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Mes Univers
12 octobre 2016

Conséquences tragiques liées au harcèlement scolaire :

X1Il y a des événements, au cours d'une vie, qui vous marquent à jamais. Au fer rouge, et dont vous ne vous remettez pas réellement. Comme ce dont Marion Fraisse – dont la mère se bat aujourd'hui pour informer le plus grand nombre d'enfants, d'adultes, d'enseignants, etc. - a été victime au point de se suicider, en est un.

 

Je l'ai déjà détaillé dans un article précédent, moi aussi, j'ai subi ce genre de violences physiques et psychologiques au cours de ma scolarité. Evidemment, sur le moment, j'en n'en n'ai pas eu conscience. Cependant, elles ont eu une infinité de conséquences sur le reste de ma vie, et dans des domaines aussi divers que variés ; auxquels je n'aurai jamais songé si, au fur et à mesure, mon parcours personnel n'avait pas mis le doigt dessus. Un doigt rempli de douleur, de peur, de cicatrices peu ou mal refermées. De fait, c'est l'un des épisodes les plus terribles de ma vie, dont je ne me suis jamais totalement remis. D'ailleurs, lorsque j'y réfléchis, comment aurai-je pu ? Je n'étais pas préparé, en tant qu'enfant, à être confronté à ce genre de situation. Je ne possédais pas la force de caractère que j'ai aujourd'hui, et que les nombreuses épreuves que j'ai connu ensuite, ont endurci. D'autant qu'elles ne m'ont pas laissé le choix. La plupart du temps, en tout cas pour celles où j'ai été spécifiquement parti prenante, j'ai dû les affronter seul. Ni mes parents, ni ma famille, ni mes amis, ni mes connaissances, n'ont été là. Le plus souvent, ils n'ont même pas été au courant de ce que je vivais. Ou, lorsqu'ils l'étaient, ils se sentaient démunis, impuissants ; ils étaient en total décalage avec les souffrances terribles qui étaient les miennes.

 

Lorsque c'est arrivé, j'avais une douzaine d'années, et je ne comprenais pas pourquoi ces pré-adolescents que je fréquentais quotidiennement – puisque j'étais dans la même classe qu'eux – s'en prenaient à moi. Bien entendu, je savais que j'étais différent. Par la suite, j'ai appris qu'en fait, nous sommes tous différents les uns des autres, que ce soit par notre origine sociale, culturelle, religieuse, philosophique, territoriale… Mais, en ce qui me concernait, c'était ma tache de naissance, mon hémiplégie du coté droit, mon handicap, et ma maladie, qui faisaient de moi un enfant qui ne leur ressemblait pas. Et ils ne cessaient de me harceler pour cette raison. Ils se moquaient de ma différence, riaient de moi, grimaçaient à mon passage, me repoussaient. Ils m’éjectaient des cercles amicaux auxquels ils appartenaient. Quand, parfois, j'osais braver cet interdit pour tenter de les intégrer, ils ne tardaient pas à me faire comprendre que je n'étais pas le bienvenu. Il n'y avait pas besoin de paroles ; leurs regards sur moi valaient tous les discours du monde. J'étais le banni, celui qu'il fallait absolument mettre dans un coin. Ou alors, s'approcher de lui un instant afin de le singer, de le chahuter, de le bousculer, de lui chaparder son cartable pour « rigoler ».

 

Avant que ces événements ne surviennent, je souffrais déjà de mon handicap ; de cette différence qui me collais à la peau depuis que j'étais né. Cela faisait des années que j'avais réalisé que je n'avais pas les mêmes capacités motrices que mes camarades. Pendant longtemps, ma mère m'a appris à trouver des solutions pour pallier aux problèmes que je rencontrais alors ; pour m'habiller, pour attraper des objets, pour coupe ma viande, pour me déplacer. Cela n'a jamais été simple. Il a fallu que j'emploie des moyens autres, au prix de crises de larmes, de blessures psychologiques, parce que j'étais incapable d'être aussi adroit, agile, avec mes membres, que n'importe qui. J'en ai souvent pleuré à cette époque. J'avais le sentiment d'être maudit ; et que cet enfer ne s’arrêterait jamais.

 

Cependant, jusqu’à avant que je ne soit la victime de ce harcèlement scolaire, j'ai eu des amis qui m'ont accompagné durant ma scolarité. Ensuite également. Néanmoins, entre-temps, quelque chose s'est brisé en moi. Le regard que j'ai eu sur moi-même, ainsi que sur les personnes de mon entourage, a changé. Que ces personnes soient proches de moi – y compris celles appartenant à ma famille – ou qu'elles soient plus éloignées, ce que j'ai dès lors éprouvé s'est métamorphosé.

