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30 août 2017

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 878 à 879 / 1803

X1A reculons, sans enthousiasme, je continue à publier… pour le moment.

 

France du Nord, première moitié du XIIIème siècle :

 

En même temps, certains chrétiens instruits de cette époque ont la capacité intellectuelle pour réagir devant les inégalités du Monde, sans que l’Eglise ait prise sur eux. D’où la flambée de l’hérésie, qui révèle l’inadaptation de l’Eglise. Au-delà de leurs différences, Cathares, Vaudois et Patarins exaltent la pauvreté et le dépouillement. Ils ont en commun de dénoncer l’opulence d’une Eglise des riches et des seigneurs.

 

Il faut donc créer une nouvelle voix, sans tomber dans l’hérésie, voie étroite qu’empruntent deux personnalités exceptionnelles, Dominique de Guzman et François d’Assise.

 

Dominique, jeune chanoine castillan, brûle de convaincre. Il veut partir vers l’Asie. Mais, en 1205, le pape Innocent III l’envoie en Languedoc, où l’hérésie Cathare est en plein essor. Pour Dominique, une seule solution : prêcher sans relâche pour convertir. Avec quelques compagnons, il s’installe à Fanjeaux, centre actif de l’hérésie, et commence à sillonner le pays. Bientôt, les Cathares lui abandonnent cette ville. Des femmes, converties par les sermons du Castillan, s’établissent bientôt à coté, à Prouille.

 

Dominique installe à Toulouse un groupe de ses disciples, organisés comme des chanoines. Une série de bulles pontificales fonde l’ordre des Frères prêcheurs, ou Dominicains. Certains partent se former à Paris, rue Saint-Jacques, d’où, en France, leur nom de « Jacobins », et à Bologne, les deux grandes universités du temps. Très vite, l’Ordre se développe. Et ils se montrent d’incomparables enseignants en théologie ; parmi eux : Albert le Grand, et surtout, Saint Thomas d’Aquin.

 

L’aventure de François est tout autre. Né à Assise, en Italie centrale, ce brillant jeune homme veut devenir chevalier. Mais la guerre éclate entre Assise et Pérouse, sa voisine. Emprisonné, malade, François change sa vie après une profonde crise spirituelle. Habillé de haillons, tel le plus pauvre des pauvres, il vit en ermite dans une grotte, soignant les lépreux.

 

En 1209, des compagnons le rejoignent. Ensemble, ils parcourent la campagne, en mendiant ou en travaillant pour assurer leur nourriture, vêtus d’une toile à sac serrée à la taille par une corde. François prêche l’amour de Dieu, la pauvreté, l’humilité, la pénitence. Comme il est interdit aux laïcs de prêcher, il doit aller à Rome afin de solliciter l’autorisation pontificale. Mais Innocent III hésite car il n’a pas affaire, comme Dominique, à un clerc universitaire dont l’orthodoxie est assurée. Ce laïque, illuminé, sans culture, ne serait t’il pas lui même une hérétique ? Comment contrôler ceux qui le suivent ?

 

Finalement, les membres de la fraternité qui entourent François sont tonsurés sans qu’ils aient reçu les ordres : l’Ordre des Frères mineurs, ou Franciscains, est ainsi créé. Mais la méfiance originelle subsiste, et François est bientôt épaulé par un cardinal « protecteur », Ugolino Conti. C’est lui qui, peu à peu, bâtit l’ordre franciscain, tandis que François part pour l’Egypte, puis pour la Palestine. A son retour, il reprend sa vie d’ermite en Toscane. Révolutionnaire par la fonction qu’il assigne aux laïques et par la place fondamentale qu’il donne à la pauvreté, François ne peut se résoudre à jouer le rôle d’un supérieur et d’un organisateur. Jusqu'à sa mort, en 1226, il préfère la vie solitaire dans le dénuement, insistant, dans son testament, sur la nécessaire ascèse de la pauvreté et sur la grande valeur humaine des plus démunis.

 

De fait, le succès des Frères mineurs est encore plus rapide que celui des Dominicains. La grande basilique Saint-François d’Assise illustre la puissance du nouvel Ordre. Mais cet Ordre est également confronté aux difficultés d’une organisation complexe. Il faut pourvoir à la mission de plusieurs milliers de frères, organiser des noviciats, construire des couvents pour les frères et les sœurs – rassemblées dans l’Ordre des Clarisses -.

 

Par la suite, bien d’autres Ordres mendiants – Carmes, Ermites de Saint-Augustin, etc. – apparaissent, mais tous connaissent le même dilemme. Chez les Franciscains coexistent deux tendances : les « conventuels », prêts à adapter l’enseignement de François aux besoins de l’action, s’opposent aux « zelanti », fascinés par la pauvreté, mais qui tombent parfois dans l’hérésie.

 

Vivant de charité, les frères mendiants sont la plupart du temps installés dans les villes, qui leur assurent la subsistance. Ils y sont d’abord prédicateurs, et l’architecture de leurs églises est conçue pour le sermon. Leur œuvre est, avant tout, une pédagogie de la foi, adaptée aux besoins et aux capacités de chaque groupe social. D’où leurs liens étroits avec les universités.

 

Le sermon est prolongé par l’écriture, la production de textes en langue vulgaire – et non en latin -, là aussi adaptés aux différents publics : les grands dictionnaires, les encyclopédies, qui synthétisent la culture, sont souvent l’œuvre des frères. De plus, en mendiant, les frères vont au devant des populations laïques. Ayant obtenu l’autorisation d’entendre les confessions, ils deviennent de façon plus efficace que le clergé paroissial, les guides spirituels des grands et des bourgeois, qui se font inhumer dans leurs églises. Tout cela provoque forcément des difficultés avec les prêtres et les évêques, qui trouvent là de redoutables concurrents. Mais le succès éclatant des ordres mendiants montre combien ceux-ci répondent aux besoins de la Chrétienté.

 

Par ailleurs, le pape ne se prive pas de les utiliser pour contrôler l’orthodoxie de la doctrine enseignée dans les universités ou pour faire fonctionner l’Inquisition sur une plus vaste échelle. Mais la doctrine mendiante du dénuement peut aussi se révéler dangereuse pour la Religion établie : l’exaltation de la pauvreté du Christ commence à conduire les « spirituels » à s’interroger : est t’il légitime pour l’Eglise, de posséder des « biens terrestres » ? Les théologiens pontificaux ripostent bientôt.

 

Malgré tout, cette controverse, qui envenime peu à peu les relations des Ordres mendiants et du pape, fournit bientôt certains de leurs arguments favoris à beaucoup de réformateurs du Clergé.

 

A suivre… pour le moment...

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