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Mes Univers
27 décembre 2019

Suivre mon propre chemin :

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En ce moment, je m'éloigne de beaucoup de choses. Depuis quelques jours, j'ai commencé à faire un peu de ménage dans ce qu'il me semble important ou moins important. Je ne sais pas si c'est la période des fêtes de fin d'année durant laquelle Vanessa et moi sommes extrêmement seuls qui entraine ce genre de réaction ? Est-elle plus propice à l'introspection ? Je ne le sais pas. Est-ce le fait d'être isolés de tout et de tou(te)s qui me permet de regarder les choses sous un autre angle ? Je ne le sais pas non plus.
 
Mais, il est vrai que, depuis un certain temps, je me pose beaucoup de questions. Je me demande, notamment, qu'est-ce qui me pousse, à fournir autant d'énergie, de temps, d'attention, de connaissances, d'émotivité, d'espoirs, d'affection, et demeurer pour autant toujours aussi seul et isolé du reste du monde ? Je me demande quelle est la finalité de tout ce que je partage de mes pensées, de mes réflexions, de mes savoirs, de mes expériences, de mes rêves, de mes projets, que ce soit ici ou ailleurs ?
 
Chaque jour, lorsque j'allume mon ordinateur, lorsque je vaque à mes occupations quotidiennes, j'attends en vain des nouvelles de quelques personnes qui me sont particulièrement chères. Même si je n'ai pas de réponse de leur part, je leur en donne des miennes. Car je me soucie d'elles, de leur bonheur, de leur santé, de leurs proches, de leur travail, de leurs amis, autant que si elles appartenaient à ma famille de sang. Je me dis que, peut-être, ça leur fait plaisir que je leur explique comment je vais - ou Vanessa -, ce que je fais, à quoi je pense, où j'en suis de mes travaux sur l'origine de la Civilisation - des civilisations. Je me dis que mes textes sur le Devenir de l'Humanité, sur l'actualité, sur mes réflexions philosophiques évoquant tant de thèmes divers et variés peut susciter leur curiosité, leur intérêt, leur désir d'en discuter avec moi.
 
Ces personnes - hommes ou femmes, proches ou moins proches, peu importe - ont une valeur sans équivalent à mes yeux. Elles suscitent en moi des émotions que nulle autre personne n'éveille en moi. Une sensibilité exacerbée, une envie d'être à leurs cotés pour rire avec elles. Elles suscitent en moi une soif, une faim d'échanger avec elles, de dialoguer avec elles, de leur offrir mon amitié, mon attention, mon écoute, mon désir de leur apporter leur meilleur de qui je suis au plus profond de mon âme.
 
Pour moi, être en contact avec elles est une véritable bouffée d'oxygène. Par leur proximité, c'est comme si les portes d'émotions auxquelles je n'avais jamais eu accès, que j'avais verrouillé au tréfonds de mon cœur depuis que je suis enfant, tout à coup, s'éveillaient. Un peu comme si, à leurs cotés, pour une fois - c'est tellement exceptionnel que je compte sur les doigts d'une main le nombre d'occasion où ça m'est arrivé dans la réalité -, j'avais la possibilité, les capacité, d'être moi-même. Véritablement, sincèrement, honnêtement. Sans faux semblant, sans masque destiné à faire plaisir à ceux et celles qui m'entourent. Sans me mentir à moi-même ou aux autres. Sans avoir honte de qui je suis, de mon parcours, de ma personnalité, de mes forces et de mes faiblesses, de mes bonheurs et de mes malheurs, de mes victoires et de mes défaites...
 
Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais, à chaque fois que j'ai le très rare privilège d'être en contact, en mp, en sms, au téléphone, lors d'exceptionnelles rencontres, de partager quelques minutes, quelques heures, avec ces personnes, des larmes me montent presque immédiatement aux yeux. Non pas que je sois triste ou malheureux. Bien au contraire. Ce sont des larmes de joie, de bonheur, de reconnaissance, d'amitié. Ce sont des larmes qui expriment l’affection, la tendresse, l'estime, le respect, que j'ai pour elles. Je me sens bien, serein, épanoui, valorisé, en paix avec moi-même et avec les autres. Je peux être moi sans être jugé, condamné, moqué, raillé, humilié, blessé, abandonné, trahi. Je peux leur donner toute ma confiance - et vice-versa. Je peux être l'épaule sur laquelle elles ont le droit de se reposer. Je suis l'oreille qui peut les écouter. Je suis l’œil qui peut les voir telles qu'elles ont le désir de se montrer. Sans fard, sans mystification.
 
Ces personnes illuminent mon âme, donnent un sens à mon existence. Elles me poussent en avant. Elles m'autorisent, par leur seul, par leur seule présence, à gravir des montagnes que je croyais n'avoir jamais la capacité de franchir. Elles me donnent la force d'affronter mes peurs, mes épreuves, mes difficultés. Avec elles, j'ose vivre ce que j'ai toujours souhaité ressentir, partager, dévoiler de vrai ; de ce que je cache en permanence derrière ce visage triste, mélancolique, fatigué, malheureux, que je montre si souvent à autrui ; y compris aux membres de ma propre famille. Oui, j'ose me regarder tel que je suis. J'ose déchirer ce rideau derrière lequel je me dissimule. J'ose sortir de l'obscurité et du silence au sein desquels je me suis depuis si longtemps retiré.
 
Je vis tellement pleinement ces instants éphémères qui me fuient si souvent. Ces instants que j'attends, que j'espère. Sur lesquels je n'ai aucune prise, puisque c'est selon le bon vouloir de ces personnes. Puisqu'ils ne surgissent que quand elles en ont envie, que quand elles ont ont le pouvoir. Que quand elles le temps à me consacrer n'est pas trop contraignant vis-à-vis de leurs proches, de leur famille, de leurs amis, de leurs activités personnelles ou professionnelles.
 
Parfois aussi, si elles ne répondent pas à mes sollicitations, c'est qu'elles estiment que je n'en vaux pas la peine. C'est que ma personnalité, mes projets, mes passions, mon regard sur elles - et ce qu'amicalement, et uniquement amicalement, je rêve de partager avec elles -, mon intellectualité démesurée, ma culture livresque immodérée, ma sensibilité surdimensionnée, ne correspondent pas ce qu'elles attendent de leurs relations avec les gens qu'elles associent à leur environnement habituel. Parfois encore, ce que je dévoile de moi, des myriades d'aspects de ma personnalité - bons comme mauvais -, les effraie. Cela ne correspond pas aux normes en vigueur. Les relations humaines auxquelles elles sont confronté d'ordinaire n'ont rien de commun avec celles que je leur offre, et ça les déstabilise, ça les fait fuir, ça les laisse indifférentes ou perplexes.
 
Car ce sont les relations humaines - humanistes - qui sont effectivement au cœur de ma démarche envers ces personnes. C'est ce besoin irrépressible, formidable, magnifique, d'aller au-delà de l'éphémère, du superficiel, du banal, du courant, qui me guide vers elles. C'est parce que, quand je les observe, quand je les contemple - de loin le plus souvent -, quand je les regarde exister, je discerne un je ne sais quoi qui m'attire irrésistiblement. Une sorte de magnétisme que ces personnes possèdent malgré elles, qu'elles diffusent sans se rendre compte autour d'elles, et qui fait que lorsqu'on se trouve à leurs cotés, tout ce qui paraissait auparavant impossible, hors de portée, devient possible, plus simple et plus facile à réaliser.
 
Cette affinité quasi-spirituelle - et qui est en complète opposition avec les désirs charnels que certains ou certaines pourraient s'imaginer, à tort, être à l'origine de mes sollicitations -, est d'une envergure qui dépasse la perception des sens, ce que mes pauvres mots sont susceptibles de décrire. C'est, j'en suis convaincu, cela qui dérange, qui inquiète, qui fait que ces personnes se dérobent à ce que je rêve de partager avec elles.
 

