Brèves Philosophiques, pages 150 à 151 ; La Grande Menace, seconde partie :

Certes, la religion n'est qu'un prétexte pour ces barbares sans foi ni loi, pour ses fous de Dieu qui instrumentalisent ce qu'il y a de plus sacré en chacun de nous : l'espérance en avenir meilleur au travers de ses croyances.

Mais ce que l'Islamisme montre actuellement au travers de Daesh et de ses partisans les plus intégristes, au travers des meurtriers et des assassins qui profitent des vieilles rancœurs, des haines inter-communautaires, c'est qu'il agit de la même manière que le judéo-christianisme de jadis. Est-il besoin de rappeler les méfaits de l'Inquisition, des Croisades, des Guerres de Religion, des Schismes, des pogroms, des chasses aux sorcières, de l'obscurantisme vis-à-vis des sciences ou des évolutions de la société, les conversions forcées tant en Europe, qu'aux Amérique ou en Afrique, j'en passe. Et ce, à une époque où au contraire, c'était la civilisation Islamique qui était en avance sur tous ces sujets.

Alors, ce qui m'indigne et me met en colère, c'est que nous n'en avons tiré aucune leçon. Nous, occidentaux, nous croyons les pourvoyeurs de ce qui est bien et de ce qui est mal. Nous nous appuyons sur une Histoire semée d'épisodes écrits dans le sang de ceux et de celles que nous avons autrefois persécutés, humiliés, inféodés.

Cela a été douloureux, déchirant, brutal, mais nous en avons perçu un certain nombre d'enseignements grâce auxquels notre civilisation a réussi à perdurer, à évoluer, et à étendre son influence sur la quasi-totalité de la planète. Malgré tout, nous oublions aisément que nous avons, jadis, été aussi barbares, intolérants, dogmatiques, que Daesh et consort. Je n'excuse néanmoins pas ceux-ci, je ne les disculpe pas, je ne justifie pas, ou n'amoindrit pas pour autant leurs actions. Bien au contraire, je m'élève le plus vigoureusement possible contre elles. Je les condamne, je les désapprouve, je les rejette avec la dernière des fermeté.

Mais il est si simple, si facile, de jeter l’opprobre sur ces monstruosités que je réprouve – je ne le soulignerai jamais assez, apparemment, pour certains -, sans en connaître les tenants et les aboutissants ; pourquoi et comment elles ont été engendrées ; quel a été le processus historique, religieux, social, philosophique, idéologique, qui, pierre après pierre, siècle après siècle, décennie après décennie, les a autorisé à naître, à s'étendre, à proliférer. Oui, c'est tellement commode de fustiger une fraction minime d'une religion pour les excès et les folies qu'elle commet, en jouant sur les amalgames, sur les raccourcis, sur les peurs et les angoisses de chacun.

Alors que si une telle situation est envisageable, c'est parce que nous mêmes, sociétés occidentales, avons contribué à son essor. Et que nombre de personnes refusent de l'admettre, de l'intégrer, en rejetant systématiquement la faute sur l'autre, sur « l'étranger », sur celui dont les origines – en remontant à deux ou trois générations en arrière – ne sont pas européennes, sur celui dont la foi n'est pas d'ascendance judéo-chrétienne, me rend aussi furieux. Aussi furieux et enflammé qu'envers ces terroristes qui n'ont aucun respect pour la vie humaine, qui se servent de jeunes adultes perdus, en déshérence, pour propager la peur et la haine.

A suivre...