 

Bien-sur, l'amour, l'affection, le dialogue, l'amitié, l'échange, etc. étaient toujours présents. Je les recherchais, comme je les recherche toujours lorsque je suis amené à croiser l'existence d'hommes et de femmes qui me touchent, qui s'ouvrent à moi, qui montrent de l’intérêt pour qui je suis. Et non pas pour l'image déformée que leur renvoi mon physique qui, je le sais, n'a rien de valorisant. Surtout à coté d'autres qui en ont un plus avantageux, plus attrayant, plus attirant.

 

Pour autant, à l'issue de ces « Années Noires », je dois avouer que l'adolescent en devenir que j'étais n'était plus le même. J'ai compris ce qu'était la honte, ce qu'était la peur des autres, ce qu'était le rejet, ce qu'était l'humiliation, ce qu'était la solitude. Je me suis isolé parce que j'ai réalisé – consciemment ou inconsciemment – que je n'avais rien – ou pas grand-chose – à attendre des gens qui m'entouraient. J'ai réalisé que, jamais, ils ne pourraient ressentir ce que je ressentais ; tout simplement parce qu'ils n'étaient pas à ma place, et qu'ils n'avaient jamais subi ce que j'ai subi. Et qu'ils ne le subiraient probablement jamais.

 

J'ai dès lors toujours eu une sorte d'appréhension, de timidité naturelle, qui s'est insinuée en moi. Une méfiance vis-à-vis d'eux et d'elles, et du mal qu'ils pourraient, un jour, éventuellement me faire. Et cela, même si ma raison me certifiait que ces gens ne me maltraiteraient jamais ; et notamment les membres de ma famille. Et encore que, mon père a souvent usé de son autorité naturelle pour me manquer de respect, pour abuser de moi financièrement, pour m'humilier – que ce soit en privé ou en public -, pour me frapper – même si je méritais parfois des punitions parce que j'avais eu de mauvaises notes à l'école, que j'avais menti, ou autre. J'ai appris, bien malgré moi, ce qu'étaient ces sentiments qui accentuaient la différence qui était la mienne ; et dont je me serai volontiers passé.

 

Rares sont les personnes, durant cette période, qui sont venu vers moi. Rares ont été celles qui m'ont accepté comme j'étais. Dans ma famille, seul mon petit frère Aymeric a été là pour construire une complicité, un échange, un dialogue, que je ne trouvais pas ailleurs. En effet, mon père et ma mère vivaient une période extrêmement difficile au niveau de leur couple. Les déchirements, les reproches, la vindicte, etc. ont été fréquents. Je ne pouvais pas m'appuyer sur ma sœur – plus jeune que moi de dix-huit mois. Elle avait déjà trouvé sa voie dans le monde de l’Équitation. Je pense que celui-ci lui a aussi servi de refuge au cours des ces années de tiraillement familial incessant. Il est vrai, qui plus est, qu'elle est moi ne nous sommes jamais bien entendu. Les univers que nous chérissions étaient à l'opposé l'un de l'autre. D'ailleurs, pour avouer l'entière vérité, cela n'a pas changé depuis. Quant aux amis, j'en ai eu quelques uns. Des camarades de collège ou de lycée essentiellement. Mais, alors qu'ils profitaient pleinement de leur jeunesse, et des plaisirs qui allaient avec, j'ai toujours été un peu à l'écart. Du fait que mon handicap et ma maladie ne me permettaient pas d'être aussi à l'aise avec mon corps qu'eux.

 

Les jeunes femmes que j'ai croisé à cette époque, et le regard qu'elles avaient sur moi, ont accentué ce malaise. Ce dernier m'a rendu très malheureux, à développé la souffrance intérieure qui était la mienne. Car, jeunes hommes et jeunes femmes que je fréquentais alors, sortaient souvent ; se rendaient en discothèque, se draguaient, avaient leurs premières relations amoureuses ou sexuelles. Evidemment, j'en étais exclus. Je le ressentais très fortement aux tréfonds de mon âme et de mon corps. Et cette situation a accentué mon sentiment d'isolement et de solitude.

 

Je me souviens notamment, d'une fois : cela devait se dérouler en 1988 ou 1989. Avec ma classe et l'un de mes professeurs, nous avons eu l'opportunité de visiter Bruges. Nous avons quitté Livry-Gargan – la ville où se situait mon lycée – en car. Nous avons rejoint la Belgique, et le soir, nous avons dormi dans une auberge de jeunesse. J'ai partagé la même chambre que mes camarades qui voyaient en moi quelqu'un d'assez sympathique pour me fréquenter de temps en temps. La nuit venue, alors que l'ensemble du personnel d'encadrement dormait, leurs petites amies sont prudemment venues les rejoindre dans notre chambrée. Elles y sont demeuré jusqu’à l'aube. Je n'ai pas besoin de faire un dessin pour vous expliquer ce qu'ils ont partagé. Heureusement, le noir était complet, et ils se sont adonné à leur activité amoureuse sous les draps de leur lit. Cependant, les gémissements et autres bruissements de plaisir ont été audibles. Je les ai perçu, ce qui m'a empêché de dormir. Non pas parce que l'écho en était insupportable. Mais parce qu'ils me rappelaient que j'avais beau avoir leur age, jamais je ne profiterais du bonheur qui accompagne ce moment si particulier de notre existence.

