Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
6 juillet 2016

autobiographie, pages 265 à 267 / 312

X1J’ai légèrement hésité au moment de signer le contrat d’une durée d’un an. Mais pas longtemps : l’envie d’être enfin heureux, de poser sur le côté ce bagage, ce fardeau qui m’oppressait tant, a été la plus forte. Je me disais en outre qu’en faisant quelques économies durant trois ou quatre mois, cette dette serait vite épongée. Et puis, comme j’allais être titularisé, je n’aurai plus de problèmes d’argent très bientôt. Après tout donc, ce n’était pas bien grave.

Une fois ce détail réglé, on m’a présenté les fameux classeurs. A chaque fois, je devais choisir une dizaine de jeunes femmes qui m’intéressaient particulièrement. J’ai dû me rendre dans les locaux de cette agence matrimoniale deux fois je crois. Car, très vite, un lien privilégié s’est créé entre une de ces jeunes femmes et moi. Malgré tout, n’anticipons pas. Evidemment, j’ai prévenu mon interlocuteur de mon handicap. Celui-ci m’a gentiment affirmé que ce n’était pas un problème ; que je n’étais pas le seul dans mon cas à avoir fait appel aux services de son agence. Puis, que la ou les jeunes femmes seraient informées de ma particularité, et qu’elles mer contacteraient en toute connaissance de cause. Que je n’avais pas d’inquiétude à avoir.

Comme beaucoup de jeunes femmes des pays de l’Est, la grande majorité de celles qui apparaissaient à l’intérieur de ces catalogues étaient belles. Elles étaient séduisantes, attirantes, sensuelles. Elles avaient tout pour faire le bonheur d’un homme en quête d’amour. Elles étaient aussi au courant que si elles rencontraient un homme par ce biais, c’était pour faire sa vie avec lui en France, qu’elles devraient quitter leur pays pour venir s’y établir. D’ailleurs, beaucoup étaient assez jeunes ; à vue de nez, je dirai entre 20 et 35 ans pour la grande majorité d’entre elles. Beaucoup sans enfants, mais quelques-unes en possédant un. Et pour ma part, ceci n’était pas un problème. Je l’accepterai telle quelle était. J’ai toujours aimé les enfants, j’ai toujours été plus ou moins entouré d’enfants de par les différentes activités auxquelles se sont adonnés mes parents. Bref, je n’y voyais pas d’inconvénient.

Je l’ai dit, je n’ai pas eu à attendre très longtemps. Un mois environ ; pas plus de deux en tout cas. Et un jour, alors que mon esprit était concentré sur mon emploi à l’université Paris XIII, j’ai reçu un courrier dans ma boite en lettres. Il m’était adressé par l’agence matrimoniale, et contenait le dossier d’une jeune femme russe d’origine ukrainienne qui était intéressée par mon profil. Une fois chez moi, je me suis penché en profondeur sur la missive qui m’était envoyée. Elle était accompagnée de deux photos de la jeune femme en question. Et lorsque je l’ai contemplée, j’en ai été abasourdi. C’était une magnifique jeune femme, blonde aux yeux bleus, extrêmement séduisante, attirante. Je me suis donc demandé : « Mais comment peut-elle être intéressée par un homme comme moi. Moi qui suis handicapé, qui ai des cicatrices sur le visage, etc. ». Toujours cette mésestimation de moi qui revenait. Je ne comprenais pas, et j’étais même un peu apeuré. Apeuré du fait qu’elle soit déçue en me rencontrant, inquiet en m’imaginant qu’elle voulait uniquement se servir de moi comme tremplin afin de venir s’établir en France, puis ensuite, m’abandonner pour y mener sa propre vie.

Malgré tout, je lui ai répondu. Cela n’a pas été facile, parce qu’elle s’exprimait en anglais. Il y avait longtemps que ne m’étais pas exercé à cette langue. Depuis le lycée. Mais je ne me suis pas découragé. Je me suis acheté un ordinateur – celui dont j’ai déjà parlé précédemment pour cette époque. Je me suis abonné à Internet puisqu’elle se rendait apparemment régulièrement dans un café internet non loin de chez elle. Elle y avait une adresse mail. J’ai commencé à décortiquer ses missives au mot à mot. A lui répondre en utilisant le dictionnaire franco-anglais que je m’étais acheté à la FNAC dans la foulée. Je ne sais pas combien d’heures j’ai passé au sein de cet appartement bruyant où je ne parvenais à me reposer ou à trouver le sommeil, à lire ses lettres, puis à lui répondre. Généralement, je recevais de ses nouvelles deux à trois fois par semaine. Ses envois étaient assez succincts. Les miens, ainsi que cela l’est encore comme pourront l’affirmer ceux à qui j’écris, étaient longues de plusieurs pages. Mais je ne le regrette pas, parce qu’à force de m’acharner à essayer de comprendre les phrases en anglais qu’elle rédigeait, à force d’écrire dans cette langue, j’ai davantage appris qu’en deux ou trois ans de cours au collège ou au lycée. Et j’y ai pris de plus en plus de plaisir au fil des semaines et des mois qui se sont écoulés durant cette période.

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 654
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité