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28 août 2022

Les Cathares, pages 22-25/60 :

X1

Vers 1160, alors que, de tous cotés, les schismes et les hérésies se multipliaient, surtout la doctrine cathare, qui détournait de la religion catholique les meilleurs serviteurs de la foi, clercs ou laïcs, l’Église s'émut. Les chefs de l'hérésie cathare dans le Midi occitan comme en Italie, sortaient, en effet, pour la plupart, des familles de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Aussi, examinons d'abord les rois cathares :

Du coté espagnol, c'était la maison d'Aragon dont le pouvoir s'étendait sur la Catalogne, le sud de la Provence, les comtés d'Urgel et de Cerdagne, le Roussillon et l'Aragon. De l'autre coté des Pyrénées régnaient les puissants comtes de Toulouse, descendants des rois wisigoths, Raymond V, qui devait mourir en 1194, n'avait pas pris part aux premières croisades, préférant développer le « Gay Saber » des troubadours, l'esprit courtois des chevaliers et une diplomatie remarquable. Il s'était cependant tenu à l'écart du catharisme, ce qui ne sera plus le cas pour son fils, Raymond VI.

Cependant, en l'an 1163, au concile de Tours, le pape Alexandre II, sur l'insistance des prélats du nord de la France, édicta une résolution dénonçant les progrès de l'hérésie cathare dans les provinces du Midi. Au IIIe concile de Latran, tenu en 1179 par le pape Alexandre III, le comte de Toulouse, le comte de Foix, le vicomte de Béziers et la plupart des barons de Romanie furent excommuniés : la menace se précisait pour les cathares et leurs protecteurs. Ce fut le signal de la première croisade contre les albigeois. Pour la première fois – mais non, hélas, la dernière ! - l’Église allait employer ce moyen de conquête brutale contre des chrétiens « La guerre contre les albigeois fut le plus grand tournant de l'histoire religieuse des hommes. », écrit un chroniqueur du temps.

Raymond VI, qui venait d'être intronisé à Toulouse, succédant ainsi à son père, ne cachait pas ses sympathies pour ses sujets cathares et ne craignait pas de témoigner son aversion pour Rome. Ce fut la fameuse conférence de Pamiers, en 1207, qui vit s'affronter au cours des débats publics, les légats pontificaux et les Parfaits du catharisme. Cette conférence servit à démontrer aux hérétiques albigeois que l’Église mettrait tout en œuvre pour mettre un terme à ce mouvement religieux.

Avant que les armées de Simon de Montfort n'envahissent et ne détruisent la civilisation occitane, penchons-nous une dernière fois sur la société de ce temps.

Le milieu politique et social du Languedoc était alors imprégné d'un esprit de tolérance inconnu dans le Nord. La société n'était pas séparée en castes fermées et le bourgeois pouvait accéder à la noblesse comme le vilain à la bourgeoisie. Les villes du Midi étaient plus peuplées et plus riches qu'ailleurs. N'oublions pas que Toulouse était, par son importance, la troisième ville d'Europe après Venise et Rome : Toulouse, avec sa merveilleuse basilique Saint-Sernin, la ville rose des jardins et des clochers. Dans de nombreuses cités, capitouls et consuls, élus par les habitants, représentaient l'élément traditionnel de liberté hérité de l'Antiquité.

Une intense activité commerciale facilitait les échanges spirituels : « Mais le coté le plus impressionnant de la civilisation occitane demeure l'extraordinaire mouvement littéraire des troubadours, qui surprend par son ampleur. On compte, en effet, près de cinq-cents troubadours connus, des ducs ou des comtes (les comtes de Foix et de Toulouse s'écrivaient en vers alors que le roi de France savait à peine signer son nom), de simples chevaliers, des ecclésiastiques ou des fils de bourgeois. ». (Fernand Niel, « Albigeois et cathares »).