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Ça ne date pas d'hier. Cette façon de ressentir, d'exprimer ce que j'éprouve et ce que je souhaite vivre en étant au contact régulier de ces personnes, me hante depuis toujours. Et depuis toujours, si ce n'est par écrit, jamais je n'ai été autorisé à l'expérimenter ; sauf en deux ou trois occasions. Des instants qui m'ont marqué de leur empreinte au fer rouge pour le reste de mon existence. Mais des instants qui n'ont duré que fugitivement, alors que j'ai tant besoin de les expérimenter aussi souvent et aussi longtemps que je le pourrais. Car ce sont eux qui font que j'existe, que je m'exprime, tel que je suis réellement.
 
Mais allez faire comprendre à ces personnes qu'elles incarnent quelque chose de plus que leur enveloppe corporelle ; que cet attrait pour elle, que ce désir d'être à leurs cotés, n'a rien à voir avec un quelconque désir sexuel. Au contraire, je trouve ce dernier d'une médiocrité, d'une pauvreté, infinies. Comparé à ce que leur âme, leur personnalité, leurs expériences, tout ce qui émane d'elles émotionnellement, intellectuellement, spirituellement, etc. est un million de fois plus enthousiasmant. C'est un milliard de fois plus riche, plus bouleversant, plus vibrant.
 
C'est pour toutes ces raisons, et d'autres qui se recoupent avec elles, que je m'éloigne depuis peu de bien des choses auxquelles je prêtais une attention démesurée jusqu’à présent. Au passage, je me rends compte que ce que je supposais être un texte assez court, se transforme progressivement en récit très développé. Cela prouve, si besoin était, combien ce besoin de décrire, de détailler, tout ce que j'ai en moi et que je ne peux pas - ou n'ai pas le droit - d'exprimer habituellement, est intense, vital, nécessaire. Combien le partager avec ceux et celles qui sont importants pour moi, même si eux ou elles n'en font pas autant à mon égard, m'est indispensable. Bref, ça me dévore de l'intérieur. J'y consacre un temps, une énergie, incroyables, pour si peu en retour. Nul n'en n'est coupable ou responsable. Ni moi, ni vous. C'est ainsi, comme ça a toujours été le cas.
 
L'ennui, c'est qu'en parallèle, ce à quoi je consacre mon existence en tant qu'historien-chercheur ne progresse que très lentement. A utiliser des heures, des journées parfois, à réfléchir sur tout ce que j'ai dévoilé ci-dessus, j'en ressors essoré. Alors que, comme le montrent les photos ci-jointes, des centaines de pages de notes s'accumulent autour de moi, que l'exploitation de ce que j'y ai mis de mes lectures au fur et à mesure des années, attends, je rédige des textes qui n'ont que peu de répercussions dans le monde réel.
 
J'écris mes pensées, ce que je discerne du monde, de notre société actuelle, de son devenir à plus ou moins brève échéance. J'écris ce que j'éprouve vis-à-vis des personnes qui me sont chères. J'écris cet espoir d'exister si j'étais de temps en temps à leurs cotés, si j'étais considéré comme quelqu'un d'aussi proche que n'importe lequel - laquelle - de leurs ami(e)s. Toutefois, j'ai beau me démener, elles demeurent imperméables, voire hostiles, à me voir emprunter ces chemins de vie auxquels elles me donneraient accès. Elles ne comprennent pas à quel point c'est important pour moi d'appartenir à la communauté dont elles sont le centre, la lumière empreinte de majesté.
 
