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16 mars 2017

De Deiteus Mythica, pages 741 à 743 / 1804 :

X1En Novembre 766, bâtisseur de villes et de palais, le calife Abbasside est aussi un remarquable organisateur. Ses conseillers créent des directions administratives, les « divans » - « diwans » -, dont les plus importantes sont celles de l’impôt foncier – « kharadj » -, du Trésor et de l’Armée. Il y a aussi le divan de la Justice. Comme le calife, le « cadi » - « qadi » -, ou juge, est le gardien de la loi islamique ; un grand cadi a la charge de ce ministère.

 

Les provinces, dont certaines sont fort éloignées, sont dirigées par une double administration : les troupes relèvent d’un gouverneur – « amir » - et le pouvoir civil et financier d’un préfet – « amil » -. Fortement centralisée, l’administration dépend du vizir qui, pour faire exécuter ses ordres dispose d’un instrument rodé par les Byzantins et les Perses et perfectionné par les Abbassides : la Poste – « barid » -. Elle compte un millier de relais qui fonctionnent à double sens. Ils acheminent, dans tout l’Empire, les ordres donnés par Bagdad et font remonter aussi à la capitale les renseignements transmis au chef de l’Information – « khabar » - sur le comportement des gouverneurs, des préfets, des fonctionnaires, ainsi que sur la situation dans les provinces et aux frontières.

 

Par ailleurs, quatre « écoles » juridiques et religieuses de l’Islam sunnite voient le jour. La première, l’école « hannafite » - du nom de Abu Hanifa, son fondateur -, est la plus tolérante. Elle accorde une place capitale au jugement personnel et à la « recherche du mieux ». Elle a la faveur des musulmans d’Asie. La deuxième, l’école « malékite » - fondée par Malik ibn Anas -, rigoriste sur la pratique religieuse, respecte les coutumes locales. Elle est surtout répandue en Afrique. L’école « chafiite », quant à elle, inspirée de l’imam al-Chafii, valorise le consensus de la communauté. Elle domine en Basse-Egypte, en Afrique orientale, en Indonésie, aux Philippines et en Malaisie. La quatrième, enfin, l’école « hanbanite », se recommande d’Ahmad ibn Hanbal. Ce rite, qui privilégie l’unité de l’Islam et les valeurs morales, est plus intransigeant. Il est pratiqué principalement en Arabie.

 

C’est aussi à la même époque que s’élabore la théologie musulmane et que l’historien Tabari s’affirme comme un des maîtres de l’exégèse du Coran.

 

Ce qui contribue pourtant à la grandeur d’Haroun al-Rachid, c’est le choix de Bagdad comme capitale du Savoir. Son effervescence intellectuelle intense a un effet contagieux sur d’autres cités de l’Empire et suscite l’émulation de villes rivales, comme Le Caire et Cordoue.

 

Une pléiade d’écrivains, dont Djahiz et Ibn Qutayba, s’illustrent dans la prose, tandis que des philosophes tels que Khalil, Sibawayh et Kisa’i, codifient la grammaire. La poésie, dominée par Abu Nuwas, est très prisée. Elle s’épanouit au cours de réunions qui sont bientôt nommées de « Maqamat », - « les séances » -. Al Khârezmi invente l’algèbre et les algorithmes. Geber se livre à la distillation, recherche à la frontière entre chimie et médecine et il définit plusieurs corps, dont l’alcool et l’acide sulfurique.

 

C’est aussi à cette époque que sont écrits la première version des « Mille et une Nuits » : « Chahriyar, roi des Perses, découvrant l’infidélité de son épouse, décide de la faire étrangler et de prendre chaque soir, une nouvelle femme, qui connaîtra, le lendemain, le sort de la première. Schéhérazade, la fille du vizir, s’offre pour cette union, à condition que sa sœur, Dinarzad, passe la nuit dans la chambre nuptiale. Le roi accepte. Dinarzad demande alors à sa sœur de lui conter une histoire. Captivé par le récit, qui n’est pas terminé au lever du jour, Chahriyar décide de différer d’un jour l’exécution. Ainsi, pendant « mille et une nuits », défilent « Aladin et la lampe merveilleuse », « Ali Baba et les quarante voleurs », « Sindbad le marin », etc. Définitivement charmé par Schéhérazade, le calife renonce finalement à son projet barbare. ».

