Un ou deux détails supplémentaires :

J'avoue que la rédaction de mon texte d'hier intitulé « Alea Jacta Est », et concernant le Premier Tour des Primaires de la Droite et du Centre, m'a particulièrement épuisé. Physiquement, psychiquement, émotionnellement, etc., j'en suis ressorti lessivé. Parce que j'y ai consacré toute ma journée, que j'ai passé des heures et es heures à l'élaborer, à y réfléchir, à y décortiquer les thèmes que je désirais y aborder, j'en suis ressorti essoré. Comme à chaque fois que j'entreprends l'écriture d'un texte, d'un article, d'un exposé, d'une tribune, d'une analyse, ou d'un éditorial, du reste.

A chaque fois, j'y mets toute mon âme, tout mon cœur, toutes mes connaissances sur le sujet abordé. Quoique je me rende compte, après coup, qu'il y a toujours des aspects de celui-ci que j'aurai pu développer davantage, explorer plus profondément, ou analyser plus efficacement. Ainsi, pour « Alea Jacta Est », je me suis aperçu, alors que ce dernier était publié depuis quelques heures, que j'aurai pu traiter la notion « d'identité nationale » chère aux partisans de la « Droite dure » en appuyant sur d'autres exemples qui mettent à mal cette notion.

En effet, j'ai évoqué le fait que la France, depuis ses origines, est une terre de brassage ethnique, culturel, social. Elle a été, tout le long de son histoire, traversée par de nombreux peuples qui l'ont enrichi de multiples manières, qui lui ont permis de devenir cette nation que nous chérissons tous aujourd'hui. Comme aux États-Unis avec Donald Trump et les plus conservateurs des Républicains, chez nous aussi, il y a des personnes convaincues que l'Europe – et la France – est un territoire dont les fondamentaux sont le judéo-christianisme. Ils ont a mémoire courte. Ou alors, c'est qu'ils ne sont pas bien renseignés sur l'Histoire de notre pays depuis sa fondation. Ils oublient qu'au VII^e et VIII^e siècles, le Sud du continent à subi les assauts des hordes sarrasines – c'est ainsi qu'on appelait les moyen-orientaux de confession musulmane à l'époque -, jusqu’à ce que Charles Martel ne les arrête à Poitiers en 732. Malgré tout, celles-ci se sont installées en Espagne, et y ont élaboré une culture spécifique à cette contrée, jusqu’à ce qu'ils soient définitivement vaincu en 1492 lorsque l'ultime Califat de la péninsule – celui de Cordoue – ne rende les armes. C'était la fin de la « Reconquista » qui a duré du 11^e siècle au règne de Ferdinand et d'Isabelle les Catholiques. Lesquels ont réuni l'Espagne en un royaume unique.

Auparavant néanmoins, musulmans « Arabes » et catholiques « Européens » s'y sont côtoyés durant des siècles. Et leur apport a été fondamental dans de nombreux domaines culturels, littéraires, artistiques, scientifiques.

Par ailleurs, on le souligne moins, mais c'est un fait. Avant et après 732, tout le Sud de la France a été occupé par ces mêmes Sarrasins. Quelques dizaines d'années, pas plus. Ils ont vite reflué de l'autre coté des Pyrénées. Toutefois, ils ont occupé la plupart des grandes cités de cette région de la France actuelle, pour l'en marquer de leur empreinte. De même que pour leur sang se mêle à celui et celles de ses autochtones.

Evidemment, les partisans de l'Europe uni-culturelle, blanche aux fondamentaux judéo-chrétiens, attachés à ce que représente l'identité nationale à leurs yeux, ne vont pas s'en vanter. En tout cas, cette portion de notre Histoire passée prouve bien que le brassage ethnique issu d'Afrique du Nord est un phénomène très ancien. Et que même ceux et celles qui affirment être de « vrais français » ont vraisemblablement du sang arabe dans leurs veines. Qu'il soit issu de cette époque lointaine, comme d'une époque plus récente – XIX^e et XX^e siècles. Il est tellement plus simple, tellement plus facile, de faire des raccourcis historiques destinés à justifier une idéologie dont les fondements reposent sur aucun fait tangible, plutôt que de regarder la réalité en face.

C'est l'une des raisons pour lesquelles – malgré les réprimandes de quelques-uns qui ne m'impressionnent et ne m'intimident pas -, je suis déterminé à poursuivre la rédaction de textes aussi fouillés. A mes yeux, il est utile et nécessaire d'analyser et de comprendre la totalité des aspects d'un sujet ; surtout lorsqu'ils sont si sensibles ; ou susceptibles d'être à l'origine de polémiques ou de confrontations de points de vue. Je pars en effet du principe – y compris ; surtout ? - sur un réseau social comme celui-ci qu'il est vital d'avoir à portée de main des informations vérifiables, quantifiables. Je constate trop souvent des individus s'appuyer sur des données dont on ne connaît pas la source. Des rumeurs dont on n'a pas vérifié la véracité, parfois destinées à faire la propagande de lobbies particuliers, de mouvements religieux ou idéologiques. Nombre de gens se laissent influencer par elles sans chercher à y regarder de plus près. Ils les prennent pour argent comptant, et finissent par y adhérer – c'était le but – et à y croire dur comme fer. C'est vraiment pathétique.

Parfois, je me demande si on n'a pas ôté une partie de leur cerveau – là où l'intelligence et la raison sont concentrés – à ces hommes et à ses femmes. Lorsque j'observe leurs réactions exacerbées, je me demande aussi si nos yeux perçoivent les mêmes choses, comprennent les mêmes textes, images, qui défilent sous nos regards. J'ai souvent l'impression de regarder des hordes de moutons qui, sans réfléchir, sont menés à l’abattoir, assommés par le flot d'absurdités dont on les abreuve quotidiennement. Je sais que ce constat de ma part est terrible. Lorsque j'y songe, il me donne froid dans le dos. Surtout lorsqu'on s'aperçoit que rien n'est fait pour y remédier de la part de ceux et celles qui en sont victimes. Au contraire, ils se contentent d'adhérer de leur plein gré à ce système qui les perçoit comme uniquement des consommateurs, ou comme des employés jetables lorsqu'ils deviennent inutilisables.

En ce qui me concerne, si je publie de longs textes ici ou ailleurs, c'est justement pour contrer ce système avec ses propres armes. Je sais pertinemment qu'on ne peut pas s'en défaire ; c'est utopique de s'imaginer cela. Cet idéal n'existe que dans l'esprit enfiévré de gens qui, à force de rétrécir leurs façons de penser au strict minimum, ne considèrent pas l'ensemble des facettes dont le monde est constitué. Je persiste donc, et je signe. Je poursuis ma quête insatiable pour essayer d'apporter à ceux et celles qui me suivent plus ou moins régulièrement – modestement, humblement – le peu de ce que je suis capable de leur offrir afin de contrer ce diktat auquel je ne me soumets pas ; et auquel je ne me soumettrai jamais...