Seules Vanessa et ma maman savent quelle est la souffrance extrême, la torture de l'âme, la solitude insondable, qui découle de cet état de fait. Seules elles constatent les ravages sur mon corps et dans mon esprit, que de ne pas être en mesure de toucher, d'émouvoir, ces personnes. Ces questionnements sur ma capacité de leur donner envie de me dire "aller, Dominique, c'est quand qu'on se voit ? C'est quand qu'on discute ensemble ?" Trop en demande ? Oh oui !!! Et combien !!! Parce que cette demande n'a été qu'exceptionnellement et éphémèrement satisfaite. Toutes mes forces, toutes mes pensées - c'est plus fort que ma propre volonté, un combat acharné contre moi-même pour tenter de la réfréner ; et souvent, je n'y parviens pas -, sont tournées vers ce but qui est le seul à pouvoir m'apaiser.
 

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Qui d'autre que moi peut le matérialiser d'une façon ou d'une autre. Puisque les personnes qui sont dans mon âme ne s'emploient pas d'elles-mêmes, régulièrement, à me dire : "Eh, je suis là !!! Je ne t'oublie pas, je ne te délaisse pas, je ne t'abandonne pas !!! Malgré tout le reste, je te fais un signe, je te dis un mot, je t'envoie un message, je te téléphone quelques instants, je viens te voir quelques heures, parce qu'être avec toi, c'est aussi important pour moi.".
 
Non, bien sûr que non !!! Ce serait m'offrir trop de joie, trop de bonheur, trop de raisons de me réjouir, trop de raisons de me sentir moins seul. Ce serait au détriment de ce qui est infiniment plus essentiel, plus nécessaire, plus vital, à ces personnes. Alors, chaque jour, j'use de toutes mes forces, d'un temps démesuré que je pourrais consacrer à mes recherches, à mes écrits philosophiques, à mes réflexions humanistes, à mes projets divers et variés, pour tenter désespérément de recevoir une petite miette de leur attention. Et je me perds, et je pleure, et je suis rempli de tristesse, et je désespère. Et ce feu intérieur qui brule en moi, qui me dévore, m'embrase tout entier.
 
Seules Vanessa et ma maman se rendent compte de l'état de décomposition, d'angoisse, d'isolement, que ça suscite chez moi. Ces hurlements d'impuissance, ses larmes de sang qui ne cessent de couler. Et mes recherches qui en pitassent, parce que mon esprit ne parvient pas à décrocher de ces émotions qui me dévastent. Et mes phrases, mes paragraphes, que je ne réussis pas regrouper, à élaborer, parce que ces personnes sont si distantes, sont si loin, alors que dans mon âme elles sont en permanence là.
 
Tout cela, oui, me pousse à me replier sur moi-même. Tout cela me crie "Dominique, ça ne sert à rien de se battre contre l'inéluctable, contre des personnes qui ne veulent pas de toi, pour lesquels tu ne compte que quand ils ont le temps. Des gens qui ne pensent à toi que quand il n'ont rien d'autre à faire, que quand il n'ont nul autre vers qui se tourner. Des gens que, lorsque tu les sollicite en leur expliquant le sens de ta démarche, te soupçonnent d'intentions malveillantes. Des gens qui ont l'impression que tu cherche quelque chose d'inavouable.
 
Des gens, aussi, qui te suspectent d'en avoir après leur argent, leur famille, ou pire, qui ont envie - pour les femmes - de les mettre dans leur lit. Des gens qui te regardent comme un importun, ou pire, comme quelqu'un d'instable, de pervers, de phobique, de bizarre. Des gens qui te voient comme une personne anormale, qui n'a rien à faire dans leur environnement amical habituel. Des gens qui auraient honte ou seraient gênés de se promener avec toi dans la rue, de te présenter à leur famille, à leurs amis "réels".
 
Alors, dans ces conditions, ne vaut-il mieux pas que je m'éloigne de ces personnes qui se comportent de cette manière avec moi, de ces personnes qui, sans le vouloir - ou pire, délibérément - me font tant de mal ? Dans ces conditions, ne vaut-il mieux pas que je concentre mon attention, mes passions, mes projets, sur mes livres en cours de rédaction ? Sur mon ouvrage sur l’origine de la Civilisation - des civilisations ? Sur les réflexions philosophiques liées à notre société, à notre civilisation actuelle, et sur son devenir à plus ou moins longue échéance ? Sur mes Mémoires ?
 