 

Mais c’est dans le domaine des sciences et des techniques que l’apport du Califat Abbasside est le plus considérable. Les Arabes savent fabriquer la soie, originaire de Chine, et la produisent intensivement. Ils améliorent les procédés de fabrication du coton, et, surtout, les teintures. Et, en 770, ils ouvrent leur première pharmacie publique au cœur de leur capitale.

 

En 772, Ghaylan ibn Muslin est surtout connu pour ses théories concernant le libre arbitre, dont il est l’un des premiers partisans. C’est le fils de l’un des affranchis du Calife Uthman ibn Affan. Il vit à Damas, où il occupe des fonctions de secrétaire de chancellerie. Il est l’auteur du « Fihrist » - ou « Catalogue » - ; il évalue à 200 000 feuillets le nombre de « rasa’il » - ou « Lettres » - qu’il a écrites.

 

La plupart de ces lettres n’ont qu’un caractère administratif ou diplomatique. Mais, la pierre angulaire de la doctrine de Ghaylan est la Connaissance Première, innée, qui permet de Savoir que le Monde est l’œuvre d’un Ouvrier, la foi n’étant qu’une Connaissance Secondaire, acquise.

 

Or, les activités de Ghaylan ibn Muslin lui valent de subir les animosités et les malédictions du Calife, jusqu’au jour où il est arrêté, puis, torturé : on lui coupe les mains et les pieds, et il est crucifié. Avant son exécution, en effet, il est interrogé par al-Awza’i, le représentant le plus rigoureux de la jurisprudence Islamique.

 

A partir de 775, le mouvement Sufi donne lieu à des expériences variées et originales : chaque Adepte Sufi à son itinéraire particulier pour parvenir au Dieu-Amour, au Dieu-Désir, et même, au Dieu-Extase ; et ce, parfois, jusqu'à la mort.

 

S’appuyant sur une interprétation allégorique du Coran, le Sufisme privilégie essentiellement les valeurs intuitives. Rabia, une ancienne joueuse de flûte convertie à l’ascétisme, s’adresse à Dieu en ces termes : « Je t’aime de deux amours : l’un vise mon propre bonheur, et l’autre veut vraiment être digne de toi. Mon bonheur est de t’aimer en ne pensant qu’à toi et à personne d’autre. ».

 

En 786, la figure d’al-Rachid est rendue légendaire. Mais en fait, à partir de cette date, son règne constitue le point de départ de la désintégration de l’Empire Islamique. Car, en dépit de l’image resplendissante « d’Age d’Or », son règne n’est qu’une suite de troubles qui embrasent, tant la partie orientale, que la partie occidentale, de l’Empire.

 

Haroun sait que, Charlemagne couronné Empereur d’Occident en l’an 800, doit compter au Sud, avec son plus proche ennemi, l’émir Omeyyade de Cordoue. Et, à l’Est, son rival, l’Empereur de Constantinople, tente de rétablir la suprématie de l’Empire d’Orient. Pour Haroun al-Rachid, le rival est l’Omeyyade d’Espagne, et l’ennemi, l’Empereur de Byzance. Tout plaide donc en faveur d’une alliance entre les deux grandes puissances, les deux piliers des mondes Chrétien et Musulman. Des ambassadeurs prennent donc le chemin de Bagdad et d’Aix la Chapelle. Des présents s’échangent. Haroun offre ainsi à Charlemagne les clés de Jérusalem et un éléphant ; et lui reconnaît un droit de protection sur les Lieux Saints.

 

A suivre, si ce texte vous intéresse...

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