, même si je dois suer sang et eau pour lui apporter ce bonheur, ce calme, cette tranquillité, cette sérénité, auxquels elle a droit. Elle l'a bien mérité, après tout ce qu'elle a subi tout le long de son existence.
 
Comme vous, comme moi. Car, comme combien d'autres encore, qui se situent en dehors de cette "normalité", sont des écorchés vifs que la vie n'a pas cessé de bousculer ou de malmener ? Combien pleurent seuls dans le silence et la solitude parce que presque personne ne souhaite les écouter et prendre en compte leur soif de reconnaissance et leur manque de confiance en eux ? Cette soif de reconnaissance et ce manque de confiance en eux né des humiliations, des rabaissements, des moqueries, des mises à l'écart, des musèlements, des bousculements, des trahisons, dont ils ont été à un moment ou à un autre de leur vie. Des événements à ce point traumatisants qu'ils ne s'en sont jamais remis et qu'ils ne s'en sont remettront probablement jamais totalement.
 
Des événements que la grande majorité des gens sont peut-être capables de dépasser ou "d'effacer de leur mémoire" pour aller de l'avant. Mais des événements qui, pour des personnes comme vous Elodie, comme Vanessa, comme moi, comme tant d'autres qui ont subi de viols, qui sont des victimes d'attentats ou de guerre, qui ont été l'objet de maladies ou de handicaps, qui ont été confronté à l'inceste ou harcèlement scolaire, qui ont vécu un burn-out ou de la discrimination raciale ou sexuelle, et j'en passe, en conservent des séquelles à vie malgré toutes les thérapies qu'ils ont suivi.
Des événements que le moindre incident, que le moindre comportement de cette majorité de gens, touchant à leur fragilité et à leur vulnérabilité de ces personnes en dehors de la norme fait ressurgir immédiatement. Des attitudes parfaitement anodines pour l'immense majorité des gens, mais qui prennent des proportions cataclysmes, qui brisent et mettent celles-ci à genoux parce qu'elles appuient - volontairement ou involontairement - sur des aspects de leur personnalité ou de leur parcours qui ne guériront jamais.
Comment voulez-vous faire comprendre et admettre à cette majorité de gens pour qui la banalité et le quotidien rythme leur vie, qu'elle doit tenir compte de tout cela ? Elle n'en n'est pas capable ! Et puis, ça la laisse indifférente tant que ça ne la concerne pas directement. Elle préfère s'en détourner pour ne pas avoir le visage de ce qui pourrait advenir d'elle si jamais un accident de la vie la percutait de plein fouet et remettait sa "normalité", la "banalité et le quotidien auxquels elle est sujette" en question.
 
Ce que cette majorité de gens oublie cependant, c'est qu'il existe maints trésors inestimables, à la valeur démesurée, que ces personnes qui se situent en dehors "de la normalité" qui méritent d'être mis en avant, respectés, honorés. Que c'est parce que cette majorité de gens "normaux" les mettra en avant, les respectera, et les honorera, que ces personnes retrouveront confiance en elles et le gout d'aller vers les autres.
J'en ai moi-même fait l'expérience lorsque j'ai été hospitalisé au mois de septembre. Parce que les gens "normaux" qui m'entouraient étaient attentionnés et bienveillants à mon égard, parce qu'ils s'intéressaient à moi et à mon travail d'écrivain, je suis peu à peu sorti de ma coquille. Il m'a fallu du temps. Il a fallu que ces gens "m'apprivoisent" afin que je retrouve confiance en moi, assez confiance en moi pour que je m'ouvre à eux et à leur individualité. Cependant, ça a été un succès ! Et quel plaisir, quelle joie, de pouvoir être soi-même face à des gens que ce que vous portez en vous, que votre intellectualité, que votre approche différente des relations humaines n'effraie pas ; qu'au contraire, elle attire et suscite la curiosité et la bienveillance. Ça faisait des années que je n'avais pas ressenti une telle joie et un tel bonheur de ne pas à avoir à me cacher et à me museler, de peur d'être rabroué ou "remis à cette place" qui m'est systématiquement assignée.
 
En même temps, c'est un effort à fournir, de la part de cette "majorité de gens". Un effort qu'une infime partie d'entre elle désire ou cherche à accomplir. Parce que ça demande de la patience, parce que ça demande de l'attention, parce que ça demande de la bienveillance, parce que ça demande d'accepter les maladresses ou les erreurs de cette personne enfermée dans son cocon, exceptionnelle est cette fraction issue de cette majorité de gens à s'y employer.
A une époque où tout va vite, où tout doit être simple et facile, même les rapports avec les gens suivent le même chemin. Sans se poser de questions, sans se "prendre la tête", sans se préoccuper des spécificités et des blessures des personnes les plus vulnérables et les plus fragiles, on ne s'encombre pas de subtilité ou de complexités inhérentes à leurs situations ou à leurs parcours. Ce qui compte, à cette l'immense majorité de ces gens, c'est leur satisfaction immédiate, c'est de ne pas se soucier de ce qui ne les concerne pas directement. Ce qui n'est pas mon cas, ni en ce qui concerne Vanessa, ni en ce qui vous concerne, ni en ce qui concerne ces rares personnes qui ne se satisfont pas de ces automatismes et de ces certitudes toutes faites.
 
C'est là l'essence même de mon travail littéraire et intellectuel, à dire vrai. C'est prendre un chemin de traverse grâce au travail philosophique, historique, personnel, qui est le mien. C'est aussi, au travers de notre relation que je l'offre à ceux et celles qui y sont réceptifs. Parce qu'en vous, je discerne ces mêmes valeurs qui m'animent. Je distingue cette lumière incandescente qui éclipse cette banalité qui nous environne et qui nous mutile. Je vois cette magnificence que vous incarnez. J'admire cette féminité, cette sensualité, cette volupté, auxquels j'aspire tant parce qu'elles rejoignent cette propension à davantage d'Humanité et d'élévation spirituelle...
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