Regardez, les photos que je partage avec ce texte !!! Elles montrent les classeurs à l'intérieur desquels sont répertoriés mes plus de 3000 pages de notes dont j'ai partagé avec vous la table de matière récemment. Regardez mon bureau, là où se trouve mon ordinateur. Cet ordinateur dans le disque dur duquel se trouvent mes manuscrits, mes textes, mes articles, mes pensées, mes questionnements, mon parcours de vie. Des milliers de pages à réécrire, à remodeler, à à rectifier, à corriger, à ôter les fautes, les longueurs, les répétitions, afin d'en faire un tout cohérent, plaisant et intéressant à lire.
 
Une partie se trouve dans ce que j'ai publié ici au cours des semaines, des mois, ou des années passées. Mais combien se sont véritablement attardés sur tout ce que j'ai diffusé sur cette page ? Combien ont eu conscience des tenants et des aboutissants, des liens qui unissaient certains textes à d'autres plus anciens, pour discerner ma pensée sur tel ou tel sujet dans sa globalité, en fonction de ses nombreux aspects ?
 
"Pas le temps, pas l'envie, trop long, trop compliqué, je ne suis là que pour me divertir, ça ne correspond pas en ce que je crois, en mes certitudes, en mon idéologie, etc.". A ce propos d'ailleurs, j'ouvre une brève parenthèse : je suis - j'ai toujours été - curieux par nature. D'une curiosité effrénée, vorace. Pour autant, je ne suis pas crédule ; je demeure ouvert à toute plausibilité, mais je ne me contente pas d'une seule source d'information, d'un seul canal explicatif. Je ne me contente pas d'une seule et unique vérité - y en a t'il seulement une ? Je pense surtout qu'une vérité, n'est qu'un petit aspect de celle-ci, et qu'en fait, elle se décompose en une multitude de vérités en fonction du bout par lequel on prend tel ou tel thème.
 
Souvent, je m'attaque à la Religion, à ses dogmes, à ses certitudes, parce qu'elle incarne les dérives des certitudes toutes faites. Souvent, quand je me confronte à des gens qui croient, ceux-ci ne me répondent pas avec leur propres mots, avec leurs propres pensées. Ils ramènent tout à leur foi. Comme si celle-ci était l'UNIQUE référence à laquelle ils raccrochaient leur identité, leur spécificité en tant qu'être humain. Plutôt que d'utiliser des phrases, des pensées, qui leurs sont propres, ce sont des versets du Coran, de la Bible, de la Torah, qu'ils brandissent.
 
Dans ces cas là, aucune discussion raisonnée, sensée, n'est possible. Les Livres Saints, aussi fascinants, aussi empreints d'enseignements soient-ils, ne répondent pas à tout ; et encore moins à une question essentielle : derrière le croyant que tu es, qu'y a t'il d'autre ? Quels sont les autres aspects de ta personnalité, quels sont tes autres projets, passions, rêves, espoirs ? Et ça, quand on les écoute, impossible d'avoir une réponse intelligible, humaine, tout simplement. Ce ne sont qu'une suite de préceptes rabâchés jusqu'à l'overdose.
 
Je suis athée, mais j'ai de l'admiration pour ceux et celles qui croient. Du moment qu'ils soient ouverts aux autres formes de pensées, aux autres convictions, aux autres savoirs, aux autres idéaux, que ceux que leur dicte leur foi. Il en est de même en matière de politique, d'idéologie, de philosophie, etc. Nous sommes tous des êtres humains avant tout. Et c'est en tant qu'être humain que je m'exprime, que je réfléchis, que je pense. Ce que j'écris, ce que je crois, ce que je rêve, mes projets, ne sont qu'une infime fraction de l'homme que je suis. Ce que je partage dans ce texte - comme dans bon nombre de précédents - ne dévoile pas la totalité de l'homme que je suis. Ce que j'aime - ou pas - mes rires ou mes larmes, mes bonheurs ou malheurs, mes vérités, mes savoirs, etc. sont sans commune mesure avec qui je suis réellement, concrètement, quand nous nous regardons face à face, quand nous nous parlons de vive voix.
 
C'est aussi ce que je reproche - de plus en plus - à internet et aux réseaux sociaux. C'est qu'à force de se contenter du minimum, de l'éphémère, de l'instantané, du superficiel, les gens ne savent plus réellement à qui ils parlent. Ils se figent sur un texte, sur une vidéo, sur un thème, et ils se disent : "Ah, puisque cette personne s'exprime de cette manière sur ce sujet, c'est qu'elle est comme ça. C'est que son identité, sa personnalité, ses opinions, etc. ne se résument qu'à ce point de vue.".
 
Quelle pauvreté, quelle méconnaissance, que c'est réducteur. C'est trop facile, trop simple. Chaque personne est d'une complexité infinie. Il faut creuser plus que les apparences ne le montrent, pour avoir à peu près une idée de qui on a en face de soi. Il faut des années, des expériences communes, des échanges dans maints domaines, pour deviner à peu près, qui est cette personne. Or, aujourd'hui, qui s'efforce encore à emprunter cette voix ? Je n'en vois pas ici.
 
A part communiquer par smartphones interposés, à se contenter de semblants de dialogues, d'échanges, de certitudes basées sur des fragments de ceci ou de cela, on passe à coté. On en devient intolérant, indifférent, violent, haineux. On se transforme en barbares des temps modernes se cachant derrière ses certitudes, sa petite communauté où on se sent à l'abri, à l'aise, parce qu'elle nous ressemble. Celui qui n'y appartient pas - surtout quand il essaie de l'intégrer parce qu'il est curieux de savoir ce qui s'y dissimule - devient suspect. C'est un étranger, dont il faut avoir peur, dont il faut se méfier. Ses intentions sont forcément malhonnêtes ; elles ne correspondent forcément pas à ce que sont ses membres, à ce qu'ils désirent montrer aux autres.
 
Personnellement, mon but a toujours été, est, de dépasser tout cela, en allant au devant des gens que je tente, en vain, de solliciter. Je ne me contente pas de croire. Savoir, à mes yeux, est plus important. Car c'est en apprenant, que je trouve des réponses aux questions que je me pose. Mème si ces réponses ouvrent la voie à de nouvelles questions, elles me permettent d'évoluer, d'avancer. Longtemps, au Moyen-Age, les gens ont cru que la Terre était plate, et ça leur faisait peur parce qu'ils avaient peur de tomber à l'autre bout de l'univers s'ils s'éloignaient trop des lieux qu'ils connaissaient. Etait-elle plate pour autant ? Non. Le même principe s’applique aux certitudes et aux croyances, selon moi. Or, si c'est pour opposer ses certitudes à celles de son interlocuteur, ici sur Internet, où est le dialogue, où est la communication ? Un dialogue de sourd qui n'apporte rien à personne, sinon qu'un combat d'egos destiné à mettre l'autre à genou. Juste à aboutir : "regarde, c'est moi le plus fort".
 
Une fois encore, telle n'est pas mon ambition, et telle ne l'a jamais été. Être pris entre toutes ces ambivalences en pure perte me mets donc à genoux. Ce n'est pas ce que je souhaite. Ce que je souhaite, c'est de l'humanité, de la tolérance, de ne pas rester indifférent à autrui, à ses soucis, à ce qui est important - et à ce qu'il ne montre pas - ; ce qui le rend heureux, ses forces et ses faiblesses, ses bonheurs ou ses malheurs, ses victoires ou ses défaites, ses expériences marquantes, ses rires et ses larmes, ses particularités.
 