 

Ce n'est qu'un exemple, mais tandis que j'écris ces lignes, d'autres images du même genre me reviennent immédiatement en tête.

 

Ces années-là ont donc profondément influencé ma destinée. Le fait de devenir le souffre-douleur de toute ma classe pendant cette période m'a écorché vif. A un point que je ne ne peux véritablement décrire ici. Le pire, comme le montre le reportage que cette amie a rattaché à mon mur ce matin, c'est que tous ces jeunes auxquels j'ai été confronté, n'y voyaient « rien de mal ». Pour eux, il s'agissait d'un jeu. J'en étais la victime. J'étais celui qui servait d'instrument à leur distraction. Toutefois, ils n'avaient aucune conscience des dégâts, parfois irréparables, qu'ils provoquaient. Que ce soit par rapport à la vision que j'avais de moi, des autres, et des liens que je pouvais construire avec les gens. Ils m'ont montré que, quoique je fasse, quoique je ressente, je n'appartenais pas, et je n'appartiendrai jamais, à leur caste. Que je ne serai qu'un inférieur, quelqu'un qui devait se cacher, dissimuler ce qu'il était vraiment, s'il désirait survivre.

 

Aucune personne – adulte ou enfant – ne m'a secouru lorsque j'étais victime de leurs humiliations. Y compris quand celles-ci se déroulaient au grand jour, dans la cour de récréation du collège ou du lycée notamment. Autour de nous, chacun vaquait à ses occupations, conversait avec ses camarades, comme si de rien n'était. De toute manière, le reste du temps, j'étais également invisible pour la plupart de ces jeunes. Pourquoi cela aurait-il changé lorsque j'étais rudoyé, moqué, etc. ? Pourquoi se seraient-ils approché de moi à ces instants précis, alors qu'ils ne ne le faisaient pas habituellement ? Ces événements que je vivais appartenaient au paysage familier. Ils étaient communs, naturels. Eux non plus n'y voyaient pas à mal.

 

Tout ce que je viens de décrire brièvement dans ce texte, s'est produit sur une durée de trois, quatre, cinq ans, peut-être. Un peu plus, probablement. C'est un épisode de mon existence qui s'est imprimé en moi pour toujours. Et il se reflète parfois dans quelques-uns des écrits concernant mes souvenirs, que je partage ici. Il se retrouve insensiblement dans ce que j'éprouve lorsque je croise des personnes qui me semblent intéressantes à découvrir, à connaître. Ces personnes avec lesquelles je désirerai approfondir mes relations amicales – ou, pour quelques femmes, tenter une approche amoureuse à leur encontre. A chaque fois, ces réminiscences ressurgissent immanquablement. Elles me rappellent que je suis quelqu'un d'indigne de tous ces bienfaits qui sont accordés à nombre d'autres. Alors qu'il est si simple, si humain, de se téléphoner, de se rencontrer, de discuter ou d'échanger ensemble, pour la plupart des gens – que ce soit dans la réalité ou virtuellement -, c'est quelque chose de quasiment impossible pour moi.

 

Comme je dis souvent, dans ce cas, je préfère demeurer dans l'ombre, rester dans l'obscurité. Je préfère mettre en avant les qualités de mes interlocuteurs – ou trices – que les miennes. Éduqué de manière à ce qu'elles soient considérées – par moi ou par autrui – comme insignifiantes, invisibles, négligeables, je les cache instinctivement. Car, les montrer, les exposer, est exposer ma différence. Et exposer ma différence, est attirer le regard de ceux et celles qui pourraient, qui voudraient, me faire souffrir. C'est toujours ce que l'on constate lorsqu'un enfant a été harcelé scolairement. Lorsqu'il a été maltraité dans sa classe – ou ailleurs – durant des mois ou des années. Instinctivement, naturellement, il se protège. Et adulte, cette façon de procéder demeure.

 

Sa personnalité, qu'il le veuille ou non, est profondément influencée par ce qu'il a vécu dans sa jeunesse. Sa personnalité intègre ces événements comme allant de soi. Comme s'ils faisaient intrinsèquement parti de lui. Comme si sa personnalité s'était élaborée partiellement autour des éléments terribles, outrageants, humiliants, qu'il avait subi. Ceux qui en ont été les témoins ou les acteurs poursuivent leur existence ; avec les hauts et les bas, les bonheurs et les malheurs, les joies et les peines, etc. qui vont avec.