Cette littérature avait pour thème principal l'amour courtois, symbolisé par le mot « paratge », qui présente les vertus d'honneur, de loyauté et de droiture s'appliquant à l'amour de la dame aussi bien qu'au domaine politique et religieux. L'idéal troubadouresque tend vers l'absolu et s'exprime dans l'analyse sentimentale par l'amour platonique et détaché de la chair. Les poètes-chanteurs étaient tous pénétrés de la mystique cathare qui aspire à l'amour divin et, au temps des persécutions, ils seront les plus fidèles servants de la cause albigeoise. Les « leys d'amors » qu'ils avaient fixées ne comprenaient pas moins de trente-et-une prescriptions.

Et, fait singulier, elles posaient comme principe suprême que la « minne » (ou « amour courtois ») excluait toute idée d'amour corporel ou de mariage. La minne représente l'union des âmes et des cœurs, le mariage, l'union des corps. Le mariage signifie la mort de la minne et de la poésie. L'amour, simple passion, s'évanouit vite avec la jouissance sensuelle. Quiconque porte en son cœur la véritable minne ne désire point le corps de sa bien aimée ; il ne souhaite que son cœur ; la vraie minne est pure et incorporelle. La minne n'est pas l'amour : « Éros n'est pas le sexe. » (Otto Rahn).

Cependant, les nuages s'amoncelaient dans le ciel occitan. En 1207, le légat pontifical Pierre de Castelnau, qui cherchait en vain à rameuter les seigneurs méridionaux contre les albigeois, excommunia le comte de Toulouse Raymond VI. Sentant venir le danger, les cathares voulurent s'assurer d'une place où ils pourraient se réfugier en cas d'attaque. Déjà, les châteaux de Quéribus, Puylaurens, Peyrepertuse leur étaient acquis. Mais c'est Montségur, au cœur des Pyrénées ariégeoises, que les hérétiques avaient choisi comme haut lieu spirituel. A cet effet, ils demandèrent à Esclarmonde de Foix et au seigneur du lieu, Ramon de Perelha, tous deux fervents albigeois, de relever le château de Montségur qui était en ruines, ce qui fut fait.

« C'est ainsi que Montségur, la citadelle qui protégeait la montagne sacrée de Thabor, Parnasse de la Romanie fut fortifié et organisé.
Semblable à une arche, il put, un demi-siècle encore, braver le flot de sang et de crimes qui, bientôt, allait déferler sur la Romanie et noyer sa culture et sa civilisation. ». (Otto Rahn).

Car c'est bien à une guerre de sécession que l'on va assister : le Midi se dresse tout entier contre les armées du Nord (20 000 chevaliers, 200 000 fantassins) qui, rassemblés à Lyon, débouchent par la vallée du Rhône le 24 juin 1209 en provenance de tous les pays du nord de la Loire.

Otto Rahn a laissé une description haute en couleur de ces barbares venus du Nord qui voulaient parachever la conquête des provinces méridionales commencée sept-cents ans auparavant par Clovis : « En tête chevauche le sombre et irréconciliable abbé de Cîteaux, « le chef des forces chrétiennes contre les hérétiques albigeois ».

Semblable à un cavalier de l'Apocalypse, il galope, le front au vent, à travers le pays qui n'adore pas son dieu à moi. Derrière lui, l'armée des archevêques, évêques, abbés, prêtres et moines. Aux cotés des princes de l’Église chevauchent les princes laïcs dans leurs armures étincelantes d'acier, d'argent et d'or. Puis viennent les chevaliers pillards avec leurs reîtres livrés à eux-mêmes : Robert Sans-Avoir, Qui-ne-boit-pas-d'eau.. Dieu sait leurs noms.

Ensuite les citadins et paysans, et ensuite, par milliers et milliers, la racaille d'Europe : les ribauds, les truands et, dans les temples de Vénus montés sur quatre roues, les gourgandines de tous les pays possibles. ».

Et c'est la prise et le sac de Béziers, le 21 juillet, où toutes la population est massacrée (20 000 personnes), hérétiques et orthodoxes mêlés dans l'église de la Madeleine : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », se serait écrié le légat du pape. Puis, c'est le tour de Carcassonne, qui voit Arnaud-Amaury s'emparer par félonie du vicomte de Trencavel et de ses meilleurs chevaliers en les attirant sous prétexte de pourparlers...

A suivre, le 04/09/2022 (si vous le désirez, évidemment)...

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