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30 septembre 2017

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 907 à 908 / 1803

X1Ce climat de luttes politiques incessantes n’empêche pourtant pas le développement de la brillante Renaissance italienne. D’une certaine façon, il le favorise même, chaque cité voulant rivaliser avec ses voisines par le faste de sa production littéraire et artistique. Princes, communes et églises engagent dans leurs chancelleries des hommes de lettres qui servent leur propagande et lancent des guerres idéologiques presque aussi décisives que celles menées par les condottieri. Ainsi, la multiplicité des pouvoirs politiques permet à de nombreux intellectuels de voyager d’un protecteur à l’autre, créant ainsi, à défait d’unité politique, une remarquable identité culturelle « italienne ».

 

Le cas de Dante est à ce titre exemplaire. Mêlé aux rivalités, il est exilé à Florence en 1302 et, sans jamais délaisser la philosophique – son « De Monarchia » est un plaidoyer pour l’autonomie du pouvoir temporel face au pouvoir de l’Eglise -, il rédige son œuvre majeure : « la Divine Comédie ». Cet ouvrage conte sa visite imaginaire dans l’au-delà : Virgile le mène en Enfer et au Purgatoire, Béatrice au Paradis. En fait, ce grand texte synthétise l’ensemble de son travail : méditation chrétienne dans la tradition scolastique de son temps, défense et création d’une poétique italienne, amour mystique de Béatrice. La Divine Comédie contient aussi une réflexion politique dans les portraits de damnés et une défense de la tradition antique par le personnage de Virgile.

 

Dante ayant fait du florentin une langue noble, Pétrarque et Boccace lui emboîtent le pas et écrivent, eux aussi, en « langue vulgaire ». Comme Dante, qui a chanté Béatrice, Pétrarque chante en « italien » son amour pour la belle Laure : ses « Rime » et ses « Triomphi » connaissent un immense succès. Mais il exalte aussi le passé romain dans ses œuvres latines ; découvreur des lettres de Cicéron, il montre que les Anciens ont été des citoyens actifs qui ont cultivé arts et belles lettres pendant leurs loisirs. Ses lettres, que se dispute un cercle d’admirateurs, propagent sa morale et son engagement. Bouleversé par l’exemple de Pétrarque, le florentin Boccace reprend et poursuit son programme dans son œuvre, tant italienne – « le Décaméron » - que latine ; il est aussi le plus célèbre commentateur de Dante, désormais étudié dans les écoles.

 

Mais le succès rapide de la littérature et de la morale civique de ceux qu’on appelle après Pétrarque « les humanistes », est incompréhensible sans une profonde transformation de la culture en Italie. Certes, les grandes universités traditionnelles, Bologne, Padoue et Naples, sont florissantes, tandis que de nouvelles se créent. Mais, plus encore, il y a ces écoles de notariat, ces écoles d’abaque – pour les marchands – et même, à Florence, ces écoles secondaires civiques où l’on enseigne le latin : ce formidable réseau crée en Italie un milieu actif de lettrés.

 

En même temps, si les multiples pouvoirs italiens aiment s’attacher des hommes de lettres, ils ont également besoin des artistes, et tout particulièrement des peintres. Ainsi se développe bientôt un véritable marché pour un art qui commence à acquérir un nouveau statut. Jusque là, l’artiste a été considéré comme un simple artisan maîtrisant une technique et tâchant de tirer parti au mieux de conventions préétablies. Le statut d’un peintre comme Giotto est tout différent, et, dans « la Divine Comédie », Dante l’exalte à l’égal des hommes de lettres de son temps. Giotto donne à son art une dimension nouvelle. Son réalisme lui permet de représenter des individus dont on peut partager les sentiments et qui sont loin du hiératisme byzantin, de la symbolique romane ou des élégances factices du gothique.

 

Giotto a aussi des activités financières, possède des maisons à Florence et à Rome, ainsi que des domaines agricoles. Il travaille dans l’église d’Assise sur le cycle de la vie de Saint-François. Puis, devenu célèbre, il peint pour des banquiers de Padoue, les Scrovegni, une vie de la Vierge. Il travaille ensuite à Rome, à Rimini, à Naples, à Milan, et enfin à Florence. C’est là qu’il devient le maître d’œuvre des fortifications et du « Duomo » - la cathédrale de Florence – et qu’il commence l’édification du campanile qui porte bientôt son nom. Il meurt à la tète d’un atelier de peinture qui forme des élèves pleins de talent.

 

Ce renouveau est aussi le fruit du dynamisme économique. Gènes et Venise ont pratiquement acquis le monopole du commerce avec l’Orient. Les marchands connaissent parfaitement les routes maritimes et terrestres et possèdent des « comptoirs » dans les terres d’Islam et dans l’Empire Byzantin, presque colonisé. De grands centres artisanaux – Lucques et Florence pour le textile, Milan pour les armes et la métallurgie – exportent des produits luxueux et raffinés.

 

Enfin, grâce à la maîtrise des techniques commerciales – la lettre de change, la comptabilité à partie double –, les banquiers lombards et toscans dominent l’Europe. Ils contrôlent les foires de Champagne et le commerce de Bruges. Ils conseillent les financiers du pape et des rois de France et d’Angleterre. Mère des arts, l’Italie est aussi celle de l’économie moderne.

 

A suivre...

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