 

Néanmoins, très vite, ils oublient ces quelques mois, ces quelques années, où ils ont fait souffrir l'un de leur camarade à cause de sa différence. Dans mon cas, c'est du fait de mon handicap. Mais n'importe quelle différence, aussi minime soit-elle, peut provoquer leur comportement : trop grand, trop petit, un peu d’embonpoint, un bégaiement, la couleur de peau, j'en passe.

Par contre, l'enfant – garçon ou fille – qui en a été victime, lui, n'oublie pas. Il n'oublie jamais. Ces événements pèsent sur le reste de son existence d'une manière ou d'une autre.

 

Parfois, cela va jusqu'à la mort, comme dans le cas de Marion Fraisse. Ce sont les cas les plus dramatiques, et ils sont plus fréquents qu'on ne se l'imagine. Et c'est parce qu'il y a aucune autre échappatoire possible, envisageable. Parfois, pour ne pas souffrir, il y en a qui se scarifient – cela a été le cas pour moi un certain temps -, qui se droguent, qui plongent dans l'alcool, qui reproduisent sur d'autres la violence qu'ils ont vécu. Parfois aussi, grâce à une passion, à quelque chose qui les pousse en avant, ils se servent de cette période effroyable pour dépasser leurs limites, pour aller plus loin que la plupart des gens. Regardez ces handicapés qui, malgré ce qu'ils ont, accomplissent des exploits sportifs les emmenant aux JO. Je le souligne parce que ce sont des faits qui ont eu lieu assez récemment. Je suis convaincu que s'ils n'avaient pas été transcendé par ce qu'ils ont vécu, jamais ils ne se seraient donné les moyens d'aller toujours plus loin. Plutôt que, comme la grande majorité des gens, poursuivre une existence morne et dans les normes. Plutôt que de réaliser que nous nous accomplissons par ce que nous faisons de notre vie, que nous existons par ce que nous donnons, plutôt que par ce que nous recevons. Puisqu'en tant qu'êtres différents, nous recevons « moins » - selon la norme – que les autres, c'est à nous d'aller au-devant du reste du monde. Certes, nous recevons énormément de blessures, nous sommes regardés de haut. Les embûches sont plus difficiles à dépasser que pour des personnes normalement constituées. Nous sommes souvent rejetés du monde du travail, de la vie sociale dans ce qu'elle peut avoir de meilleurs. Nous pleurons, nous souffrons, nous sommes plus sensibles. Or, ceux et celles qui considèrent cela comme une faiblesse se trompent. C'est une force. Une force incomparable, capable de renverser tout sur son passage si nous osons l'utiliser à bon escient. Et ce mal qui nous a été fait alors que nous étions enfant ou adolescent, cette maltraitance qui nous a été infligée, cette solitude qui nous a été imposée, se transforme en un moteur que nos « tortionnaires » ne possèdent pas, et ne posséderons jamais.

 

Et je suis triste, furieux, contrit, qu'une enfant comme Marion, de qui tout le monde s'est détourné, que ses parents ont été incapables de réconforter parce qu'ils n'ont pas pu voir ce à quoi elle était confronté, en soit arrivé à se donner la mort. Je suis furieux de savoir qu'il y a encore, aujourd'hui, tant de jeunes qui prennent le même chemin qu'elle pour échapper au calvaire quotidien qu'ils subissent. Et je plains, je méprise, ces « autres » qui n'interviennent pas – ou peu – pour leur porter toute l'attention, toute l'affection, dont ils ont besoin.

 

Car, ils ne se rendent pas compte, qu'un jour, ce sont eux qui peuvent se retrouver à la même place que ceux et celles qu'ils humilient. Et qu'en se comportant de cette manière, ils montrent la petitesse de leur esprit, de leur vision de ce qu'est un homme ou une femme. Qu'en se comportant ainsi, finalement, ils ne sont que des médiocres, que des gens terrorisés par ce qui leur est étranger. Et qu'au lieu d'agir de cette façon, ils feraient mieux de questionner celui ou celle qui n'est pas comme eux. Et qu'ils feraient mieux de s'interroger sur eux-mêmes et sur l'image qu'ils donnent.

 

Car, quand on y pense, ils sont le symbole d'une société où chacun doit être inséré dans de « petites cases », ou on leur a appris – culturellement, sociétalement, religieusement, familialement, idéologiquement, philosophiquement - que l'uniformité était le but à atteindre. Alors qu'au contraire, celle-ci est la mort de cette même société. La richesse est dans la différence. Dans la diversité, dans la multiplicité susceptible de régénérer le tissu humain auquel nous appartenons. Or, ces enfants maltraitant leur camarade qui n'est pas comme eux, qui le harcèlent, contribuent à cette destruction, à cet appauvrissement de ce que nous sommes en vérité...

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