C'est vrai aussi pour tout ce qui constitue ce que je croise comme valeurs, comme connaissances, comme raisonnements, comme idéologies, comme philosophies, comme lieux, comme histoires, comme société, etc. Autant que je le pourrais, autant que la vie me porteras, et en quelque endroit où elle me conduira. Malgré moi, même si ce à quoi je me confronte est une montagne qui me semble indépassable, j'aurai le désir de voir de qu'il y a au-delà de celle-ci.
 
Je ne suis pas parfait, loin de là. Je suis comme tout le monde. Et Dieu sait que j'ai mes failles, mes faiblesses, mes peurs, mes cauchemars, mes blessures, etc. Je suis un être humain qui, s'il est comme n'importe qui, est surtout un individu à part entière, différent de vous. Et c'est parce que je suis différent de vous, que j'ai envie d'aller vers vous d'une façon ou d'une autre. A ma manière, en utilisant les moyens ou les capacités que j'ai à ma disposition. Si vous ne le souhaitez pas, que vous jugez cela trop contraignant, trop rébarbatif, trop fatiguant, trop engageant, inutile, sans intérêt, je préfère m'éloigner. Je préfère retourner à ma vie d'ermite.
 
D'une certaine façon, et les expériences que j'ai tenté ici, comme j'en ai tenté d'autres par le passé en cherchant à m'intégrer dans des milieux, en voulant m'entourer de personnes qui n'étaient pas de mon cercle habituel, vous me prouvez que me retirer du monde est ma seule option. A chaque fois que j'ai tendu la main vers quelqu'un, que j'ai voulu apprendre à le connaitre davantage que ce qu'il désirait laisser voir, je me suis fait mal. Un mal qui m'a rongé, qui m'a détruit, qui a failli me rendre fou de douleur, parfois. A deux ou trois reprises seulement, les personnes que j'ai sollicité ont perçu ce que je cherchais à partager avec elles. Sinon, ça n'a été que larmes, frayeur, sentiment d'abandon, haine de moi-même de ne pas être capable de susciter cette attention qu'elles avaient pour d'autres.
 
D'une certaine façon, vous me démontrez que je ne suis pas fait pour ce genre de relation. Que si j'échoue, c'est que je n'ai rien à vous apporter, que je ne correspond pas aux normes, aux valeurs, aux espoirs, aux rêves, que vous placez dans vos échanges avec autrui. C'est que je ne suis fait que pour mes investigations sur les Cathares, sur l’Égypte antique, sur les Mayas, sur le Nazisme, sur le Big Bang, sur le devenir de l'Humanité, sur nos sociétés. Juste cela, rien que cela. Ni plus ni moins. Vous me faites prendre conscience que je ne suis pas en accord avec cet univers, avec ce qu'il propage. Alors, je retourne à mes livres. Alors, je retourne à mes recherches en Histoire. Alors, je m'éloigne de tout ce qui pourrait m'en détourner.
 
Peut-être un jour serais-je édité, ou peut-être pas. Qui sait ? Si c'est le cas, tant mieux, je serai heureux de partager cette œuvre sur laquelle je travaille. Cette œuvre de laquelle je me suis trop longtemps détourné pour tenter de nouer des relations humaines avec des personnes qui me semblaient intéressantes à côtoyer, à apprécier ; auxquelles je pensais pouvoir apporter quelque chose ; autant que je pensais pouvoir leur apporter un peu de qui je suis. Alors, je retourne à cette obscurité d'où je n'aurai jamais dû sortir, puisque la lumière des relations humaines réelles, sincères, respectueuses, amicales, ne me sont pas destinées.
 
Et je me replonge, pour longtemps, sans ne rien attendre des liens que j'ai noué en ces virtuelles contrées. Rien d'autre que du vide et de l'absence, de l'insupportable attente, de l'espoir transformé en regret, auxquels je suis accoutumé. Et dont je coupe le cordon qui me rattachaient encore quelque peu à leurs puérilités...
 
Dominique Capo

 

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