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19 novembre 2017

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 946 à 947 / 1803

X2Les Florentins ont déjà inventé la lettre de change au siècle précédent, puis la comptabilité en partie double, - faisant apparaître en même temps la situation de l’acheteur et celle du vendeur -. Ils développent au cours de cette période un système d’assurances destiné à répartir les risques entre les marchands et les navigateurs. Le préteur – l’assureur – déclare acheter au capitaine – l’assuré – un lot de marchandises qu’il s’engage à payer dans un délai déterminé. Mais le prix ne vas être versé que si les marchandises sont perdues : l’assureur ne paie donc qu’en cas de sinistre, mais il reçoit une prime à chaque voyage.

 

Plus de 200 contrats de ce type sont souscrits. Puis, les assureurs couvrent plusieurs expéditions, répartissant les risques et touchant une prime à chaque opération. La prime ne figure pas toujours dans les contrats, car l’Eglise interdit le prêt à l’usure – c’est à dire le prêt à intérêt -.

 

Le succès de Florence est donc lié à des changements qui agitent toute l’Italie. Dans l’ensemble de la péninsule, en effet, on observe la même évolution : les institutions médiévales, liées aux libertés communales, tendent à céder la place à un régime de principat ou de seigneurie personnelle, tandis que les cités-Etats se regroupent en unités territoriales plus importantes.

 

De fait, l’ascension des Médicis se fait progressivement, dans le respect des lois. C’est Jean de Médicis –1360 – 1429 -, dit « Giovanni di Bicci », qui fonde la dynastie. Ce banquier de Rome spécule habilement sur la victoire de la papauté romaine, puis s’installe à Florence en 1397. Libéral, ami du peuple, sans ambition politique, il n’inquiète en rien l’oligarchie lorsqu’il devient « gonfalonier de justice » - magistrat suprême de la cité – en 1421.

 

Son fils Cosme, en revanche, renforce de façon décisive la puissance de la compagnie Médicis et son crédit politique. Il s’assure une immense popularité auprès du « popolo munito » - ou « le petit peuple » -, au point d’effrayer les familles dirigeantes : en 1433, il est banni pour dix ans. Cosme s’installe alors à Venise, où il développe le rôle international de la compagnie Médicis, tout en regroupant autour de lui un parti d’opposition. En 1434, il est rappelé à Florence par la Seigneurie – l’instance dirigeante de la ville, qui comprend le gonfalonier de justice et huit prieurs -. Et, sans jamais paraître au premier plan, il devient le maître de Florence.

 

Pour permettre à plus de citoyens d’accéder au pouvoir, le Seigneurie est renouvelée six fois par an, par tirage au sort sur des listes. Cosme de Médicis n’est que trois fois gonfalonier, mais il fait établir des listes à l’avance. Aux conseils existants, il ajoute des commissions spéciales qu’il contrôle. Ainsi, sans heurter de front l’esprit démocratique, il vide les institutions de leur substance.

 

Mais, en même temps, la compagnie Médicis continue son ascension. Elle possède, à Florence, des fabriques de draps de soie ; elle vend des produits variés – huile, épices, fourrures – et détient un quasi-monopole de l’alun, indispensable aux teintures. Enfin, et surtout, elle contrôle des banques en Italie et dans le reste de l’Europe – Avignon, Genève, Lyon, Bruges, Londres -. Chacune de ces filiales est gérée par des « associés mineurs », qui présentent leurs comptes une fois par an. « Associés majeurs », les Médicis se réservent toutes les décisions importantes.

 

Cosme a l’habileté de maintenir les traditions démocratiques en évitant d’exhiber ses propres privilèges, et il s’assure les faveurs de la population par un généreux mécénat.

 

Il fait reconstruire l’église Saint-Laurent, édifier un palais que décore Gozzoli, consacre 40000 florins à la réfection d’un couvent de San Marco, qu’il dote d’une Bibliothèque, et où, Fra Angelico peint ses fresques. Verrocchio travaille pour lui.

 

Cosme n’est pourtant pas le seul mécène de la ville. Les familles riches, les Strozzi, les Pazzi, les Brancarri, en font autant. Les humanistes participent à la vie politique et de nombreuses fêtes associent le peuple à l’essor de la ville.

 

A la mort de Cosme, en 1464, l’autorité morale des Médicis est si grande que son fils Pierre peut diriger Florence sans quitter sa demeure. Laurent, le fils aîné de Pierre, succède à celui-ci en 1469. Mais l’opposition n’a qu’un but : reprendre le pouvoir aux Médicis. En 1478, une conjuration est montée par des membres de la famille Pazzi, avec le soutien du neveu du pape. Laurent échappe de peu aux meurtriers, mais son frère Julien est tué. La répression est impitoyable.

 

Laurent reprend et durcit la stratégie de son grand-père. Son gouvernement tend vers l’absolutisme : les Conseils recrutent leurs membres parmi les fidèles des Médicis, et ceux-ci sont reconduits dans leurs charges.

 

Par son mariage, Laurent s’apparente à la plus ancienne noblesse romaine, celle des Orsini, et par celui de sa fille, au pape. Son fils Jean est nommé cardinal. Une diplomatie prudente permet à Laurent de maintenir la paix en Italie.

 

Laurent de Médicis est un homme complexe, lucide, versatile, le prototype de l’homme de la Renaissance, ouvert à toutes les expériences. Les affaires ne l’intéressent guère. La banque familiale, qui prête trop, fait de grosses pertes. De 1477 à 1479, des filiales ferment, tandis que le conflit avec le pape, provoqué par la conjuration des Pazzi, fait perdre un important marché d’alun. Malgré ces déboires, Laurent, justement surnommé « le Magnifique », dépense toujours davantage, pour célébrer sa gloire et accroître le prestige de Florence.

 

La figure ascétique du moine prêcheur Savonarole est liée aux derniers beaux jours des Médicis. Et, appelé par Laurent lui même, Savonarole, prieur au couvent de San Marco, lance alors de terribles imprécations, exhortant la ville au repentir, si elle ne veut pas périr.

 

A suivre...

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